Pages d’Histoire – Librairie Clio
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Décembre 2022 - Janvier 2023
Catalogue 408
Au-delà de dix jours, les livres réservés seront remis
en vente
GÉNÉALOGIE, HÉRALDIQUE, NOBLESSE
1.
[Académie
française] – CLAIR (René), Jacques de LACRETELLE. Discours de réception de M.
René Clair à l'Académie française et réponse de M. Jacques de Lacretelle. Gallimard,
1962, in-12, 88 pp, broché,
non rogné, bon état. Edition originale, ex. du SP
25 €
Première édition de cet hommage à Fernand Gregh. René Clair fait l'éloge
et retrace la carrière de Fernand Gregh, son prédécesseur, suivi de la réponse
de Jacques de Lacretelle.
2.
AMADOU
(Robert) et Robert KANTERS. Anthologie littéraire de l'occultisme. Seghers,
1975, in-8°, 326 pp, biblio,
couv. illustrée, bon état, envoi a.s. de Robert Amadou à Pierre Vendryès
25 €
Hésiode, Pythagore, Platon, Virgile, Apulée, la Quête du Graal, Jean de
Meung, Dante, Léonard de Vinci, Rabelais, Maurice Scève, Ronsard, Milton,
Cyrano de Bergerac, Charles Perrault, Nicolas Montfaucon de Villars, Jacques
Cazotte, Louis-Claude de Saint-Martin, Goethe, Joseph de Maistre, William
Blake, Fabre d'Olivet, Novalis, Ballanche, Nodier, Balzac, Victor Hugo, Nerval,
Poe, Wagner, Baudelaire, Villiers de l'Isle-Adam, Mallarmé, Léon Bloy,
Huysmans, Rimbaud, Péladan, Strindberg, Maeterlinck, Milosz, André Breton. —
"L'occultisme avait toujours été lié dans mon esprit aux faussaires - la
carrière stupéfiante de Cagliostro, les drames de Zacharias Werner, les aspects
sophomoriques des francs-maçons et des rosicruciens. Ce livre ne m'a pas
converti, mais il m'a fait réfléchir. L'introduction et les notices
individuelles sont excellentes ; les sélections, en général, sont suggestives.
Il ne fait aucun doute qu'il y avait un côté occulte chez Platon, Milton,
Blake, Hugo. Ce livre m'a fait tenter de distinguer l'occulte, le mystique, le
mystérieux, le fantastique, le symbolique, l'ésotérique..." (Albert
Guérard, Books Abroad)
3.
[ARTAUD,
Antonin] – SOLLERS (Philippe)(dir.). Artaud. Par Xavière Gauthier, Pierre Guyotat, Jacques
Henric, Julia Kristeva, Georges Kutukdjian, Marcelin Pleynet, Guy Scarpetta,
Philippe Sollers. P., Union
Générale d'Editions, 1973, in-12, 306 pp,
broché, couv. illustrée, bon état (Coll. 10/18)
15 €
L’expérience d’Artaud marque, dans la poésie et l’écriture du XXe siècle,
une coupure définitive. Dans la langue, dans la pensée. On comprend que des
tentatives intéressées s’attachent à limiter la portée de cette
intervention-irruption. Le sens de ce débat sur Artaud est clair : réactiver,
laisser libre, tranchante, efficace son aventure. « Le fait, écrit Artaud,
n’est pas réductible à un élément simple et arrêté. Il doit être considéré en
mouvement, car c’est en mouvement qu’il est vécu et n’existe pas hors le
mouvement. » Et encore : « Je ne crois pas au sublime ni à la poésie mais à la nécessité.
» — Table : Pourquoi Artaud, pourquoi Bataille (Philippe Sollers) – I. L'état
Artaud (Philippe Sollers) – II. Le sujet en procès (Julia Kristeva) – III. La
matière pense (Marcelin Pleynet) – IV. Langage du corps (Pierre Gutotat) – V.
Héliogabale, travestissement (Xavière Gauthier) – VI. Trou-Matière (Georges
Kutukdjian) – VII. Artaud travaillé par la Chine (Jacques Henric) – VIII. La
dialectique change de matière (Guy Scarpetta) – Discussions.
4.
[Atlas]
– McEVEDY (Colin). Atlas de l'histoire ancienne – Atlas de l'histoire du Moyen Age – Atlas de
l'histoire moderne (jusqu'en 1815) – Atlas de l'histoire des XIXe et XXe
siècles (l'Europe depuis 1815). Laffont, 1985, 4 vol. in-8° à l'italienne, 96, 96, 96 et
96 pp, traduit de l'anglais, 162 cartes à
pleine page en deux couleurs, index, brochés, couv. illustrées, sous emboîtage
carton imprimé, bon état (Coll. Bouquins)
60 €
Complet. – L'Atlas de l'Histoire Ancienne, de 50.000 av. J.-C. jusqu'à 362
apr. J.-C., montre, en une série de cartes chronologiques, l'évolution et les
migrations des peuples en Europe, en Méditerranée, et au Proche-Orient. Ces
cartes, et les commentaires qui les accompagnent, décrivent les divers stades
d'évolution de la civilisation tout au long des âges de la pierre, du bronze et
du fer. On verra dans ce livre les déplacements et les étapes culturelles des
Mésopotamiens, Égyptiens, Indiens, Hittites, Assyriens, Grecs, Perses, Celtes,
Étrusques, Carthaginois, Goths, Romains, et de bien d'autres peuples. – L'Atlas
de l'Histoire du Moyen Age, de 362 à 1478, montre, en quarante cartes
commentées, l'histoire des grands conquérants nomades : Les Huns, Les Avars,
les Mongols et les Türks ; l'histoire des derniers païens d'Europe, les
Vikings, et de leur descendance chrétienne, les Normands ; l'histoire des
califes et des croisés, des papes et des empereurs, et enfin, comment sont nées
les puissances d'aujourd'hui. – L'Atlas de l'Histoire Moderne indique, en
quarante cartes commentées, les principaux faits historiques de 1483 à 1815. Il
débute par le récit des voyages de Christophe Colomb, Magellan et Cook; montre
le centre du monde qui passe de la Méditerrané à l'Atlantique, le formidable
développement européen et le combat mené par les différentes puissances pour
contrôler toute l'économie mondiale. – L'Atlas de l'Histoire des XIXe et XXe
siècles, traite de l'Europe de 1815 à nos jours et, usant du même procédé –
sous forme de cartes chronologiques – que dans les précédents atlas de la
série, indique les développements militaires et politiques de cette période, le
destin de l'Europe et le monde qui se fait.
5.
BA
(Idrissa). Sur
les traces d'une diaspora juive en Afrique au Moyen Age. Les Indes savantes, 2014, gr. in-8°,
576 pp, 6 pl. de photos hors texte, 6 cartes, 2 illustrations dans le texte,
notes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
30 €
La mise en place de populations sémites ou considérées comme telles - en
Afrique du Nord et dans les lisières septentrionales du Sahara, remonte à
l'antiquité. De nombreuses communautés juives se rattachent au premier et au
deuxième Temples. Unis devant l'oppression romaine, Juifs et Berbères opèrent
un rapprochement tactique qui inscrit leur résistance dans la durée et facilite
d'importants transferts culturels qui ne justifient pas, cependant, la théorie
de la sémitisation ou de la judaïsation des Berbères. Les communautés juives
installées au nord et au coeur du Sahara ne participent, du IXe au XIVe siècle,
au commerce transsaharien, que par la redistribution des produits soudanais en
Afrique du Nord et au-delà. Aux XIVe et XVe siècles, leur implication dans ce
commerce est intense, avant que l'Askya Mohamed ne brise nette une dynamique
qui ne se remettra en place qu'aux XVIIIe-XIXe siècles. Aussi, en liaison avec
le commerce transsaharien, retrouve-t-on des communautés juives ou des
commerçants juifs présents, avec des fortunes diverses et à des périodes différentes,
dans le Sahara mauritanien, la boucle du Niger et un peu partout dans le Sahel
ouest-africain. Le commerce aidant, les transferts et les échanges culturels
sont nombreux et féconds, amenant l'historien à déceler dans la question des
origines sémitiques, de la judéité ou de la judaïsation de peuples sahariens ou
soudanais une part non négligeable de réappropriation de mythes bibliques et de
rattachements à l'islam, par une subtile réécriture de l'histoire.
6.
BACH-THAI
(Jean). Chronologie
des Relations Internationales de 1870 à nos jours. P., Editions des Relations internationales, 1957, in-8°, 275 pp, préface
de Charles Rousseau, avant-propos de Jean-Marie Mérillon, broché, bon état
25 €
"Diplômé de l'I.E.P. de Paris, l'auteur a pensé à ses successeurs des
Instituts d'études politiques et leur propose cette chronologie pour les aider
dans leur apprentissage des relations internationales. Il a sensiblement
dépassé ce but modeste : l'outil qu'il a élaboré servira à de nombreux
professeurs, diplomates, journalistes, car il est adroitement construit, bien
présenté et très maniable." (Revue française de science politique, 1957)
7.
BAYARD
(Jean-Pierre). Sacres et couronnements royaux. Guy Trédaniel,
Editions de la Maisnie, 1984, gr. in-8°, 375 pp,
un frontispice et 49 illustrations en noir et en
couleurs sur 28 pl. hors texte, annexes, biblio, index, broché, couv.
illustrée, bon état
25 €
"Les études sur l'institution monarchique dans l'Ancienne France sont
en plein renouveau. Le livre s'ouvre avec un chapitre sur les origines magiques
de la royauté ; « Le Roi prêtre et chaman ». Quatre parties : l'histoire (avec
une longue analyse du rituel), la symbolique, le pouvoir temporel et spirituel.
L'ouvrage ne manque ni de mérite ni d'intérêt, mais son savoir n'a pas la
rigueur et les exigences d'un historien de métier." (Emile Poulat,
Archives de Sciences Sociales des Religions, 1985)
8.
BEN
ZVI (Isaac). Les
Tribus dispersées. Précédé d'une étude de Léon Poliakof : « Du Marranisme ». Editions de Minuit, 1959, in-12, 217 pp, préface
de René Cassin, une carte sur double page, broché, couv. illustrée lég. salie,
dos bruni, bon état (Coll. Aleph)
25 €
Etude des communautés juives orientales. Certaines, "en marge",
subsistant au Caucase, en Iran, en Afghanistan ; l'histoire quasi-légendaire
des Juifs d'Arabie ; les Caraïtes, les Samaritains, et aussi cette étrange
secte que sont les Sabbatéens de Turquie. — "Le Président de l'Etat
d'Israël est en même temps un historien, qui a consacré sa vie à l'étude des
communautés juives orientales. Celles-ci constituent en effet une partie non
négligeable du Judaïsme mondial. Ce petit volume n'a pas la prétention de
présenter le Judaïsme oriental dans son ensemble, mais simplement quelques
aperçus sur différents groupes particulièrement typiques. Certains, bien que
portant l'empreinte du milieu où ils se sont développés, ont conservé intacte
la tradition juive orientale. Tels sont les juifs vivant dans le Sud de l'URSS
: Géorgie, Daghestan, Crimée, Boukharie. D'autres, par suite de pression
exercée sur eux par le milieu musulman ambiant, ont cédé sur l'essentiel, mais
conservent encore la conscience nette d'une origine juive, par exemple, les
tribus judéo-afghanes, les Marranes de Meched et les Fils de Benjamin en Perse,
les Juifs de Khaibar en Arabie, les Sabbatéens de Turquie. Enfin certains
descendants des grands mouvements dissidents du Judaïsme ancien ont réussi à
survivre en conservant leur propre tradition, tels les Caraïtes ou les
Samaritains. A cet ensemble s'ajoute une étude de Léon Poliakov sur les
Marranes d'Espagne. L'ouvrage a l'avantage de mettre en relief la diversité des
courants qu'on découvre dans le Judaïsme sous son apparence monolithique et de
donner un échantillon des nuances que peut prendre chez lui la « double appartenance
» à l'Islam ou au Christianisme en même temps qu'au Judaïsme." (Archives
de Sciences Sociales des Religions, 1961) — "La brève étude de L. Poliakov
constitue une définition du « Marrane », ou Juif honteux, dans l'Europe
médiévale et moderne. I. Ben Zvi étudie ensuite les différentes communautés
juives éparses en Orient, de l'URSS à l'Arabie, de la Turquie à l'Afghanistan,
et donne pour chacune d'elles les grands traits de son histoire avant
d'envisager sa situation actuelle." (Revue française de science politique,
1961)
9.
BENVENISTE
(Emile). Problèmes
de linguistique générale. Gallimard, 1985-1986,
2 vol. gr. in-12, (6)-356 et 286
pp, index, brochés, bon état (Coll. Tel)
16 €
"Ces études apportent dans leur ensemble, et chacune pour soi, une contribution
à la grande problématique du langage qui s'énonce dans les principaux thèmes
traités : on y envisage les relations entre le biologique et le culturel, entre
la subjectivité et la socialité, entre le signe et l'objet, entre le symbole et
la pensée, et aussi les problèmes de l'analyse intralinguistique." (E. B.)
— Le second volume réunit vingt études importantes parues de 1965 à 1972 qui
complètent une vaste introduction à une problématique du langage.
10.
BOLOGNE
(Jean Claude). Histoire du célibat et des célibataires. Fayard, 2004, gr. in-8°, 525 pp,
16 pl. de gravures en noir et en couleurs,
notes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
Longtemps le célibat a été une condition transitoire, une situation
d'attente, avant la consécration qu'apportaient le mariage et la procréation,
sauf bien entendu dans le cas du célibat ecclésiastique. S'il persistait, il
devenait synonyme d'échec ou de libertinage. Mais ce célibat sulfureux peut
aussi devenir une composante de certains métiers : domestiques, soldats,
artistes sont souvent voués au célibat. Bientôt, le travail des femmes
consacrera urne nouvelle sorte de célibataires, des femmes actives soucieuses
de leur indépendance. Les modifications de la famille vont ainsi retentir sur
les représentations et les réalités du célibat : celui-ci ne réalise-t-il pas
une forme d'aboutissement de l'individu moderne ? C'est en tout cas devenu un
mode de vie assumé, un marché aussi, qui s'est développé de manière
spectaculaire ces dernières années. Mais, disponibilité au grand amour ou échec
d'une relation durable, le célibat reste sans doute affecté d'une ambiguïté
constitutive.
11.
BONNEROT
(Jean). Les
Routes de France. P., Henri
Laurens, 1921, gr. in-8°, 167 pp,
48 gravures (36 planches hors texte et 12 photos
dans le texte), broché, bon état (Coll. Les Evocations françaises)
25 €
"On trouvera dans ce volume non pas la description détaillée du
réseau des routes ni le récit documenté des transformations qu'elles ont subies
au cours des siècles, mais un aperçu sommaire et coloré de leurs destinées ; du
rôle qu'elles ont joué et qu'elles jouent encore dans la vie nationale.
L'auteur connaît à merveille son sujet et il n'aurait pas eu de peine à
transformer cette esquisse en un traité d'amples proportions et de solide
érudition. S'adressant au grand public, il s'est borné à choisir quelques faits
essentiels et quelques illustrations caractéristiques dont son commentaire fait
ressortir l'intérêt et la portée. Depuis les premiers sentiers tracés à
l'époque préhistorique au travers des forêts jusqu'aux voies ferrées de nos
jours, il montre comment les hommes, les produits, les idées ont circulé ; il
évoque tour à tour les voies romaines
rayonnant autour de Lyon, les chemins du moyen âge suivis par les pèlerins et
les héros des chansons de geste, les marchands allant de foire en foire et les
armées en campagne, les pavés du roi sur lesquels les diligences roulaient à
grand fracas ; il n'oublie pas les rivières et canaux, ces chemins qui
marchent, ni les voies sacrées de la grande guerre, bordées de tombes. La route
a été mêlée à tous les événements importants de notre passé. Le livre de M.
Bonnerot nous donne comme un raccourci de l'histoire même de la France,
considérée du point de vue spécial de l'évolution des moyens de
communication." (Maurice Besnier, Journal des Savants) — "Si nous
sommes en humeur de rêver à ces routes merveilleuses de la soie, de l'ambre et
de l'étain tracées jadis par les marchands orientaux à travers la forêt
primitive ; aux innombrables pistes gauloises, tranchées plus tard par le tracé
rectiligne des larges voies romaines ; aux chemins de pèlerins que les
cathédrales jalonnaient comme des reposoirs ; aux destinées des villes
grandissant autour d'un gué, d'un bac, d'un pont, d'un port; au piétinement de
tant d'invasions sur les chaussées lorraines ou picardes ; au charme
accueillant des vieilles hôtelleries le long du pavé du Roi ; aux diligences,
aux malles-postes sonores, il faut lire ce livre, illustré de belles
photographies. Il est plein d'un grand amour pour notre pays, et l'on surprend
à tout instant dans le style frémissant de l'écrivain la trace d'un souvenir
personnel." (R. Cohen, Revue Historique, 1922)
12.
BUNNI
(Joe). Plus
ou moins 5 mètres. SOS Océans, 2011, in-4° à l'italienne (23,2 × 33,5 × 5,6 cm), 548 pp,
préface de Albert II de Monaco, très nombreuses
photos en couleurs, reliure demi-toile de l'éditeur, plats cartonnés illustrés,
emboîtage cartonné illustré, livre en très bon état, emboîtage lég. abîmé,
exemplaire enricho d'un envoi a.s. de l'auteur photographe
70 €
Joe Bunni, né en 1955, docteur en chirurgie dentaire, photographe depuis
son plus jeune âge, pratique la plongée depuis plus de vingt-cinq ans. Dès ses
premières plongées, il a emporté son appareil photo au cours de ses escapades
sous- marines. Dans cet ouvrage de 700 photographies prises parfois dans des
conditions extrêmes, le photographe nous montre dans une féerie de couleurs les
merveilles animales situées à 5 mètres au-dessus et en dessous du niveau de la
mer, des espèces rares et menacées que chacun peut observer avec beaucoup de
chance, de patience et un simple masque. L'auteur a invité quatorze écrivains
du monde, qui chacun, ont pris en charge la rédaction d'un chapitre. Leurs
contributions poétiques sont traduites dans les quatorze langues qui
architecturent l'ouvrage. Joe Bunni a créé l'association SOS Océans pour la
sauvegarde des mers et la sensibilisation du grand public à leur préservation.
Il vit sa passion tout en tirant lui aussi le signal d'alarme et essaie, avec
détermination et par tous les moyens, de susciter une prise de conscience de la
menace qui pèse sur notre planète bleue. Auteur de Impressionniste de l'Océan
(2007), il a récemment remporté le prestigieux prix BBC Veolia environment (Wildlife
Photographer of the Year 2011 Catégorie mammifères) avec Sa Majesté L'Ours
Polaire (couverture).
13.
CALLOT
(Jean-Pierre). Histoire de l'Ecole Polytechnique. Ses légendes, ses traditions, sa
gloire. Stock, 1975, in-8°, 240 pp, broché,
bon état
20 €
La première édition de cette histoire de l’Ecole Polytechnique, publiée en
1958 connut un considérable et immédiat succès. Epuisée depuis longtemps, elle
est maintenant introuvable en librairie. Sa réédition – limitée à la première
partie proprement historique, donc toujours actuelle – se trouve éclairée
aujourd’hui par des éléments nouveaux. L’Ecole doit, en effet, être bientôt
transférée hors de Paris et ce départ prend une allure d’exil. Quels avantages
pourront y trouver les nouveaux élèves ? Paris – victime de sa circulation trop
dense pour ses rues, de sa population trop nombreuse pour un territoire trop
exigu -, trouvera-t-il, pour autant, dans le simple déplacement à la campagne
des bâtiments de l’Ecole Polytechnique le soulagement et le mieux être auquel
aspirent tous ses habitants. A l’origine, l’Histoire de l’École Polytechnique
n’avait pas été écrite pour ouvrir ou nourrir une polémique. Sa réédition ne
l’est pas non plus. Mais elle permettra, nous le souhaitons, d’attirer
l’attention des Français sur une transformation qui marquerait une date
nouvelle et capitale de son histoire.
14.
CHASTEL
(André). L'Art
italien. Larousse, 1956, 2 vol. in-12,
270 et 338 pp, 128 planches hors texte, 43 figures au trait, 3
cartes, biblio, index topographique, index des artistes, brochés, jaquettes
illustrées, qqs rares soulignures stylo sur 5 pages, bon état (Coll. Arts,
styles et techniques)
30 €
"La librairie Larousse lance à son tour, en deux petits volumes très
denses, très pleins de choses et d'idées – aérés du reste, illustrés de
nombreux croquis au trait et de hors-texte en noir fort ingénieusement choisis
– une histoire complète de l'art italien, de toutes les formes de l'art italien
(architecture, sculpture, peinture, etc.) et qui couvre, en deux volumes de
format très maniable, tout le champ d'une activité singulièrement variée et
attachante. Quant à la valeur du texte, j'aurais tout dit en nommant son
auteur, André Chastel, l'un des meilleurs connaisseurs de l'art italien pris
dans sa totalité : de l'art des Catacombes au futurisme. C'est précisément ce
caractère « complet » de l'ouvrage qu'il faut tout d'abord souligner. Nous
avions, nous avons des livres, gros ou petits sur telle période de la peinture,
de la sculpture, de l'architecture, du théâtre, de l'art des jardins en Italie.
André Chastel nous dote d'une somme. Et comme il est tout autre chose qu'un
compilateur, on s'en doute, dans cette somme tout s'éclaire par tout. Tout se
tient. Tout s'explique. (...) Il faut remercier André Chastel – dont on sait
l'aptitude à traiter des sujets difficiles et philosophiques – d'avoir donné
ses soins à un pareil ouvrage. Je n'hésite pas à dire qu'il doit être, pour
vérification, sous la main de tous ceux qui aiment et connaissent l'art italien
– de même qu'il doit être dans la poche de tous les visiteurs intelligents de
la péninsule et figurer sur les rayons de tous les étudiants, de tous les apprentis."
(Lucien Febvre, Annales ESC, 1961)
15.
CHAUPRADE
(Aymeric). Chronique
du choc des civilisations. Chronique
Editions, 2011, in-4°, 255 pp,
nouvelle édition revue et augmentée, 297
photos et 32 cartes en couleurs, index,
reliure cartonnée illustrée de l'éditeur, bon état
25 €
Des attentats du 11 septembre 2001 aux révolutions arabes du printemps
2011, en passant par l'expansion planétaire de la Chine, le retour de la
puissance russe et les réveils africains et latino-américains, ou bien encore
le défi migratoire mondial et la fin d'Oussama Ben Laden, les événements
géopolitiques se bousculent et l'on assiste à la naissance d'un nouveau monde
multipolaire, riche d'espoirs comme de menaces. A travers des photographies
souvent spectaculaires, des cartes explicatives et des textes accessibles à
tous, ce livre présente un décryptage unique de l'actualité et une analyse des
événements replacée dans le temps long de l'histoire. Une véritable grille de
lecture du monde actuel éclairant les luttes implacables des relations
internationales.
16.
CHAUVET
(Paul). Les
Ouvriers du Livre en France. (Thèse). P., PUF et
Marcel Rivière, 1959-1964,
2 forts vol. in-8°, xiv-542 et
ix-717 pp, avant-propos de A. Prudhomme
et M.-A. Bernard, et de Edouard Ehni, biblio, index, brochés, couv. illustrées,
bon état
120 €
1. Des origines à la Révolution de 1789. – "La documentation mise en
œuvre était, pour qui voulait étudier l'histoire du mouvement ouvrier, à peu
près unique à notre connaissance : outre les textes, déjà étudiés pour la
plupart par Henri Hauser en ce qui concerne le XVIe siècle, on dispose en effet
pour les XVIIe et XVIIIe siècles des archives de la communauté des libraires et
imprimeurs, dont les registres sont extrêmement bien tenus ainsi que des
archives de l'Inspection de la Librairie et des enquêtes prescrites
régulièrement par celles-ci sur l'état des imprimeries et des librairies ;
c'est dire que la carrière de chaque compagnon, de chaque apprenti peut être
suivie, que chaque grève, chaque « débrayage », sans compter chaque procès, a
laissé des traces. Nous ne pouvons pas analyser ici tout ce que M. Chauvet a
tiré de cette documentation. Bornons-nous à dire que ce qui nous a le plus
frappé dans son livre, c'est de voir comment un petit groupe d'ouvriers qui
n'excédait sûrement pas le millier à Paris ou à Lyon et qui était réparti dans
de nombreux ateliers, parvint rapidement à se forger ce qu'on pourrait appeler
une « conscience de classe ». Non seulement au XVIe siècle, mais au XVIIe,
voire au XVIIIe, en dépit de tout l'appareil créé par Colbert pour maintenir
l'ordre, les procès se multiplient et les grèves sont nombreuses ; les
compagnons n'ont le droit de faire ni « bourse commune », ni « société », ni «
assemblée ». Et, pourtant, c'est en 1677 seulement que la police réussit à
saisir les archives de la Confrérie après un siècle d'existence. Dans cette
lutte, il arrive aux typographes de trouver des appuis : les compagnons
d'autres métiers parfois, les soldats des gardes, également les moines de
Saint-Jean de Latran qui abritent leurs assemblées et surtout, dans une
certaine mesure, le Parlement qui prend souvent en considération les demandes
ouvrières, et leur donne quelquefois satisfaction partiellement, contrairement
à ce que fait le pouvoir royal. Tout cela est conté par M. Chauvet avec verve et
même avec passion. Ajoutons qu'il a eu l'heureuse idée de consacrer aux
ouvriers de métiers annexes (fondeurs de caractères, imprimeurs en
taille-douce, relieurs, colporteurs) une série de chapitres fort instructifs et
souvent neufs." (H.-J. Martin, Annales ESC, 1960) — 2. De 1789 à la
Constitution de la Fédération du Livre (1881). – "A le dépouiller
attentivement, le livre de M. Paul Chauvet constitue, par l'énorme
documentation, une somme, fort utile, de références d'histoire ouvrière certes,
mais aussi d'histoire de l'imprimerie et de la presse, de 1789 à 1881, d'autant
plus que, ne se limitant pas à Paris, il comporte un important chapitre
provincial, où figurent Lyon, Nantes, Marseille, Toulon, Rouen, Troyes, Dijon
et, au moins, une vingtaine d'autres villes encore." (Paul Leuilliot,
Annales ESC)
17.
CHOLVY
(Gérard). La
religion en France de la fin du XVIIIe siècle à nos jours. Hachette,
1991, in-8°, 219 pp, chronologie,
biblio, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
"... Les deux premiers chapitres présentent le choc de la Révolution
et les années 1810-1840 ; le septième traite du renouveau du catholicisme
français entre 1935 et 1965 ; le dixième et dernier porte sur les années
1965-1990 ; restent six chapitres thématiques couvrant les deux siècles. Les
inévitables redites qu'entraîne une telle démarche sont largement compensées
par le fait que les thèses défendues depuis longtemps par G. Cholvy s'en
trouvent mieux mises en évidence. On le voit bien dans le chapitre 4, qui
souligne le poids des rapports complexes d'impulsion et de suspicion, de
recours et de rejet, entre Rome et le catholicisme français. On le voit mieux
encore dans le chapitre 8 : « La France déchristianisée ? ». L'auteur y oppose
au schéma linéaire de sécularisation l'alternance de flux et de reflux du
sentiment religieux, et il met en évidence des « frontières religieuses stables
» sur la longue durée. On reconnaîtra volontiers qu'en matière de pratique
religieuse « la variable régionale prime » (p. 128), et que l'appartenance
sociale est à cet égard un moindre discriminant..." (Yvon Tranvouez,
Vingtième Siècle, revue d'histoire, 1992)
18.
CIXOUS
(Hélène), Madeleine GAGNON, Annie LECLERC. La Venue à l'écriture. P., Union Générale d'Editions, 1977, in-12, 152 pp, broché,
couv. illustrée, bon état (Coll. 10/18, série Féminin Futur). Edition originale
15 €
19.
Collectif. Le Père Jacques Sevin : aux
sources du scoutisme et de la Sainte-Croix de Jérusalem. Par la Congrégation de
la Sainte-Croix de Jérusalem. P., Fondation
des Orphelins apprentis d'Auteuil,
1986, in-4°, 96 pp, 213
photos et documents en noir et en couleurs, reliure cartonnée illustrée de
l'éditeur, bon état
30 €
Le prêtre jésuite Jacques Sevin (1882-1951) est un des cofondateurs en
1920 avec le chanoine Cornette et d'autres des Scouts de France. Il créera
également l’Office International des Scouts catholiques. — C’est en 1911 que le
scoutisme apparaît en France, quatre ans après sa fondation par Baden-Powell le
29 juillet 1907 sur l’île de Brownsea, dans le Dorsetshire (Angleterre). Les
deux premiers mouvements scouts créés dans notre pays sont les Éclaireurs
unionistes, mouvement protestant, et les Éclaireurs de France, mouvement neutre
sur le plan religieux. En dehors de quelques individualités, tel Marc Sangnier
(1873-1950, journaliste et homme politique), le monde catholique reste à l’écart
de la dynamique du scoutisme qui touche au total 15.000 jeunes en France en
1914. Dans une société française très marquée par la loi de séparation des
Églises et de l’État (1905), les catholiques sont méfiants envers cette
nouveauté. Elle vient de Grande-Bretagne, ennemie héréditaire. Elle est promue
par un général anglican. Celui-ci développe de surprenantes conceptions
éducatives, fondées sur le jeu, la
nature, la vie en équipes, une loi et une promesse, sous-tendues par une
conception optimiste de l’existence et des relations humaines, le tout dans une
perspective interreligieuse. En effet, pour Baden-Powell, si le scout doit
absolument avoir une religion, peu importe laquelle. Le Révérend-Père Jacques
Sevin va faire comprendre au monde catholique français, puis international,
l’importance et l’intérêt que présente la méthode éducative de Baden-Powell. À
l’été 1920, il est, avec quelques autres précurseurs – le chanoine Antoine
Cornette, Paul Coze et Édouard de Macédo – à l‘origine de la création d’une association
de scouts catholiques : les Scouts de France. C'est les débuts du scoutisme
catholique en France. (Jean-Jacques Gauthé)
20.
COORNAERT
(Emile). Les
Corporations en France avant 1789. Editions
Ouvrières, 1968, gr. in-8°, 316 pp,
2e édition revue et augmentée, 4 planches hors
texte, index, broché, jaquette illustrée (lég. abîmée), bon état
30 €
"... Il s'agit d'une vue d'ensemble dont les détails sont
parfaitement connus de l'auteur qui a fait sur ce vaste sujet nombre de
recherches personnelles. Dans sa première partie, M. Coornaert se demande ce
qu'il faut entendre par corporation, et il ne manque pas de mettre l'accent sur
le fait que, lorsque l'on y regarde d'un peu près, ces vieilles associations,
désignées au XVIIIe siècle de ce nom nouveau de corporation, venu d'Angleterre,
échappent à toute définition rigoureuse. Les prenant alors non pas comme il
serait plus commode qu'elles eussent été, mais comme elles ont été en réalité,
il les suit dans toute la variété mouvante de leurs aspects depuis leurs
origines, au XIe siècle, semble-t-il, jusqu'à la Révolution qui les a fait
disparaître, et c'est l'objet de la deuxième partie. Dans la troisième et
dernière, l'auteur dégage les caractères permanents des métiers organisés,
s'expliquant successivement sur l'organisation intérieure des métiers, des
confréries, des compagnonnages, sur leur rôle économique et social, sur les
conditions générales du travail et les rapports entre travailleurs... Tel est
le plan de ce livre très clair, très instructif et très vivant..."
(Charles Samaran, Bibliothèque de l'école des chartes, 1943)
21.
DELPIERRE
(Madeleine). Secrets
d'élégance 1750-1950. P., Musée de
la mode et du costume, 1978, gr. in-8°
carré, 61 pp, 367 corsets, jupons,
déshabillés, etc. décrits, 36 gravures et photos dans le texte dont 8 à pleine
page, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
Un chapitre loin d'être négligeable de l'histoire du costume : les
fanfreluches d'antan ; ces secrets d'élégance qu'étaient autrefois les
artifices et les parures dissimulés sous les toilettes ou réservés à l'intimité
de l'appartement. — Table : Le modelage de la silhouette ; Le linge de corps et
les sous-vêtements ; Le déshabillé ; Les bas ; Accessoires ; Métiers et
commerces, avec 367 numéros décrits (Catalogue de l'exposition au Musée de la
mode et du costume, Paris, décembre 1978-avril 1979, rédigé par Madeleine Delpierre,
avec le concours de Fabienne Falluel).
22.
DONTENVILLE
(Henri). Les
Dits et récits de mythologie française. Payot, 1950, in-8°, 255 pp,
broché, couv. illustrée, bon état (Coll.
Bibliothèque historique)
30 €
"Les farfadets, les géants, les fées... M. Henri Dontenville croira
sans peine que la lecture de son livre réveille les légendes dont se
consolaient les hommes au pays du Berry. On y est proche de la Brenne, semée
des mottes de terre que Gargantua a laissées, peu éloigné de la Touraine, où Rabelais
l'a recueilli. Le merveilleux n'y est pas celui de la Bretagne, qui tourne
toujours autour de l'horreur de la mort. Les esprits y sont malins, pratiques,
prompts à berner des paysans à l'esprit un peu lent. M. Henri Dontenville veut
que derrière ces créatures de l'imagination il y ait eu toujours le diable. Si
je l'ai compris convenablement il serait de l'opinion de Michelet dans "la
Sorcière", pour qui le lutin empressé à soulager de ses plus grosses
tâches la pauvre paysanne du moyen âge, quitte à la conduire ensuite au sabbat,
était la consolation, le refuge d'êtres accablés. Le lecteur profane pensera
que l'érudition est utile, mais qu'elle n'est pas indispensable. Il prendra
autant de plaisir à lire l'histoire de "la chasse Arthur" et les
prouesses contées en marge des chroniques de Gargantua." (Le Monde, 10
mars 1951) — Table : La chasse Arthur ; Le prince Belin ; Le vroye Gargantua ;
Histoires de Gargantua ; La Gargouille et la Tarasque ; Quelques contes de Fées
; La serpente Mélusine ; Le premier cheval Bayard ; Garous ; Farfadets.
23.
DUGUIT
(L.), H. MONNIER, R. BONNARD. Les Constitutions et les principales lois politiques
de la France depuis 1789. P., Librairie
Générale de Droit et de Jurisprudence,
1952, fort in-8°, lxxvi-705 pp, septième
édition par Georges Berlia, broché, bon état
60 €
Le meilleur recueil de constitutions et de textes constitutionnels
français, depuis la Révolution de 1789, et le plus complet. — "Le
classique recueil de Duguit et Monnier est un instrument de travail trop connu
des historiens pour il soit besoin d'en vanter les mérites. La signature de
notre collègue Berlia qui en présente la septième édition suffit pour nous
garantir que celle-ci est digne de ses devancières. Il est évidemment
regrettable que les difficultés matérielles de l'édition aient entraîné la
disparition des notices historiques. En revanche, et puisqu'il fallait choisir,
on appréciera la large place faite aux textes postérieurs à 1940, qui
remplissent presque la moitié du volume. L'histoire constitutionnelle, si
mouvementée, des gouvernements de Vichy, de Londres et d'Alger, peut être ainsi
commodément suivie sur pièces. La Constitution de la IVe République se trouve
tout naturellement complétée par les les lois, décrets et circulaires
nécessaires à sa mise en oeuvre, jusqu'à et y compris la loi électorale de
1951. Deux tables très détaillées, qui n'occupent pas moins de 76 pages,
donnent l'inventaire analytique et chronologique des matières et achèvent de
faire de ce recueil un outil de haute valeur scientifique et pratique."
(François Le Roy, Revue française de science politique, 1954)
24.
DUMONS
(Bruno). Les
« saints de la République ». Les décorés de la Légion d’Honneur (1870-1940). P., La Boutique de l'Histoire, 2009, gr. in-8°,
507 pp, 5 illustrations, 4 cartes, 22 graphiques, index, broché, couv. illustrée,
bon état
25 €
"En 1802, Napoléon Bonaparte crée la Légion d’Honneur, « décoration
nationale », pour permettre aux autorités de l’État de distinguer le mérite des
hommes qui le servent. Décoration avant tout militaire, la Légion d’Honneur
prend sous la Troisième République un ton de reconnaissance de l’adhésion aux
valeurs républicaines, aux engagements civiques, bref elle devient une arme
politique. Bruno Dumons écrit une histoire sociale de cette décoration, depuis
la demande pour devenir chevalier jusqu’à la décision du président de la
République en passant par les questionnaires remplis par les postulants, par
les interventions variées et par l’examen des contextes sociopolitiques
explicatifs des attributions. Judicieusement, plutôt que de mener une enquête
sur le plan national, il préfère se limiter à deux départements, pourvus de
nombreuses études, la Saône-et-Loire et le Var, sur lesquels il a déjà
travaillé. L’ouvrage ne comporte pas de bibliographie, mais les notes
permettent de la reconstituer. (...) Cette belle étude nous fait pénétrer au
cœur de la société française sous la Troisième République. Elle mêle érudition
et grandes interprétations générales d’une période où l’idée républicaine
s’ancre." (Jacques Girault, Le Mouvement Social, 2012)
25.
DVORNIK
(Francis). Les
Slaves. Histoire et civilisation de l'Antiquité aux débuts de l'époque
contemporaine. Seuil, 1986, fort in-8°,
1196 pp, traduit de l'anglais, 22 cartes, biblio, index, reliure toile éditeur,
jaquette illustrée, bon état (Coll. L'Univers historique)
40 €
L'Europe de l'Est, des origines à nos jours, voit son destin se débattre
entre des peuples et des cultures qui sont mal connues de l'Occident. Le grand
historien Francis Dvornik (1893-1975), qui fut professeur à Harvard après
l'avoir été à l'université de Prague, donne ici la synthèse de ses propres
recherches consacrées à tous les aspects de l'histoire de cette partie du monde
en même temps que des travaux originaux qui lui ont été consacrés, dans toutes
les langues, depuis cinquante ans. Des civilisations les plus primitives que
l'archéologie et la linguistique permettent depuis peu d'éclairer, jusqu'au
seuil de l'époque contemporaine dont les drames politiques sont conditionnés à
tant d'égards par les rapports historiques noués entre les différents peuples
slaves ainsi qu'avec l'Occident germanique ou latin, voici l'immense panorama
d'un univers si proche et si complexe.
26.
ERCEVILLE
(S.-M. d'). De
Port-Royal à Rome. Histoire des sœurs de Sainte-Marie. La Colombe,
1956, in-8°, 200 pp, 8 pl. de
gravures et photos hors texte, notes, index, broché, couv. illustrée, qqs rares
soulignures crayon, bon état (ouvrage couronné par l'Académie française)
20 €
"C'est une bien curieuse histoire que nous conte Simone-Marie
d'Erceville : les avatars de la congrégation (ou plutôt la pieuse association
sans voeux), la communauté de Ste Marthe qui succéda aux religieuses de
Port-Royal et eut jusqu'en 1880 la charge de plusieurs hôpitaux parisiens. Ces
bonnes filles restent passionnément attachées au jansénisme : en 1880 encore,
la supérieure générale écrit au Directeur de l'Assistance publique que sa
communauté « n'a jamais pu accepter les nouveaux dogmes que l'Église moderne
impose à la foi catholique » ; elles refusent la supériorité de l'archevêque de
Paris. La dernière survivante de cette communauté ne mourra qu'en 1918. A
partir de 1843 une partie de la communauté se rallia à l'Église romaine et
fonda une nouvelle congrégation, les religieuses de Sainte Marie, qui est
prospère, et dont Mme d'Erceville nous décrit l'histoire, dans le détail."
(Revue Etudes, 1958)
27.
FABIANI
(Jean-Noël). Ces
histoires insolites qui ont fait la médecine. Plon, 2011, in-8°, 249 pp,
biblio, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
Les chirurgiens oublient souvent qu'ils doivent leur profession à un
certain Félix, barbier de son état, qui, appelé en dernier recours par les
médecins, est parvenu à guérir en 1686 la fistule anale du Roi-Soleil. A sa
demande, le souverain institua la chirurgie comme un métier à part entière, dès
lors séparé de la « barberie ». Qui ne sait aujourd'hui que se laver les mains
est le moyen le plus simple d'éviter la contagion ? Pourtant, en 1850, Ignace
Semmelweis a subi toutes les avanies du monde pour avoir supplié ses confrères
de bien vouloir respecter cette règle d'hygiène évidente afin de sauver les
jeunes femmes qui mouraient les unes après les autres d'infections dans les
suites de couches. Sont également présentés dans cet ouvrage les acteurs d'une
immense fresque : Horace Wells qui découvre l'anesthésie mais qui finit par se
suicider en prison en se tranchant sans douleur l'artère fémorale grâce au
chloroforme ; le baron Larrey qui ampute jusqu'à l'épuisement les blessés le
soir de la bataille d'Eylau ; ou bien le vieil Hippocrate qui rédige, en
pensant aux dernières paroles de Socrate, une profession de foi que tous les
médecins répètent encore deux millénaires plus tard… C'est à ce grand voyage à
travers l'histoire de la médecine que nous convie ce livre. — "Ce livre
est écrit par un chirurgien cardiaque, longtemps en charge de l’enseignement de
l’histoire de la médecine à l’université Paris Descartes. A la manière des
écrits du docteur Cabanès dans les années 1930, l’ouvrage présente avec humour de
multiples « petites histoires » liées aux grands champs de le médecine et de la
chirurgie, comme les amputations de Larrey, les gants de Halstedt, le combat de
Semmelweis... On y trouve notamment un développement en deux parties très
instructif sur les chirurgiens-barbiers et la naissance du métier de chirurgien
à l’occasion de l’histoire des dissections de Vésale et de la fistule anale du
Roi Soleil." (Jacques Hotton)
28.
FEUILLET
(Octave). Vie
de Polichinelle et ses nombreuses aventures. Illustré par Bertall. P., Education et Récréation J. Hetzel et Cie, s.d. (1878),
pt in-8°,
112 pp, un frontispice, une petite gravure sur la page de titre et 86 gravures de
Bertall dans le texte, reliure toile grise à motifs noirs et blancs, dos lisse,
pièce d'auteur basane carmin et pièce de titre basane bleue, tête dorée, couv.
illustrée conservée (rel. fin XIXe), pièces d'auteur et de titre et coiffes
lég. frottées, bon état
70 €
Deuxième titre de la "Petite Bibliothèque Blanche". Dans cette
nouvelle collection lancée en 1878, Hetzel rééditera les 18 titres du
"Nouveau Magasin des Enfants" et ajoutera de nombreux autres titres
(la collection complète en comprendra 82). Octave Feuillet se sert ici d'un
personnage populaire pour "composer autour de lui, une fiction nouvelle.
Le procédé ne manque pas de saveur, car l'histoire ainsi contée bénéficie de la
faveur acquise auparavant par une figure bien connue" (Trigon, Histoire de
la Littérature enfantine, p. 64). D'après Laffont-Bompiani, Octave Feuillet
obtint par ses aimables comédies un grand succès auprès de la Cour de
l'Impératrice Eugénie, ce qui lui valut le surnom de "Musset des
Familles".
29.
FLEG
(Edmond). Moïse.
Suivi de : Salomon. Gallimard, 1928 et 1930,
2 vol. in-12, 249 et 268 pp,
une photo d'une sculpture de Moïse en
frontispice du “Moïse”, les 2 ouvrages reliés ensemble en un fort volume
demi-percale bleue, dos lisse avec pièce de titre basane carmin, fleuron et
double filetdorés, 1er plat de couv. du “Moïse” conservé (rel. de l'époque),
bon état (Coll. La Légende d'Israël, 1 et 2)
40 €
Moïse : Depuis toujours les érudits, historiens des religions et exégètes
s'attachent à mieux connaître Moïse. Edmond Fleg (1874-1963) a recueilli leurs
récits dispersés dans l'océan du Talmud. Regroupant, refondant, repensant ces
paroles à la fois spirituelles, morales et poétiques, il nous transmet, à
travers cette biographie légendaire, l'image d'un Moïse toujours vivant,
prophète pour notre temps.— Salomon : "L'étude critique de quelques textes
sacrés fournit des données plus que suffisantes aux historiens qui se proposent
d'écrire scientifiquement la Vie de Salomon.(...) Sans rechercher si ce Salomon
historique est ou non plus vrai que le Salomon biblique, je veux seulement
remarquer ici qu'il existe un troisième, le Salomon légendaire, sur lequel nous
possédons des documents encore plus étendus et plus variés que sur aucun des
deux autres. Nul personnage, en effet, n'a plus intrigué la fantaisie populaire
que le roi en qui la tradition d'Israël veut reconnaître l'auteur du Cantique
des Cantiques, du Livre des Proverbes et de l'Ecclésiaste. (...) Salomon
représente ici comme un Faust, à la fois hébraïque et universel, dont la vie
résume, en l'amplifiant, toute l'expérience humaine."
30.
FOUDRAS
(Marquis Théodore de). Chasseurs du temps passé. Pygmalion,
1985, in-8°, (10)-271 pp, précédé
d'une notice bigraphique sur le marquis de Foudras et M. le curé de Chapaize,
un portrait de Foudras (1800-1872), reliure pleine toile citrouille de
l'éditeur, dos lisse orné, encadrement et illustration dorés au 1er plat,
jaquette illustrée, bon état (Coll. Les Grands Maîtres de la Chasse et de la
Vénerie)
30 €
Réimpression de l'édition originale de 1910 (Thiébaud, 416), augmentée
d'une courte préface. A travers ces cinq textes, Foudras livre ses thèmes
favoris et se fait l'avocat de la chasse comme remèdes aux peines de coeur. On
retrouve ainsi la fidélité et l'abnégation des bons chiens et du personnel de
la vénerie, la vraie sérénité des passionnés, la critique de la société issue
de la Révolution, la vie rude des habitants des forêts, la fougue des veneurs
invétérés, la fascination pour les femmes chasseresses et la défense de la
province française.
31.
FRANKLIN
(Alfred). Les
Chirurgiens. La Vie privée d'autrefois. Arts et métiers, modes, moeurs, usages
des Parisiens du XIIe au XIIIe siècle, d'après des documents originaux ou
inédits. Plon, 1893, in-12, xii-301 pp, 12
gravures dont 11 hors texte, broché, 8 pages roussies, bon état
30 €
"M. Franklin raconte dans ce volume les débuts des chirurgiens,
débuts très modestes puisqu'ils ne sont d'abord que de simples artisans, et
leurs luttes contre les barbiers, luttes séculaires qui remplirent les
XIIIе, XIVe et XVe siècles, luttes fratricides aussi, puisque barbiers et
chirurgiens furent longtemps confondus en un seul métier. Avec le XVIe siècle
commence la grande rivalité des chirurgiens et des médecins, que l'auteur nous
résume d'une façon fort intéressante. Longtemps les médecins l'emportèrent.
Mais l'heureuse issue de la fameuse opération faite à Louis XIV en 1686, et qui
fit nommer cette année l'année de la fistule, décida finalement le succès des
chirurgiens. Ils obtinrent en septembre 1699 des statuts les organisant à
nouveau. Ils restaient cependant rattachés par certains côtés à la classe
ouvrière. Ce n'est que le 23 avril 1743 qu'une déclaration royale vint
définitivement les émanciper, les séparant des barbiers et les reconnaissant
comme corps savant et libre d'enseigner à sa guise. On vit alors cesser le
spectacle, légèrement ridicule, que la Faculté de médecine donnait depuis le
XVIIe siècle à ses élèves : un médecin professeur parlant sans jamais toucher
au cadavre ; un chirurgien juré, placé auprès de la chaire, faisant sans parler
les opérations anatomiques. Des illustrations intéressantes, des pièces
justificatives bien choisies complètent à merveille ce curieux petit
volume." (Pierre Bonnassieux, Bibliothèque de l'École des chartes, 1895)
32.
GARINET
(Jules). La
Sorcellerie en France. Histoire de la magie jusqu'au XIXe siècle. François Beauval, 1970, in-8°, 251 pp, un
frontispice en couleurs et 10 gravures hors texte, reliure simili-cuir noir
éditeur, bon état. Réimpression du livre publié en 1820
20 €
Démons, Sabbat, la Magie au temps des Mérovingiens, des Carolingiens, des
Capétiens, des Valois et des Bourbons.
33.
GIDE
(Charles) et Charles RIST. Histoire des doctrines économiques depuis les
physiocrates jusqu'à nos jours. P., Librairie
du Recueil Sirey, 1944, fort gr.
in-8°, xvii-896 pp, 6e édition revue et
augmentée, index, broché, bon état
50 €
"En mai 1909 a paru à la Librairie Larose et Ténin, à Paris, une
Histoire des doctrines économiques depuis les physiocrates jusqu'à nos jours,
qui nous semble d'une importance peu courante", écrivait Léon Walras en
1910 pour saluer la publication de cet ouvrage. Un siècle plus tard, le livre
garde, entière, cette importance peu courante, qui en fit la figure de
référence de tous les manuels d'histoire de la pensée économique publiés depuis
lors. Charles Gide et Charles Rist y développent une vision ouverte de
l'économie politique comme doctrine, qui replace l'analyse économique au coeur
d'une réflexion plus générale sur la société.
34.
HUNKE
(Sigrid). Le
soleil d'Allah brille sur l'Occident. Notre héritage arabe. Albin Michel,
1963, in-8°, 404 pp, traduit
de l'allemand, broché, couv. à rabats lég. salie, bon état. Première édition
française
25 €
Ce que nous ont légué les Arabes. – "Alors que l'Europe se débattait
dans un Moyen Age de conflits et de blocages, le monde arabe était le théâtre
d'une admirable civilisation fondée sur les échanges économiques, intellectuels
et spirituels. Dans toutes les disciplines – mathématiques, astronomie,
médecine, architecture, musique et poésie –, les Arabes multiplièrent les plus
prodigieuses réalisations. Venant d'Italie, de Sicile, d'Espagne et autres
territoires soumis à la domination ou à l'influence arabe, passant par
l'entremise de grands princes, comme Frédéric II de Hohenstaufen ou par le
canal de nombreux voyageurs (négociants, pèlerins, croisés, étudiants), les
réalisations de cette prestigieuse civilisation ont peu à peu gagné l'Europe où
elles jouèrent un rôle déterminant dans l'éclosion de la civilisation occidentale.
Sigrid Hunke brosse un tableau saisissant de cette rencontre entre l'Orient et
l'Occident. L'influence décisive de la civilisation arabe sur celle de l'Europe
– influence trop souvent passée sous silence, sinon ouvertement contestée – est
enfin mise en pleine lumière." – "Christophe Colomb aurait-il
redécouvert l’Amérique sans son astrolabe conçu et réalisé par les Arabes ? Les
engins occidentaux auraient-ils atteint la planète Mars si, bien longtemps
avant eux, des Arabes n’avaient cessé d’observer rigoureusement le ciel ? Dans
la mesure où les progrès technologiques modernes s’inscrivent dans la longue
chaîne des connaissances universelles, il est indéniable d’affirmer que les
musulmans ont, à une époque, contribué à révéler de nouvelles découvertes scientifiques.
Sigrid Hunke rend hommage à ces inventeurs de génie, trop longtemps ignorés des
manuels scolaires et aujourd’hui encore souvent réduits au rôle de simples
traducteurs des textes des Anciens. Son livre allie la richesse d’informations
d’une encyclopédie à un style clair et vivant qui rend sa lecture fluide comme
un roman."
35.
ISAAC
(Jules). Genèse
de l'antisémitisme. Essai historique. Calmann-Lévy, 1956, in-8°, 352 pp, notes,
broché, couv. lég abîmée avec pt morceau de scotch en haut du 1er plat, bon
état (Coll. Liberté de l'esprit). Edition originale (il n'est pas mentionné de
grand papier)
25 €
"Le propos de Jules Isaac, développé d'abord dans Jésus et Israël
(Albin Michel, 1948) et aujourd'hui dans Genèse de l'antisémitisme, est de
montrer que le christianisme est le principal responsable des passions
antisémites. Première étape : le procès des textes ; Jésus et Israël était une
œuvre d'exégèse. Il s'agissait d'abord de cerner une certaine tradition
antisémite d'origine théologique, pour la confronter ensuite avec les textes
évangéliques eux-mêmes ; le caractère tendancieux et arbitraire des
interprétations antisémites des livres était ainsi mis en lumière. Deuxième
étape : le procès des actes ; Genèse de l'antisémitisme est une œuvre d'historien.
Dépassant ce qu'il appelle « les sources cachées » de l'antisémisme, l'auteur
se propose d'étudier « le courant d'infection » qui en découle, cet «
enseignement du mépris » qui déposa dans les âmes sans défense une sorte
d'horreur sacrée pour le Juif. Pour J. Isaac, l'antisémitisme chrétien est en
effet « la souche puissante, millénaire, aux multiples et fortes racines, sur
laquelle (dans le monde chrétien) sont venues se greffer toutes les autres
variétés d'antisémitisme — même les plus opposées de nature, même
anti-chrétiennes ». Pour rendre son réquisitoire irréfutable, J. Isaac doit
d'abord répondre à un certain nombre d'objections. Celle-ci surtout, souvent
invoquée par les avocats de l'Eglise : l'antisémitisme serait plus vieux de
plusieurs siècles que le christianisme — qui n'en aurait ainsi ni le privilège
ni l'initiative. Pour réfuter cette thèse de l'éternel antisémitisme, J. Isaac
se reporte d'abord fort longuement à la période de l'Antiquité païenne. De ce
pèlerinage aux sources, J. Isaac rapporte, nous dit-il, une certitude :
l'apparition bien tardive de l'éternel antisémitisme. Il ne décèle une
première vague d'antisémitisme qu'au dernier siècle avant Jésus-Christ, en
Egypte et dans les grandes cités grecques — où il est la conséquence de l'antagonisme
judéo-grec — la relève étant ensuite prise par Rome et l'Empire romain. Ayant
ainsi réduit l'antisémitisme païen à ce qu'il estime être sa véritable
importance, une importance minime, J. Isaac oppose ensuite antisémitisme païen
et antisémitisme « chrétien », et il étudie ce dernier depuis l'avènement de
l'Empire chrétien, jusqu'à la fin du premier millénaire. Autant l'antisémitisme
païen lui paraît traduire une réaction spontanée — c'est-à-dire, à la limite
presque excusable — autant l'antisémitisme chrétien lui paraît inexcusable, car
officiel, systématique, cohérent : presque tous les Pères de l'Eglise
participeraient alors à cette « entreprise de lapidation morale ». De cette «
politique » antisémite de l'Eglise, J. Isaac analyse ensuite la mise en œuvre
progressive, non sans indiquer que, de l'Orient byzantin à l'Occident chrétien,
la condition des Juifs a profondément varié..." (Jean-Michel Royer,
Nouvelles reflexions sur la question juive, dans la Revue française de science
politique, 1958)
36.
JAMES
(Emile). Histoire
sommaire de la pensée économique. Editions
Montchrestien, 1955, gr. in-8°, 335 pp,
broché, pt mque au dos, bon état
25 €
"Ce précieux manuel, destiné à des étudiants de licence, est un
ouvrage sans prétentions, mais non sans utilité. Sans être un spécialiste, on
soupçonne tout l'effort de simplification qu'a demandé l'exposé des idées,
souvent confuses ou alambiquées, de tant d'auteurs divers. Le mérite de M.
James n'est donc pas mince. Tout en exposant les idées de certains théoriciens,
M. James ne craint pas de formuler un jugement et de dire en quoi leurs
analyses lui paraissent justes ou inadéquates. La première partie concerne
l'époque antérieure à 1750. Puis sont passés en revue les classiques
(Physiocrates, Adam Smith, Ricardo), les réactions qu'ils ont provoquées chez
les premiers socialistes et de la part de l'école historique, les
néo-classiques (Jevons, Walras, Marshall, les marginalistes autrichiens et
américains). Un chapitre est consacré au XXe siècle et à la révolution
keynésienne. "(Henri Lapeyre, Annales ESC)
37.
JARDIN
(André). Histoire
du Libéralisme politique, de la crise de l'absolutisme à la Constitution de
1875. Hachette, 1985, gr. in-8°,
iii-437 pp, biblio, index, broché, bon état
30 €
Si le mot "libéralisme" n'apparaît qu'en 1823, c'est dès le
début du XVIIIe siècle que le combat libéral s'engage résolument en France, par
réaction contre l'absolutisme monarchique. La Révolution de 1789, l'opposition
à l'Empire, seraient en effet inconcevables sans l'esprit d'une idéologie qui,
depuis Montesquieu, tente de subordonner l'organisation sociale et politique à
l'épanouissement de l'individu. Pourtant, et malgré la pérennité de ses
principes fondamentaux, le libéralisme échappe par sa diversité même à toute
définition générale et permanente. C'est pourquoi ce livre est un livre de
première importance, et qui vient combler une lacune de l'historiographie
puisqu'il n'existait pas, à ce jour, d'ouvrage de fond sur la genèse de la
France libérale. On trouvera donc, ici, les grands auteurs - comme Montesquieu,
Voltaire, Constant ou Tocqueville, restitués avec précision dans leur contexte,
ainsi que d'autres promoteurs du libéralisme, habituellement considérés comme
mineurs, et qui voient leurs actions ressurgir sur la scène de l'Histoire à la
faveur d'un éclairage inédit. Mais le livre d'André Jardin doit surtout son
originalité à la méthode d'investigation et d'exposition mise en œuvre : il ne
s'agit pas seulement d'une histoire des idées, ou des groupes sociaux qui les
soutiennent, ou des institutions qui les incarnent, mais de tout cela à la
fois. Cette synthèse, unique en son genre, devrait permettre de donner tout
leur relief aux débats actuels sur les enjeux et les limites d'une
"solution libérale" qui, déjà bicentenaire, n'en finit pas d'inspirer
notre histoire immédiate.
38.
KISSINGER
(Henry). Diplomatie. Fayard, 1996, fort
in-8°, 861 pp, traduit de l'anglais par
Marie-France de Paloméra, 31 illustrations, 8 cartes, index, broché, bon état
30 €
L'histoire mondiale de la diplomatie, du XVIIe siècle à nos jours. —
"Embrassant quatre siècles d'histoire, Kissinger étire la longueur
fibreuse des projets et des actions des (grands) hommes : Richelieu, Guillaume
d'Orange devenu Guillaume III d'Angleterre, Pitt, Metternich, Bismarck. Autant
de tapisseries diplomatiques dont il défait les trames complexes. Puis
viennent, savamment expliquées, les catastrophes européennes de la première
moitié de ce siècle : la guerre de 1914, les totalitarismes, la Seconde Guerre
mondiale, la guerre froide. Le final porte sur la situation présente des
Etats-Unis et la fonction contemporaine des alliances. Diplomatie ? Est-ce bien
de cela qu'il s'agit ? On ne trouvera nulle part de véritable définition de ce
terme. C'est de politique étrangère dont il est question, celle des Etats-Unis,
au premier chef, et des principes nationaux qui la guident. Dès le départ, la
diplomatie américaine est caractérisée comme étant foncièrement schizophrène
parce que fondée sur une bipolarité qui oppose principe d'équilibre et principe
d'harmonie ; d'un côté, l'idéalisme, de l'autre le réalisme, terme que
Kissinger n'utilise jamais, préférant en décliner les avatars historiques et
linguistiques : raison d'Etat, « balance of power », realpolitik..."
(François Géré, Politique étrangère, 1995)
39.
KRAEMER
(Gilles). La
presse francophone en Méditerranée. Regain et perspectives. P., Maisonneuve & Larose - Servédit, 2001, gr. in-8°,
275 pp, préface de Paul Balta, annexes, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
Cet ouvrage est une réduction de la thèse de doctorat que l’auteur a
soutenue à l’Université de Paris II (avril 2001). Paul Balta dans la préface se
trouve confronté à une étrangeté, un paradoxe, d’aucuns diront « un miracle » :
la presse francophone en Méditerranée, répartie sur six pays (le Maroc,
l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Liban et la région autonome du Val d’Aoste)
remonte, pour les titres les plus anciens, à la fin du XVIIIe siècle ; mais «
le miracle » est que dans les années 90 du XXe siècle, 50 % au moins des titres
actuels de cette presse ont été créés. Paradoxe, parce que tout dans ce
contexte récent était défavorable à l’éclosion d’une presse nouvelle : à savoir
les indépendances de nations nouvelles qui ont choisi la voie de l’arabisation
et la mondialisation et la prégnance de l’anglais. « Paradoxe » interrogé par
Gille Kraemer, qui, dès l’introduction, énumère les questions qu’il suggère :
d’où vient cette presse francophone dans les pays de la Méditerranée ? Ses
conditions d’apparition d’hier sont-elles les mêmes aujourd’hui ? Y a-t-il des
différences autres que simplement linguistiques entre la presse d’expression
française et celle en langue nationale ? Comment ces journaux francophones
justifient-ils leur authenticité et leur identité nationales ? Jouent-ils un
rôle social que n’assurent pas les journaux en langue nationale ? Et si c’est
le cas, pour quelles raisons et dans quels contextes ? "La presse
francophone en Méditerranée" est un ouvrage rigoureux, minutieux, ouvrant
de nombreuses perspectives de recherche. Très complet et fiable, il a toutes
les chances de rester pour longtemps l’« ouvrage de référence » sur la
question. (André Reboullet)
40.
[Lacombe
de Prezel , Honoré]. Dictionnaire d'anecdotes, de traits singuliers et caractéristiques,
historiettes, bons mots, naïvetés, saillies, réparties ingénieuses, etc.
Nouvelle édition augmentée. Lille, C. F.
J. Lehoucq, 1781, 2 vol.
in-12, 378 et 412 pp, reliures pleine
basane marbrée de l'époque, dos lisses orné de caissons à fleurons dorés, pièce
de titre et tomaison basane verte, coupes filetées, tranches rouges (rel. de
l'époque), une coiffe arasée, bon état
100 €
Nouvelle édition augmentée à l'adresse de Lille de ce recueil d anecdotes
et de bons mots compilé par Lacombe de Prezel. Acteur, amant, américains,
amour, anglais, bagatelles, cacophonie, charlatans, chasteté, coquetterie,
facéties, femmes galantes, fou, français, frippons et voleurs, imposteurs,
ivrognes, jeu de mots, mari, médecin, mysanthrope, parasite, paysan, plagiaire,
quolibet, rébus, ridicule, saillie, sarcasme, somnambules, songes, sottise,
etc. sont quelques-uns des sujets, dont traite cet amusant dictionnaire, et
dans lequel chaque mot s'illustre à travers une repartie, une historiette, une
anecdote, un trait d'humour, etc. — "On dit que Malfilatre a travaillé à
ce dictionnaire. Ce poête figurait parmi les gens de lettres que les frères Lacombe
employaient à rédiger des compilations." (Barbier, I, 958)
41.
LACROIX
(Jean-Paul) et Michel CHRESTIEN. Le Livre blanc de l'humour noir. P., Editions de la Pensée Moderne, 1967, in-8° carré,
475 pp, nombreux dessins d'humour par Searle, Sempé, Mose, Chaval, Reiser, Chas
Addams, Bosc, Maurice Henry, Tetsu, Siné, etc., reliure toile noire de
l'éditeur, bon état
30 €
"Textes et dessins s'unissent dans cette anthologie pour nous donner
les diverses émotions que l'on peut demander à « l'humour noir », qui vont du
rire mécanique au grincement de dents. Les auteurs de cette anthologie ont
voulu présenter le panorama le plus « ouvert » et l'on voit bizarrement
cohabiter les noms de La Fontaine et de Ring Lardner (1885-1933), de Jean-Paul
Sartre et de Mme de Sévigné. Avec les classiques du genre de Swift à A. Bierce
et A. Jarry. La violence dans l'image serait-elle plus facile que dans l'écrit
? Certains dessins sont insoutenables, et leur brutalité plus flagrante que
celle des textes voisins. On parlera de mauvais goût, mais le mauvais goût est
une qualité nécessaire au genre : l'humour noir a pour but de détruire, d'irriter,
de gêner, non pas de réjouir." (Revue des Deux Mondes, 1967)
42.
LASSALLE
(Hélène)(dir.). Fernand Léger. Exposition, Villeneuve d'Ascq, Musée d'art moderne, du 3
mars au 17 juin 1990. Villeneuve
d'Ascq, Musée d'art moderne ; Milano, Mazzotta, 2010, in-4°, 246 pp, très
nombreuses illustrations en noir et en couleurs, biographie, biblio, liste des
oeuvres, broché, couv. illustrée, bon état
30 €
Une lecture de l'oeuvre de Fernand Léger dans son contexte avant-gardiste.
— "La rétrospective de Villeneuve-d'Ascq, organisée dans la foulée d’une
exposition Léger à Milan (Hélène Lassalle est le commissaire commun aux deux
expositions), donne une idée très juste de la multiplicité des recherches de
l'artiste, en particulier dans l'entre-deux-guerres, et sur sa façon d'associer
volumes et plans, couleurs et lignes contrastées ; de jouer à l'intérieur de
compositions riches et complexes sur des formes lourdes et légères, oblongues
et angulaires ; de traiter la femme allongée sur un canapé comme un grand
remorqueur, et le remorqueur comme un patchwork... Catalogue très conséquent
publié par Mazzotta." (Geneviève Breerette, Le Monde, 14 mars 1990)
43.
LAVISSE
(Ernest)(dir.). Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution. Hachette,
1900-1910, 17 vol. pt in-4°, chaque volume comprend de 380 à 484 pp, reliures
demi-basane verte, dos à 4 nerfs soulignés à froid, titres, sous-titres et
fleurons dorés (rel. de l'époque), qqs rares rousseurs, bon état. Bel
exemplaire
600 €
Chaque volume de ce classique inégalé traite d'une période de l'Histoire
de France et est rédigé par un (ou plusieurs) éminent(s) spécialiste(s). Les
plus grands historiens de l'époque ont participé à la rédaction de cette somme.
Manque le volume de tables. — "Pourquoi lire aujourd'hui les volumes de
l'Histoire de France d'Ernest Lavisse ? Parce que ce monument est l'expression
indépassable d'un grand moment historique et national, au croisement d'une
histoire en train de se faire scientifique et d'une République en train de se
faire définitive, du début du XXe siècle (1900) au lendemain de la guerre
(1922). Un miroir de réfraction, le socle d'un édifice en partie détruit, en
partie indestructible et dans lequel nous vivons encore, un roman qui nous permet
une meilleure compréhension de ce que nous sommes par le récit de ce que nous
ne sommes plus." (Pierre Nora de l'Académie française) — Détail : I.1.
Tableau de la géographie de la France. Par P. Vidal de la Blache, 64 cartes et
figures dont une grande carte dépliante en couleurs – I.2. Les origines. La
Gaule indépendante et la Gaule romaine. Par G. Bloch – II.1. Le christianisme,
les barbares, Mérovingiens et Carolingiens. Par Ch. Bayet, Ch. Pfister et A.
Kleinclausz – II.2. Les Premiers Capétiens (987-1137). Par A. Luchaire – III.1.
Louis VII, Philippe-Auguste, Louis VIII (1137-1226). Par A. Luchaire – III.2.
Saint Louis, Philippe le Bel, les derniers Capétiens directs (1226-1328). Par
Ch.-V. Langlois – IV.1. Les premiers Valois et la guerre de Cent ans (1328-1422).
Par A. Coville – IV.2. Charles VII, Louis XI et les premières années de Charles
VIII (1422-1492). Par Ch. Petit-Dutaillis – V.1. Les guerres d'Italie, la
France sous Charles VIII, Louis XII et François Ier (1492-1547). Par H.
Lemonnier – V.2. La lutte contre la maison d'Autriche. La France sous Henri II.
Par H. Lemonnier – VI.1. La Réforme et la Ligue. L'Édit de Nantes (1559-1598).
Par J. H. Mariéjol – VI.2. Henri IV et Louis XIII (1598-1643). Par J. H.
Mariéjol – VII.1 et VII.2. Louis XIV (1643-1685). Par E. Lavisse – VIII.1.
Louis XIV. La fin du règne (1685-1715). Par A. de Saint-Léger, A. Rébelliau, P.
Sagnac et E. Lavisse – VIII.2. Louis XV (1715-1774). Par H. Carré – IX.1. Louis
XVI (1774-1789). Par H. Carré, P. Sagnac et E. Lavisse.
44.
LENOTRE
(Théodore Gosselin, dit G.). Gens de la vieille France. Rêveries pour le temps
présent sur des thèmes anciens. Perrin, 1934, in-12, 319 pp, broché,
couv. lég. tachée, bon état
20 €
Au printemps de nos bisaïeules ; « La douceur de vivre » ; Le chemin des
Écoliers ; Les mauvaises fées ; Sur les routes de la douce France ; Le paradis
des Voyageurs.
45.
LÉVI-STRAUSS
(Claude). Mythologiques.
4, L'Homme nu. Plon, 1971, gr. in-8°,
688 pp, 39 illustrations dans le texte, 4 pl. hors texte, importante bibliographie,
index des mythes et index général, broché, couv. à rabats illustrée par Paul
Delvaux, trace d'humidité ancienne sur la couv., bon état. Edition originale
(achevé d'imprimer du 10 septembre 1971)
30 €
Le dernier volume des Mythologiques, qui clôt l'étude des mythes de
l'Amérique de Claude Lévi-Strauss En s'attachant à des mythes de la côte
nord-ouest de l'Amérique et en montrant que ceux-ci prolongent et transforment
des récits de l'Amérique tropicale, ce quatrième tome poursuit et achève la
démonstration entamée précédemment : les mythes de l'Amérique forment un
ensemble clos. Mais une telle démonstration ne peut esquiver un fait : quand,
pour les Indiens d'Amérique tropicale, le passage de la nature à la culture est
symbolisé par l'introduction de la cuisine, au nord du continent, il est maqué
par l'invention des parures et des vêtements et, de là, par celle des échanges
commerciaux. Autrement dit, le nu occupe ici la position qu'occupait le cru dans
les mythes de l'Amériques du Sud ; l'instauration de la civilisation est
marquée non plus par une opposition entre les peuples réduits à vivre de leur
production et ceux qui peuvent accéder à la diversité grâce au commerce et à
l'échange (échange d'ornements et de vêtements, de biens de consommation, mais
aussi transactions matrimoniales). Plus encore que dans les tomes précédents ce
sont donc les différences entre les mythes, et non seulement leurs
ressemblances, qui font l'objet de l'enquête...
46.
LEWINSOHN
(Richard). Les
Profits de guerre à travers les siècles. Payot, 1935, in-8°, 292 pp,
broché, couv. illustrée, bon état (Coll.
Bibliothèque historique)
25 €
"Jusqu'à présent, il n'existait pas d'étude d'ensemble sur ce sujet.
La documentation réunie est abondante, significative, et conduit à des
constatations d'ensemble intéressantes. M. L. met bien en lumière le fait que
les profits de guerre bénéficient à des hommes de plus en plus éloignés de la
conduite militaire des opérations. Jusqu'au XIXe siècle, ces profits étaient
surtout réalisés par les chefs d'armée et par les munitionnaires. Ceux-ci ont
pu sauvegarder leurs gains plus longtemps que ceux-là, mais il leur est bien
difficile de le maintenir désormais. Au cours des derniers conflits, ce sont surtout
les industriels et les commerçants ou les spéculateurs qui se sont trouvés
avantagés – et les neutres plus que les belligérants. Cette évolution très
caractérisée s'explique par le fait que les guerres contemporaines sont
essentiellement destructives et qu'elles engagent la vie de toute la nation.
Dans ces conditions, la morale, la législation et l'économie publique rendent
les profits directs de plus en plus choquants et, par suite, difficiles à
réaliser. En résumé, cet ouvrage, écrit d'une manière vivante, riche en
anecdotes et en portraits curieux, complète heureusement les livres sur les
financiers, que M. L. avait précédemment publiés." (A. de Mirimonde, Revue
d'économie politique, 1938) — Table : Les généraux ; Les financiers ; Les
fabricants d'armes ; Les fournisseurs ; Les spéculateurs ; La lutte contre les
bénéfices de guerre.
47.
MALRAUX
(André). Le
Musée imaginaire de la sculpture mondiale. La statuaire. P., N.R.F.,
novembre 1952, pt in-4° (18 x 23), 776 pp,
704 illustrations en héliogravure en noir dans
le texte et à pleine page et sur 15 planches en couleurs hors texte, 11 cartes,
reliure percaline blanche de l'éditeur (lég. salie), dos lisse avec titres
dorés, sans la jaquette, bon état (Coll. La Galerie de la Pléiade). Edition
originale
30 €
Documentation archéologique de Raymond Lantier, André Parrot, Jacques
Vandier, Jean Charbonneaux, Vadime Elisseeff, Jacques Soustelle, Denise
Paulme-Schaeffner, Françoise Girard et Marcel Aubert.
48.
MALRAUX
(André). Les
Voix du Silence. P., N.R.F., 1953, pt in-4° (18 x 23), 657 pp,
427 illustrations en héliogravure en noir dans
le texte et à pleine page et sur 15 planches en couleurs hors texte, index,
reliure percaline blanche de l'éditeur, dos lisse avec titres dorés, sans la
jaquette, bon état (Coll. La Galerie de la Pléiade)
30 €
D'abord publiés chez Skira en trois volumes, parus de 1947 à 1949,
intitulés “Psychologie de l'art” – Le Musée imaginaire, La Création artistique,
La Monnaie de l'absolu –, les grands textes sur l'art d'André Malraux
(1901-1976), recomposés et retouchés, deviennent, en 1951, chez Gallimard, un
imposant livre illustré divisé en quatre parties, “Les Voix du silence”. —
"Sous ce titre se trouvera enfin réuni l'ensemble des textes qui composent
la Psychologie de l'art, dont ce sera l'édition complète et définitive. Aux
divers essais : Le Musée imaginaire, La Création artistique, La Monnaie de
l'Absolu, s'ajoutent plus de deux cents pages inédites (accompagnées de cent
soixante planches nouvelles), qui apportent la conclusion d'une œuvre unique en
son genre, poursuivie depuis 1935 par l'illustre écrivain. L'exécution des
gravures qui a nécessité plus d'un an de travail a été l'objet de soins tout
particuliers, grâce auxquels l'intérêt documentaire et artistique de cet
ouvrage ne sera pas inégal à son exceptionnelle valeur littéraire."
(L'Editeur)
49.
Ministère
des Travaux Publics. Guide officiel de la navigation intérieure avec carte itinéraire des voies
navigables de la France. P., Bernard et
Cie, 1903, in-12, iv-597 pp,
sixième édition revue et augmentée, une grande
carte itinéraire dépliante en couleurs des voies navigables de la France in
fine, reliure percaline havane de l'éditeur (qui indique Geisler, éditeur),
titres en noir au 1er plat, titre doré et filets noirs au dos, bon état
50 €
Publiés par les soins du Ministère des travaux publics, le Guide officiel
de la navigation intérieure donne la description technique du réseau.
50.
NEWTON (Helmut). Helmut Newton. Work. Köln, Taschen, 2000, gr. in-4°
(25 x 32), 280 pp, avant-propos
de Manfred Heiting, présentation de Francoise Marquet, 300 photos en noir et en
couleurs, reliure éditeur, jaquette illustrée, bon état. Edition originale.
Edition trilingue Français-Anglais-Allemand
70 €
« Une alliance surréaliste de fantasme, de glamour, d’élégance, de sexe et
d’érotisme noir. » Mode, magazines et travaux personnels se rejoignent dans ce
large portfolio de Helmut Newton, qui comprend bon nombre de ses clichés les
plus saisissants des années 1960 jusqu’à son apogée. Des rues sombres aux
boudoirs des hôtels, il révèle le pouvoir suggestif du photographe et son
regard incomparable pour saisir l’érotisme. “Helmut Newton - Work” a été publié
pour la première fois à l’automne 2000 à l’occasion de la grande rétrospective
organisée à Berlin pour les 80 ans du photographe né en 1920 dans la capitale
allemande qu’il devait quitter en 1938. Il a été réédité dans un format plus
petit en 2016 (épuisé). Cet ouvrage reprend quelques 300 clichés pris tout au
long de sa carrière par le célébrissime photographe disparu le 26 janvier 2004
à Los Angeles.
51.
PFIZENMAYER
(E. W.). Les
mammouths de Sibérie. La découverte de cadavres de mammouths préhistoriques sur
les bords de la Berezovka et de la Sanga-Iourakh. Avant-propos et traduction du
Dr Georges Montandon. Payot, 1939, in-8°, 313 pp, 51
photos sur 24 pl. hors texte, 15 croquis, une carte, broché, couv. illustrée,
bon état (Coll. Bibliothèque scientifique)
40 €
"L'homme et le mammouth se partagent ce livre. L'ivoire de mammouth a
longtemps été un produit commercial en Sibérie et s'est retrouvé dans toute
l'Asie pendant plusieurs siècles. Il y a cent ans, on en commercialisait
jusqu'à 120.000 livres par an, dont la plupart provenaient des îles de la
Nouvelle-Sibérie. Mais la récupération des carcasses de mammouth est une
entreprise plus récente. Les dessins des grottes en Europe avaient familiarisé
les explorateurs avec l'apparence de l'animal avant les découvertes réelles de
spécimens, qui ont commencé au moins au dix-huitième siècle. Dans la carte
accompagnant ce volume, les sites de vingt et une découvertes de mammouths sont
répertoriés en Sibérie. L'auteur a été chargé en 1901 par l'Académie des
Sciences de Russie de fouiller et de rapporter à Saint-Pétersbourg une carcasse
découverte sur les rives de la rivière Berezovka, un affluent de la rivière
Kolima en Sibérie orientale. En 1908, il est reparti à la recherche d'une autre
découverte, cette fois à l'est de l'embouchure de la Yana, sur la côte
arctique. Sa première aventure fut la plus réussie, car bien que des animaux
sauvages aient dévoré des parties, une grande partie de la carcasse fut
déterrée et ramenée, d'abord congelée par le climat, puis dans des wagons
frigorifiques, sur le chemin de fer sibérien jusqu'en Europe. Les parties
étaient si fraîches, car l'animal était en partie conservé dans la glace de
sol, que la source du dernier repas, qui n'était que partiellement digéré, a pu
être analysée et les espèces de plantes déterminées. Les voyages sont décrits
en détail, avec de nombreuses informations sur les habitudes des Lamut, des
Yakut et d'autres tribus, ainsi que des détails sur les stations de cosaques et
de commerce telles qu'elles étaient à l'époque tsariste, lorsque les
prisonniers politiques étaient nombreux et avant que la main réformatrice de
l'entreprise soviétique n'ait touché la Sibérie. La partie la plus précieuse du
livre est cependant l'exposé très complet sur le mammouth sous tous ses aspects
: à cet égard, il a une valeur durable. Il comporte de nombreuses illustrations
et une bonne carte." (The Geographical Journal, 1939)
52.
PIOLET
(J.-B.). La
France hors de France. Notre émigration, sa nécessité, ses conditions. Félix Alcan,
1900, in-8°, (8)-659 pp, annexes
sur l'émigration européenne au XIXe siècle, statistiques coloniales, index,
reliure demi-toile noire, dos lisse avec pièce de titre toile vermillon (rel.
de l'époque), bon état (ouvrage couronné par l’Académie des Sciences morales),
envoi a.s.
60 €
"L'ouvrage récent du P. Piolet, "La France hors de France",
intéressera vivement, non seulement les historiens, mais tous ceux qui se
préoccupent de notre avenir national et colonial. Connu déjà par plusieurs
ouvrages consacrés à des questions coloniales, le Père Piolet voit dans
l’expansion hors de France la meilleure voie de développement ou plutôt de
salut pour notre pays. Il estime qu'une des causes les plus redoutables de
l’état stationnaire de notre population est la difficulté où se trouvent les familles
françaises d'assurer à leurs enfants une vie honorable et lucrative dans la
métropole. Le P. Piolet étudie avec soin qui doit émigrer et où. Des études
précises sur les conditions qu'offrent nos diverses colonies à l'émigrant
forment la dernière partie de cet ouvrage. Il faut louer, non seulement la
pensée généreuse et vraie en somme qui inspire l’auteur, mais aussi la mesure
avec laquelle il l’a développée. Tout en montrant la nécessité de l'émigration,
il insiste également sur la nécessité qu'elle soit effectuée d’une manière
judicieuse. Il faut souligner l'importance d’un ouvrage dont l’auteur n’est
point aveuglé par le mirage colonial, mais discute avec sang-froid et réflexion
les conditions propices à la colonisation." (André Lichtenberger, Revue
Historique, 1901) — "... Son dernier ouvrage, "La France hors de
France", est un chaleureux et convaincant plaidoyer en faveur de
l'émigration aux colonies et de la mise en valeur, par nous-mêmes, de notre
superbe domaine d'outre-mer." (Questions diplomatiques et coloniales)
53.
PRADE
(Marcel). Ponts
et viaducs remarquables d'Europe. Les Grands ponts du monde, première partie. Poitiers, Brissaud, 1990, in-4°, 428 pp, 1000
photographies, dessins et reproductions de documents en noir et en couleurs,
dessins géométraux mis au net par Roger Maupin, biblio, reliure toile bleue de
l'éditeur, titre doré au 1er plat et au dos, jaquette illustrée, bon état
(Coll. Art et Patrimoine). Edition originale
100 €
54.
PRÉVOST
(Marcel). Polytechnique. P., La Nouvelle Société d'Edition, 1931, in-12, 123 pp, reliure
demi-percaline gris-clair, dos lisse avec titres, fleuron et doubles filets
dorés (rel. de l'époque), bon état (Coll. Nos grandes écoles)
30 €
Né à Paris, le 1er mai 1862, Marcel Prévost intégra l’École Polytechnique
en 1882. A sa sortie de l’École, il fut un temps ingénieur avant d’occuper un
emploi dans un ministère. Attiré par l’écriture, il démissionna de son poste en
1890 pour entamer une carrière de romancier. Son nom reste enfin attaché à son
roman le plus célèbre, Les Demi-Vierges (1894) dont le succès fut avant tout
lié au scandale que suscita cet ouvrage d’inspiration érotique. Directeur de la
Revue de France de 1922 à 1940, Marcel Prévost présida également La Société des
gens de lettres, et fut élevé en 1935 à la dignité de grand-croix de la Légion
d’honneur. Battu en 1907 par Maurice Donnay au fauteuil d’Albert Sorel, il fut
élu à l’Académie française le 27 mai 1909, au fauteuil de Victorien Sardou, par
18 voix devant l’historien Lenôtre, le philosophe Boutroux, et le pamphlétaire
antisémite Édouard Drumont. Il mourut le 8 avril 1941.
(www.academie-francaise.fr)
55.
RENAN
(Ernest). Etudes
d'Histoire religieuse. P., Michel
Lévy, 1858, in-8°, xxviii-432 pp,
quatrième édition revue et corrigée, reliure
demi-maroquin vert, dos à 5 nerfs soulignés à froid, titres et année en queue
dorés, tête dorée, couv. conservées, ex. très bien relié vers 1920 mais dos
uniformément passé (tourné couleur crème) et lég. sali, plats en partie passés,
qqs rousseurs, bon état, ex-libris Gabriel Puaux
50 €
Les religions de l'antiquité. L'histoire du peuple d'Israël. Les
historiens critiques de Jésus. Mahomet et les origines de l'islamisme. La Vie
des Saints. L'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ. Jean Calvin. Channing et
le mouvement unitaire aux Etats-Unis. M. Feuerbach et la nouvelle école
hégélienne. La Tentation du Christ, par M. Ary Scheffer. — Ce recueil témoigne
de la recherche que Renan n'a cessé de poursuivre et d'approfondir dans sa
critique et son analyse rationnelle des phénomènes religieux. Il s'est attaché
à comprendre à la fois le socle judaïque du christianisme et les premiers
développements des communautés chrétiennes. Mais le travail du critique devient
nécessairement histoire des idées et des courants de pensée, si bien qu'il
s'élargit dans le temps et l'espace et touche Mahomet, Jean Calvin,
Feuerbach... Enfin, l'aspect proprement méthodologique n'est pas absent des
préoccupations de Renan qui se révèle ici l'un des premiers sociologues des
religions. — "Toutes les origines sont obscures, les origines religieuses
encore plus que les autres, et il n'est point d'études qui exigent plus que
celles-là une grande culture intellectuelle unie à une singulière finesse
d'esprit et à une haute impartialité critique. M. Ernest Renan a déjà donné plus
d'une preuve remarquable de ces rares et précieuses qualités , mais jamais
peut-être elles n'ont paru si réelles que dans ses études d'histoire
religieuse. Plusieurs des sujets traités par M. Renan n'appartiennent point, il
est vrai, à l'époque du moyen âge, objet particulier de cette revue ; nous
croyons néanmoins devoir recommander à l'attention de nos lecteurs le beau
travail de M. Renan sur Mahomet et les origines de l'islamisme. C'est là un des
plus grands faits, sinon le plus grand de l'histoire du moyen âge, et nulle
part nous ne l'avons vu étudié avec tant de pénétration et exposé d'une façon
si pleine de netteté et de lumière. (...) Disons encore, tout en nous bornant
au moyen âge, que d'autres morceaux de ce volume, tels que ceux sur la vie des saints
et sur l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ, portent l'empreinte des solides
et brillantes qualités qui ont déjà valu à M. Renan un rang si distingué parmi
les érudits français. Il est bien rare, en effet, de trouver chez un même homme
une érudition si profonde, un esprit si ingénieux et si flexible, une
intelligence et un sentiment si vif des choses du passé rehaussés encore par un
véritable talent d'écrivain..." (Claude Guigue, Bibliothèque de l'École
des chartes, 1858)
56.
RIOS
y ALARCÓN (P. Bartholoméo de los). De Hierarchia Mariana libri sex in quibus imperium,
virtus, et nomen Bmae Virg. Mariae declaratur, et mancipiorum eius dignitas
ostenditur. Antverpiæ, ex
officina Plantiniana Balthasaris Moreti,
1641, in-folio, lii-752-(64) pp, un frontispice gravé (d'après les indications de Rubens) et 5 planches
gravées, index librorum et capitum, index locarum s. scripturae, index rerum,
reliure demi-basane fauve, dos à 4 nerfs guillochés soulignés de quadruples
filets dorés, titres et fleurons dorés (rel. début du 19e s.), dos uniformément
passé et lég. frotté, étiquette de bibl. en queue, une petite étiquette de
bibl. sur le frontispice, coiffe sup. lég. abîmée, exemplaire très frais, sans
rousseurs et en bon état. Edition originale. Texte sur 2 colonnes en latin
400 €
L'augustin Barthélémy de los Rios (v. 1580-1652), apôtre du culte marial
dans les Pays-Bas espagnols d'abord, en Espagne ensuite, étudia la souveraineté
de Marie. Le fait de cette souveraineté et ses arguments théologiques ont été
particulièrement mis au point dans le "De hierarchia mariana libri
sex" (1ère édition à Anvers, Plantin, 1641). Notons le triple fondement
que Barthélémy donnait à cette doctrine : la plénitude initiale de grâce, la
maternité divine et l'œuvre corédemptrice (non seulement comme mère du
Rédempteur, mais encore par son offrande volontaire au Calvaire). (D. F.
Vandenbroucke, Recherches de théologie ancienne et médiévale, 1948) — Pour le
frontispice gravé où la Vierge est invoquée par le roi Philippe IV et par St-Augustin,
Rubens fournit les motifs de la planche, Erasme Quellin fit le dessin. Le 18
mai 1639, Balth. Moretus écrivit à Barthéleméo de los Rios qu'il venait
d'envoyer à Corneille Galle le frontispice, dessiné par Quellin d'après les
indications de Rubens. Le dessin fut payé 24 florins à Erasme Quellin, le 18
avril 1639. La gravure fut faite par Corneille Galle le jeune en 1639 ; elle
porte la signature: E. Quellinius delineavit. Pet. Paul Rubenius
invenit. Corn. Gallens junior sculpsit. (Voir Max Rooses. Œuvre de Rubens, n° 1294). L'auteur avait
spécifiquement demandé à son éditeur : "Qu'il me sont permis de vous prier
en confidence de vous entendre avec Monsieur Rubens pour qu'il dessine le
frontispice de la manière suivante: Au premier plan doit se trouver le roi
d'Espagne, clairement désigné, et par l'intermédiaire ou par le conseil de
l'ordre de St Augustin s'offrant à la reine des cieux, ceinte d'une couronne
impériale, lui-même et tous ses états enchaînés avec une soumission d'esclave
et donnant l'exemple à tous les Rois de faire la même chose ou leur montrant le
chemin à suivre. C'est là la substance du projet, je laisse l'exécution à
l'homme au génie admirable. Veuillez seulement le prévenir que je désire que le
roi soit représenté sous une apparence aussi grande et magnifique que possible.
Sur ce je vous salue." (F. Bartholomeus de los Rios, Bruxelles, le 7 mai
1638).
57.
SAINT
JURE (Jean-Baptiste de). De la Connoissance et de l'Amour du Fils de Dieu,
nostre Seigneur Iesus-Christ, divisé en quatre livres, & composé par le
R.P. Iean Baptiste Saint-Ivre, Religieux de la Compagnie de Iésus. Paris, Sébastien et Gabriel Cramoisy, 1656, in-folio,
(16)-934-(17) pp, beau frontispice en pleine page gravé par Grégoire
Huret, reliure plein veau brun, dos à 5 nerfs soulignés à froid, titres dorés
(rel. de l'époque), dos uniformément passé et frotté, plats frttés et
épidermés, étiquette de bibl. en queue, une petite étiquette de bibl. sur le le
premier feuillet après le frontispice, coiffes. lég. abîmées, intérieur solide,
propre et frais, trace d'humidité ancienne en marges, pas de rousseurs, état
correct. Texte sur 2 colonnes en français
150 €
Exemplaire de la huitième édition du célèbre ouvrage du Père Saint-Jure
(1588-1657).
58.
SPIES
(Werner). Max
Ernst. Les Collages, inventaire et contradictions. Gallimard,
1984, gr. in-4° (25 x 34 x 4.6), 509 pp, 757
reproductions en noir et en couleurs, appendice avec lettres inédites, biblio,
index, reliure pleine toile noire, jaquette illustrée, bon état. Edition
originale en français
100 €
très riche iconographie. Pour tout savoir sur les collages de Max Ernst.
59.
STERNBERG
(Jacques)(éd.). Les Chefs-d'oeuvre de l'épouvante. Rassemblés et présentés par Jacques
Sternberg, Alex Grall et Jacques Bergier. P., Editions Planète, 1965, in-8° carré,
471 pp, préface par Jacques Bergier, illustrations de Tony Johannot, Gustave Doré,
Odilon Redon, James Ensor, Paul Klee, Picasso, Max Ernst, Salvador Dali, René
Mgritte, Paul Delvaux, Roland Cat, Topor, etc., dictionnaire des auteurs,
reliure toile éditeur illustrée par Jean Gourmelin, bon état (Coll. Anthologie
Planète)
30 €
Ce magnifique livre relié de 180 x 205 mm (et de 4 cm d'épaisseur !)
présente 60 contes d'épouvante (Lovecraft, Hans Heinz Ewers, Maupassant, Thomas
Owen, Marcel Schwob, Borges, H. G. Wells, Roland Topor, Robert Bloch, Ray
Bradbury, Richard Matheson, Saki, Bram Stoker, Maurice Renard, Julio Cortazar,
Robert Sheckley, Dino Buzzati, Jean Ray, Claude Farrère, Gustav Meyrinck, Conan
Doyle, Poul Anderson, Hugh Walpole, Fredric Brown, Ambrose Bierce, Franz Kafka,
Edgar Allan Poe, Philip K. Dick, Richard Matheson, Clifford Simak, Villiers de
l'Isle-Adam, Marcel Schwob, etc.
60.
STERNBERG
(Jacques)(éd.). Les Chefs-d'oeuvre du dessin d'humour. Rassemblés et présentés par Jacques
Sternberg et Michel Caen. P., Editions
Planète, 1968, in-8° carré, 476 pp,
préface par Jacques Sternberg, très nombreux
dessins de Sempé, Siné, Mose, Folon, Topor, Chaval, Maurive Henry, Gébé, Trez,
Wolinski, Tetsu, Bosc, Pichon, Cabu, Reiser..., reliure toile illustrée de
l'éditeur, bon état (Coll. Anthologie Planète)
30 €
Ce magnifique livre relié de 180 x 205 mm (et de 4 cm d'épaisseur !) a été
édité par Jacques Sternberg et Michel Caen pour les éditions Planéte en 1968.
Cette "anthologie" ne comportant aucun texte présente 46 dessinateurs
d'humour.
61.
STERNBERG
(Jacques)(éd.). Les Chefs-d'oeuvre du Kitsch. P., Editions
Planète, 1971, in-8° carré, 476 pp,
préface de Jacques Sternberg, 350 illustrations,
reliure cartonnée illustrée de l'éditeur, bon état (Coll. Anthologie Planète).
Rare
60 €
"A propos du kitsch : « J'aimais les peintures idiotes, dessus de
portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la
littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans
de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, refrains niais,
rhythmes naïfs. » Rimbaud le Voyant se révèle, en cette citation bien connue,
comme un prophète de l'historiographie contemporaine qui s'attache au
quantitatif plus qu'au qualitatif, au sociologique plus qu'à l'esthétique. Le
kitsch étant à l'art des musées ce que la littérature de colportage était aux
bibliothèques officielles. Mais qu'est-ce que le kitsch ? Le mot, pour une
fois, ne vient pas de l'Américain, mais de l'Allemand; « kit- schen » signifie
bâcler, le kitsch, c'est la « camelote » (Duden) ; mais encore ? L'Anthologie
de Jacques Sternberg, sans prétention explicative, s'efforce de présenter le
kitsch : elle donne un panorama illustré du sujet qui permet au curieux d'en
faire le tour et, donc, de le cerner si tant est que cela se puisse..."
(Paul Gayot, Annales ESC, 1972) — "Le kitsch fut d' abord une notion
esthétique. « Il y a une goutte de kitsch dans tout art », a écrit Hermann
Broch. Il dénonce l'inauthenticité, la mauvaise qualité, le mauvais goût. Se
prête-t-il vraiment à toutes les interprétations, comme le voudrait Jacques
Sternberg, qui signe la préface d'une somptueuse anthologie du kitsch , venant
de sortir aux Editions Planète ? Il ne nous semble pas, en effet, que cette
notion se soit développée au hasard non loin de nous, car elle est
contemporaine, au siècle dernier, de la montée de la bourgeoisie, de son
confort, de sa médiocrité, de son luxe, de son caractère philistin. Le kitsch
désigne spécialement un de ces intérieurs bourgeois 1900 aux meubles
surchargés, aux consoles encombrées de bibelots, d'objets inutiles, faussement
artistiques, souvent excentriques, voire excessifs. Mais il évoque aussi bien
la peinture des Salons fin de siècle et les cartes postales illustrées de la
Belle Epoque. Nous avons peine à croire que le kitsch puisse avoir existé dans
l'Antiquité et au Moyen Age, tandis que, de nos jours, il semble être
parfaitement caractéristique de notre civilisation où l'homme est devenu un
consommateur d'objets de toutes natures. Il dénonce particulièrement cette
époque de haute conjoncture, envahie par le négoce, la réclame, les voyages
organisés, les « prixunics », les gadgets, le pop'art, les succédanés de tous
genres. La présente anthologie est typiquement un ouvrage d'aujourd'hui car
elle est représentative d'une civilisation de l'image. En plus de 400 pages,
elle nous promène à travers la vie quotidienne, les arts plastiques, le « porno
», les spectacles, la presse et la publicité : photographies, reproductions de
peintures, coupures de magazines, bandes dessinées, affiches, petites annonces
y occupent, comme de juste, la première place." (L'Impartial, 16 sept
1971)
62.
SUTTER
(Jacques). La
Vie religieuse des Français à travers les sondages d'opinion (1944-1976).
(Thèse). P., Editions
du CNRS, 1984, 2 vol. gr. in-8°, 1350 pp,
préface de Jean Stoetzel, avant-propos de
Jacques Maître, annexes, index et tables, reliures toile fuschia de l'éditeur
recouvertes d'un film plastique transparent, bon état
80 €
Cet imposant ouvrage est la reprise d'une thèse de doctorat d'Etat
préparée sous la direction d'E. Poulat. — "A travers ces deux épais
volumes répertoriant l'ensemble des sondages d'opinion qui, de 1944 à 1976,
traitent de la vie religieuse des Français (de façon principale ou secondaire),
J. Sutter offre un outil de travail de premier ordre à la communauté
scientifique. Les résultats de ces différents sondages sont en effet souvent
difficiles d'accès et les publications qui en ont rendu compte – très souvent
des journaux – donnent rarement toutes les précisions indispensables à une
utilisation scientifique de leurs résultats : identité du commanditaire, type
de l'échantillon, catégorisations utilisées, libellés complets des questions et
des modalités de réponses,... L'intérêt du corpus constitué par J. Sutter est
d'autant plus grand qu'il y a intégré les questions qui, dans les sondages ne
portant pas spécialement sur la religion, comportaient néanmoins des questions
ou des items concernant la vie religieuse. Ainsi peut-on apprendre par un
sondage de 1974 portant sur la vie des Français que 40 % des Français ont un
crucifix dans leur chambre à coucher et 10 % une Bible. Les 288 sondages
recensés sont tout d'abord inventoriés dans un fichier répertoire contenant une
fiche signalétique par sondage indiquant, outre ses caractéristiques, les
thèmes sur lesquels portent les questions religieuses ainsi que les thèmes des
autres questions qu'il compte aussi très souvent : ceci permet de voir dans
quel environnement les questions sur la vie religieuse ont été posées. C'est la
matière du premier volume qui comporte aussi, outre une introduction de l'A.,
une préface où Jean Stoetzel souligne l'originalité de l'entreprise de J.
Sutter par rapport à d'autres entreprises similaires et un avant-propos de
Jacques Maître qui situe les sondages sur la vie religieuse par rapport aux
premiers recensements de pratique cultuelle. Le second volume consiste en un
remarquable fichier thématique des questions et des données statistiques
comportant 314 thèmes répartis en 45 chapitres. C'est surtout ce second fichier
– mais le premier est un complément indispensable au second – qui est une mine
d'informations pour le chercheur. Il permet en effet d'avoir une vue
d'ensemble, sur les 32 années de la période considérée, des questions et des
réponses sur un thème donné, ce qui est infiniment précieux... J. S. met à la
disposition de tous les chercheurs un remarquable outil de travail qui
représente un labeur considérable dont il faut féliciter l'A. : aucun
sociologue de la religion ne pourra plus, désormais, faire l'économie du «
Sutter »." (J.-P. Willaime, Revue d'Histoire et de Philosophie
religieuses,1987)
63.
THOMPSON
(J.W.) et S.K. PADOVER. L'Espionnage politique en Europe de 1500 à 1815. La
diplomatie secrète. Payot, 1938, in-8°, 266 pp, traduit
de l'anglais, documents, biblio, broché, couv. illustrée, bon état (Coll.
Bibliothèque historique)
25 €
A l'automne de 1814, lorsque se réunit le Congrès de Vienne, Metternich
disposait du « meilleur service de police secrète qu'il y eût alors en Europe.
Le chef de cette police était Franz Hager, gentilhomme cultivé, mais
certainement l'homme le plus dangereux qu'ait alors suscité l'Autriche. Il
coordonna les services, créa des bureaux pour le contrôle des étrangers, une
censure et un cabinet noir. Il employait deux sortes d'agents, des
professionnels et des hommes de confiance (“Vertraute"). Ces derniers comptaient dans leurs rangs des
aristocrates et des personnages de haute lignée qui informaient quotidiennement
la police des moindres démarches de la société qu'ils fréquentaient. Les
milieux diplomatiques étaient farcis de ces espions distingués...»
64.
TOYNBEE
(Arnold J.). Le
Monde et l'Occident. Précédé de La pensée historique de Toynbee par Jacques
Madaule. Desclée De
Brouwer, 1953, in-12, 186 pp,
traduit de l'anglais, broché, bon état
20 €
"Le grand historien contemporain découvre dans la rencontre du monde
avec l'Occident l'événement le plus important des temps modernes et la clé qui
nous permet de comprendre notre situation actuelle." (L'éditeur) —
"M. Toynbee a publié sous le titre “The World and the West” le texte de
six conférences faites à la ΒBC en 1952. Le sujet en est la lutte,
décisive pour l'avenir de notre époque, entre la civilisation occidentale et
les autres civilisations de ce monde. A considérer cette lutte, nous dit l'auteur,
du point de vue de l'historien, elle apparaît comme inscrite dans l'histoire
déjà fort longue des agressions de l'Occident contre les civilisations qui
l'entourent. A analyser ces agressions, à voir la manière dont, en particulier,
la Russie, l'Islam, l'Inde et l'Extrême-Orient y ont répondu jusqu'à présent,
on peut y relever des traits communs, caractéristiques d'ailleurs de toutes les
collisions qui se produisent entre civilisations différentes. Mais pour en
deviner l'issue, il faut se reporter bien plus loin dans le passé et voir
comment se sont terminés des conflits entre des civilisations aujourd'hui
disparues. Bien entendu, on en tirera aucune certitude concernant notre avenir
à nous, car l'histoire ne se répète pas automatiquement, mais le moins que l'on
puisse dire, c'est que l'on peut y trouver un des dénouements possibles de
notre drame présent. (...) L'étude de M. Madaule montre avec une netteté et une
franchise remarquables les qualités et les faiblesses de l'oeuvre de M.
Toynbee." (A. Wylleman, Revue philosophique de Louvain, 1953)
65.
VALMONT
de BOMARE (Jacques-Christophe). Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle,
contenant l'histoire des animaux, des végétaux et des minéraux, et celle des
corps célestes, des météores et autres principaux phénomènes de la nature, avec
l'histoire et la description des drogues simples tirées des trois règnes et le
détail de leurs usages dans la médecine, dans l'économie domestique et
champêtre et dans les arts et métiers, par M. Valmont de Bomare,... P., Didot le Jeune, Musier, de Hansy, Panckoucke, 1764, 5 vol. in-12,
catalogue alphabètique des auteurs,
reliures plein veau raciné, dos à 5 nerfs guillochés, caissons ornés de motifs
floraux dorés, titres dorés, coupes filetées, tranches marbrées (rel. de
l'époque), trace d'humidité ancienne au tome V, intérieur très frais, bon état
300 €
Modèle de vulgarisation scientifique établi par le naturaliste et
pharmacien Valmont de Bomare (1731-1807) le Dictionnaire d'Histoire Naturelle
parut une première fois en 1761, régulièrement revu et augmenté par son auteur
qui dirigeait le cabinet de physique et d'histoire naturelle du Prince de Condé
à Chantilly. Notre exemplaire est la première édition in-12 de ce célèbre
dictionnaire qui a beaucoup contribué, par sa clarté, à populariser le goût de
l'Histoire naturelle. Il a paru plusieurs fois entre 1764 et 1791, fut le
premier du genre et servit de modèle et de base à tous les autres
dictionnaires. — Fils d’un avocat au parlement de Normandie, Valmont de Bomare
commence ses études chez les jésuites de sa ville natale et fait de rapides
progrès dans la langue grecque. Son père le destine au barreau mais les
inclinations du jeune Valmont le portent à l’étude de la nature. Il commence
par apprendre l’anatomie sous le chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu de Rouen
Lecat et s’adonne ensuite à la pharmacie et à la chimie. Monté, en 1750, à
Paris où il est accueilli par Buffon, Daubenton, Réaumur, Nollet, Rouelle,
D'Holbach, D'Alembert et Diderot, qui l’aideront à suivre la carrière à
laquelle il se destinait, il s’applique pendant plusieurs années à l’étude des
sciences naturelles. Il nourrit pour ce domaine une telle passion qu’il conçoit
dès ce moment l’idée de donner des cours d’histoire naturelle. Il communique ce
projet au marquis d’Argenson, alors ministre de la Guerre, qui lui donne la
commission de voyager au nom du gouvernement. Valmont visite les principaux
cabinets de l’Europe, examine les ateliers métalliques, les gisements des mines
et la profondeur de leurs excavations, pour rassembler les éléments et les
matériaux de ses leçons. Il propose à son retour en 1756 un cours sur les
différentes branches de l’histoire naturelle, cours renouvelé jusqu’en 1788. En
1767 il devient membre de la Société royale d’agriculture de Paris. En 1769 il
accepte la direction du cabinet de physique et d’histoire naturelle du prince
de Condé à Chantilly. Son premier ouvrage est le Catalogue d’un cabinet
d’histoire naturelle, ébauche du Dictionnaire universel d’histoire naturelle
(1764), auquel l’Europe fait le meilleur accueil, sans approche nouvelle, mais
avec le mérite de la clarté et de la compréhension. Il se rend en Laponie et en
Islande, fait une exacte description des volcans de ce dernier pays et
rassemble dans l’un et dans l’autre de précieux matériaux, avec lesquels il
revient à Paris. Ses résultats sont bien accueillis par les savants et les
érudits, si bien que le 16 juillet 1756, il ouvre un cours sur les différentes
branches d’histoire naturelle qu’il professe pendant trente-deux ans, jusqu’en
1788. Ceux-ci répandent bientôt le goût de l’histoire naturelle et celui des
voyages destinés à l’étude de la nature. C'est en 1763 qu’il fait paraître son
Traité de Minéralogie, suivi en 1764 du Dictionnaire d’Histoire naturelle,
ouvrage qui fut traduit dans presque toutes les langues. Un grand nombre de
sociétés savantes, dont les académies de Caen, de La Rochelle et de Rouen,
l’admirent dans leur sein. Il eut même de pressantes invitations pour donner
des cours en Russie et au Portugal mais il refusa toutes ces offres, ne pouvant
se résoudre à quitter son pays. En 1793, il fut appelé à l’Institut comme
membre associé et, peu après, il fut nommé professeur d’histoire naturelle à
l’École centrale et censeur des études au lycée Charlemagne, fonctions qu’il
remplit avec le plus grand zèle jusqu’à sa mort.
66.
VEDEL
(Georges). Introduction
aux études politiques : évolution récente des régimes politiques contemporains. P., Les Cours de Droit, 1977, 2 vol. gr. in-8°, 467-xi pp,
brochés, très bon état (Institut d'études
politiques, 1976-1977)
35 €
67.
VEDEL
(Georges). Introduction
aux études politiques. P., Les Cours
de Droit, 1970, 3 vol. gr. in-8°, 590-xiii pp,
brochés, qqs rares annotations, bon état
(Institut d'études politiques, 1969-1970)
35 €
68.
VERGNIOUX
(Alain) et Henri PEYRONIE (éds). Le sens de l'école et la démocratie. Peter Lang,
2001, gr. in-8°, 328 pp, broché,
bon état
60 €
De nombreux philosophes qui se sont penchés sur le concept de démocratie,
que l'on remonte à la Grèce Antique avec Platon et Aristote, ou au siècle des
Lumières en France avec Montesquieu et Condorcet, confèrent à l'éducation le
rôle essentiel de la transmission des savoirs et de l'émancipation des esprits
pour assurer les conditions d'existence et de développement des sociétés
démocratiques. Avec le XXe siècle, l'école demeure peut-être le seul lieu
démocratique : ouverte à tous et ayant pour ambition l'égalité des chances,
elle serait chargée de réaliser l'idéal d'une société démocratique où chacun
pourrait accéder à toutes les places sociales. Les actes de ce colloque tenu à
Cerisy-la-Salle en septembre 2000 s'interrogent sur la dialectique de la
démocratisation de l'école : la démocratisation de la société influe-t-elle sur
les formes de la scolarisation, ou, au contraire, le développement social
est-il favorisé par la démocratisation de l'école ? Les questions alors se
démultiplient : Quels sens la démocratie assigne-t-elle à l'entreprise scolaire
? La diversité des sens de l'école nourrit-elle en retour le sens de la
démocratie ? Les fonctionnements de l'école répondent-ils aux exigences de la
démocratie ? L'école prépare-t-elle à la démocratie ? Quels contenus de la
démocratie entend-elle promouvoir ? — Henri Peyronie est agrégé de philosophie,
Docteur en sciences de l'éducation, Professeur à l'Université de Caen et
Directeur du Centre d'Etudes et de Recherches en Sciences de l'Education (CERSE
EA 965). Alain Vergnioux est agrégé de philosophie, Docteur en philosophie,
Maître de conférences à l'Université de Caen et responsable de la revue Le
Télémaque, revue de philosophie de l'éducation.
69.
VERNE
(Henri), Laure ALBIN-GUILLOT. Le Louvre la nuit. Photographies de Laure
Albin-Guillot. Grenoble, B.
Arthaud, 1937, in-8° (20 x 15), 115 pp,
60 photographies de Laure Albin-Guillot
reproduites en héliogravure, guide du visiteur par Jean Vergnet-Ruiz, un plan
dépliant in fine, broché, couv. photo rempliée, bon état. Edition originale
30 €
Henri Verne (1880-1949) fut chargé de la direction des Musées nationaux de
1926 à 1939. Son nom reste attaché à un plan de réorganisation des musées
nationaux parisiens et du Louvre en particulier. "Ouvrir le Louvre la nuit
! C'est une expérience qui a réussi. L'essai en a commencé le 8 mars 1936, dans
les galeries de la sculpture grecque et des grands monuments égyptiens (...).
Au moment où j'écris, poursuit Henri Verne, ces salles ont été régulièrement
ouvertes le soir deux fois, trois fois et jusqu'à cinq fois par semaine."
Cet ouvrage est enrichi de superbes photographies, oeuvres de Laure
Albin-Guillot (1879-1962).
70.
BELLESSORT
(André). Athènes
et son théatre. Perrin, 1934, in-8°, xi-346 pp, 13
pl; de photos d'Antoine Bon en héliogravure hors texte, broché, couv.
illustrée, bon état. Edition originale sur papier alfa
25 €
Cours professé à la Société des Conférences. "M. André Bellessort a
brillamment passé en revue toute la tragédie grecque, suivant un plan fort peu
didactique, décrivant d'abord son cadre, c'est-à- dire l'Athènes de Périclès,
puis ses moyens, décors, acteurs, poètes, enfin les oeuvres arrivées jusqu'à
nous, et qu'il divise en patriotiques, religieuses, criminelles (les Atrides),
fatalistes (Oedipe), guerrières (Grecs et Troyens), amoureuses et romanesques.
Tous les chefs-d'oeuvre d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide y font l'objet de
véritables comptes rendu analytiques, historiques et critiques. Le dernier
chapitre est consacré à la comédie d'Aristophane et à l'Athènes de son temps.
L'auteur a parfaitement décrit l'état de cette malheureuse république gouvernée
par des dictateurs de bas étage, auquels un peuple léger s'abandonnait sans
cependant leur accorder son estime. Il a fort bien saisi les sentiments
politiques d'Aristophane, sans doute rural conservateur, partisan de la paix en
tant que panhelléniste et non internationaliste, ennemi des démagogues, des
sophistes (avec lesquels Socrate est confondu dans Les Nuées), et des
féministes (qu'il exécute en même temps que les communistes dans L'Assemblée
des femmes), au demeurant farouche opposant et railleur parce qu'il était
auteur satirique et que sa tâche était de railler." (E.-H. Guitard, Revue
d'histoire de la pharmacie, 1934)
71.
BOTTERO
(Jean) et Samuel Noah KRAMER. Lorsque les dieux faisaient l'homme. Mythologie
mésopotamienne. Gallimard, 1989, fort in-8°,
755 pp, biblio, reliure toile éditeur, jaquette, bon état (Coll. Bibliothèque des
Histoires)
100 €
On trouvera ici, pour la première fois rassemblés, traduits et dûment
éclairés par deux éminents spécialistes, la cinquantaine de mythes sauvés du
naufrage de la civilisation mésopotamienne. Ces documents vénérables, dont les
plus vieux remontent à la fin du IIIe millénaire, sont les plus anciens
témoignages écrits du travail de pensée par lequel des hommes ont tenté de
répondre, avec les moyens de leur bord, aux questions éternelles qui nous
travaillent toujours devant cet univers démesuré autour de nous, devant notre
propre existence, le sens et le destin de notre vie. Aujourd'hui, équipés,
pensons-nous, pour la recherche du vrai, nous avons, pour nous attaquer au
mystère des choses et à l'apparente absurdité de leur déroulement, les
multiformes abstractions des philosophes et les hypothèses plus ou moins
hardies des savants. Comme obscurément conscients de leur impuissance,
intellectuelle et technique, nos Anciens ne cherchaient que le plausible, le
vraisemblable, utilisant pour l'établir les seuls produits d'une imagination
débordante, et cependant bridée et "calculée". En poèmes et discours
de tous styles : contes naïfs, condensés ponctuels, chants vigoureux, extasiés
ou tendres, voire larges et puissantes synthèses, ils ont coulé et gardé par
écrit les résultats de leurs méditations, enracinés dans leur certitude secrète
que rien ici-bas n'a sa raison d'être en soi-même, mais dans quelque chose de
plus haut, de plus grand, de plus fort et qui, récalcitrants ou dociles, nous
mène tous inflexiblement. Mettre ensemble tous ces produits de la rumination
millénaire des représentants de la plus antique des hautes civilisations, ce
n'était pas seulement procurer à un large public, spécialiste ou simplement
curieux, la connaissance directe de ces pièces majeures du patrimoine spirituel
de l'humanité ; c'était aussi verser un large, lourd et fascinant dossier à
l'étude, aujourd'hui en plein renouvellement, de la mythologie. Après le
continent indo-européen révélé par Dumézil, après le continent amérindien exploré
par Lévi-Strauss, après la tradition grecque revisitée par Vernant, voici,
grâce aux soins de Jean Bottéro et de Samuel Noah Kramer, l'émergence du massif
mésopotamien.
72.
BOTTERO
(Jean). Mésopotamie.
L'écriture, la raison et les dieux. Gallimard, 1987, in-8°, 373 pp, 3 pl.
hors texte, biblio, lexique, broché, bon état (Coll. Bibliothèque des
histoires)
25 €
Nos ancêtres les Mésopotamiens ont inventé l'écriture, et, grâce à elle,
jeté un nouveau regard sur l'univers autour d'eux, mis au point une nouvelle
manière de le penser, de l'analyser, de l'ordonner, comme ne l'aurait jamais
permis la simple tradition orale - les propres linéaments de ce qui, repris,
approfondi et systématisé par les Grecs, est devenu notre rationalité, la
véritable armature de notre Science. A la recherche des dernières raisons
d'être de cet univers et de l'ultime sens de notre existence d'hommes, ils ont
édifié toute une somptueuse et savante mythologie, qui annonce déjà, sur plus
d'un point, ce dont Israël, inventeur du monothéisme, composera sa
"théologie", laquelle est encore la nôtre, même quand nous cherchons
à nous en débarrasser. Ils sont au propre berceau de notre Occident et de sa
civilisation. Après "Naissance de Dieu. La Bible et l'historien", qui
étudiait les origines d'un des traits les plus marquants et singuliers de cette
civilisation, Jean Bottéro a voulu remonter plus haut, dans la même ligne,
jusqu'à l'extrême horizon de l'Histoire - qui commence, en effet, à Sumer,
puisque l'écriture et le document y sont nés - et, dans l'énorme trésor des
tablettes cunéiformes, jusqu'ici inventoriées par les seuls gens de métier
comme lui, pour découvrir d'autres balbutiements plus archaïques de notre
propre philosophie.
73.
BOTTERO
(Jean). Naissance
de Dieu. La Bible et l'historien. Gallimard, 1986, in-8°, 254 pp, 2
cartes, biblio, broché, qqs marques au crayon en marges, bon état (Coll.
Bibliothèque des Histoires)
25 €
Spécialiste mondialement renommé d'Akkad, de l'Assyrie et des
civilisations mésopotamiennes, Jean Bottéro lit en historien, mais sans étalage
d'érudition, les premiers chapitres de la Genèse (dont il date et distingue les
contributions diverses), Job, l'Ecclésiaste. Il nous livre de très antiques
réflexions sur le sens de l'existence, et le pourquoi du Mal, et montre comment
Israël en est arrivé à se convaincre de l'unicité et de la transcendance de
Dieu.
74.
BRION
(Marcel). La
vie d'Attila. Club des
Libraires de France, 1958, pt in-8°, 222 pp,
14 gravures et photos sur un dépliant et une
carte de l'empire d'Attila hors texte, biblio, tirage numéroté sur vélin blanc,
reliure toile gris clair illustrée de l'éditeur, rhodoïd, signet, bon état.
Très jolie édition
25 €
Attila, le fléau de Dieu, né aux alentours de 395 dans les plaines
danubiennes et mort en 453 dans la région de la Tisza dans l'Est de la Hongrie
actuelle, est le roi des Huns de 434 jusqu'à sa mort en 453, selon
l'historiographie romaine. Durant les cinquante années précédant son avènement,
l'Empire hunnique s'étend de l'Asie centrale à l'Europe centrale et soumet de
nombreux peuples germains. Son règne marque le début d'une grande confrontation
avec l'Empire romain. Cette guerre tourne court avec la mort précoce d'Attila
au retour d'une campagne victorieuse dans la péninsule italienne. Son empire
n'a pas survécu à sa mort, mais il est parfois considéré comme événement
déclencheur des « invasions barbares » et indirectement de la chute de Rome et
de la fin de l'Empire d'Occident. La culture des Huns et la personnalité
d'Attila ont fasciné ses contemporains. L'historiographie chrétienne a créé une
légende noire autour du personnage mais d'autres traditions scandinaves et
germaniques l'ont érigé en figure positive. Les Hongrois le célèbrent comme un
héros fondateur. Ces mythes divergents se retrouvent dans les nombreuses
représentations artistiques d'Attila, de l'Antiquité à nos jours. Marcel Brion
raconte l’ascension, la prise de pouvoir et les conquêtes de territoires de
l’homme qui sera à la fois le plus célèbre et l’unique roi des Huns.
75.
BRUNAUX
(Jean-Louis). Nos ancêtres les Gaulois. Seuil, 2008, gr. in-8°,
300 pp, biblio, chronologie, index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll.
L'Univers historique)
20 €
Les aventures d'Astérix et les souvenirs des leçons d'histoire ont forgé
dans nos esprits une image des Gaulois stéréotypée et contradictoire. Entre les
guerriers indisciplinés et querelleurs, trop désunis pour résister à la
conquête romaine de César, et les druides, prêtres et magiciens adeptes du
sacrifice humain, il importait de rétablir la vérité. Jean-Louis Brunaux
examine les principales idées reçues sur "nos ancêtres les Gaulois" :
pour chacune, il recourt à une documentation précise, et nourrie par les
récentes découvertes de l'archéologie. C'est une Gaule désormais libérée de
tout préjugé et de toute erreur qui voit le jour. Mais la nouvelle image des
Gaulois qui est ainsi offerte, plus proche de la réalité historique, n'en est
pas moins fascinante.
76.
BULLIOT
(Jacques-Gabriel). Le Culte des eaux sur les plateaux Éduens. P., Imprimerie impériale, 1868, in-8°, 22 pp, paginé
11-32, une planche hors texte, cart. papier penné (rel. de l'époque), mque au
dos, qqs rousseurs, bon état. Peu courant
30 €
Mémoire lu à la Sorbonne en 1867 : « Le culte des eaux est une des formes
primitives du naturalisme (...) Il y formait [en Gaule] le fond de la religion
populaire à l'arrivée des Romains. Pendant que les druides, traqués par les
empereurs, disparaissaient lentement des contrées celtiques, le culte des
génies des eaux, sans danger pour la politique, fut légalement introduit dans
le polythéisme romain, qui les admit, avec ses propres dieux, au titre
d'Augustes. (...) Cette religion vivace n'était au fond que la divinisation de
la nature personnifiée » (p. 11). Par J.-G. Bulliot (1817-1902), négociant et
archéologue bourguignon du XIXe siècle, rendu célèbre par l’identification de
l’oppidum de Bibracte qu'il localisa au Mont Beuvray (Saône-et-Loire). Il était
président de la Société éduenne des lettres, sciences et arts.
77.
CARCOPINO
(Jérôme). Alésia
et les ruses de César. Flammarion, 1970, in-12, 250 pp, 2e
édition revue et augmentée, 11 photos hors texte, broché, couv. illustrée, bon
état
25 €
Jérôme Carcopino apporte ici les preuves de l'identification d'Alésia avec
la commune bourguignonne d'Alise Sainte-Reine. — "On connaît le « problème
» d'Alésia. L'archéologie et la toponymie désignent Alise-Sainte-Reine. César,
lui, a laissé une description assez générale qui peut s'appliquer à un grand
nombre de sites d'un type commun en France, et dans le passé des théories
diverses se sont autorisées de la lettre du texte pour identifier Alésia avec
d'autres localités. Parmi tant de systèmes aberrants et périmés, celui d'Alaise
dans le Doubs a recruté jusqu'à ce jour des défenseurs... (...) En la personne
de l'auteur, on ne saluera pas seulement le grand historien, mais le grand
avocat, le défenseur de la vérité scientifique. Il fallait qu'une grande voix
s'élevât et plaidât le dossier, tout le dossier d'Alésia, y compris les thèses
adverses, pour qu'enfin, après tant de papier gâché, tant de querelles, tant
d'acrimonie, Alésia fût Alésia, pour que nos chercheurs pussent travailler en
paix. Il le fallait pour l'honneur de notre pays. La cause est plaidée et
gagnée par l'éloquence, par le savoir, par l'autorité de M. J. Carcopino."
(Michel Rambaud, Revue des Études Anciennes)
78.
Collectif
– Béatrice ANDRÉ-LEICKNAM et Christiane ZIEGLER (dir.). Naissance de l'écriture.
Cunéiformes et hiéroglyphes. P., Editions
de la Réunion des musées nationaux,
1982, gr. in-8° carré, 383 pp, 4e
édition, revue et corrigée, 313 pièces reproduites et accompagnées d'un
important texte descriptif, très nombreuses illustrations en noir et en
couleur, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
35 €
Catalogue de l'exposition au Grand Palais du 7 mai au 9 août 1982. —
"L'exposition du Grand Palais consacré à la naissance de l'écriture est
une incontestable réussite : c'est que l'écriture est née avec l'art, vers la
fin du IVe millénaire avant le Christ. En dire les naissances, c'est aussi
rassembler de beaux objets, bijoux, stèles, statuettes de scribes ; le moins
beau n'étant certainement pas l'extraordinaire couteau de Djebel El Arak au
manche d'ivoire et à la lame de silex (deuxième moitié du IVe millénaire)... Si
l'exposition est une réussite, le catalogue est un chef-d'œuvre, à la fois
superbement illustré, incroyablement savant (les départements des Antiquités
orientales et égyptiennes du Louvre, confortés par la IVe et la Ve sections de
l'EPHE) et intelligemment didactique. L'exposition coïncide avec le 150e
anniversaire de la mort de Champollion et les « déchiffreurs » ne sont donc pas
oubliés ; mais c'est surtout à suivre une autre recherche que le lecteur est
convié, celle qui retrouve la lente gestation de l'écriture qui soudain
s'accélère dans les pays du Tigre et de l'Euphrate et du golfe persique, vers
l'an 3300 avant Jésus-Christ. Au début est le Roi-Dieu, qu'on voit emplumé et
enjuponné sur le bas-relief de Tello, par exemple, où une inscription salue le
dieu – le seigneur de Girsu – et son temple, l'Eninnu. La culture irriguée
procure dans les plaines du delta de grands surplus que drainent et engrangent
les greniers-temples du Roi-Dieu, et l'écriture sert d'abord la comptabilité de
l'administration sacerdotale. Les premiers signes sont des objets enfermés dans
une bulle-enveloppe : cylindres, billes et cônes également en terre cuite,
signifiant un nombre convenu de paniers de grains ou de têtes de bétail. Mais
bientôt, la surface extérieure de la bulle répète en signes gravés le nombre et
la nature des « calculi » enfermés, et c'est le premier écrit, un registre de
comptabilité, en somme. Par la suite l'écrit servira encore le Roi-Dieu et
l'idéologie monarchique, en exaltant les victoires du souverain, en réglant les
cérémonies du culte, en enregistrant les actes législatifs. La naissance de
l'écriture c'est aussi un autre processus. Au commencement est l'image, le
pictogramme, qui . n'est apte encore à traduire que le concret ; le message
consiste en une juxtaposition d'informations que n'articule aucune syntaxe : il
est pour nous impossible à déchiffrer totalement. On est loin encore de
l'étape, décisive, celle de la phonétisation. où le signe ne renvoie plus à un
objet, mais à un son, à un phonème. L'écriture idéographique d'abord simple
transcription du concret, où l'image d'un poisson signifie simplement « poisson
», procède ensuite par association d'idées, mariant l'image du chasse-mouches à
la notion de grandeur, puis composant l'idéogramme du roi. en liant le signe «
grand » et le signe « homme ». Les premiers vrais signes phonétiques furent
probablement des noms propres, les noms royaux. Curieusement, pourtant, le
système égyptien apparaît brusquement au 31e siècle avant notre ère, sans
tâtonnements préalables. L'écriture hiéroglyphique combine les idéogrammes,
avec les signes alphabétiques et les autres signes intermédiaires : on comprend
que les égyptologues aient longtemps buté sur cette structure insoupçonnée de
l'écriture égyptienne. Des villages encore préhistoriques du VIe millénaire, où
sur l'argile des vases s'impriment les premiers décors répétitifs qui amorcent
les balbutiements des pictogrammes à venir, le magnifique catalogue nous emmène
à l'aube de l'Histoire, jusqu'au rocher de Behistun (Ve siècle avant J.-C.) :
sur sa paroi verticale, il ne cesse de proclamer la gloire de Darius, et à mon
avis celle aussi de Rawlinson et autres déchiffreurs des écritures antiques et
de tous les érudits dont les patients travaux ont permis cette pieuse
manifestation de notre admirative révérence envers les premiers scribes."
(J.-M. Pesez, Communication et langages, 1982)
79.
DETIENNE
(Marcel). Les
maîtres de vérité dans la Grèce archaïque. Maspero,
1967, in-8°, xii-160 pp, préface
de Pierre Vidal-Naquet, nptes, index, broché, couv. illustrée à rabats, qqs
annotations crayon, bon état (Coll. Textes à l'appui). Edition originale
25 €
"Les maîtres de vérité... sont trois types de personnages que leurs
fonctions qualifient, dans le contexte social et culturel de la Grèce
archaïque, comme détenteurs d’un privilège inséparable de leur rôle
institutionnel. Ces trois personnages sont l’aède, le devin, le roi de justice
; leur commun privilège est de dispenser la « Vérité ». Du moins
traduisons-nous ainsi le mot grec « Aléthéia » dont les valeurs, dans la pensée
religieuse ancienne, ne débordent pas moins le cadre de notre concept du vrai que
ne le fait, par exemple, le « Rta » des Indo-Iraniens : cette « vérité » qui
n’est séparable ni de l’ordre rituel, ni de la prière, ni du droit, ni de la
puissance cosmique assurant le retour régulier des aurores. Livre passionnant,
que les sociologues de la religion comme les historiens de la philosophie
doivent lire." (J.-P. Vernant, Archives de sociologie des religions)
80.
DRUON
(Maurice). Alexandre
le Grand ou le roman d'un dieu. Del Duca, 1958, in-8°, 487 pp, 55 notes
et commentaires historiques, chronologie, 2 cartes sur un dépliant volant (la
Grèce antique et itinéraires des expéditions d'Alexandre), broché, jaquette
illustrée, bon état
20 €
Dégager la véritable signification du plus stupéfiant destin de tous les
temps – celui d'Alexandre de Macédoine, dit le Grand – tel a été le propos de
Maurice Druon en écrivant cette biographie de l'un des divins bâtards de
l'Antiquité. Alexandre le Grand dont le passage météorique sur la planète – il
mourut à l'âge de trente-trois ans après avoir parcouru quarante mille
kilomètres et fondé vingt-quatre villes portant son nom – détermina toute
l'hellénisation du monde antique, de l'Indus jusqu'à l'Atlantique, était de
filiation sacrée : les prêtres lui donnaient pour père le dieu Zeus-Amon ; sa
mère, Olympias, était fille du roi et prêtresse. Conquérant fabuleux, Alexandre
de Macédoine fut aussi initié et initiateur. S'appuyant non seulement sur les
travaux des historiens anciens tels que Quinte-Curce, Plutarque, ou Arrien de
Nicomédie, mais aussi sur les textes philosophiques et les écrits sacrés,
Maurice Druon s'est efforcé de se replacer dans les conditions de la pensée
antique. Il a choisi de mettre le récit dans la bouche d'Aristandre de
Telmessos, devin officiel de Macédoine, qui suivit pas à pas Alexandre le grand
dans sa courte et prestigieuse existence. En Alexandre le Grand, Maurice Druon
a vu un destin de messie autant qu'une carrière de héros. Au-delà de la réalité
épique, il a recherché les aspects occultes et mystiques, projetant un
éclairage nouveau sur la représentation que nous nous faisons de l'Antiquité.
De cette vie, qui fut comme une tornade déchaînée sur la terre, surgissent les
secrets d'un monde disparu. Un grand livre sur l'homme-dieu dont le souvenir
s'est maintenu, prodigieusement présent dans l'univers, depuis vingt-trois
siècles.
81.
DUMÉZIL
(Georges). Idées
romaines. Gallimard, 1969, in-8°, 304 pp, broché,
couv. à rabats, bon état (Coll. Bibliothèque des Sciences humaines)
30 €
Depuis 1939, Georges Dumézil observe la plus ancienne pensée des Romains
sous un éclairage doublement nouveau. D'une part beaucoup de concepts, de types
divins, de cultes sont le prolongement de représentations et de pratiques déjà
indo-européennes, conservées aussi chez d'autres peuples de la famille. D'autre
part, les créations, propres à Rome, loin de relever d'une mentalité
balbutiante, se situent à un honorable niveau de réflexion. La démonstration d'ensemble
a été donnée en 1966 pour les faits proprement religieux, dans “La Religion
romaine archaïque” et pour la pseudo-histoire des origines, en 1968, dans
“Mythe et Épopée, I”. Elle doit être étendue à quantité de points de droit,
d'institutions, de traditions, bref à beaucoup d'« idées », et dans la religion
même, plusieurs divinités doivent être étudiées de plus près. C'est la matière
des trois groupes d'articles, en grande partie récrits, qui forment ce recueil.
82.
FINKELSTEIN
(Israël) et Neil ASHER SILBERMAN. La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de
l'archéologie. Bayard, 2002, gr. in-8°,
431 pp, 13 cartes, 14 illustrations, 8 tableaux, biblio, index, broché, couv.
illustrée, bon état
25 €
La plus tonique et la plus audacieuse des synthèses sur la Bible et
l'archéologie depuis cinquante ans. Quand et pourquoi la Bible a-t-elle été
écrite ? Que savons-nous des premiers patriarches ? Quand le monothéisme est-il
apparu ? Comment le peuple d'Israël est-il entré en possession de la Terre
promise ? Jérusalem a-t-elle toujours été le centre de l'ancien Israël ? Pour
la première fois, il est possible de répondre à ces questions avec un haut
degré de certitude. Car les auteurs, Israël Finkelstein et Neil Asher
Silberman, puisent leurs arguments dans les découvertes archéologiques les plus
récentes, entreprises en Israël, en Jordanie, en Égypte, au Liban et en Syrie.
Plus rien ne sera maintenant comme avant ; mais loin de sortir désenchanté de
cette cure de jeunesse effectuée par le Livre des livres, on n'en a que plus de
sympathie pour ces nomades et ces agriculteurs d'il y a trois mille ans, qui
ont su fabriquer, en des temps de détresse ou de gloire, un récit dont la
fécondité n'a pas cessé de porter ses fruits.
83.
FLAVIUS
JOSÈPHE. La
Guerre des Juifs. Précédé par Du bon usage de la trahison, par Pierre
Vidal-Naquet. Editions de
Minuit, 1979, fort in-8°, 602 pp,
traduit du grec par Pierre Savinel, 3 cartes et
plans, index, broché, couv. illustrée, bon état
30 €
Né à Jérusalem, prêtre et descendant des rois, Joseph fils de Matthias
reçut l'éducation d'un rabbin et fréquenta toutes les sectes qui se
partageaient le judaïsme. Mais, au lieu de devenir un docteur, il fait partie
d'une ambassade à Rome, puis, quand la guerre éclate, prend un commandement en
Galilée. Vaincu et fait prisonnier, il passe dès lors aux Romains. Le nouveau
Titus Flavius Josephus assiste à la chute de Jérusalem, et nous lui devons le
seul récit complet de la guerre de 66-73, jusqu'à la chute de Masada, que l'on
ne connaît que par lui. L'œuvre de ce juif pieux nous a été transmise par les
chrétiens, qui l'ont souvent considérée comme une sorte de "cinquième
Evangile". La présente édition, établie à partir du texte publié par
Josèphe, dans une traduction nouvelle de Pierre Savinel, est précédée d'une
introduction de Pierre Vidal-Naquet qui, situant l'ouvrage dans son contexte
historique et idéologique à la lumière des connaissances actuelles, lui redonne
sa place exceptionnelle au centre des polémiques rattachées à l'identité juive
depuis vingt siècles. — "Un texte étonnant précédé d'une admirable
introduction de 115 p. par Pierre Vidal-Naquet, où l'on peut lire et comprendre
comment on devient « collaborateur », et la rencontre du judaïsme avec les
armées romaines et la culture grecque en Palestine au lendemain de la naissance
ignorée du christianisme." (Choix des Annales, Annales ESC, 1977)
84.
GAUDEMET
(Jean). Les
Institutions de l'Antiquité. Montchrestien, 2000, in-8°, 515 pp, notes,
chronologie, index, broché, bon état
25 €
Les ébranlements politiques et sociaux, qui ont marqué le XXe siècle,
invitent à la réflexion sur l'Histoire. Celle du monde méditerranéen ancien est
riche d'enseignement. Ce livre en fournit quelques exemples. Les institutions
politiques et la vie sociale de la Rome antique y tiennent la première place.
Mais, pour en dire l'originalité, ou les emprunts aux sociétés qui l'ont
précédée, il était nécessaire d'évoquer le monde oriental, l'Egypte, Israël et
plus longuement la Grèce. Cette sixième édition d'un livre publié en 1972 en
conserve le cadre général. A la mise à jour bibliographique s'ajoutent des
compléments et une nouvelle rédaction de certaines pages pour tenir compte des
recherches récentes qu'il s'agisse de la Grèce archaïque, des origines de Rome,
de la Rome impériale, du Sénat de l'Empire, des classes sociales ou de la
procédure du Bas-Empire.
85.
HADAS-LEBEL
(Mireille). Philon
d'Alexandrie. Un penseur en diaspora. Fayard, 2004, in-8°, 375 pp, biblio,
index, reliure souple illustrée de l'éditeur, bon état, envoi a.s.
25 €
Né – dix ans après la disparition de Cléopâtre – d'une famille de notables
dans la cité la plus belle, la plus savante et la plus flamboyante du monde
méditerranéen, Philon allie une vaste culture hellénique et une profonde
connaissance de la tradition juive. À partir de la traduction grecque des
Septante, il développe une forme de commentaire biblique éclairé par la
philosophie en recourant à l'allégorie, qui lui vaudra plus tard l'hommage de
l'Eglise (grâce à laquelle son œuvre immense a survécu). Homme de pensée, il
sut aussi se montrer un homme d'action quand il essaya, lors d'une fameuse
mission auprès de l'empereur Caligula à Rome, d'intercéder en faveur de sa
communauté menacée qui lui survécut quelques décennies à peine. Il en demeure
le représentant le plus illustre, qu'on l'appelle Philo Judaeus ou bien Philo
Alexandrinus. Ce livre évoque l'éclat d'une ville à son apogée, la rencontre
des cultures, la spiritualité d'un homme et la nouveauté d'une synthèse qui
devait marquer pour toujours la pensée occidentale.
86.
HOWATSON
(M. C.)(dir.). Dictionnaire de l'Antiquité. Mythologie, littérature, civilisation. Publié
par l'Université d'Oxford sous la direction de M.C. Howatson. Traduit de
l'anglais. Laffont, 1993, in-8°, 1066 pp, 5
cartes, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Bouquins)
25 €
Version française, complétée et mise à jour, du célèbre Oxford Companion
to Classical Literature. Un instrument de travail unique en son genre. Destiné
à tous les amateurs de la Grèce et de Rome et pas seulement aux spécialistes,
ce dictionnaire fait revivre les aspects les plus variés - les plus insolites
aussi - de la civilisation antique. Biographies souvent haute en couleurs des
grands personnages historiques, tel Néron, Vespasien ou Zénobie, carrière de
philosophes et de poètes, d’Euripide à Sapho et à Virgile, évocation de sites
(Thèbes, Rhodes), d’institutions politiques, de traits de mœurs, etc. En 3000
articles, c’est toute l’histoire de la Grèce et de Rome qui défile, de l’époque
archaïque à l’invasion des barbares, de l’Asie Mineure à la Gaule et aux îles
Britanniques.
87.
LACARRIÈRE
(Jacques). En
cheminant avec Hérodote. Voyages aux extrémités de la terre. Textes traduits et
commentés. Seghers, 1981, gr. in-8°,
309 pp, 5 cartes, 22 illustrations sur 12 pl. hors texte, biblio, index, broché,
couv. illustrée, trace de pli au 2e plat, bon état (Coll. Etonnants voyageurs).
Edition originale
25 €
Voyageur infatigable, Jacques Lacarrière a choisi cette fois de mettre ses
pas dans ceux d'un voyageur célèbre du Ve siècle avant J.-C., l'historien et
géographe Hérodote, dont il présente ici les fameuses « enquêtes » en Perse et
dans les pays du Proche-Orient. Grâce au génie du conteur, le monde «barbare»
revit sous nos yeux. Qu'il raconte les suicides de chats en Egypte, la capture
des crocodiles sacrés ou les mésaventures du roi Khampsinite, Hérodote nous
tient littéralement sous le charme. Et l'émotion nous gagne peu à peu,
lorsqu'apparaissent en filigrane « le mouvement du visage, la silhouette de la
tendresse » de ceux qui demeurent pour nous l'enfance de l'humanité.
88.
LAGRANGE
(l'abbé F.). Histoire
de Sainte-Paule. P.,
Poussielgue, 1883, in-8°, 645 pp,
reliure plein maroquin bleu-nuit, dos à 5 nerfs
pointillés, titres et caissons dorés très ornés, plats décorés, dentelles
intérieures, tranches dorées (rel. de l'époque), bon état. Très bel exemplaire,
finement et luxueusement relié
150 €
"C'est un spectacle des plus édifiants que celui de cet admirable
groupe de nobles dames et de vierges romaines, descendantes des plus illustres
familles, qui, dans la seconde moitié du IVe siècle, embrassent le « saint
propos », c'est-à-dire l'état monastique, se font disciples du grand docteur et
exégète, saint Jérôme, que quelques-unes suivent bientôt en Palestine. De ce
nombre sont sainte Paule – descendante des
Cornelius-Scipions-Emiliens-Gracques, alliée par son mariage aux Julii,
illustrés par Jules César – et sa fille sainte Julia Eustochium. Elles
établirent à Bethléem un couvent de vierges et firent les frais d'un monastère
pour saint Jérôme et les moines ses compagnons. Ames d'élite et esprits très
cultivés, elles donnaient à l'étude des Saintes Ecritures une part de leur vie
; leur pieuse influence contribua beaucoup à pousser le grand docteur à ses
travaux exégétiques et à l'encourager dans le long labeur de traduction qui
nous a valu la Vulgate..." (Sévérien Salaville)
89.
LANCEL
(Serge). Carthage. GLM/Fayard,
1992, gr. in-8°, 525 pp, 249
illustrations, cartes et plans, aperçu chronologique, biblio, index, reliure
souple illustrée de l'éditeur, pt mque à la première garde (nom découpé),
derniers feuillets détachés et recollés, bon état
25 €
L'inflexible Caton avait voulu que de la grande cité qui fit trembler Rome
il ne restât rien. Il fut bien près d'y parvenir. Jusqu'à la fin du siècle
dernier, Carthage n'a en effet guère laissé dans la mémoire des hommes ce que
les récits des Anciens, pour beaucoup hostiles, ont bien voulu nous en dire.
Quant à Flaubert, en dépit de ses efforts, il dépeint dans Salammbô une
civilisation quelque peu imaginaire. La révélation est venue de l'archéologie
qui, depuis quelques années, a fait des avancées décisives. Elle a permis de
faire justice des mythes ou des calomnies propagés par les ennemis de Carthage
et surtout de nous informer avec une précision croissante sur les croyances des
Carthaginois, sur leur mode de vie, sur la vigueur économique de leur cité, sur
les multiples villes qu'elle fonda, sur son commerce, sur son agriculture...
L'étude de la culture matérielle a permis de mettre en évidence le caractère
métissé de la civilisation d'une cité aux racines orientales établie dans
l'ensemble de la Méditerranée occidentale, ouverte aux influences extérieures
(notamment artistiques). Il ne fait pas de doute que sa destruction impitoyable
en 146 av. J.-C. a constitué un tournant capital de l'Histoire. Puissance
d'abord continentale, Rome, qui l'a supplantée, a évidemment imposé un modèle
de civilisation radicalement différent de celle qu'elle avait développée.
90.
LECLANT
(Jean)(dir.). L'Égypte du crépuscule. De Tanis à Méroé (1070 avant J.-C.-IVᵉ
siècle après J.-C.). Gallimard, 1980, in-4°, 345 pp, 394
photographies, illustrations, cartes et plans en noir et en couleurs dans le
texte et hors texte, cartes dépliantes in-fine, bibliographie,
dictionnaire-index, reliure toile rouge éditeur, signet, jaquette illustrée,
bon état (Coll. L'Univers des Formes - Égypte III). Première édition. Riche
iconographie
60 €
La civilisation pharaonique, après plusieurs millénaires, va achever son
long périple et se dissoudre dans l'Empire chrétien d'Orient. Pendant quinze
siècles, à travers les invasions venues de tous les horizons, cette Basse
Époque fera, malgré tout, preuve d'une influence culturelle considérable. Elle
sera marquée par une série d'événements importants, parfois contradictoires et
imprévus, le plus souvent méconnus. De la XXIe dynastie "tanite" à la
dernière reine d'Égypte, Cléopâtre, de la domination romaine à la destruction
de Meroé et au triomphe du christianisme, l'Égypte perdra ses dieux, son
écriture et sa civilisation propres ; la grande tradition morte, seul l'art
copte assumera, pour un temps encore, la survivance. Textes de Cyril Aldred,
François Daumas, Christiane Desroches- Noblecourt et Jean Leclant.
91.
LE
GLAY (Marcel). Rome. Grandeur et déclin de la République. Perrin, 1989, gr. in-8°, 401 pp, préface
de Pierre Chaunu, chronologie des conquêtes, biblio, index, broché, couv.
illustrée, bon état (Coll. Histoire et décadence), envoi a.s.
25 €
"M. Le Glay fournit ici un tableau complet de la Rome antique à
l'époque républicaine, sous tous les aspects de son histoire, générale et
événementielle ; politique, économique, sociale ; ses institutions, ses
mentalités, sa civilisation. Des lecteurs de tout niveau et de toute compétence
trouveront ici leur compte, les spécialistes comme les étudiants, les élèves et
leurs enseignants, les amateurs et les curieux. De plus récits et descriptions
sont intégrés dans une réflexion menée autour du thème qui définit la
collection, « histoire et décadence ». Car on « attendait » là, comme P. Chaunu
le dit dans sa préface, cette Rome à propos de laquelle la notion de décadence
a fait son entrée dans la réflexion historique au XVIIIe siècle (...) Le souci
et la nécessité pour M. Le Glay de traiter le thème auquel la collection est
consacrée a fait que le développement croît et la précision augmente à mesure
que se déroule la chronologie de cette partie de l'histoire romaine, et aucun
lecteur ne s'en plaindra. La réponse apportée au problème central qui résulte
de ce thème, – y a-t-il décadence à travers ou à cause des crises successives
de la « république » ? – est présentée avec netteté et appuyée sur des
arguments particulièrement convaincants..." (Robert Combès, Latomus, 1992)
— A l'origine simple village de cabanes, Rome l'a emporté sur ses riches
voisins, Grecs et Etrusques. Devenue maîtresse de l'Italie, la République a
fait la grandeur de l'Urbs en fondant un immense empire territorial autour
d'une Méditerranée transformée en lac romain. Mais, en dominant les royaumes
hellénistiques, elle se laisse dominer par les civilisations de ces pays
nourries des héritages grecs et orientaux. Si bien qu'en deux siècles, Rome a
connu à la fois une véritable "Renaissance" culturelle et des crises
complexes, de plus en plus violentes, qui ont abouti à une "crise sans
alternative" et à la chute de la République. Ce livre est devenu un
classique de l'histoire de l'Antiquité.
92.
MALET
(Albert) et Jules ISAAC. Histoire romaine. Rédigée conformément aux programmes
du 30 avril 1931. Hachette, 1932, in-12, (8)-352 pp, 173
gravures et 11 cartes, cart. vert imprimé de l'éditeur, bon état (Nouveau cours
d'Histoire Malet-Isaac, classe de Cinquième)
25 €
Ecrit avec la collaboration d'André Alba. — Un manuel classique, qui a
formé des générations successives de lycéens : le « Malet-Isaac » occupe une
place de choix dans la mémoire scolaire française. Un succès dû à ses qualités
: un récit chronologique bien construit, écrit dans une langue claire, qui
constitue un aide-mémoire de choix pour tous publics. Pour les historiens,
c'est aussi le témoignage de ce que fut la vulgarisation historique à
l'intention des classes secondaires pendant près d'un demi-siècle.
93.
MALET
(Albert) et Jules ISAAC. L'Orient et la Grèce. Hachette,
1924, in-12, viii-428 pp, 246
gravures et 17 cartes, cart. vert imprimé de l'éditeur (lég. sali), état
correct (Cours complet d'Histoire, classe de 6e, avec la collaboration de M.
Gaston Dez)
20 €
Un manuel classique, qui a formé des générations successives de lycéens :
le « Malet-Isaac » occupe une place de choix dans la mémoire scolaire
française. Un succès dû à ses qualités : un récit chronologique bien construit,
écrit dans une langue claire, qui constitue un aide-mémoire de choix pour tous
publics. Pour les historiens, c'est aussi le témoignage de ce que fut la
vulgarisation historique à l'intention des classes secondaires pendant près
d'un demi-siècle
94.
MEULEAU
(Maurice). Le
Monde et son histoire. Tome 2 : Le monde antique. 2e partie : Civilisations
d'Extrême-Orient. Le monde des Barbares. Rome, de la conquête de l'Italie à
l'épanouissement de la civilisation impériale. Vers un autre monde. Bordas-Laffont,
1971, gr. in-8°, 608 pp, 44 pl. d'illustrations en couleurs hors texte, environ
500 illustrations, cartes et tableaux, index, reliure pleine toile décorée de
l'éditeur, jaquette illustrée, bon état
30 €
"M. Meuleau inaugure la collection qu'il dirige, “Le Monde et son
histoire”, par deux gros volumes qu'il a eu le courage et le mérite de rédiger
lui-même : Maurice Meuleau, “Le monde antique”. L'essentiel du second volume
est consacré à Rome et à ses provinces, sans que soient négligées les
civilisations d'Extrême-Orient et le monde barbare. On y retrouve les mêmes
qualités d'équilibre que dans le premier ; des sous-titres bien choisis
scandent heureusement un texte généralement bien informé. On louera l'effort de
synthèse (bonne bibliographie), l'attention portée aux problèmes économiques,
sociaux, culturels, on admirera beaucoup l'illustration, exceptionnellement
abondante et originale ; documents peu connus, comme la Muse de Cortone, p.
216, nombreuses monnaies, objets de la vie quotidienne, paysages. Une admirable
série de portraits et de paysages est intercalée dans les index détaillés du
second volume (noms de personnes et de lieux)." (R. Chevallier, Revue
belge de philologie et d'histoire, 1967)
95.
PICARD
(Gilbert-Charles et Colette). Vie et mort de Carthage. Hachette,
1970, in-8°, 315 pp, une
carte, chronologie, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
"L'intérêt que suscite le monde de Carthage va croissant. Le tableau
magistral de Colette et Gilbert-Charles Picard vient donc à point. Cette oeuvre
de vulgarisation mais de haute qualité aura assurément les faveurs du public
cultivé. Travail de synthèse dépouillé d'un apparat scientifique et
bibliographique trop lourd, – du moins rien d'essentiel n'est-il omis – ce
livre présente aussi les résultats des recherches menées par les auteurs,
spécialistes en la matière : leur apport personnel est immense. Cette mise au
point des connaissances, panorama clair et de lecture agréable, rend les plus
utiles services et laisse ouverte la porte à des recherches et discussions
ulterieures. La Chronologie de l'Histoire de Carthage (p. 297-304) est un outil
de travail bienvenu." (J. Debergh, Latomus, 1971)
96.
THEVENOT
(Emile). Divinités
et sanctuaires de la Gaule. Fayard, 1968, pt in-8°,
245 pp, 97 illustrations, biblio, reliure toile citrouille éditeur, titres dorés
au 1er plat et au dos, une illustration contrecollée au 1er plat, bon état
(Coll. Résurrection du passé)
30 €
"La Librairie Fayard, qui publie depuis quelques années une
collection “Résurrection du Passé”, avait réservé à E. Thevenot la tâche
difficile de présenter au grand public les divinités et sanctuaires de la
Gaule. Dans son avant-propos l'auteur précise qu'il réduit son sujet aux
divinités « indigènes » de la« Gaule », sans vouloir entrer dans les
distinctions délicates entre « divinités celtes et divinités gauloises »,
écartant volontairement les dieux officiels et réservant pour d'autres études
tout l'aspect rituel de la question. Après un chapitre d'introduction consacré
aux sources et méthodes d'approche historique, archéologique et épigraphique,
l'auteur examine successivement les divinités indigènes correspondant aux
grands dieux romains et montre que leur assimilation par les Gaulois les a
parfois entraînées très loin de leur modèle primitif ; d'autre part il analyse
les aspects les plus originaux de la religion indigène : divinités autochtones
et cultes particuliers. (...) Nous avons, avec ce volume agréablement illustré,
le seul ouvrage qui, à l'heure actuelle, ait osé présenter au profane les
divinités gauloises, entreprise que tous les spécialistes s'accorderont à
reconnaître ardue." (Simone Deyts, Revue belge de philologie et
d'histoire, 1969)
97.
WUILLEUMIER
(Pierre) et Amable AUDIN. Les médaillons d'applique gallo-romains de la vallée
du Rhône. Les Belles
Lettres, 1952, gr. in-8°, 188 pp,
381 figures, 8 pl. de photos hors texte, index
des sujets, broché, bon état (Annales de l'Université de Lyon)
30 €
"Déchelette, dans ses Vases ornés de la Gaule romaine (t. II, p. 235
sqq.), n'avait pas manqué d'étudier cette catégorie de vases décorés d'un ou de
plusieurs médaillons circulaires moulés à part et rapportés sur la panse. Ces
médaillons ont de 5 à 17 cm. de diamètre. Quelques-uns portent une signature
d'artiste précédée de la mention "cera" ; l'artiste l'avait d'abord
modelé en cire ; il en avait fait ensuite un négatif en terre cuite et, de ce
moule, avait tiré ses médaillons. Appliqués à la barbotine sur le vase encore
humide, les médaillons étaient cuits avec lui. Le plus grand nombre provient de
Vienne et de Lyon, où l'on a trouvé plusieurs moules. Ils datent des second et
troisième siècles. Déchelette en avait catalogué environ 200 fragments avec 169
types différents. MM. Wuilleumier et Audin. ont 533 pièces avec 380 types. Le
progrès est marqué et les conclusions, naturellement, plus précises et plus
variées. L'étude se présente sous la forme d'un catalogue. Chaque fois qu'il a
été possible, le médaillon est reproduit en dessin au trait avec une brève
notice explicative. Huit bonnes planches en fin du volume permettent de juger
de l'aspect et de l'art de ces médaillons. (...) Nous avons ainsi, et c'est
chose nouvelle, une histoire de ce genre de céramique, dont le berceau est
évidemment la haute vallée du Rhône, mais qui fut imitée au moine en Auvergne,
où l'on a retrouvé un moule, et, peut-être même, à Strasbourg, où un médaillon
est signé du nom de Cautius, qui est celui d'un potier local. (...) En somme, un excellent catalogue d'une série
de documents figurés intéressants, catalogue qui constitue une histoire d'un
genre de céramique original et, jusqu'ici, peu connu." (A. Grenier, Revue
des Études anciennes, 1953)
98.
ANDRIEU-GUITRANCOURT
(Pierre). Histoire
de l'Empire normand et de sa civilisation. Payot, 1952, in-8°, 431 pp,
3 cartes, un tableau généalogique, biblio,
broché, couv. illustrée, défraîchi, état correct (Coll. Bibliothèque
Historique)
20 €
De cet étonnant empire, il ne reste rien aujourd'hui. Comme ceux des Grecs
et des Romains, l'État de Guillaume le Conquérant et de ses successeurs
plantagenets, le royaume de Roger de Sicile et celui de Roger d'Antioche, les
établissements d'Amérique ne sont plus que des souvenirs. Mais les empires qui
disparaissent laissent à l'humanité quelques-uns des principes qu'ils avaient
inventés ou mis en valeur, combinés et perfectionnés. Notre temps leur doit
donc une dette de reconnaissance. Angleterre et France peuvent entre tous,
saluer ces Normands aux âmes héroïques car, sans eux, leur histoire,
certainement, n'aurait pas eu son éclatant rayonnement. (Introduction)
99.
BOUTRUCHE
(Robert). La
Crise d'une société. Seigneurs et paysans du Bordelais pendant la Guerre de
Cent ans. (Thèse). Les Belles
Lettres, 1963, gr. in-8°, li-596 pp,
nouveau tirage, 2 cartes dépliantes hors texte,
un tableau généalogique des Albret, biblio, index, bon état
80 €
Très importante thèse publiée par la Faculté des Lettres de l'Université
de Strasbourg. — "Un tel livre ne se prête pas très aisément à être
résumé. La documentation de M. Boutruche est très étendue, la bibliographie et
l'énumération de sources, ainsi que les références des notes en donnent une
idée impressionnante. Il en a tiré un exposé très dense et très nuancé à la
fois. Décrivant des faits qui n'étaient pas tous inconnus, il s'est attaché à
les mettre en valeur sous un jour nouveau, à reconstituer, dans la mesure du
possible, les aspects du réel, complexes et variés jusqu'à l'infini."
(Pierre-F. Fournier, Bibliothèque de l'école des chartes, 1948). — "M. R.
Boutruche a eu l'heureuse idée de rechercher quelles ont été dans une région
historiquement et géographiquernent bien délimitée, les effets de la Guerre de
Cent Ans, sur la société rurale. Cette région, le Bordelais faisait partie de
ce duché de Guyenne, qui dépendit de la Couronne britannique pendant trois
siècles. A la fin de la période servant de cadre chronologique au livre dont
nous rendons compte, l'autorité immédiate de la monarchie française sera
rétablie sur le pays. L'intérêt du sujet est trop évident pour qu'il faille y
insister. C'est par des études de cet ordre seulement, que l'on parviendra à se
rendre compte des transformations que la Guerre de Cent Ans a produites dans la
société française : non seulement du comment, de ces transformations, mais du
pourquoi. ... L'aperçu que nous avons donné du livre de M. Boutruche, permet,
croyons-nous, de saisir son importance capitale. Ajoutons qu'il repose sur une
documentation extrêmement étendue, en grande partie inédite et soumise par
l'auteur à une critique exigeante ; il inspire confiance. Nous ne pouvons assez
en recommander la lecture." (François L. Ganshof, Revue belge de
Philologie et d'Histoire, 1950)
100.
CALMETTE
(Joseph). L'Elaboration
du monde moderne. PUF, 1942, fort pt in-8°,
xliii-602 pp, nouvelle édition revue et corrigée, biblio, index,
broché, bon état (Coll. Clio)
30 €
Excellent manuel sur la période 1328-1493. — "M. J. Calmette étudie
ici, en les groupant de façon les rendre le plus intelligible possible,
l'histoire des divers pays durant les deux derniers siècles du moyen âge. Voici
les principales rubriques : la guerre de Cent ans; l'empire grec, l'Eglise, les
boulevards de la Chrétienté, l'Asie, la civilisation de l'Occident et de
l'Orient, enfin l'essor des grandes monarchies qui émergent du moyen âge
finissant. On ne peut résumer en quelques lignes cette histoire universelle,
mais on souligne la manière dans laquelle elle est traitée : point de clichés
mais un sens avisé des nécessités concrètes, des forces réelles qui influent
les unes sur les autres ; une lumière plus vive jetée sur certains pays ou
certains faits historiques, d'ordinaire laissés dans la pénombre (histoire du
Portugal, de l'occupation française en Morée, etc.), et, d'une façon générale,
l'accent mis sur tout ce qui entraîne l'humanité dans une voie nouvelle,
l'élaboration de ce qu'on appelle, assez improprement, la Renaissance. D'une
information étendue et avertie, ce petit livre clair et vivant ne manquera pas
de conquérir la sympathie de ses lecteurs dont il restera le vade-mecum."
(B.-A Pocquet du Haut-Jussé, Bibliothèque de l'école des chartes, 1935 )
101.
CALMETTE
(Joseph). Les
dernières étapes du Moyen Age français. Hachette,
1944, in-12, 255 pp, broché,
couv. illustrée, bon état (Coll. De l'Histoire)
20 €
Les souverains Valois et la guerre de Cent ans.
102.
CASTELNAU
(Jacques). La
Vie au Moyen Age d'après les contemporains. Hachette,
1949, in-12, 287 pp, broché,
couv. illustrée, état correct (Coll. De l'Histoire)
15 €
Jacques Castelnau (1903-1998) ne prétendait pas être un spécialiste du
Moyen Âge et de la littérature médiévale, mais il a puisé à des sources sûres,
comme l’ouvrage de Gustave Cohen, "Histoire de la mise en scène dans le
Théâtre religieux français du Moyen Âge" (1906).
103.
ELLUL
(Jacques). Histoire
des institutions de l'époque franque à la Révolution. PUF, 1964, pt in-8°, 611 pp,
biblio, index, broché, état correct (Coll.
Thémis)
20 €
Excellent manuel consacré à l'histoire des institutions françaises. Un
modèle du genre.
104.
GAUTIER
(Léon). Bibliographie
des Chansons de geste (Complément des Epopées françaises). P., Welter,
1897, gr. in-8°, iv-316 pp, texte
sur 2 colonnes, broché, bon état. Edition originale
90 €
Comme le dit l'auteur dans la Préface : "Nous n'avons pas à expliquer
longuement le plan de cette Bibliographie ... Bibliographie générale,
bibliographie spéciale : telles sont les deux parties d'une oeuvre qui ne
pouvait guère, croyons nous, se prêter à une autre division. La Bibliographie
générale est subdivisée selon l'ordre logique, et il semble superflu d'énumérer
ici les huit chapitres dont elle est formée. La Bibliographie spéciale se
compose d'une série de notices ou, pour mieux parler, de nomenclatures qui sont
successivement consacrés à nos vieux poèmes ... Une table alphabétique des
matières complète utilement ces deux parties ..."
105.
GEBHART
(Emile). Conteurs
florentins du Moyen Age. Hachette, 1905, gr. in-12,
291 pp, 3e édition, reliure demi-basane bleue, dos à 4 nerfs soulignés à froid,
titres dorés (rel. de l'époque), bon état
30 €
Les primitifs : le Novellino, Francesco da Barberino ; Boccace : Le
prologue du Décameron et la Renaissance ; Boccace : La Comédie italienne ;
Boccace : Les drames du Décameron ; Franco Sacchetti. — "M. Gebhart vient
de donner une suite exquise à ses livres, "L'Italie mystique",
"Moines et papes", dans ses "Conteurs florentins du moyen
âge". C'est comme une grande fresque peinte dans les tons les plus légers
et les plus fins du Quattrocento florentin, où défile devant nous, narquoise,
sensuelle, sentimentale et tragique, toute la société italienne du XIIIe et du
XIVe siècle." (Gabriel Monod, Revue Historique, 1901)
106.
GEBHART
(Emile). L'Italie
mystique. Histoire de la renaissance religieuse au Moyen Age. Hachette,
1906, in-12, vii-333 pp, 5e
édition, reliure demi-basane bleue, dos à 4 nerfs soulignés à froid, titres
dorés (rel. de l'époque), bon état
30 €
I. Les conditions religieuses et morales de l'Italie antérieurement à
Joachim de Flore - Arnaud de Brescia ; II. Joachim de Flore ; III.
Saint-François d'Assise et l'apostolat franciscain ; IV. L'empereur Frédéric II
et l'esprit rationaliste de l'Italie méridionale ; V. Exaltation du mysticisme
franciscain - L'Evangile éternel - Jean de Parma - Frà Salimbene ; VI. Le
Saint-Siège et les Spirituels - La poésie et l'art populaire ; VII. Le
mysticisme, la philosophie morale et la foi de Dante.
107.
GOBRY
(Ivan). Le
Procès des Templiers. Perrin, 1995, gr. in-8°,
316 pp, index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Vérités et légendes)
25 €
L'arrestation et le procès des Templiers constituent l'une des pages les
plus tragiques et les plus scandaleuses de l'histoire de la France et de
l'Eglise. En 1307, Philippe le Bel, qui convoitait les richesses du Temple, fit
arrêter en même temps, sur tout le territoire du royaume, tous les membres de
ce prestigieux ordre religieux de chevalerie. L'accusation : hérésie (les
Templiers reniaient le Christ, lors de leur admission dans l'ordre), idolâtrie
et sodomie. Avec la complicité du pape, le Bordelais Clément V - qui était son
débiteur -, des magistrats et des inquisiteurs qui lui étaient soumis, Philippe
le Bel obtint, au terme de sept ans de procès civil et ecclésiastique, la
dissolution de l'ordre et la mort sur le bûcher de tous ceux qui avaient refusé
d'avouer et de ceux qui avaient rétracté les aveux obtenus sous la torture.
L'affaire fut si bien menée, l'autorité du roi et du pape était telle qu'il s'est
trouvé des contemporains, puis des historiens pour croire à la culpabilité de
l'ordre. Ivan Gobry, qui a minutieusement étudié toutes les pièces de
l'accusation, de l'instruction et des procès, qui a confronté les aveux
incohérents provoqués par la question et par le cachot avec les protestations
d'innocence, montre comment toutes les règles du droit, tant civil
qu'écclésiastique, ont été violées pour aboutir au résultat voulu par le roi de
France, par les magistrats royaux et par les inquisiteurs. Ce fut
véritablement, 650 ans avant l'heure, un procès de Moscou.
108.
HADENGUE
(Antoine). Bouvines,
victoire créatrice. Plon, 1939, pt in-8°,
vii-356 pp, préface du général Weygand, 9 gravures hors texte, 4
cartes dans le texte et un fac-similé, sources et biblio, broché, couv. lég.
salie, état correct
20 €
"La préface du général Weygand fait très justement l'éloge de cette
étude d'une bataille qui, au XIIIe siècle, a joué un rôle déterminant dans la
formation de la France moderne, la bataille au cours de laquelle Philippe
Auguste a vaincu Jean et ses alliés, bien qu'ils soient trois fois plus
nombreux que lui. Outre l'étude de cette bataille médiévale et de sa tactique,
le volume explique la politique et la stratégie de l'un des plus grands
souverains de France." (Books Abroad, 1935) — "Si l'on ne craignait
d'abuser du mot chef-d'oeuvre, ce serait saris doute celui qui conviendrait le
mieux pour qualifier cet ouvrage historique. Il nous paraît en effet difficile
d'exposer plus clairement la situation générale à la veille de ce grand
événement, de mieux montrer ce qui fait l'importance historique de cette
bataille, de la conter avec plus de science et de façon plus dramatique. «
Cheminer vers un sommet, sur les pas de nos chroniqueurs, en la matinale
lumière du siècle de saint Louis, peut-on rêver plus beau voyage ? » Non
certes, répond le général Weygand dans sa préface. L'auteur connaît aussi bien
les chroniqueurs que les historiens qui ont analysé la bataille. Avec un rare
talent évocateur, il ressuscite et oppose un Philippe-Auguste, un
Jean-sans-Terre, un Othon, un Renaud de Dammartin, il peint les foules et fait
manoeuvrer'lés armées. Avec un sens profond des conditions de la vie nationale,
il montre la place que tient Bouvines dans notre histoire, et comment celle
bataille « bouleversa la carte du monde médiéval » et décida du sort de la
monarchie capétienne en consommant « l'union mystique du roi et du royaume ».
C'est un très grand et très beau livre d'histoire." (Revue des Lectures,
1935)
109.
HEERS
(Jacques). Libérer
Jérusalem. La première Croisade, 1095-1107. Perrin, 1995, in-8°, 371 pp,
6 tableaux généalogiques, 11 cartes et plans,
notes, chronologie, biblio, broché, couv. illustrée, tranche salie, bon état
25 €
C'est l'histoire d'une seule croisade, la première, déclenchée par la
prédication d'Urbain II à Clermont en novembre 1095, qui allait lancer les
foules et les barons vers la Terre sainte. Une expédition totalement différente
de celles qui suivirent. C'était la croisade de conquête et de libération,
alors que les croisades postérieures seront de défense et de conservation. Ce
fut une aventure absolue, hasardée, un formidable élan désordonné, souvent
inconscient, qui déborda largement les calculs du pape. Jacques Heers raconte
d'une part l'événement fondateur, la mobilisation et le rassemblement des
croisés (quatre armées "régionales" au lieu de l'armée unique prévue
par le pape), l'enthousiasme des foules entraînées par une autre prédication,
celle des ermites, des vagabonds porteurs de rêves messianiques, des imposteurs
aussi qui jettent sur les routes, avant même les armées, un peuple hétéroclite
de pèlerins voués au désastre. Il met l'accent d'autre part – et c'est l'un des
grands intérêts de ce livre –, sur les arrière-plans sociaux, mentaux et spirituels,
sur le climat d'une entreprise tellement inédite et déraisonnable. Puis Jacques
Heers décrit les longues marches à travers l'Europe centrale et les déserts
d'Anatolie, les querelles byzantines devant Constantinople, les sièges
interminables, la découverte de l'Orient. La croisade désordonnée, pathétique
des "pauvres gens" n'aura qu'un temps. Fourvoyée par des meneurs
incapables ou indignes, ils se feront massacrer par les Turcs en octobre 1096.
La vraie croisade, la croisade victorieuse, c'est celle des quatre armées
accompagnées de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, démunis, sans vivres
ni armes. Elles n'atteignirent la Ville sainte que le 7 juin 1099, après plus
de trois années d'épreuves, de disette, de combats, de conflits internes que seule
la menace turque ou égyptienne parvenait à calmer momentanément.
110.
[Jeanne
d'Arc] – OURSEL (Raymond). Le Procès de condamnation de Jeanne d'Arc. Traduit,
présenté et annoté. P., Le Club du
Meilleur Livre, 1954, in-8°
carré, xliv-233 pp, préface du R.P. Michel
Riquet S.J., avant-propos, notes, traduction et notice chronologique de Raymond
Oursel, illustré de bois gravés du XVe siècle, imprimé sur alfa Cellunaf,
reliure pleine basane chagrinée chocolat ornée d'une vignette, gardes décorées
(maquette de Massin), un mors recollé, état correct
20 €
"Une édition du texte du procès de Jeanne, présenté et commenté par
M. Raymond Oursel. Il ne s'agit pas là d'une édition critique, mais d'une
traduction en français moderne. L'adaptation est heureuse et nous retrouvons,
transcrits en discours direct, les dialogues qui s'engagèrent entre Jeanne et
ses accusateurs. Reliure et typographie sont admirables. L'ouvrage contraste
avec tant de livres dont le brochage, le papier, l'encre, sont un défi aux
lecteurs." (R. Boutruche, Revue Historique)
111.
KANTOROWICZ
(Ernst). L'Empereur
Frédéric II. Gallimard, 1998, fort in-8°,
657 pp, traduit de l'allemand, 16 pl. de gravures hors texte, chronologie, 5
cartes et un plan, index, broché, jaquette illustrée, bon état (Coll.
Bibliothèque des histoires)
45 €
"Ce livre a sa légende, qui ne tient pas seulement aux soixante ans
de retard avec lequel arrive la traduction française de ce chef-d'œuvre, paru
en Allemagne en 1927. Ni à la personnalité de son auteur, né à Poznan en 1895,
mort à Princeton en 1963, grand universitaire juif contraint à l'exil
outre-Atlantique par les lois de Nuremberg. Frédéric II est lui-même un
empereur de légende (1194-1250) abandonné des Hohenstaufen qui, grâce à son
seul charme, reconquiert sans coup férir un royaume qui s'étend de la Sicile à
la Baltique, pour aller ensuite guerroyer en Terre sainte, se lier d'amitié
avec les infidèles, braver le pape et finir avec la réputation d'Antéchrist, en
laissant un souvenir qui a hanté la mémoire allemande jusqu'à Hitler. Mais au
travers de l'épopée frédéricienne, l'énorme ouvrage de Kantorowicz, histoire
faite littérature tout en restant histoire, traite aussi et surtout de l'Etat
moderne, de son émergence au sein d'une société déchirée entre de multiples
pouvoirs, autour d'une personnalité charismatique. Tour à tour sont ainsi
reconsidérés le conflit entre le culte étatique et la religion chrétienne, les
rôles respectifs de la violence physique et du droit écrit, de la guerre et de
la bureaucratie, les apports multiformes et complexes entre le politique et le
symbolique, tous thèmes que l'auteur devait reprendre en profondeur et faire
culminer dans The King's Two Bodies, Les Deux Corps du roi. Longtemps
Kantorowicz s'est opposé à la réédition de son livre, dont le ton "ne
correspondait plus, dit pudiquement son dernier éditeur, à sa nouvelle façon de
voir". Sans doute a-t-on là en effet l'une des rares entreprises
historiques d'importance a avoir été authentiquement guidée par une inspiration
nietzschéenne : quelque chose comme le portrait d'un surhomme." (4e de
couv.)
112.
KOESTLER
(Arthur). La
Treizième tribu. L'Empire khazar et son héritage. Calmann-Lévy,
1976, in-8°, 300 pp, traduit
de l'anglais par Georges Fradier, une planche hors texte, une carte, biblio,
index, broché, trace de pli au 1er plat, bon état. Edition originale de la
traduction (il n'est pas annoncé de grand papier)
40 €
« À l'époque où Charlemagne se fit couronner empereur d'Occident,
l'extrémité orientale dé l'Europe, entre le Caucase et la Volga, était dominée
par un Etat juif connu sous le nom d'Empire khazar... » Ainsi débute le récit
d'Arthur Koestler sur l'une des plus passionnantes énigmes des temps médiévaux.
Les Khazars, en effet, étaient une peuplade d'ethnie turque d'un très haut
degré de civilisation, et, fort curieusement, convertie au judaïsme. Elle régna
entre la Caspienne et la mer Noire du Ve au XIIe siècle. Puis cet Etat
disparut, sans qu'il y ait trace de génocide. Ne serait-il pas à l'origine
d'une partie des communautés juives d'Europe orientales ? Les ancêtres des
"Fils d'Israël" victimes de l'holocauste nazi ne serait-ils pas cette
"treizième tribu" qui fit souche dans le Caucase où l'on a vu le
berceau de la race aryenne ? En historien novateur, il retrace méticuleusement
l'épopée des Khazars, de leurs origines à leur déclin. S'attardant sur la
composition de la mosaïque ethnique de ce peuple guerrier et sur ses mythes,
l'auteur dépeint un monde méconnu qui contribua à façonner la destinée de
l'Europe médiévale. De son étude ressort l'influence de cet épisode sur le
développement du judaïsme russe et européen. Aux confins des mondes occidentaux
et orientaux, à une époque riche en épopées guerrières, l'autorité khazare est
le seul exemple concret d'un Etat juif avant la fondation de l'Israël
contemporain.
113.
LACROIX
(Paul). La
Chevalerie et les Croisades. Féodalité, Blason, Ordres militaires. Ouvrage illustré
de 214 gravures et d'une chromolithographie d'après les grands ouvrages de M.
Paul Lacroix sur le Moyen-Age et la Renaissance. P., Firmin-Didot, 1890, pt in-4°,
322 pp, une chromolithographie en frontispice et 214 gravures dans le texte et à
pleine page, reliure demi-basane rouge, dos à 5 nerfs, titres et caissons
fleuronnés dorés, encadrements à froid sur les plats, tranches dorées (rel. de
l'époque), 1er plat taché, bon état
50 €
Table : Féodalité : 1) Aperçu général de la féodalité dans les divers
Etats de l'Europe occidentale ; 2) Condition des personnes et des terres. –
Chevalerie : 1) Origines et institutions ; 2) Duels et tournois. – Croisades. –
Ordres militaires. – Blason. La passe d'armes d'Ashby. — Le présent volume a
été composé en majeure partie du texte écrit par Paul Lacroix, pour les
chapitres relatifs à la vie militaire, aux moeurs et aux sciences au Moyen Age.
— "La maison Firmin Didot a eu aussi une idée très heureuse, en profitant
du texte et des gravures des volumes de P. Lacroix sur le moyen âge, la
Renaissance, le XVIIe et le XVIIIe s., pour publier une série de livres
richement illustrés, sur “L'Ancienne France”. La division par époques des
ouvrages de P. Lacroix n'a pas été maintenue ; on a adopté un ordre méthodique
qui embrasse toutes les parties de l'histoire de la civilisation et chaque
étude a été conduite depuis les origines jusqu'en 1789. M. Louisy a été chargé
de ce travail d'adaptation. Nous avons ainsi : “L'Armée française”, “La
Chevalerie et les croisades”, “La Justice et les tribunaux”, “L'École et la
science”, “Le Livre et les arts qui s'y rattachent”, “Les Arts et métiers au
moyen âge”, “L'Industrie et les arts décoratifs aux deux derniers siècles”,
“Peintres et graveurs”, “Sculpteurs et architectes”, “Le Théâtre, la Musique et
la danse jusqu'en 1789”. Un volume spécial est consacré à “Henri IV et Louis
XIII”. Il ne faut pas juger de ces ouvrages comme on ferait d'œuvres
d'érudition ; on connaît les livres de P. Lacroix et on sait qu'ils sont des
collections de renseignements réunis avec infiniment de curiosité, d'érudition
et d'esprit plutôt que des oeuvres méthodiques et critiques. La même
observation peut s'appliquer aux illustrations de ces livres, bien que,
cependant, les illustrations soient supérieures au texte et constituent un
recueil iconographique des plus intéressants. Sous leur nouvelle forme, ces
ouvrages se trouvent complétés, disposés d'après un ordre plus systémique et
mettent à la portée de toutes les bourses les précieux documents qui y sont
reproduits. Ce sont des livres dont la place est marquée dans toutes nos
bibliothèques de lycées et d'écoles normales." (G. Monod, Revue
Historique, 1891)
114.
LATOUCHE
(Robert). Les
Grandes Invasions et la crise de l'Occident au Ve siècle. Aubier Montaigne, 1946, pt in-8°,
322 pp, une carte, broché, état correct (Coll. Les Grandes crises de l'histoire)
25 €
"Nous n'avons guère lu au cours des dernières années un livre de
caractère synthétique traitant du très haut moyen âge, qui nous ait plu autant
que celui de M. Latouche. Il est bien informé – textes et littérature – ,
clairement écrit, nuancé dans l'expression de la pensée, original dans ses vues
et surtout il force le lecteur à réfléchir. L'idée maîtresse de notre savant
collègue de Grenoble est que dans la crise de l'Occident au Ve siècle, les
invasions barbares sont assurément un élément essentiel, mais certainement pas
le plus important. Cette crise, d'où sortira le monde du moyen âge occidental,
on ne peut la comprendre qu'en remontant haut dans l'histoire de l'Orbis
Romanus : au IIIe siècle évidemment, et même plus haut encore, jusqu'au règne
de Marc Aurèle. (...) Le récit des Invasions est sérieux, net, émaillé de
comparaisons permettant de mieux saisir la signification des faits, coupé
quelquefois par d'intelligentes réflexions de philosophie politique. Nous
n'insisterons ici que sur un seul point, mais qui nous paraît capital. M.
Latouche souligne avec raison l'importance primordiale de la conquête de
l'Afrique par les Vandales au Ve siècle et de la fin de la libre navigation en
Méditerranée qui en a été la conséquence ; il montre combien cet événement qui
privait l'Europe Occidentale de son fournisseur principal de blé et d'huile et
qui troublait gravement ses communications avec l'Orient, a ébranlé
profondément l'Empire et le monde romain en Occident. (...) Un livre tout à
fait remarquable." (François L. Ganshof, Revue belge de philologie et
d'histoire, 1949) — "L'éminent médiéviste de Grenoble a fait oeuvre utile
en reprenant ce problème historique passionnant des Invasions barbares : son
livre, qui abonde en réflexions intéressantes, traite même plus que ne promet
le titre, puisqu'il remonte jusqu'au IIIe siècle et descend jusqu'au VIe, en
indiquant d'ailleurs au passage que la « crise » n'est pas alors terminée, mais
se prolonge jusqu'à la renaissance carolingienne du VIIIe siècle. (...) J'ai relevé
particulièrement les pages consacrées au christianisme armoricain avant et
après la migration bretonne, à la médiocrité de l'épiscopat mérovingien, à son
opposition aux impôts royaux, à la conversion des Wisigoths et des Francs, à la
culture chrétienne aux Ve et VIe siècles... L'auteur souligne aussi «
l'activité bâtisseuse du clergé au IVe et au Ve siècle » et rappelle la
protection apportée aux populations part les évêques de cette époque
d'anarchie." (Jean-Remy Palanque, Revue d'histoire de l'Église de France,
1947)
115.
LA
VARENDE (Jean de). Guillaume le Bâtard conquérant. Flammarion, 1971, in-8°, 340 pp, qqs
gravures et cartes, broché, couv. illustrée, dos lég. sali, bon état
25 €
A mesure que s'éloignent les hautes périodes de notre histoire nous avons
trop tendance à ramener les grands personnages à des figures d'imagerie. Ainsi,
Guillaume le Conquérant prend figure de reître du Moyen Age, brutal, cruel et
rusé. L'époque romantique, notamment, l'a travesti en une sorte de mannequin à
la carrure immense de héros frénétique. Or, rien n'est plus faux. il fut avant
tout un homme, et c'est cet homme que La Varende a découvert après trente
années de poursuites, de pèlerinages, de réflexions, de rêveries. Il nous le
révèle dans un livre tout gonflé d'amour
du passé, d'émotion, de vérité. Normand comme lui, il a couru dans les mêmes
sentiers, respiré le même air, retrouvé les brisées de ses courses passionnées
dans les forêts. Il l'a dépouillé de tous les commentaires, les préjugés, des
partis pris dont les siècles l'ont peu à peu entouré. Il a voulu l'atteindre
dans sa vérité humaine. Alors la prodigieuse mémoire de La Varende réunit tous
les détails familiers de l'époque, sa vision de peintre recrée le cadre, son
coeur supprime les inquiétudes. D'auteur, il devient un compagnon de Guillaume
qui nous raconte ce qu'il a vu, ce qu'il a senti. Avec lui, nous approchons l'enfant adulé,
puis l'orphelin méprisé, traqué ; nous connaissons l'athlète vainqueur de la
trentaine; puis, après une courte accalmie, quand il a conquis l'Angleterre,
nous le voyons obligé de combattre durant vingts années contre les faux amis et
les traitres. Méthodique, réfléchi, son ardeur combative, qui fulgure, ne vient
qu'après la méditation; le diplomate fonctionne à côté du guerrier. Les pages
les plus émouvantes sont peut-être celles où La Varende a évoqué la vieillesse.
Les grosses nourritures ont vaincu Guillaume. Il est devenu lourd,
apoplectique, la rage succède à la volonté, et il meurt presque abandonné :
"le grand-père de l'Europe moderne, l'aieul de tous ses rois, refroidit, à
demi-nu, sur les carreaux d'argile seul..."
116.
LE
GOFF (Jacques). La Civilisation de l'Occident médiéval. Arthaud,
1986, pt in-8°, 510 pp, 39
cartes, plans et figures, atlas historique de 8 cartes in fine, index
documentaire, biblio, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Les grandes
civilisations)
15 €
Edition brochée "semi-poche" reprenant le texte intégral du
livre de Jacques Le Goff, mais sans les 246 illustrations en noir et les 8
planches en couleurs. — Traduit dans plus de vingt langues, ce livre est le
bréviaire indispensable de qui veut se familiariser avec le Moyen Âge. Car,
entre la légende noire d'un "âge des ténèbres" et la légende dorée
d'une "belle époque" médiévale, il y a la réalité d'un monde de
moines, de clercs, de guerriers, de paysans, d'artisans, de marchands ballottés
entre violence et aspiration à la paix, foi et révolte, famine et expansion.
Une société hantée par l'obsession de survivre et qui parvient à maîtriser
l'espace et le temps, à défricher les forêts, à se rassembler autour des
villages, des châteaux et des villes, à inventer la machine, l'horloge,
l'université, la nation. Ce monde dur et conquérant, c'est celui de l'enfance
de l'Occident, un monde de "primitifs" qui transforment la terre en
gardant les yeux tournés vers le ciel, qui introduisent la raison dans un
univers symbolique, équilibrent la parole et l'écrit, inventent le purgatoire
entre l'enfer et le paradis...
117.
MARLÈS
(M. de). Histoire
de la conquête de l'Espagne par les Arabes. Tours, Ad. Mame, 1853, in-12, 284 pp, 6
planches gravées en taille-douce dont le frontispice, reliure basane havane
glacée, dos lisse avec titre et fleurons dorés, encadrement et décor doré sur
les plats (rel. de l'époque), qqs rares rousseurs, bon état
30 €
... Rodrigue tomba mort. Dès ce moment ce ne fut plus un combat, mais un
horrible massacre ; les Goths laissèrent le champ de bataille couvert de leurs
cadavres. Ainsi tomba cette puissante monarchie des Goths ; elle avait commencé
par la conquête, versé pour se consolider des flots de sang espagnol, jeté dans
la servitude ceux que le glaive avait épargnés, mis deux siècles à s'affermir :
elle finit en un jour par le sort des armes...
118.
MEYRAC
(Albert). Histoire
de la guerre de Cent ans, 1338-1453. P., Charavay,
Mantoux, Martin, s.d. (v. 1890), pt
in-4°, 192 pp, préface de Eugène Bonnemère,
34 illustrations de Paul Hercouët, dont 9 à pleine page hors texte, tranches
dorées, reliure demi-chagrin carmin, dos à 5 nerfs filetés, titres et fleurons
dorés, encadrement à froid sur les plats (rel. de l'époque), bon état (Médaille
d'or, ouvrage adopté par la Ville de Paris, pour ses écoles et ses
bibliothèques)
30 €
La première édition date de 1885.
119.
PERROY
(Edouard), avec la collaboration de Jeannine Auboyer, Claude Cahen, Georges
Duby et Michel Mollat. Le Moyen Age. L'expansion de l'Orient et la naissance
de la civilisation occidentale. PUF, 1967, fort gr. in-8° carré, 681 pp,
48 planches d'illustrations en héliogravure hors
texte, 18 cartes, tableau synchronique, biblio, index, reliure toile bleue de
l'éditeur, jaquette illustrée, bon état (Coll. Histoire générale des
civilisations)
30 €
"Cette oeuvre comporte 3 parties : 1. Prééminence des civilisations
orientales (Ve-Xe siècles), 2. Les temps de l'Europe féodale, de l'Islam turc
et de l'Asie mongole (XIe-XIIIe siècles). 3. Les temps difficiles (XIVe-XVe
siècles). La première partie part du déclin du monde romain dans l'Orient et
dans l'Occident et passe alors aux peuples de l'Asie ; suit l'essor de l'Islam
et sa position à l'égard de Byzance ; ensuite il est traité de l'Europe dans sa
première manifestation sous les Carolingiens et aussi du déclin de cette Europe
jusqu'à l'an mil ; alors l'exposé revient à l'histoire du proche Orient en
décrivant son essor et sa crise et finit par un aperçu sur les peuples
asiatiques à l'apogée de leur développement. La deuxième partie commence avec
le redressement de l'Europe au XIe siècle, auquel s'oppose le déclin de l'Islam
et de Byzance. Ensuite vient un tableau de l'Asie à l'époque mongole, et cette
partie s'achève avec le récit de l'apogée de l'Europe médiévale jusqu'à la fin
du XIIIe siècle. La troisième partie s'inscrit davantage sous le signe de la
prépondérance de l'histoire européenne. Les difficultés et les troubles de
l'équilibre politique aux XIVe et XVe siècles sont opposés à la formation d'une
grande puissance ottomane. La fin de cette partie est un regard sur la
structure nouvelle de l'Europe, structure qui sera déterminante pour
l'évolution de l'époque moderne." (Walter Mohr, Revue belge de philologie
et d'histoire)
120.
PIRENNE
(Henri). Histoire
économique et sociale du Moyen Age. Nouvelle édition revue et mise à jour par
Hans Van Werveke. PUF, 1969, gr. in-8°,
viii-238 pp, biblio, annexe bibliographique et critique, broché,
couv. illustrée à rabats, bon état (Coll. Hier)
30 €
"Admirable synthèse d'histoire économique." (Marc Bloch) —
"Cette nouvelle édition de l'ouvrage fort apprécié de Henri Pirenne a été
revue et mise à jour par Hans Van Werveke, professeur émérite à l'Université de
Gand. C'est la première fois que la synthèse de l'histoire économique et
sociale du Moyen Age paraît en volume séparé, du moins en langue française.
Elle faisait partie du t. VIII de l'Histoire du Moyen Age, deuxième section de
l'Histoire générale publiée sous la direction de Gustave Glotz, aux PUF en
1933, sous le titre “La Civilisation occidentale au Moyen Age, du XIe siècle au
milieu du XVe siècle”. Marc Bloch a fait, en son temps, les éloges de cette
œuvre. De même, Lucien Febvre a souligné l'inestimable intérêt de la pensée de
Pirenne. Plus près de nous, Bryce Lyon et F.-L. Ganshof affirment quel
enrichissement intellectuel apporte la fréquentation des travaux du regretté
historien. « C'est une œuvre dont la lecture continue à s'imposer aux
générations qui se succèdent malgré l'apport de matériaux nouveaux, malgré les
ajustements nécessaires pour certaines structures. Cette œuvre devait être
rendue accessible au public ». Elle « vit dans la mesure où chacune de ses
grandes vues de génie a provoqué les recherches d'une dizaine d'historiens qui
la grignotent, la rectifient partiellement... et font ainsi qu'au-dessus d'eux
elle vit toujours et s'impose ». Cette
réédition apparaît comme un instrument de travail de premier ordre."
(G.-L. Trenard, Revue du Nord, 1969)
121.
PIRENNE
(Henri). Les
Villes du Moyen Age. PUF, 1971, in-12, 172 pp, broché,
bon état (Coll. Sup - L'historien)
20 €
Premier ouvrage majeur du médiéviste belge Henri Pirenne, “Les villes du
Moyen Age” demeure un classique de l'histoire européenne. Le rôle des
agglomérations urbaines dans la renaissance du commerce international à partir
du Xe siècle, dont elles sont tout à la fois tributaires et parties prenantes,
est étudié dans une perspective globale embrassant les structures et les
dynamiques sociales, économiques et politiques de l'Occident médiéval.
L'émergence d'une élite citadine bourgeoise, et avec elle de nouvelles normes
juridiques, fiscales et institutionnelles, est le prélude d'un changement de
paradigme dans l'histoire des idées qui adviendra à la Renaissance. — "Il
est bon que les historiens puissent se procurer pour une somme raisonnable les
classiques de l'histoire et il faut donc remercier l'éditeur d'avoir réimprimé
une des oeuvres les plus importantes du grand historien belge." (Cahiers
de civilisation médiévale, 1972)
122.
PIRENNE
(Henri)(éd.). Le Livre de l'abbé Guillaume de Ryckel (Liber Sancti Trudonis) 1249-1272.
Polyptyque et comptes de l'abbaye de Saint-Trond au milieu du XIIIe siècle.
Publiés par Henri Pirenne. Genève,
Mégariotis, 1981, in-8°, lx-440 pp,
index, reliure toile éditeur, titres dorés au
1er plat et au dos, bon état. Réimpression de l'édition de Bruxelles, 1896
60 €
Une belle publication du livre de comptes de Guillaume de Ryckel qui
détaille la renaissance économique de l'abbaye de Saint-Trond, sous son
impulsion énergique et sage. Renseignements importants pour l'histoire
économique, administrative et religieuse des Pays-Bas. Le « polyptyque » de
l’abbé Guillaume de Ryckel, abbé de Saint-Trond (1249-1272) est une sorte de
manuel destiné à gérer les biens de l’abbaye bénédictine, qui tient à la fois
du cartulaire, du document d’enregistrement, du censier, du polyptyque et du
registre de comptes.
123.
RENAN
(Ernest). Etudes
sur la politique religieuse du règne de Philippe le Bel. P., Calmann-Lévy, 1928, fort in-8°,
ii-483 pp, index, reliure demi-basane bordeaux, dos à 4 nerfs soulignés à froid,
auteur et titre dorés (rel. de l'époque), mors, coiffes et nerfs frottés,
intérieur propre et frais, sans rousseurs, bon état
50 €
Guillaume de Nogaret, légiste (1877) – Pierre du Bois, légiste (1877) –
Bertrand de Got, pape sous le nom de Clément V (1881). — Cet ouvrage est
l'édition en volume des trois études savantes touchant la politique de Philippe
le Bel et l'histoire de la papauté composées par Ernest Renan pour être
incorporées dans “l'Histoire littéraire de la France”.
124.
RIGAUDIÈRE
(Albert). Histoire
du droit et des institutions dans la France médiévale et moderne. Economica,
2010, fort gr. in-8°, 893 pp, 4e
édition, 3 index, broché, bon état
35 €
Cette Histoire du droit et des institutions de la France médiévale et
moderne vise à décrire, en quatre temps, comment s'est lentement construit le
système juridique et institutionnel français. Droit et institutions s'y
croisent en permanence pour montrer que la lente redécouverte du legs politique
et juridique romain dans un Occident médiéval déstabilisé au lendemain des
invasions, a largement servi la renaissance de l'Etat. Mais il serait faux d'en
rester à cette image stéréotypée d'un modèle institutionnel imposé par la
romanité, tant les traditions germaniques, la pratique ecclésiale, l'apport du
droit féodal, l'action des princes et des rois, tout comme la force de
persuasion de leurs conseillers et de leurs légistes, ont admirablement
contribué à façonner l'Etat royal. Un Etat constamment construit sur les droits
et le Droit, autour d'un maillage d'institutions aux facettes perpétuellement
mouvantes et toujours plus finement ciselées par les orfèvres du politique.
125.
SCHMIDT
(Joël). Sainte
Geneviève et la fin de la Gaule romaine. Perrin, 1997, in-8°, 199 pp,
2 cartes, biblio, reliure souple illustrée de
l'éditeur, bon état
20 €
La vie de sainte Geneviève, née en 423, ne correspond pas à l'image naïve
et réductrice de la jeune bergère gardant ses moutons sur la colline de
Nanterre. Femme d'affaires avisée au sens politique hors norme, elle résista
aux Huns d'Attila menaçant Paris. Franque d'origine, elle fut l'âme de la
conversion du roi des Francs Clovis au christianisme et une actrice majeure de
la naissance de la France autour de la basilique Saint-Denis. Dans un monde
romain s'effondrant tragiquement sous les coups des "barbares", elle
fut un repère d'une grande stabilité. Par cette biographie alerte, Joël Schmidt
restitue à la sainte patronne de Paris sa juste densité politique et
historique.
126.
VERDON
(Jean). Isabeau
de Bavière. La mal-aimée. Tallandier, 2001, in-8°, 318 pp, un
tableau généalogique, notes, sources inédites, biblio, broché, couv. illustrée,
bon état
25 €
Le 17 juillet 1385 a lieu le mariage du jeune roi de France Charles VII et
d'une princesse inconnue appellée Isabeau de Bavière. Ce livre porte un regard
modéré sur celle qui fut la reine étrangère, remet en cause les idées reçues et
fait partager le quotidien de cette femme d'exception au comportement
controversé, qui fut reine de France pendant cinquante ans. — Parmi les femmes
de mauvaise réputation qui ont marqué l'histoire de France, Isabeau de Bavière
se situe en bonne place. Accusée de débordements sexuels dignes de Messaline,
elle inspira même le marquis de Sade. L'historien se doit de remettre les
choses à leur place dans la mesure où il peut s'approcher de la vérité. Les
événements sont connus. Mariée à 15 ans avec le jeune roi de France Charles VI,
bientôt atteint de crises intermittentes de folie, Isabeau se trouve mêlée aux
intrigues politiques qui la dépassent opposant Armagnacs et Bourguignons. Après
avoir mis au monde douze enfants dont beaucoup sont morts en bas âge, elle
accepte que son fils, le futur Charles VII, soit déshérité au profit du roi
d'Angleterre. Mais l'ouvrage essaie d'aller plus loin. Analysant les comptes de
la reine, l'auteur montre qu'elle est une femme soucieuse de ses intérêts,
voire cupide ; les biens ne constituent-ils pas toutefois son seul atout dans
un contexte si difficile ! Fut-elle la maîtresse de son beau-frère le duc
d'Orléans ? Seuls des textes d'inspiration bourguignonne l'affirment. Rien ne
peut être prouvé. Sait-on aussi que la reine préfère le poisson à la viande,
apprécie les fromages, raffole des fruits et des truffes et possède une
véritable ménagerie. Elle aime festoyer. En matière religieuse, elle pratique mais
profite des facilités de son époque, accomplissant des pèlerinages et jeûnant
par personnes interposées dûment rétribuées. À travers le portrait d'Isabeau
qui ne mérite pas le discrédit dont elle fut l'objet mais qui n'a absolument
pas le sens politique d'une Blanche de Castille ou d'une Catherine de Médicis,
il est possible d'appréhender cette période si trouble de la fin du Moyen Age.
127.
WOLFRAM (Herwig). Histoire des Goths. Albin Michel, 1990,
fort in-8°, 574 pp,
préface de Pierre Riché, 8 cartes, biblio,
supplément bibliographique français, index, broché, couv. illustrée lég.
défraîchie, bon état (Coll. L'Evolution de l'humanité)
60 €
L'histoire des Goths appartient aux mythes les plus connus de l'Occident.
Venus de Scandinavie, ils se divisent en deux groupes : les uns, les
Ostrogoths, poursuivant leur migration en Italie du Nord, les autres, les
Wisigoths, en Gaule et en Espagne. Herwig Wolfram ouvre le dossier de manière
neuve et enlevée en étudiant de l'intérieur la vie et le fonctionnement de cette
société. Mentionnés pour la première fois en l'an 7 avant J.-C. en Poméranie,
ils disparaissent de la scène en 711 à Tolède. Célèbres par leurs invasions (le
sac de Rome en 410), ils ne furent pas seulement assoiffés de conquêtes, mais
surent recevoir et assimiler les influences étrangères durant leurs différentes
migrations, conservant bien des traits de leur civilisation primitive. Tribus
ou royaumes, un mode de vie original apparaît : comme le dit Pierre Riché dans
sa préface, "les Goths ont refusé l'intégration mais leurs princes ont eu
l'habileté de se faire passer pour les successeurs des empereurs romains".
La présence des Goths dans l'Empire romain finissant est un moment unique dans
l'histoire de l'Occident. Histoire, mais aussi sociologie et politique, ce
livre allie la maîtrise des sources imprimées avec les découvertes
archéologiques les plus récentes. L'Histoire des Goths de Herwig Wolfram,
professeur à l'université de Vienne, offre une magistrale synthèse sur l'aurore
de notre civilisation.
128.
ANDRIEUX
(Maurice). Henri
IV.
Fayard, 1955, pt in-8°,
510 pp, broché, bon état (Coll. Les Grandes études historiques). Edition
originale, un des 50 ex. numérotés sur Velin pur fil Lafuma, à toutes marges
45 €
"La Révolution et les débuts du XIXe siècle n'ont pas rendu à Henri
IV la justice qui lui était due et la Restauration n'a utilisé sa légende que
pour l'opposer au prestige napoléonien. C'est de ce temps que date le portrait
du roi Henri, image d'Epinal en nuances molles et fades ! Heureusement ce
portrait faux les historiens modernes l'ont récusé et nul aussi bien que M.
Andrieux n'a remis en belle lumière les traits virils dont on avait
paradoxalement dépouillé un personnage qui est sans doute le plus haut en
couleurs de notre histoire." (Albert Vincent, Revue des Sciences
religieuses, 1956)
129.
BABELON
(Jean). Charles-Quint,
1500-1558. Club du
meilleur livre, 1958, in-8°, 305 pp,
25 gravures hors texte (certaines dépliantes),
biblio, reliure pleine toile fuschia de l'éditeur, un portrait de Charles-Quint
en médaillon au 1er plat, gardes illustrées, imprimé sur papier velin de
Condat, bon état
20 €
"Un ouvrage sur Charles-Quint par un Français, M. Jean Babelon,
conservateur au Cabinet des Médailles. Livre alerte, clair, rempli de détails
anecdotiques. L'auteur ne s'est pas astreint à un ordre strictement
chronologique. Il dépeint l'activité dé l'empereur en une série de tableaux : «
Gestes et attitudes », « le Roi d'Espagne », « la France incommode », « l'Or et
les Epices »... Bien qu'il n'ait mis aucune référence, on sent chez l'historien
un contact familier avec les sources." (Joseph Lecler, Etudes, 1948)
130.
BARDON
(Françoise). Caravage
ou l'expérience de la matière. PUF, 1978, gr. in-8°,
222 pp, 64 planches en noir et 6 planches en couleur hors texte, notes, broché,
jaquette illustrée (très lég. abîmée), bon état. Rare
100 €
Ni histoire, ni définition ontologique, ce livre remet en cause quelques
idées trop admises sur la peinture de Caravage : réalisme, clair-obscur,
caravagisme, anticonformisme... Ce livre, surtout, interroge : Comment aborder
l’œuvre de Caravage aujourd’hui ? Comment montrer que Caravage, qui ne
connaissait les idées philosophiques de Bruno, les recherches de Galilée, le
prosélytisme et les expériences mystiques de Neri, que par un ouï-dire qui
inscrivait déjà un déplacement de leur « vérité », a pu rejoindre dans sa
peinture les préoccupations et les exigences de l’« avant-garde » de son temps
? Comment brancher le discours intentionnel des fictions religieuses sur le
discours latent par quoi se manifeste le désir d’une autre réalité que cette
peinture même contribue à produire ? Comment saisir, dans une pratique
picturale, la conscience méconnaissante qu’a le peintre de la crise de son
temps ? préciser son rapport peint à l’idéologie dominante ? Comment suivre le
procès contradictoire d’une peinture révolutionnaire en son temps, laquelle,
particulièrement aujourd’hui, continue de nous émouvoir, sans doute parce
qu’elle nous concerne encore – et plus que jamais ?
131.
BASCHWITZ
(Kurt). Procès
de sorcellerie. Histoire d'une psychose collective. Arthaud,
1973, in-8°, 367 pp, traduit
de l'allemand, 34 héliogravures sur 20 pl. hors texte, biblio, broché, couv. illustrée
à rabats, bon état (Coll. Signes des Temps)
30 €
Les magiciens ; Les origines des procès de sorcellerie ; Le délire de
sorcellerie au XVIe siècle ; L'Angleterre ; La France et l'Espagne ;
L'Allemagne ; La Suisse et la Suède ; Les Pays-Bas ; Les sorcières de Salem ;
La victoire de la raison. — Les procès de sorcellerie n'appartiennent pas,
comme on le croit trop souvent, au Moyen Age européen, mais se sont poursuivis
jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. La terreur de la sorcellerie, psychose
collective fondée sur une monstrueuse erreur, est également l'histoire de
l'emprise d'une puissance tyrannique sur une minorité sans défense. Kurt
Baschwitz démonte ici pour nous non seulement les fondements spirituels et
psychologiques de cette psychose, mais également les mécanismes juridiques qui
lui permirent de se développer dans des proportions qu'on imagine mal de nos
jours. Le fanatisme et l'intolérance ne furent pas, contrairement à ce que l'on
pourrait penser, l'apanage d'une masse inculte, mais celui d'hommes
intelligents et éclairés dont l'aveuglement et l'acharnement nous paraissent
aujourd'hui incompréhensible. En face d'eux toutefois, des adversaires résolus
et passionnés ne craignirent pas de se dresser, bien souvent au péril de leur
vie. Il est réconfortant de penser que ces hommes, d'abord isolés, parvinrent à
force de ténacité et de courage à mettre un terme à l'une des plus
hallucinantes psychoses collectives qui aient jamais été.
132.
BELLUGOU
(Henri). Voltaire
et Frédéric II au temps de la marquise du Châtelet. P., Marcel Rivière et Cie, 1962, in-8°, 219 pp, notes,
chronologie, biblio, broché, couv. illustrée, bon état, envoi a.s.
30 €
"En recevant ce livre, nous avons eu un instant d'hésitation : comme
nous n'aimons guère l'histoire romancée, nous avons failli le refuser. Nous
nous en mordrions les doigts maintenant, car cet ouvrage contient sur les
rapports de Voltaire et de Frédéric jusqu'en 1750 des indications fort
intéressantes, appuyées sur une solide documentation. Les problèmes des
rapports entre le philosophe et le roi de Prusse ont toujours intrigué, non
seulement les contemporains, mais encore les historiens. Voltaire a-t-il eu sur
Frédéric une grosse influence ? Frédéric l'a-t-il simplement considéré – et
c'est l'opinion de M. Gaxotte – comme un agent de publicité et comme son «
correcteur » attitré ?.. M. Bellugou nous présente d'abord « la vie quotidienne
» à Cirey, puis mentionne la première lettre du prince royal (8 août 1736) et
sa réponse. La correspondance commence et ne cessera plus guère. Elle touche à
tout : poésie, littérature, mais aussi philosophie. On échange des cadeaux.
Bouderies aussi : Voltaire ne veut à aucun prix confier La Pucelle à son royal
ami... Longue comédie à propos de la négociation d'une rencontre. Voltaire ne
veut pas mettre les pieds en Prusse du vivant du Roi-Sergent qui le ferait
expulser par ses sbires. En 1739-1740, affaire de la publication de
l'Antimachiavel, rédigé par le Roi, révisé par Voltaire, enfin, le 11 septembre
1740, première rencontre à Moyland, près de Clèves, mais qui ne dure que trois
jours, puis première visite à Berlin (19 novembre-1er décembre de la même
année) qui ne semble pas avoir eu le caractère diplomatique qu'on lui attribue
quelquefois et qui déclenche la colère de la marquise. Avec la paix séparée de
Breslau, les rapports franco-prussiens se tendent. La lettre de Voltaire du 30
juin 1742 (mais est-elle de lui ?), le scandale de la représentation de Mahomet
obligent Voltaire à quitter la France, mais Fleury essaie de profiter de
l'amitié entre les deux hommes pour confier à Voltaire une véritable mission
diplomatique auprès de Frédéric – d'où son voyage de 1743 à Berlin. Mais, à
cette époque, Fleury est mort, et ce sont les d'Argenson qui utilisent les
talents diplomatiques du philosophe qui travaille utilement en Hollande, puis à
Berlin et à Bayreuth. C'est en fin de compte un échec – la Prusse ne rentrera
pas à nouveau en guerre –, mais Voltaire en a profité pour améliorer sa
situation à Versailles. En 1747 « cet arriviste est enfin arrivé ». Mais le
succès de Voltaire à la Cour dure peu. M. Bellugou a ici quelques heureuses
formules : « C'est un caractère impossible et un singulier tyran que cet
adversaire de la tyrannie. Cet intrigant embrouille tout. Il n'a pas l'esprit
de suite. Il est agressif, mordant, rusé, d'une turbulance inouïe... C'est un
indépendant. Il veut pouvoir s'exprimer sans entraves. Il étouffe dans la
contrainte. Tout cela, le monarque français le sait. Il redoute l'esprit
voltairien, subversif, irrespectueux, malgré ses apparences de respect. Tout en
se flattant d'être un courtisan, Voltaire est, en fait, un opposant. Ce
monarchien critique et sape la monarchie. Il méprise le présent autant que le
passé. Il détruit les principes de la religion et de la société. Cet
aristocrate est au fonds un révolutionnaire, il condamne un régime dont il
profite... » Versailles ne lui pardonnera jamais sa fugue berlinoise de 1750.
En attendant, le couple part pour la Lorraine où Voltaire apprend les
infidélités de sa marquise. La correspondance avec Frédéric reprend de plus
belle. Le départ est simplement retardé par la mort de Madame du Châtelet,
puis, en 1750, devant l'échec d'Oreste, à qui le public préfère le Catalina de
Crébillon, il n'hésite plus... C'est donc un vrai livre d'histoire."
(Daniel Ligou, Revue d'histoire économique et sociale, 1963)
133.
BENNASSAR
(Bartolomé) et Jean JACQUART. Le XVIe siècle. Armand Colin,
1973, gr. in-8°, 360 pp, repères
chronologiques, 11 cartes, tableaux et généalogies, biblio, broché, couv.
illustrée à rabats, bon état (Coll. U, série Histoire moderne, dirigée par
Pierre Goubert)
25 €
Préparé par la vive fermentation du XVe siècle finissant et fécondé par
les voyages d'exploration qui mettent le vieux monde occidental en contact avec
d'autres civilisations, le XVIe siècle apparaît comme une période riche en
événements, en conflits, en transformation et renouvellements politiques,
économiques, philosophiques et artistiques. Avec lui naissent les Temps
Modernes. Ce précis clair et commode permet au lecteur de s'initier à
l'histoire du XVIe siècle. Sans négliger l'indispensable trame des événements,
il tient compte des recherches les plus récentes ainsi que des curiosités
contemporaines à l'égard de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique espagnole à
peine conquise. Des cartes, des bibliographie sélectives, une chronologie
constitue des éléments utiles de documentation.
134.
BOISSEL
(Thierry). Bougainville
ou l'homme de l'univers. Olivier Orban, 1991, in-8°, 267 pp, une
carte, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
"Fils d'un notaire parisien anobli, Louis-Antoine de Bougainville
(1729-1811) a fréquenté les salons et la cour de Louis XV et de Madame de
Pompadour, dédaigné la simarre du magistrat pour la cape du mousquetaire, puis
le dolman du colonel de dragons au Canada, puis l'habit d'officier bleu de la
Marine du roi. Il colonise les Malouines avec des Acadiens victimes du Grand
Dérangement, fait le tour du monde à bord de sa Boudeuse et commande une
escadre pendant la guerre d'Indépendance des États-Unis, où la fortune de mer
le trahit. Il sera destitué et emprisonné sous la Terreur, nommé à l'Institut
par Bonaparte, qui le fera plus tard sénateur et comte d'Empire. Sa vie privée
n'est pas sans saveur. Époux d'une « princesse » iroquoise ; scalpé devant
Fort-Carillon par un boulet anglais ; coqueluche des salons parisiens, et des
belles sauvagesses d'O'Taïti, il prendra sa retraite en bon père et bon époux
en son château d'Ile de France. Vieux et fidèle royaliste, il a quand même su
composer avec la Révolution et l'Empire, qui ne lui ménagera pas les honneurs
jusqu'à sa mort en 1811. Cet « homme de l'Univers », comme le qualifie M.
Boissel, est un optimiste résolu, dont l'aimable caractère en ces temps
impérieux lui faisait prédire : « Je mets l'espoir de ma renommée dans une
fleur », la bougainvillée rapportée de Tahiti !" (Yves J. Saint-Martin,
Revue française d'histoire d'outre-mer, 1992)
135.
BONDOIS
(Paul-M.). L'industrie
sucrière française à la fin du XVIIe siècle. Les projets de l'intendant Pierre
Arnoul. P., Librairie
des Sciences économiques et sociales,
1935, in-8°, 26 pp, notes,
broché, bon état (Extrait de revue)
20 €
L'emploi du sucre, très restreint au Moyen Age, s'était développé
considérablement au XVIIe siècle. Avec l'accroissement des colonies européennes
toute une nouvelle industrie prit naissance. La France devint sous Louis XIV et
Colbert un des principaux producteurs de sucre. Pourtant ce développement
rapide amena aussi avec lui de graves difficultés. Encouragés par Colbert, les
planteurs des Iles jetèrent sur le marché une telle quantité de sucre brut, que
les raffineurs de France ne savaient qu'en faire. Il y eut surproduction, comme
on dirait aujourd'hui. Pour remédier à cette crise, Colbert créa des
raffineries dans les Iles mêmes. Nouvelle crise ! Les raffineurs français
proclamaient qu'ils ne pouvaient soutenir la concurrence de leurs confrères
coloniaux. Et, à côté de ces difficultés intérieures il y avait encore la
rivalité étrangère, surtout celle des Anglais. Vers 1700 on était donc en
pleine crise. C'est précisément à cette époque que se place un mémoire sur
l'industrie sucrière, qui n'a pas attiré jusqu'ici l'attention des chercheurs.
Il est dû à l'intendant Pierre Arnoul. Pour protéger l'industrie française, on
avait frappé de fortes taxes les sucres raffinés produits dans les Iles et on
essayait de limiter, de détruire même les raffineries d'outremer. En même temps
on avait interdit l'exportation directe des sucres bruts aux pays étrangers;
ils devaient auparavant passer par la métropole et payer des taxes. C'est
contre ces mesures que s'élève P. Arnoul. Il démontre que si on laissait libre
cours à l'industrie coloniale, le chiffre des affaires augmenterait
sensiblement. En même temps s'accroîtrait la marine marchande : « J'ose dire,
écrit-il, que, si il falloit que le Roy se privast tout à fait de
l'imposition..., il luy seroit avantageux de le faire : l'entretien de vingt
mille matelotz, milions de retours en argent ou autre chose... sont des
avantages d'un autre prix que le maintien des droits. » Il est bien regrettable
que ce rapport n'ait pas eu plus d'influence sur le développement de l'industrie
coloniale.
136.
BONDOIS
(Paul-M.). Le
maréchal de Bassompierre (1579-1646). Albin Michel, 1925, in-8°, viii-480 pp, 12
gravures hors texte, biblio, broché, annotations crayon et stylo, sinon bon
état
25 €
"Ce livre est digne de retenir l'attention de tous ceux qui, à des
titres divers, s'intéressent à l'histoire. Les érudits y trouveront de curieux
détails sur l'époque de Henri IV et de Louis XIII, et un bel ensemble de
renseignements bibliographiques ; les historiens, d'agréables pages, pleines
d'aperçus rapides, mais justes, sur les hommes et les événements de la première
moitié du XVIIe siècle ; enfin, le grand public se plaira certainement dans la
compagnie du maréchal de Bassompierre, homme de sens et d'esprit, courtisan
habile et prudent, galant et fastueux, ambassadeur de grande allure, soldat
courageux et de bon conseil. Bassompierre est bien de son temps. Bon vivant et
grand viveur, il jouit d'une santé magnifique ; elle lui permettra de recevoir sans
trop de mal de terribles blessures et de mener une existence de galanteries et
de franches ripailles, que l'âge n'aurait guère calmées si, par la prison, le
cardinal de Richelieu n'y avait apporté quelque tempérament. (...) C'est donc
un personnage assez complexe, bien digne d'une biographie, que le héros du
livre de M. P.-M. Bondois ; et nous devons remercier celui-ci de nous avoir
donné, avec tant de science, historique, le portrait ressemblant et finement
buriné de l'un des hommes les plus représentatifs de son temps." (Robert
Lavollée, Bibliothèque de l'École des chartes, 1926)
137.
BOUGAUD
(Abbé Emile). Histoire de Sainte Chantal et des origines de la Visitation. P., Librairie de Mme Vve Poussielgue-Rusand, 1863, 2 vol. in-8°,
lxiv-576 et 619 pp, deuxième édition, 2 portraits gravés en frontispices,
pièces justificatives, reliures demi-chagrin vert, dos à 4 nerfs, titres et tomaisons dorés et caissons à froid (rel.
de l'époque), dos très lég. frottés, qqs rousseurs, bon état
80 €
Biographie de Jeanne-Françoise Frémyot de Rabutin, baronne de Chantal
(1572-1641), fondatrice de l'Ordre de la Visitation de Sainte-Marie avec saint
François de Sales. Elle a été canonisée par l’Église catholique romaine le 16
juillet 1767. — "Les hagiographes ont volontiers le tort de trop idéaliser
les saints... Le nouvel historien de sainte Chantal n'a certes point encouru ce
reproche. Dès les premières pages de son livre on est bien en plein seizième
siècle. On voit naitre sainte Chantal l'année même de la Saint Barthélemy. Elle
grandit au bruit des disputes de religion. Elle se marie au coeur de la guerre
civile ; son jeune époux quitte le lit nuptial pour aller charger les Ligueurs
et décider du succès de la journée de Fontaine Française. Quiconque a lu M.
Bougaud connait à fond sainte Chantal, son mari, ses enfants, et les premières
Mères de la Visitation. C'est donc ici à mon sens un livre modèle. Tout y est
et tout s'y trouve à sa place : l'histoire et la biographie, les idées et les
faits... L'instruction abonde mais l'intérêl surabonde et jusqu'à la fin se
maintient très vif. (...) Nulle part la beauté profonde et forte des meurs
chrétiennes au seizième et au dix septième siècle n'est plus saisissante que
dans ces deux volumes. L'historien est ému et il émeut : il est éloquent."
(Foisset, Le Correspondant, 1861) — En 1861, l’abbé Bougaud (1823-1888) fit
paraître cette biographie de sainte Chantal. L’évêque d’Orléans, Mgr Félix
Dupanloup, apprécia ce livre et lui proposa de devenir son vicaire général.
Bougaud accepta ; il prit ces fonctions en novembre 1861 et les exerça
vingt-cinq ans. Il continua à publier : une Histoire de sainte Monique en 1866
; une histoire de Marguerite-Marie Alacoque en 1874. Il traita un sujet plus
polémique avec “Le grand péril de l’Église de France”, de 1878, dans lequel il
déplorait la diminution des vocations religieuses...
138.
BOULAIRE
(Alain). Sur
les côtes d'Afrique. Journal de bord du médecin Moras à bord de la Félicité en
1790. P., Editions
du Layeur, 2002, in-8°, 123 pp,
une illustration sur double page, broché, couv.
illustrée, bon état
20 €
Comment peut-on être Africain ? C'est ce qu'aurait pu écrire
Louis-Augustin Moras en paraphrasant Montesquieu dans les Lettres Persanes. Ce
médecin de Marine, né à Boulogne et mort à Saint-Servan, est un véritable
esprit du siècle des Lumières : en découvrant le continent africain lors d'une
croisière à bord d'une frégate du roi en 1790, il nous laisse un journal de
bord "médico-historique" qui nous révèle des aspects méconnus de la
vie politique, économique et sociale des côtes du golfe de Guinée. Il nous
livre aussi un regard inédit sur la traite des esclaves, ainsi que sur le
commerce de la gomme arabique, de l'ivoire ou de l'or, enjeux fondamentaux de
la lutte que se livrent les grandes puissances européennes et leurs alliés
africains pour la maîtrise des comptoirs et des principaux sites de
ravitaillement. Comme à bord de la Félicité ont aussi pris place de jeunes
princes noirs qui retournent dans leurs pays après avoir été instruits en
Bretagne par les Frères des Ecoles Chrétiennes et largement dotés en
fournitures de toutes sortes, c'est un véritable panorama des rapports
franco-africains que nous offre cette croisière.
139.
BOURSAULT
(Edme). Théâtre
choisi. Nouvelle édition, précédée d'une notice biographique par Victor Fournel
et illustré de quatre gravures coloriées. P., Laplace, Sanchez et Cie, 1883, in-12, lii-366 pp, 4
belles gravures finement coloriées par M. Henri Allouard, reliure demi-chagrin
carmin à coins, dos à 5 nerfs filetés, titre et caissons ornés, doubles filets
dorés sur les plats, tête dorée (rel. de l'époque), qqs rousseurs, bon état
50 €
Dès 1651, grâce à Sébastien Zamet, évêque de Langres, Boursault
(1638-1701) s'installe à Paris. Le
libertin Des Barreaux, qui lui montre « toute la tendresse et toute la bonté
d'un Père », est le premier à découvrir en lui des « dispositions à la Poésie »
et le guide à ses débuts. Corneille, suivant une indication moins sûre,
l'appelle son fils et l'honore de ses avis. Pellisson le présente à Fouquet.
Secrétaire des commandements de la duchesse d'Angoulême en 1660, il lui adresse
sur son voyage de Sens une relation burlesque dont le succès détermine sa
vocation de journaliste. En 1664, il se rend à Eu auprès de Mademoiselle et s'y
lie avec Segrais. Il entretient d'étroites relations avec Charpentier, qu'il
rencontre chez Mme Deshoulières, connaît Ménage, les Tallemant, plus tard (en
1694) La Fontaine, qui apprécie trois de ses épigrammes traduites de l'italien
et visant le Sacré Collège. On le trouve aussi mêlé, avec La Fare et Chaulieu,
à la Société du Temple. Il correspond avec Furetière, la comtesse de La Suze,
Fieubet. Commensal du Président Perrault, c'est auprès de Condé qu'il cherche
appui lorsqu'il perd le privilège de sa gazette. En 1671, sa Véritable Etude
des souverains lui vaudrait une charge de sous-précepteur du Dauphin, grâce à
la protection de Montausier, s'il avait su le latin. Receveur des tailles à
Montluçon depuis 1762, il peut à ce titre tirer d'embarras Boileau en cure à
Bourbon-l'Archambault et offrir de lui avancer jusqu'à deux cent louis. Mais en
1688, il se voit taxé de mansuétude excessive et révoqué par le fermier général
Lejariel. Conscient de ses manques, il refuse de poser sa candidature à
l'Académie en dépit de Thomas Corneille, qui voudrait l'y faire entrer. (B.
Beugnot, Dictionnaire des journalistes)
140.
BROGLIE
(Charles-François, comte de). Correspondance secrète du comte de Broglie avec Louis
XV (1756-1774). Publiée pour la Société de l’Histoire de France par Didier
Ozanam et Michel Antoine. P.,
Klincksieck, 1956-1961, 2
vol. gr. in-8°, cviv-392 et xii-536 pp, 2 portraits en frontispices, un tableau dépliant et une planche hors
texte, index, brochés, dos fendu et pt mque au 1er plat du tome I sinon bon
état, tome II en bon état
60 €
Le comte de Broglie était le chef du "Ministère secret" de Louis
XV. Tome 1 : 1756-1766. Tome 2 : 1767-1774. — "La publication en deux
volumes de la Correspondance secrète du comte de Broglie avec Louis XV par
Didier Ozanam et Michel Antoine constitue un événement : c'est un modèle de
publication de texte, reconstituant une série continue avec des bribes jadis
dispersées aux quatre coins des archives publiques et privées. Une mine de
notes double le texte et met au service du lecteur quantité de renseignements
tirés, pour la plupart, d'archives inédites et souvent inutilisées ; à tel
point que le lecteur le moins versé dans les dédales de la grande politique
européenne du XVIIIe siècle suit, sans aucune peine, une correspondance
secrète, dont la clarté n'est pas, a priori, l'apanage. Seule, la familiarité
des auteurs avec ce monde infiniment complexe, avec cette société intelligente
jusqu'à l'infirmité, des agents du Secret a permis ce tour de force. Le Secret
a, désormais, son classique. La France a eu, pendant trente ans, de 1743 à
1774, deux diplomaties : une officielle dotée de grands moyens, une secrète
plus effacée, mais pas nécessairement moins efficace. Didier Ozanam et Michel
Antoine retrouvent les origines de cette situation, nullement paradoxale, dans
les ambitions polonaises de Conti et le caractère de Louis XV. Secret de Conti,
jusqu'en 1756, de la mort de Fleury au renversement des alliances ; secret de
Broglie, de 1756 au partage de la Pologne et à l'orientation de Louis XV vers
des réformes de structure qu'une mort prématurée ne lui a pas permis de
poursuivre jusqu'à leur terme. (...) On le voit, le livre de Didier Ozanam et
de Michel Antoine est, à son point de départ, un ouvrage d'histoire classique ;
les exigences intellectuelles de ses auteurs lui ont conféré l'étonnante
richesse d'une évocation, en profondeur, du XVIIIe siècle. L'histoire
diplomatique ainsi renouvelée, coulée dans une langue digne de Voltaire, a sa
large place au cœur de l'histoire générale : n'est-ce pas le plus bel éloge qui
puisse être fait de cette Correspondance secrète, et surtout de la très belle
étude qui la précède et la domine ?" (Pierre Chaunu, Annales ESC)
141.
BURGAUD
(Emie et Commandant BAZERIES. Le Masque de Fer. Révélation de la correspondance
chiffrée de Louis XIV. Etude appuyée de documents inédits des Archives du dépôt
de la guerre. Firmin-Didot, 1893, in-12, 302 pp, fac-similés
hors texte, annexes, broché, couv. salie, dos factice, qqs rousseurs, état
correct. Rare
50 €
"Ce volume contient deux parties : une reconstitution du chiffre de
Louis XIV, qui est très ingénieuse et intéressante et que la comparaison d'une
dépêche retrouvée en clair rend probante ; un essai pour résoudre
définitivement la question du Masque de fer. Pour les auteurs, c'est le lieutenant
général Vivien Labbé, seigneur de Bulonde, qui fut enfermé à Pignerol, à
Sainte-Marguerite et à la Bastille, le visage toujours masqué, et y mourut le
19 novembre 1703. II avait, le 28 juin 1691, abandonné le siège de Coni sans
attendre les secours envoyés, et Louis XIV le fit incarcérer à Pignerol le 15
juillet 1691. Faut-il croire, malgré les témoignages, contradictoires il est
vrai, qui parlent de sa libération, que le roi tint à ensevelir dans un éternel
oubli l'officier responsable de la levée du siège de Coni ? Ce n'est pas
impossible, mais c'est peu vraisemblable, et de plus la lecture du mot masque,
dans la dépêche du 8 juillet 1691 , n'est pas absolument certaine, le chiffre
étant unique ; le fait d'avoir eu un masque ne s'applique pas uniquement au
fameux Masque de fer; enfin l'interprétation donnée par les auteurs des ratures
du brouillon de la dépêche de Barbezieux, du 17 novembre 1697, qui prouverait
que le prisonnier masqué, transféré en août 1698 de Sainte-Marguerite à la
Bastille, est bien Bulonde, cette interprétation peut aussi être
discutée." (G. Monod, Revue Historique, 1894)
142.
CASTAN
(Nicole). Les
Criminels de Languedoc. Les exigences d'ordre et les voies du ressentiment dans
une société prérévolutionnaire (1750-1790). Association des publications de l'Université de
Toulouse Le Mirail, 1980, gr. in-8°, viii-362 pp,
préface de Pierre Chaunu, 7 cartes et 35
tableaux, sources et biblio, broché, couv. illustrée, bon état
50 €
"L'enquête menée dans le vaste Languedoc du temps, de Toulouse à
Nîmes et du Puy à Narbonne, livre d'abord un riche matériel quantitatif, appuyé
de tableaux et d'histogrammes, concernant la montée de la criminalité dans la
seconde moitié du siècle, la répartition des délinquants selon le sexe et
l'âge, la ventilation des crimes en plusieurs types : crime sexuel, meurtre,
vol, rébellion... Suivent deux parties, l'une consacrée à la campagne, l'autre
à la ville. La vie au village n'a rien d'une idylle rousseauiste. A une époque
où les écarts de niveau de vie s'accentuent au détriment des pauvres, les
tensions relevant du contentieux foncier, utilisation des communaux et des
forêts, droits de pâture, s'exaspèrent, tandis que la seigneurie et ses droits,
souvent réactivés par des acheteurs bourgeois, sont de plus en plus mal
supportés. On lutte aussi pour le pouvoir municipal, plus encore pour la
défense de l'honneur et du patrimoine. Les occasions de violence, dans une
population aux pulsions primaires, sont nombreuses : le cabaret, les fêtes, les
foires sont souvent incriminés. La ville, où la population est plus mêlée, a
ses lois propres et une criminalité nettement supérieure. La concentration du
monde du travail en certaines rues multiplie les conflits professionnels. Le
relatif anonymat encourage les amours illégitimes. Le vol est le fait criminel
urbain par excellence alors qu'on note une baisse relative de la violence
saignante. Partout, à la délinquance banale, due surtout à la fatalité de la
misère et à l'excusable cupidité s'ajoute à la veille de la Révolution une criminalité
nouvelle et préméditée, fruit du déracinement et de la difficulté qu'ont
beaucoup à se faire une place au soleil. Au total, une abondante moisson qui
éclaire les explosions de la fin du siècle." (Claude Michaud, Dix-huitième
Siècle, 1982).
143.
Catalogue
d'exposition – PAULY (Elisabeth)(dir.). Colbert 1619-1683. P., Hôtel de la Monnaie, 1983, fort pt in-4°,
540 pp, très nombreuses illustrations en noir et quelques-unes en couleurs,
chronologie, 778 numéros décrits avec notices explicatives, broché, couv.
illustrée, bon état (Catalogue de l'exposition tenue à l'Hôtel de la Monnaie du
4 octobre au 30 novembre 1983)
45 €
"Très beau catalogue, édité par le ministère de la Culture. 778
objets, dont beaucoup de documents non connus. Rien que l'analyse détaillée de
la plupart de ces objets suffirait déjà, en soi, pour renouveler nombre de
points." (Jean Meyer, Revue Historique, 1985)
144.
CHARETON
(V.). La
Réforme et les guerres civiles en Vivarais, particulièrement dans la région de
Privas (Valentinois), 1544-1632. P., Editions
de documents d'histoire, Paul Catin,
1913, in-8°, xii-430 pp, 12
photos sur 7 pl. hors-texte, 8 gravures et plans dépliants, une gravure et qqs
figures dans le texte, table chronologique, index, broché, bon état (ouvrage
couronné par l’Académie française , Prix Thérouanne 1916)
80 €
"M. Chareton vient d'exposer en véritable historien, les péripéties
de “La Réforme et les guerres civiles en Vivarais”. A l'aide de nombreux documents d'archives,
souvent inédits, il a très fortement retracé l'histoire du Vivarais pendant
près d'un siècle. De cette succession de luttes qui semblent se répéter sur un
mode invariable, de cet imbroglio d'escarmouches et de combats, entremêlés de
trêves plus ou moins sérieuses, de tractations diplomatiques, de «
maquignonnages » de consciences chez les grands, d'explosions de fanatisme dans
le peuple, M. Chareton a su tirer un récit précis, complet et vivant
sans longueurs, exempt de monotonie et toujours passionnant. Ce résultat, il
l'a atteint par une attentive observation du terrain, par un minutieux examen
des forteresses, une connaissance impeccable de la stratégie militaire, et
aussi par une profonde psychologie des principaux acteurs du drame, crayonnés
de main de maître. Le Vivarais par sa
position même, devait jouer dans l'histoire des guerres civiles un rôle
capital. Sa possession assurait aux religionnaires, avec la maîtrise du Rhône,
principale voie de ravitaillement des armées royales en Languedoc, celle du
plus court chemin entre Nîmes et Genève. Privas en était la clef. Une série de
châteaux et de maisons fortes le protégeaient. Elle devint le centre
intellectuel protestant de la région, et fut le siège, en 16(2, d'un synode
national. La recrudescence des luttes fratricides qui s'affirma à la faveur de
la minorité de Louis XIII, devait, après une série de révoltes où les intrigues
intéressées des chefs intervinrent autant et plus que les passions religieuses
des masses, convaincre Richelieu que c'était là qu'il fallait frapper le coup
décisif : le sac et l'incendie de Privas en constituèrent le sanglant épilogue.
Ils ne furent l'oeuvre que d'une soldatesque effrénée. Louis XIII et son
ministre les désavouèrent et les déplorèrent. La pacification du Vivarais fut
complète et, à l'exception de Privas, le roi lui accorda pleine et entière
amnistie. La révolte postérieure et l'exécution de Lestrange ne sont qu'un
épisode des dernières luttes de la monarchie absolue et de la féodalité."
(Lucien Borel du Bez, Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de
la Drôme, 1914) — "M. V. Chareton publie un intéressant volume sur “La
Réforme et les guerres civiles en Vivarais”. Il s'agit précisément ici de la
région de France qui a conservé avec le plus de ténacité le culte protestant,
qui donna l'un des plus vigoureux efforts pendant les guerres de religion, et
qui, malgré les ravages des guerres successives, resta, jusqu'aux Camisards, le
dernier théâtre des soulèvements religieux. Comment les doctrines luthériennes
s'implantèrent-elles dans ces régions âpres, et parmi ces montagnards à la vie
rude, à la foi simple, à la dévotion populaire, peu enclins aux querelles
théologiques ? Elles paraissent avoir été importées, très tôt après la révolte
de Luther, par des étudiants venus d'Allemagne ou de Suisse, traversant le pays
pour se rendre à Toulouse, où les attirait l'éclat tout particulier de
l'enseignement donné dans la capitale du Languedoc. II y avait, paraît-il, déjà
beaucoup de luthériens à Toulouse en 1532. La pénétration se fit peu à peu,
sans éclat, et ne se révéla que vers 1534. Mais, dit M. Chareton, « le grain
n'eût pas germé si le terrain n'avait été de longue date préparé par une main
invisible, et cette main était celle du mécontentement, de la misère ».
L'auteur récapitule alors les impôts, les charges qu'ont entraînées les guerres
de François Ier contre Charles-Quint et qui pesaient lourdement sur ce pays
naturellement pauvre ; il rappelle les fléaux, la disette, la peste, qui
s'étaient ensuite abattus sur le pays, et dont l'ensemble fit lever un vent de
révolte qui prit corps d'abord dans une série de brigandages, puis dans un
mouvement religieux quand celui-ci fut en rupture d'obéissance envers le
pouvoir souverain. C'est, en petit, un essai de révolution politique. M.
Chareton nous raconte, avec détails originaux et d'après de nombreux documents,
les guerres répétées dans ce pays propice par ses formes heurtées à la guerre
des brigands ; il nous montre en phototypies les villages fortifiés perchés sur
les hauteurs, les châteaux juchés en nid d'aigle, les cavernes logées dans les
déchirures du granit et fermées de murailles et de tours. L'on devine ce que
dut être la guerre dans un tel pays. Le siège de Privas, en 1629, suivi du sac
de la ville, en fut le dernier épisode. L'édit d'Alais, la même année, rendit
le calme à ce pays. Louis XIII assurait à tous les habitants du Vivarais le
libre exercice du culte protestant et confirmait l'édit de Nantes. Mais il
fallut raser toutes les fortifications et disparaître comme organisation
politique. M. Chareton a appuyé son récit sur de nombreux documents, et l'a
abondamment illustré par des cartes, plans, dessins, photographies ; de plus,
il a retracé cette histoire sanglante avec une impartialité louable, car il
compte parmi ses ascendants l'une des victimes que fit la soldatesque dans le
sac de Privas." (Jean Delattre, revue Etudes, 1914)
145.
CONDILLAC
(Etienne Bonnot de). Cours d'étude pour l'instruction du prince de Parme, aujourd'hui son
altesse royale l'infant D. Ferdinand, duc de Parme, Plaisance, Guastalle,
&c. &c. &c. Par M. l'Abbé de Condillac... Genève, chez François Dufart ; Lyon, chez Bruyset ;
P., chez Volland, 1788-1789, 16
vol. in-12, 9 planches dépliantes hors texte au tome 3, reliures
bradel papier vert foncé, dos lisses avec filets dorés, pièces de titre basane
carmin (rel. de l'époque), manque 8 pièces de titre, qqs cahiers légèrement
déboîtés, pas de rousseurs mais pt travail de vers sans gravité sur qqs
feuillets de 4 des volumes, les 2 dernières pages de la table des matières du
tome 1 et les pages de faux-titre et de titre du tome 6 ont été recopiées à la
plume très proprement, état correct
200 €
Elève des Jésuites de Lyon, puis du Séminaire de Paris, ordonné prêtre en
1740, Condillac (1714-1780) quitta très tôt le sacerdoce pour la vie mondaine
des gens de lettres. De 1758 à 1767, il vit à Parme, précepteur de l’Infant,
pour lequel il rédige un Cours d’études. De retour à Paris, il est élu à
l’Académie française ; en 1759, il sera membre de l’Académie de Berlin, puis en
1776, de la Société Royale d’Agriculture d’Orléans. Déclinant l’offre du
Dauphin qui souhaitait lui confier l’éducation de ses fils, il se retire chez
sa nièce pour y préparer l’édition future – et posthume – de son oeuvre. —
Table : tome 1. Grammaire. De l'analyse du discours. Des éléments du discours ;
tome 2. L'art d'écrire ; tome 3. L'art de raisonner ; tome 4. De l'art de
penser ; tomes 5 à 10. Histoire ancienne ; tomes 11 à 15. Histoire moderne
(jusqu'en 1720) ; tome 16. De l'étude de
l'histoire.
146.
DESPRAT
(Jean-Paul). Les
Bâtards d'Henri IV. L'épopée des Vendômes (1594-1727). Perrin, 1994, gr. in-8°, 706 pp,
notes, généalogies, biblio, broché, couv.
illustrée, bon état
25 €
Issus des amours de Gabrielle d'Estrées et d'Henri IV, contemporains du
Grand Siècle (1589-1715), trois couples de frères – César et Alexandre, Louis
et François, Louis-Joseph et Philippe – accompagnent la montée de
l'absolutisme, tantôt ravalés aux tréfonds de la disgrâce, un autre jour élevés
au pinacle, déchirés par leur passion fraternelle. Henri IV les a portés très
loin dans son affection, comme les fruits d'une passion dévorante. César et
Alexandre n'avaient-ils pas hérité des qualités de coeur du Vert-Galant, de sa
verve et de sa bravoure ? Persécutés par Louis XIII et Richelieu, exilés, puis
remis en selle par Mazarin qui les unit à sa famille pour mêler son sang à
celui des rois, les Vendômes dominent leur temps, admirés pour leur génie
militaire, comme pour leurs vices. Avec l'érudition, la liberté de ton et
l'insolence qui sied aux bâtards, Jean-Paul Desprat restitue l'histoire des
Vendômes, ces princes de la main gauche dont l'épopée tient à la fois de la
chanson de geste, du récit chevaleresque et du conte libertin.
147.
DU
COLOMBIER (Pierre Poinçon de La Blanchardière, dit). L'Art français dans les
cours rhénanes. P., La
Renaissance du Livre, 1930, pt in-8°, 189 pp,
24 planches en héliogravure hors texte, index,
broché, bon état (Coll. L'Art français à l'étranger)
25 €
La vie de ces cours est très loin d’être une maladroite singerie de ce qui
se fait en France. Les peintures de François Rousseau, peintre officiel de la
cour de Bonn, en offrent un témoignage.
148.
FIEFBRUN
(René de Cumont, sieur de), Eugène HALPHEN. Véritable Discours de la naissance et vie de
monseigneur le Prince de Condé jusqu'à présent, à lui desdié par le sieur de
Fiefbrun ; publié d'après le manuscrit de la Bibliothèque Impériale par E.
Halphen ; suivi de lettres inédites de Henri II, prince de Condé. P., Auguste Aubry, l'un des libraires de la Société
des Bibliophiles François, 1861, pt in-8°, xxx-106 pp,
notes, reliure demi-chagrin noir, dos à 4 nerfs
pointillés soulignés de doubles filets dorés, titres dorés (rel. de l'époque),
bon état. Edition originale tirée à 250 exemplaires seulement, celui-ci un des
221 ex. sur papier vergé
80 €
Intéressante relation écrite par un serviteur dévoué des Condé. A lire
notamment pour les informations touchant au mariage de Henri Ier de Condé et
aux voyages de son fils Henri II. Longue introduction de l'historien Eugène
Halphen (1820-1912).
149.
FONTAINES
(Mme de). Histoire
de la comtesse de Savoie. Nouvelle édition, publiée avec notices et
commentaires par Charles Buet. Moutiers,
Brides-les-Bains (Savoie), F. Ducloz,
1889, in-8°, 235 pp, 2
gravures, texte joliment encadré, impression en couleurs et or, broché,
couverture rempliée, bon état. Edition originale, un des 500 exemplaires
numérotés sur papier simili-japon (seul tirage)
40 €
Splendide ouvrage pour les bibliophiles. — "L'Histoire de la comtesse
de Savoie est le meilleur des romans composé par Mme de Fontaines au
commencement du dix-huitième siècle. On soupçonna Voltaire d'y avoir mis la
main. En réalité, sa tragédie peu connue d'Artémise, jouée en 1720, offre même
plan, même marche et mêmes détails. Mme de Fontaines a imité l'épisode de
Genèvre et Ariodant, de l'Arioste, et emprunté à Mme de la Fayette le caractère
de son héros Mendoce et de la comtesse, sans atteindre le charme délicat de la
Princesse de Clèves. Ce petit volume était presque introuvable. M. Ch. Buet l'a
fait réimprimer avec notices et commentaires, plus encore par amour de sa chère
Savoie que par admiration littéraire. Cette édition très coquette, un peu trop
bigarrée peut-être d'encres dorée, argentée, rouge, rose, bleue, verte et même
noire, est dédiée à Sa Majesté Marguerite de Savoie, reine d'Italie. Elle a été
tirée à cinq cents exemplaires. C'est une curiosité bibliographique." (Et.
Cornut, Etudes religieuses, philosophiques, historiques et littéraires, 1890)
150.
GUERDAN
(René). La
Vie quotidienne à Genève au temps de Calvin. Hachette,
1973, in-8°, 254 pp, un plan
de Genève au XVIe siècle, une gravure de la cathédrale de Saint-Pierre en 1735,
biblio, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
25 €
Genève, au temps de Calvin, est une ville à un tournant de son histoire.
Elle vient d'acquérir son indépendance, et de se donner à la Réforme. Tous ceux
que persécute le catholicisme, tournent leurs regards vers elle, et viennent
s'y réfugier en si grand nombre que la population finira par compter un
étranger sur trois. Avant tout, il s'agit de Français, qu'attirent la
communauté de langue et le fait que les pasteurs qui dirigent la ville –
moralement et en fait politiquement – sont également des Français, Calvin
compris. En quelle intelligence les autochtones vivaient avec tous ces
immigrants ; quelle fut la contribution - immense – des Protestants français à
la construction de la Genève moderne, c'est ce que ce livre s'attache, entre
autres, à montrer. On y voit aussi comment, contrairement à une opinion
répandue, celle qu'on devait appeler la Cité de Calvin, fut loin d'être unanime
derrière ce dernier. L'ordre moral que le Réformateur a essayé d'instaurer, est
constamment enfreint, même par les plus hauts magistrats, qui, bien souvent, se
retrouvent en prison, à commencer par le chef de la prison lui-même ! Enfin, on
voit à quels résultats surprenants put conduire l'édification d'un État qui, au
début des temps modernes, ne craignit pas de prendre pour constitution... la
Bible elle-même et, pour modèle institutionnel... l'État d'Israël au temps de
la royauté ! — "Ce petit livre n'est pas œuvre de spécialiste; mais il
repose sur des lectures très étendues, notamment d'articles qui sont
relativement peu connus en dehors de Genève (où l'auteur, ancien fonctionnaire
de l'ONU, s'est fixé) ; et cependant il ne se place pas « au point de vue
genevois », au mauvais sens que pourrait avoir une telle expression : je veux
dire par là qu'il n'a absolument rien d'hagiographique ; l'ouvrage se
recommande, bien au contraire, parce qu'il est l'opposé d'une hagiographie, il
marque avec force ce que gommerait ou atténuerait une hagiographie. Non
seulement, bien sûr, l'opposition à Calvin. Mais des points de caractère
beaucoup plus matériel : à titre d'exemple, le manque d'eau, les nombreuses «
pestes », le lupanar officiel d'avant la Réformation, l'instituteur Louis
Enoch. Le chapitre « Vie économique » est solide, et donne aux questions
d'économie la place qu'elles méritent. Le plan de Genève, lisible, est par
contre très peu commodément placé (en dépliant au dos de la couverture)."
(Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français)
151.
HILTON
(Lisa). Athénaïs
de Montespan. Alvik, 2004, in-8°, 492 pp, traduit
de l'anglais, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
Historienne de l'art, Lisa Hilton s'est prise de passion pour
l'aristocrate dont la beauté et la vivacité d'esprit ont subjugué le Roi Soleil
: Athénaïs de Montespan. D'une intelligence rare, ayant du goût pour
l'architecture et pour les festivités, cette dernière a oeuvré de manière
décisive au rayonnement de Versailles en Europe. Gourmande et sensuelle,
Athénaïs de Montespan a su satisfaire et entretenir les appétits d'un roi aussi
avide qu'inventif et ce pendant de longues années. Sa biographie prouve
qu'intrigues amoureuses et joutes verbales influencent le cours de l'histoire.
L'analyse chronologique de la naissance, de la vie, du déclin et de
l'extinction de la passion liant Louis XIV et Mme de Montespan est l'occasion
d'une peinture de la condition et de la vie des courtisanes, puis, plus
largement, de celle des femmes. La place qu'elles occupent dans les salons
littéraires, la maternité, l'accouchement, la perception de l'enfant au XVIIe
siècle, autant de sujets, qui, explorés à la lumière des correspondances
(lettres de Mesdames de Sévigné, de Montespan et de Maintenon) et des mémoires
(de Saint-Simon et de "Monsieur", frère du roi Soleil), ou même de
refrains populaires, captivent plus sûrement le lecteur qu'une classique
biographie "intimiste" sur fond d'événements politiques et
militaires. — L'écriture de Lisa Hilton reflète à merveille l'ambiance pleine
de gaieté, d'esprit et de subtile légèreté qui régna à la cour du Roi Soleil et
dans les salons littéraires tout au long de "l'ère Montespan".
152.
KAHANE
(Ernest). Parmentier
ou la dignité de la pomme de terre. Essai sur la famine. Librairie Albert Blanchard, 1978, in-8°, 183 pp, broché,
non coupé, bon état
25 €
"Vraisemblablement originaire du Chili, la pomme de terre aurait été
introduite dans notre pays vers le milieu du XVIe siècle, mais plutôt comme
plante médicinale que comme aliment. C'est seulement au début du XVIIIe siècle,
vers 1716, que l'on vit apparaître le terme de « pomme de terre », et l'auteur
indique qu'il y aura bien des étapes entre l'arrivée des premiers tubercules et
le « triomphe » de la pomme de terre en qualité de denrée alimentaire
fondamentale, triomphe largement dû à Parmentier. Kahane rappelle dans quelles
conditions ce dernier fut amené d'abord à connaître les misères du peuple et,
d'autre part, à essayer de le soustraire à la faim en lui procurant les
ressources que la nature mettait à sa disposition. A vingt ans, en 1757, à
l'occasion de la guerre de Sept ans, Parmentier fut envoyé à l'Armée de Hanovre
comme pharmacien militaire. Parmentier rentra en France en 1763, suivit des
cours de chimie, de physique, de sciences naturelles et obtint en 1766 la place
de pharmacien gagnant-maîtrise à la Maison royale des Invalides ; et c'est
grâce au petit jardin attenant à l'apothicairerie qu'il put se livrer à ses
travaux d' « utilité domestique » et surtout à l'agronomie. La terrible disette
des années 1769 et 1770 le résolut à lutter contre ce fléau. C'est alors qu'il
s'intéressa, au début de 1771, au concours organisé par l'Académie de Besançon
sur le thème : « Indiquer les végétaux qui pourraient suppléer en temps de
disette à ceux que l'on emploie communément à la nourriture des hommes et quelle
devrait en être la préparation. » Le 24 août 1772, l'Académie décernait le prix
à Parmentier. C'est à partir de ce moment qu'il se fit réellement le
propagandiste de la pomme de terre, combattant avec ardeur les préjugés qui
s'opposaient à ce que se répande cet aliment sur lequel on pouvait compter pour
nourrir les populations en période difficile. L'auteur insiste à juste titre
sur le fait que Parmentier n'a en rien été et n'a jamais prétendu être – bien
au contraire – l'« inventeur » de la pomme de terre que la légende a fait de
lui. E. Kahane rappelle aussi que Parmentier était un esprit très ouvert à
toutes les branches de l'économie rurale et domestique. Nouveaux procédés pour
conserver les grains et activer leur germination, eaux minérales, eaux communes
pour la boisson des troupes, nature des eaux de la Seine, qualités nutritives
et principes sucrés de la châtaigne et du maïs, salubrité des hôpitaux civils
et militaires, pratique des exhumations, fabrication du sirop de raisin pour
suppléer le sucre de canne des colonies, propagation de la vaccine, tels furent
quelques-uns des sujets auxquels Parmentier consacra son zèle et son érudition.
L'ouvrage se lit avec agrément et constitue un travail intéressant qui complète
les nombreux livres et articles déjà consacrés à l'illustre apothicaire-major
des Invalides." (Henri Bonnemain, Revue d'Histoire de la Pharmacie, 1979)
153.
LA
GORCE (Agnès de). Camisards et dragons du roi. Albin Michel, 1950, in-8°, 363 pp, 16 pl.
de gravures et une grande carte dépliante des Cévennes au XVIIe siècle hors
texte, biblio, broché, bon état
25 €
"En 1689, après que Guillaume d'Orange se fut emparé du trône
d'Angleterre, des pasteurs et des prédicants revinrent d'exil et s'installèrent
clandestinement en Languedoc, pour y lutter contre Louis XIV. En dépit des
exécutions, des prophètes, des illuminés s'insurgèrent, conduits par Jean
Cavalier, garçon boulanger en 1701 à Anduze, et Pierre Laporte, dit Roland. La
révolte des Camisards commençait. Le grand intérêt du livre d'Agnès de la
Gorce, c'est de nous présenter avec une émotion sachant demeurer objective
cette triste histoire qui semble d'aujourd'hui..." (Georges Huisman,
Hommes et mondes, 1951)
154.
LE
ROY LADURIE (Emmanuel). L'Ancien Régime, de Louis XIII à Louis XV, 1610-1770. Hachette,
1991, in-4°, 461 pp, abondamment
illustré en noir et en couleurs, 12 cartes, généalogies, chronologie, biblio,
index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée en couleurs, bon état (Coll.
Histoire de France Hachette, 3)
50 €
"Marie de Médicis, régente après 1610, recueille les derniers soupirs
de la monarchie tempérée. Avec l'absolutisme, inauguré par Richelieu entre 1614
et 1627, se met en place un système brillant, coûteux, belliqueux, relativement
souple, efficace, emprunt de Raison volontaire et bientôt modernisatrice, mais
fondé pour l'essentiel, en l'absence d'assemblées représentatives à l'échelon
national, sur une concentration, assez théorique en fait, de la souveraineté :
celle-ci s'incarne dans un monarque individuel (le roi Bourbon) et dans une
instance collective : la "robe du Conseil", classe politico-fonctionnelle
des conseillers d'Etat et des maîtres des requêtes. L'énarchie de l'époque...
Le compromis de base qu'avait instauré Henri IV (accommodement avec les
huguenots indigènes, entente avec les nations protestantes, croissance des
richesses du pays) finit par se changer en son contraire, sous Louis XIV
vieillissant : persécution contre les réformés, cassure avec les Pays-Bas et
l'Angleterre, difficultés économiques dues aux guerres interminables. Et
cependant (le Roi-Soleil ayant disparu) l'absolutisme, tout en restant fidèle à
lui-même, va se laisser aller, sous Philippe d'Orléans, puis Louis XV ; à des
phases d'ouverture séduisantes : il y a derechef coexistence factuelle quoique
fort agitée avec les jansénistes, voire les huguenots ; rapprochement à éclipse
en direction des puissances maritimes, libérales, capitalistes ; puissant essor
économique. Considérée dans sa totalité, la monarchie absolue représente sur le
continent, à l'étranger comme en France, et non sans fluctuations, un stade
fréquent, quoique pas obligatoire, du développement institutionnel et
politique. Etape fréquente, liée à la naissance de l'Etat moderne, mais limitée
dans la durée. A partir de 1775, s'amorce un nouveau passage ; il s'étalera sur
près d'un siècle ; une transition s'effectue en effet, qui mène de la
légitimité aristo-héréditaire, celle de jadis, jusqu'à la nouvelle légitimité
démocratique ou, pour le moins, représentative : la nôtre. Le phénomène
s'affirme avec violence, dès 1789, sous forme d'une rupture spectaculaire,
suivie d'une longue vacance de légitimité." (Emmanuel Le Roy Ladurie)
155.
LOTTIN
(Alain). Lille,
citadelle de la Contre-Réforme ? (1598-1668). (Thèse). Dunkerque, Westhoek-Editions, Les Editions des
Beffrois, 1984, gr. in-8°, 517 pp,
17 illustrations, 9 cartes, plans et graphiques,
19 tableaux, 20 fac-similés et documents, notes, annexes, sources, biblio, 3
index, broché, couv. illustrée, soulignures crayon, bon état
60 €
Lille, grande ville manufacturière et marchande des Pays-Bas espagnols,
peuplée d'environ 45.000 habitants vers 1640, est un observatoire privilégié
pour suivre le cheminement et les multiples aspects d’une vigoureuse
Contre-Réforme qui progressivement devient une réforme catholique authentique
et profonde. Pendant les Troubles, à la différence de Tournai ou de
Valenciennes, Lille était restée contrôlée par un Magistrat catholique et, dès
1579, elle est une des premières à se réconcilier avec le roi d’Espagne, sur la
base de la reconnaissance du seul catholicisme. Des centaines de protestants
sont bannis collectivement, d’autres sont contraints de se convertir, la
sorcellerie y est traquée, l’instruction religieuse est obligatoire pour les
enfants le dimanche, les curés sont invités à tenir un « liber animarum » sur
le modèle borroméen pour contrôler l’orthodoxie de leurs paroissiens. La ville,
agrandie, connaît une véritable « invasion conventuelle ». Religieux, notamment
jésuites et capucins, et religieuses, appuyés par les évêques, les curés et le
Magistrat de la cité entreprennent de convertir la population à un catholicisme
régénéré et dynamique. Offices, confréries, processions, dévotions
s’épanouissent. La messe est valorisée, la confession et la communion
deviennent les sacrements de la conversion permanente. Les œuvres de
miséricordes et les fondations se multiplient : ce sont « les hautes eaux de la
charité ». C’est aussi le temps de la mort chrétienne et des prières pour les
pauvres trépassés. Cette « catholicisation » de la population a certes ses
limites et est ébranlée par la guerre franco-espagnole (1635-1659) qui ravage
la région. Mais elle a rarement atteint un tel degré dans l’histoire de la
cité. Et le cas lillois témoigne du grand mouvement qui a fait appeler les
Pays-Bas espagnols, « Pays-Bas catholiques ». — La thèse d’État d’Alain Lottin,
qui repose sur dix années de travail dans les archives et bibliothèques de
Lille, Bruxelles, du Vatican, etc.
156.
LOUX
(Françoise). Pierre-Martin
de La Martinière, un médecin au XVIIe siècle. Imago, 1988, in-8°, 254 pp,
biblio, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
"Dès dix ans apprenti chirurgien sur les champs de bataille,
prisonnier des corsaires, puis vendu comme esclave en Barbarie, explorateur du
Grand Nord, alchimiste déçu, médecin du roi enfin, La Martinière manifesta sa
vie durant un grand sens de l'aventure et, disciple de Paracelse, un constant
désir d'apprendre par l'observation directe de la nature..." — "Cette
étude, basée sur les divers écrits de La Martinière (récits de voyage, ouvrages
polémiques et livres de conseils), ne se veut pas étude de la médecine au XVIIe
siècle, mais analyse de la position d'intermédiaire qu'occupait La Martinière,
position renforcée par sa formation de médecin acquise "sur le tas".
A cette époque, il n'existe pas de séparation bien nette entre le savant et le populaire
; le symbolique et l'imaginaire occupent encore une place très importante dans
le discours savant sur le corps, bien que l'on assiste à une recherche de plus
en plus scientifique..." (Annick Vilain, Civilisations, Vol. 37, No. 2,
Ethnologies d'Europe et d'ailleurs, 1987)
157.
MALET
(Albert) et Jules ISAAC. XVIIe & XVIIIe siècles. Hachette,
1928, in-12, 650 pp, 214
gravures et 20 cartes, cart. vert imprimé de l'éditeur, état correct (Cours
complet d'Histoire, classe de Seconde)
25 €
Un manuel classique, qui a formé des générations successives de lycéens :
le « Malet-Isaac » occupe une place de choix dans la mémoire scolaire
française. Un succès dû à ses qualités : un récit chronologique bien construit,
écrit dans une langue claire, qui constitue un aide-mémoire de choix pour tous
publics. Pour les historiens, c'est aussi le témoignage de ce que fut la
vulgarisation historique à l'intention des classes secondaires pendant près
d'un demi-siècle.
158.
MÉCHOULAN
(Henry). Amsterdam
au temps de Spinoza. Argent et liberté. PUF, 1990, in-8°, 277 pp,
biblio, index, broché, couv. illustrée,
défraîchi, trace d'humidité ancienne en marge des derniers feuillets, état
moyen
20 €
La ville d'Amsterdam a été le laboratoire de l'argent dans sa modernité et
celui des libertés dans leur diversité. Libertés gagnées au prix du sang,
contre l'Espagne d'un Philippe II cupide et intolérant. Grâce au lien
circulaire entre argent et liberté, la ville, après la première révolution
européenne qui enfanta la République des Provinces-Unies à la fin du XVIe
siècle, fut seule capable dans le monde d'éradiquer le despotisme, la tyrannie,
le fanatisme, bien avant les exigences de 1789. Elle accueillit les Juifs
fuyant l'inquisition, les Protestants pourchassés dans leurs pays et d autres
hétérodoxes. Elle a aussi permis de faire entendre les voix de Descartes et de
Spinoza que nous ne cessons encore d'interroger. Mais doit-on pour autant
confondre argent et liberté, fin et moyens ? Amsterdam a-t-elle été fidèle à
cette volonté de liberté honnie par les rois et les prêtres mais qui a sauvé
des milliers de victimes de la violence et de l'intolérance ? Il appartient au
lecteur d'apprécier l'usage que la ville faisait de son argent et de sa
liberté, à l'heure où la République vivait son siècle d'or, et de ne pas
oublier que le regard sur le passé n'est jamais neutre. — "Amsterdam au
Siècle d’or comme laboratoire d’un « lien circulaire » entre l’argent et la
liberté : c’est la lecture que nous propose Henry Méchoulan, directeur de
recherches au CNRS. Dans son « Avertissement », il livre l’essentiel de son
propos, développé de façon très appuyée, au long de ces 262 pages : « montrer
le lien ambigu qui s’est établi entre l’argent et la liberté, en un lieu, en un
temps et réfléchir sur les conséquences de ce lien », « l’argent et la liberté
pouvant coexister, voire se nourrir de ce lien » (p. 7). Il déploie cette
démonstration en décrivant les mécanismes du pouvoir, les circuits économiques,
les communautés immigrées mais aussi par des récits (la guerre des Gueux, la
création de la Compagnie des Indes Orientales, la crise de la Tulipe, la
querelle des Arminiens et des Gomaristes...), de petites études thématiques (le
« magistrat » et le pouvoir, la banque, la communauté juive, le « Rasphuis » –
maison pour les pauvres et les délinquants), de courts éclairages biographiques
: le régent Bontemantel, Menasseh ben Israël… mais pas Spinoza – qui, comme
Rembrandt, ne fait que passer – à travers quelques rappels et citations."
(Laurent Mercier, Diasporas n° 27)
159.
MICHON
(Cédric). La
Crosse et le Sceptre. Les prélats d'Etat sous François Ier et Henri VIII.
(Thèse). Tallandier, 2008, in-8°, 383 pp, annexes,
notes, sources, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
60 €
A la Renaissance, les puissantes monarchies de France et d'Angleterre
connaissent d'importantes mutations qui se traduisent notamment par
l'affirmation d'un État de plus en plus centralisé, bureaucratique et efficace.
Dans ce processus crucial de l'histoire de l'Occident, une catégorie de
serviteurs joue un rôle tout à fait déterminant. Identifiés par Cédric Michon
qui les appelle "prélats d'Etat", des dizaines d'évêques et de
cardinaux s'investissent dans tous les secteurs de l'administration monarchique
jusqu'à en prendre parfois la direction. Dans ce monde de pouvoir, d'ambition,
d'argent et de violence, les Jean du Bellay, François de Tournon, Stephen
Gardiner ou Cuthbert Tunstall tiennent la dragée haute aux arrogants magnats
laïcs comme aux ambitieux juristes. On y rencontre l'évêque Rowland Lee,
"nettoyeur" du Pays de Galles ; le cardinal de Gramont, redoutable
diplomate ; le tout puissant cardinal Thomas Wolsey, chef du conseil et
chancelier d'Henri VIII. On y voit les prélats d'Etat français proposer au roi
les services des réseaux humanistes que leur généreux mécénat entretient et
dont ils font des réseaux d'espionnage. On découvre comment leurs homologues
anglais, hommes nouveaux issus des collèges, en butte au mépris brutal des
courtisans, y répondent par la solidarité universitaire, mettant en place une
véritable “Cambridge Connection”. S'appuyant sur des sources issues de plus de
trente fonds d'archives conservés en France, en Angleterre, en Italie et aux
Etats-Unis ce livre ressuscite le monde de la cour et de l'administration de
deux rois glorieux, véritables frères ennemis, François Ier et Henri VIII.
160.
MIQUEL
(Pierre). Les
Guerres de Religion. Fayard, 1980, fort in-8°,
596 pp, une carte du voyage de Charles IX en France, généalogie simplifiée des
familles princières, chronologie, biblio, index, broché, couv. illustrée à
rabats, bon état
25 €
Du premier martyr protestant – en 1523 – au dernier pasteur persécuté – à
la fin du XVIIIe siècle – l'affrontement des deux religions, la catholique et
la réformée, fit des centaines de milliers de victimes dans toutes les régions
de France, et pas seulement à Paris : les villes, les villages et jusqu'aux
familles étaient divisées. Dans les deux partis, l'enchaînement de la peur et
de la violence conduisait aux pires excès. Le lent combat des huguenots pour la
liberté, la longue marche des catholiques pour la réforme de l'Eglise ont
touché de près tous les Français, dans le flamboiement sauvage du XVIe siècle.
Les idées de Luther et de Calvin n'ont pas apporté que la guerre et la torture.
Elles ont fait entrer les Français, à toute allure, dans le monde moderne où
chacun choisit et défend passionnément sa religion, au péril de sa vie...
161.
MOUSNIER
(Roland). Les
XVIe et XVIIe siècles. Les progrès de la civilisation européenne et le déclin
de l'Orient (1492-1715). PUF, 1956, gr. in-8° carré, 609 pp,
2e édition revue et corrigée, 48 planches
d'illustrations en héliogravure hors texte, 22 cartes, croquis et diagrammes,
biblio, chronologie, index, reliure toile bleue de l'éditeur, jaquette
illustrée, bon état (Coll. Histoire générale des civilisations)
30 €
La dispersion et l'isolement des groupes humains, à la fin du XVe siècle,
font s'ignorer totalement des civilisations distinctes : les sociétés
américaines, celles du Pacifique sont inconnues de l'Ancien Monde ; l'Europe,
l'Asie, l'Afrique se connaissent à peine. C'est alors que se manifeste en
Europe une prodigieuse force de création et d'expansion, qui produira pendant
deux siècles des découvertes dans tous les domaines. Une nouvelle époque de
l'humanité commence. Elle se caractérise par le puissant développement de
l'individualisme. La passion pour l'antique révèle l'instinct d'une nouvelle
vie par laquelle les hommes se libéreront du Moyen Age. Stimulé par le commerce
maritime et colonial, par l'afflux des métaux précieux, par la hausse des prix
qui s'accélère au cours du XVIe siècle, le capitalisme croît rapidement. Les
Bourses apparaissent, les banquiers se spécialisent : l'individu fort triomphe
dans l'entreprise capitaliste. L'individualisme s'affirme dans la mutation
intellectuelle du mécanisme, dans les réformes religieuses, dans l'essor des
nations : à l'idée du Saint-Empire, de la République chrétienne et hiérarchisée
se substitue la conception d'un ensemble d'Etats souverains. L'énergie
individuelle ainsi libérée rend l'Européen irrésistible : pour la première
fois, et sur une vaste échelle, il entre en contact avec les autres continents.
L'Europe s'apprête à dominer le reste du monde. (Roland Mousnier)
162.
OLIVIER-MARTIN
(François). L'Absolutisme
français. P., Editions
Loysel, 1988, gr. in-8°, 359 pp,
broché, bon état. Réimpression de l'édition “Les
Cours de Droit”, 1950-1951
40 €
"Pendant une trentaine d'années, de 1921 à 1951, François
Olivier-Martin a enseigné l'histoire du droit à la Faculté de droit de
l'Université de Paris. Ses cours de doctorat ont été fameux et bien de ses
anciens étudiants en gardent encore un souvenir ébloui. Certains de ces cours
avaient bénéficié en leur temps de publications ronéotypées qui, par la qualité
de l'information, de l'expression et de la pensée, avaient aussitôt pris rang
d'ouvrages de référence, dont les exemplaires, matériellement fragiles et tirés
à petit nombre, sont aujourd'hui aussi introuvables que recherchés. On se
félicitera donc de les voir enfin réédités, notamment celui intitulé
“L'absolutisme français” (Editions Loysel, 1988, 359 pages). C'est une étude
sur la constitution de l'ancienne monarchie qui, quels qu'aient été les travaux
parus depuis sur le sujet, n'a rien perdu de son intérêt et de sa rigueur. F.
Olivier-Martin n'a pas fondé son propos sur les actes de la pratique politique
et administrative qu'il aurait dépouillés dans les archives, mais sur des
lectures immenses : écrits et discours des souverains, traités anciens de droit
public, de science politique et de théologie, recueils d'ordonnances, de lois
et d'arrêts, coutumiers, cérémoniaux, etc., fournissant ainsi de multiples
références qui demeurent le point de départ de recherches nouvelles. Sous un
format commode, cette réédition est en fait la pure et simple reproduction
anastatique du cours ronéotypé." (Michel Antoine, Bibliothèque de l'École
des chartes, 1990)
163.
PAGÈS
(Georges), avec la collab. de Victor-L. Tapié. Naissance du Grand Siècle. La France de
Henri IV à Louis XIV, 1598-1661. Hachette, 1948, in-12, 221 pp, avant-propos
de Victor-L. Tapié sur Georges Pagès (1867-1939) (29 pp), broché, bon état
20 €
"La mort soudaine de Georges Pages en septembre 1939 a été une perte
sérieuse pour la recherche historique française, car son projet d'histoire de
l'administration française aux seizième et dix-septième siècles qui devait
suivre son célèbre ouvrage sur “La Monarchie d'Ancien Régime” aurait
certainement été une contribution de première importance à un sujet qui a
grandement besoin d'une clarification faisant autorité. A défaut, cependant, un
petit volume publié à titre posthume sous le titre “Naissance du Grand Siècle”
(Hachette, 1948) représente ce qu'il avait déjà écrit d'une étude générale
destinée à couvrir l'histoire de France depuis Henri IV jusqu'à la fin de la
monarchie. Il s'agit d'un ouvrage magistral et stimulant, dans lequel toute
l'attention est accordée aux aspects religieux, culturels et économiques, ainsi
qu'aux aspects politiques et constitutionnels du sujet. Le manuscrit a été revu
par M. V-L. Tapié, qui apporte une étude de vingt-cinq pages sur la vie et
l'œuvre de son vieux maître et qui est lui-même responsable du dernier et d'une
partie de l'avant-dernier chapitre." (The English Historical Review, 1949)
164.
PEILLARD
(Léonce). Villegagnon,
Vice-amiral de Bretagne, Vice-roi du Brésil. Perrin, 1991, in-8°, 260 pp, préface
d'Alain Peyrefitte, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
Homme universel, grand marin, soldat, écrivain, colonisateur, Nicolas
Durand de Villegagnon, né à Provins en 1510, est injustement oublié. Il fut, à
l'Université de Paris, un ami de Calvin qui deviendra son plus redoutable
adversaire. Chevalier de Malte, il défend l'île contre les Turcs. Avec Charles
Quint, il assiège Alger et est blessé sous ses murs. Nommé vice-amiral de
Bretagne par Henri II, il fortifie Brest. Il enlève, à la barbe des Anglais, la
petite reine d'Écosse Marie Stuart à Dumberton et amène en France, sur la
Reale, la future reine de France et d'Écosse. Malgré les conseils de Ronsard («
Villegagnon, tu fais une grande faute »), le vice-amiral tente une colonisation
dans la baie de Janeiro et devient vice-roi du Brésil qu'à Paris on appelle la
« France antarctique ». Ce ne sont pas les sauvages qui le chasseront du fort
construit au pied du « pain de sucre » sur un îlot qui porte encore son nom,
mais les intrigues des ministres et des colons protestants. Il revient en
France, prend la plume pour se justifier et son épée pour défendre son roi et
sa religion. Blessé au siège de Rouen, Villegagnon est nommé gouverneur de Sens
et chasse les armées de Condé de la vallée de l'Yonne. Après une vie
extraordinairement remplie, il laissera ses quelques biens, par testament, à
ceux « condamnés à l'éternelle misère, les pauvres de Paris ».
165.
PETITFILS
(Jean-Christian). L'affaire des Poisons. Crimes et sorcellerie au temps du Roi-Soleil. Perrin, 2009, in-8°, 380 pp, 8 pl. en
couleurs hors texte, table des personnages impliqués, repères chronologiques,
sources, index, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
En 1679, à l'apogée du règne de Louis XIV, éclate l'une des plus vastes
affaires criminelles de tous les temps : l'affaire des Poisons. D'un seul coup
se révèle l'envers sinistre du décor : les crimes de la Voisin, les sortilèges,
les conjurations démoniaques, les messes noires, les sacrifices rituels...
Affaire stupéfiante, ténébreuse, touffue, aux ramifications gigantesques, dans
laquelle se trouvent mêlées des centaines de personnes, dont les plus grands
noms de la cour de France, notamment la favorite, Mme de Montespan, à tel point
que le roi lui-même, pris d'inquiétude, tente d'étouffer le procès. De
l'officine des alchimistes au repaire des sorcières, des marchands de philtres
d'amour aux fabricants de poisons, en passant par le cabinet du magistrat
instructeur, La Reynie, c'est l'enquête policière complète sur l'une des plus
étranges et irritantes énigmes de l'Histoire qui est ici offerte au lecteur.
Mettant en lumière les moeurs et les mentalités d'une époque qui n'a pas été
seulement celle des splendeurs de Versailles et de la culture classique,
l'ouvrage de Jean-Christian Petitfils, fruit de longues recherches, présente
des découvertes et des explications très convaincantes.
166.
POLIER
de CÉRENVILLE (Jeanne-Louise-Antoinette). Vie du Prince Potemkin, Feld-Marechal au service de
Russie sous le règne de Catherine II. Rédigée d'après les meilleurs ouvrages
allemands et français qui ont paru sur la Russie à cette époque. P., à la librairie stéréotype, chez H. Nicolle ; de
l'imprimerie des frères Mame, 1808, in-8°, viii-303 pp,
notes, reliure demi-veau havane, dos lisse avec
pièce de titre chagrin carmin, fleuron et triples filets dorés, tranches citron
(rel. de l'époque), bon état. Edition originale
150 €
Biographie du grand militaire et homme politique russe qui fut favori de
Catherine II, par Mme de Cérenville (1738-1807) et revue par
Léger-Marie-Philippe Tranchant de Laverne, tacticien français (1769-1815).
167.
PONTIS
(Louis de). Mémoires
du Sieur de Pontis, qui a servi dans les armées cinquante-six ans, sous les
rois Henri IV, Louis XIII, Louis XIV. Rédigés par Pierre Thomas du Fossé.
Préfacés et annotés par Robert Laulan. P.,
Henri Jonquières, 1929, pt in-8°, xxxix-328 pp,
8 pl. de gravures hors texte, broché, bon état
(Coll. Jadis & Naguère)
25 €
Madame de Sévigné écrit : « Je lis des Mémoires d'un Monsieur de Pontis.
Il conte sa vie et le temps de Louis XIII avec tant de vérité, de naïveté et de
bon sens que je ne puis m'en tirer. » Ce sont des Mémoires de cape et d'épée,
écrits dans un but d'édification – mais sans niaiserie – à
Port-Royal-des-Champs, par un hobereau provençal engagé comme simple porteur de
mousquet et qui finit « maréchal de bataille » après avoir servi durant
cinquante-six ans Henri IV, Louis XIII et Louis XIV.
168.
RICHET
(Denis). De
la Réforme à la Révolution. Etudes sur la France moderne. Aubier, 1991, fort
in-8°, 584 pp, préface de Pierre Goubert,
index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Histoires)
30 €
Centrés sur le XVIIe siècle (dont Denis Richet était un grand spécialiste)
mais traitant aussi du XVIIIe, les textes ici rassemblés concernent l’Histoire
des mentalités religieuses (jansénisme, congrégations...), l’histoire
économique et, surtout, l’histoire sociale et politique (avec le long texte
consacré à la famille du chancelier Séguier, grand serviteur de Louis XIII). Le
centre de ce volume est donc consacré à un groupe social, la haute robe. À
travers les contrats de mariage, les inventaires après décès, les achats et les
ventes de terres ou d’offices, Denis Richet retrace l’itinéraire exemplaire
d’une famille : en six générations, Étienne Séguier, l’apothicaire de
Saint-Pourçain donne naissance à un chancelier de France dont la fille épouse
un bâtard royal. Autour des Séguier, leurs collègues, les Nicolay, les
Luillier, les Hennequin, les Du Tillet, les Bérulle : partis de la boutique,
ils grimpent les échelons de la magistrature, depuis les auditeurs des Comptes
et les secrétaires du Roi jusqu’aux présidents à mortier du Parlement de Paris.
Par le jeu des intermariages et de la transmission familiale des charges, ils
monopolisent une fonction : celle des grands serviteurs de l’État, source de
leur fortune et de leur prestige. Pour que leur histoire particulière rejoigne
l’Histoire tout court, il faut entrer en jeu un autre élément : l’évolution
intellectuelle de la noblesse de robe. Rejetant la double tentation de la
Réforme et de l’extrémisme catholique de la Ligue, les parlementaires se
reconnaissent d’abord dans la Contre-Réforme, puis dans le jansénisme, enfin
dans le courant de pensée réformateur dont Fénelon fut, pour un temps, la
figure de proue. Dans Élite et despotisme, article écrit en 1969, Denis Richet
prolonge son raisonnement jusqu’à la «révolution aristocratique» de 1789 :
n’est-ce pas la révolte des parlementaires qui déclenche la crise où l’Ancien
régime finira par sombrer ? Ainsi la filiation, au sein d’un même groupe
social, des dissidences successives permet de comprendre comment le privilège a
été «le véritable ancêtre, le père légitime, la source authentique» de la
liberté. — "Ce recueil de ses articles, communications et conférences
auquel D. Richet travailla jusqu'à ce que la mort en interrompît la
préparation, retiendra surtout l'historien de la période 1560-1660, objet de
prédilection de l'A. Mais il participa aussi, en collaboration avec F. Furet, à
une histoire de la Révolution française qui fit date. Il fut également l'auteur
d'un petit chef-d'œuvre, La France moderne : l'esprit des institutions, qui
mène jusqu'au terme de cet Ancien Régime dont il refusait la dénomination. La
fin du volume reprend quelques articles fondamentaux qui tournent autour des
origines de la Révolution. Le premier, paru dans les Annales en 1969, « Autour
des origines idéologiques lointaines de la Révolution française », mit en avant
le rôle des élites conscientes de leur autonomie par rapport à l'ordre
politique et de leur nécessaire contrôle du pouvoir, élites où la noblesse eut
un rôle initiateur, et qui s'élargit ensuite à la richesse, à la propriété et
au talent. Cette mise en cause du concept de révolution bourgeoise suscita les
polémiques que l'on sait. Cela ne veut pas dire que l'A. écartait la lente mais
révolutionnaire mutation économique du 18e siècle. Son article des Annales de
1968 (« Croissance et blocages en France du 15e au 18e siècle ») reprend tous
les acquis depuis 1930 (Hamilton, Simiand, Labrousse, Baehrel, Meuvret,
Goubert...) et examine un à un les indicateurs de croissance, rente foncière,
salaire, population, produit des dîmes, production industrielle des secteurs
nouveaux (houille, métallurgie, coton) et anciens (draps, toiles), pour mieux
définir l'essor du siècle. Troisième article de grand prix, une comparaison des
Révolutions française et anglaise, où le double décalage chronologique et
spatial est expliqué dans ses composantes politique, économique et
intellectuelle. Ajoutez quelques pages sur Malthus, morceau d'une conférence
d'agrégation, et la lumineuse préface au livre de Léo Gershoy, L'Europe des
princes éclairés, qui en dit plus sur le despotisme éclairé que bien des textes
bavards, et vous aurez toute la richesse d'une moisson où on se plaît à
retrouver la finesse et l'intelligence d'un historien trop tôt disparu, qui fut,
pour ceux qui eurent la chance de travailler à ses côtés, un véritable
maître." (C. Michaud, Dix-Huitième Siècle, 1992)
169.
ROCHE
(Daniel). Le
Siècle des Lumières en province. Académies et académiciens provinciaux,
1680-1789. Paris-La Haye,
Mouton et Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1978, 2 vol. gr. in-8°, 394 et 520 pp,
61 cartes et croquis, 24 graphiques, 47
tableaux, sources et biblio, brochés, couv. illustrées, bon état (Coll.
Civilisations et Sociétés). Edition originale
100 €
Ce livre est déjà un classique : une référence obligée pour tous ceux qui
s'intéressent à l'histoire culturelle de la France du XVIIIe siècle. Les
Lumières sont ici abordées sous un angle inattendu et qui en suggère une
lecture inédite : ce n'est pas aux auteurs majeurs, aux grands foyers
intellectuels parisiens que Daniel Roche a consacré son enquête, mais aux
institutions provinciales, plus modestes, plus discrètes, et qui ont assuré le
long cheminement, complexe, Parfois contradictoire, de l'esprit nouveau. Les
Académies de province, dont il suit ici l'histoire, ont rassemblé et façonné un
milieu de notables curieux et savants, dont on mesure enfin l'importance
sociale et culturelle décisive entre le règne de Louis XIV et la Révolution
française.
170.
RODOCANACHI
(E.). Aventures
d'un grand seigneur italien à travers l'Europe, 1606. Relation [de Bernardo
Bizoni] mise en français et annotée. Flammarion, s.d. (1899),
in-12,
ix-322 pp, broché, dos fendu recollé, sinon bon état
30 €
"Les difficultés offertes par un voyage à travers l'Europe dans les
années 1600, la fidélité, et une certaine vivacité de couleurs dans les
descriptions, l'époque historiquement intéressante dans laquelle ce voyage a
été entrepris, ont conduit l'auteur à l'exhumation d'un manuscrit du Vatican,
contenant la relation de ce voyage, faite par un certain Bizzoni, secrétaire du
marquis Vincenzo Giustiniani, sur ses ordres. Vincenzo Giustiniani, marquis de
Bassano, fatigué de la vie monotone et austère menée à Rome pendant le carême,
décide de visiter des pays lointains, accompagné de son secrétaire, Bernardo
Bizzoni, et de quelques domestiques. Sa première destination était Loreto, ce
qui devait légitimer ce voyage audacieux aux yeux du monde. De là, après avoir
traversé l'Italie sans incident, on passe par le col du Brenner pour entrer en
Allemagne, où la coexistence pacifique et tolérante des luthériens et des
catholiques dans certaines villes, et la lutte acharnée dans d'autres, est
intéressante. La description du voyage à travers les Flandres, alors que la
guerre contre l'Espagne faisait rage, les précautions qu'il fallait prendre,
les difficultés à pénétrer dans les villes, le blocus de Dunkerque, offrent un
tableau très intéressant. A Londres, nos voyageurs arrivent peu après la fameuse
conspiration des poudres, à temps pour voir les corps des coupables pendus à la
Tour de Londres ; nous remarquons quelques coutumes étranges caractéristiques
des Anglais, nous visitons l'arsenal de Greenwich, puis toute la caravane
parvient à s'embarquer à Douvres et, après quelques heures de mauvaise mer, à
arriver à Calais. Paris est la ville qui semble avoir suscité le plus d'intérêt
; le récit s'élargit et devient plus vivant ; Saint-Denis, Notre-Dame, la
Bastille, le Louvre, les Tuileries font l'objet de descriptions assez
détaillées : nous avons aussi un tableau vivant des mœurs de la cour d'Henri
IV. De Paris, le voyage se poursuit sans incidents notables ; en partie par
terre, en partie par voie fluviale, ils atteignent Lyon et Marseille ; et, partant
de San Remo et débarquant à Pise, le groupe retourne à Rome. On ne peut nier un
certain mérite à l'œuvre et vu la rareté des nouvelles de missions de voyage au
XVIIe siècle, l'idée de M. Rodocanachi d'exhumer ce manuscrit était en effet
heureuse." (Teresa Tortora, Archivio Storico Italiano, 1900)
171.
SOLÉ
(Jacques). L'Amour
en Occident à l'époque moderne. Albin Michel, 1976, in-8°, 307 pp, biblio,
broché, bon état
25 €
Entre 1500 et 1800, la vie sexuelle de l'Occident a achevé de revêtir des
formes qu'elle a conservées, pour l'essentiel, jusqu'au milieu du XXe siècle.
Durant cette longue période qui va de la Renaissance aux Lumières, le pilier
principal de l'ordre sexuel était l'union monogame. Celle-ci, étroitement
surveillée par la collectivité et les familles, négligeait de plus en plus
l'attirance physique au bénéfice de considérations morales et économiques.
L'Eglise, en effet, s'acharnait à réprimer la sexualité, en accord avec l'Etat
moderne et son programme d'ordre moral. Toutefois, les milieux privilégiés
réussissaient souvent à échapper à ce conformisme. La culture sexuelle se
réfugiait dans la recherche esthétique et littéraire. Ainsi se développaient à
la fois un érotisme de compensation et le mythe poétique ou romanesque de
l'amour-passion. Ces grands thèmes, Jacques Solé les analyse ici avec
profondeur et acuité. Il montre de façon convaincante combien est ambigu
l'héritage sexuel que l'« époque moderne » nous a légué.
172.
TALLEMANT
des RÉAUX (Gédéon). Les Historiettes. Edition documentaire établie par Georges Mongrédien. Garnier,
s.d. (1932-1934), 8 vol. in-12,
xxxii-324, 342, 302, 342, 336, 380, 334
et 289 pp, notes, biblio, les 8 tomes
reliés en 4 volumes demi-basane fauve, dos à 4 nerfs soulignés à froid, pièces
d'auteur et de titre & tomaison chagrin vermillon et noir, fleurons dorés
(rel. de l'époque), bon état
120 €
Etablie par le grand dix-septièmiste Georges Mongrédien, cette « édition
documentaire » rend de très grands services par ses références et ses
indications bibliographiques. En particulier, l'index alphabétique (200 pp)
comprend tous les noms de personnes et de lieux (provinces, villes, rues,
hôtels, églises, couvents, rivières, etc...) ainsi que tous les titres
d'ouvrages, accompagnés de la date de l'édition originale, cités dans le texte
et dans les notes de Tallemant des Réaux. — Les Historiettes de Tallemant des
Réaux ne sont pas simplement un recueil d'anecdotes curieuses. Elles sont le plus
extraordinaire témoignage, le plus vivant et le plus vrai, sur toute une époque
de notre histoire. Détaché et désinvolte, Tallemant (1619-1692) ne se laisse
pas saisir. Etonnamment libre face aux idéologies de son temps, il n'a pas de
cause à défendre. Il est un archiviste, un témoin, un passeur. Mais aussi un
farceur qui amuse et dérange. Il s'intéresse aux gens, à leurs intrigues, leurs
moeurs, leurs drames. Et nous rappelle que de la bagatelle à l'essentiel, du
trivial au primordial, il n'y a souvent pas loin. Lorsque les grandes décisions
sont soumises à de petites péripéties, l'historiette rattrape l'Histoire.
Portraits, petites nouvelles ou courts essais, les Historiettes nous entraînent
derrière les décors, altérant le majestueux théâtre du Grand Siècle. Cocasses,
irrespectueuses, elles compliquent le tableau scolaire de la littérature
classique. Avec cette comédie humaine, Tallemant dévoile un XVIIe siècle
truculent et turbulent, sensuel et profane. Un vent se lève, qui décoiffe les
perruques et fait tomber les masques.— "Si l'on met à part les
exagérations provoquées par la malignité et l'amour de la médisance, cette
oeuvre, tout impersonnelle, que l'auteur n'a rédigée ni dans un but de
justification ni pour se faire valoir, dans laquelle il ne parle pas de lui
même, est unique au XVIIe siècle : ces "mémoires des autres" ont pour
l'étude des moeurs et des idées une importance capitale." (Bourgeois et
André II, 793) — "Il faut rendre hommage au labeur érudit de M.
Mongrédien. Sa publication des Historiettes rendra les plus grands services. Il
suffit de dire qu'il a rassemblé, grâce à sa connaissance déjà si vaste du
XVIIe siècle, un nombre imposant de documents, qui permettent constamment
d'éclairer Tallemant et de le dépasser. Et l'ensemble de son édition conduit
pour le moins à une vérité générale, qui est capitale. M. Magne, dans ses
ouvrages également si riches et si divers, nous avait déjà montré que, chaque
fois qu'il avait dû contrôler les renseignements de Tallemant, il les avait
trouvés exacts. M. Mongrédien nous apporte une vérification générale de cette
véracité. Non pas qu'on puisse tout vérifier ; mais chaque fois que la
vérification est possible, elle est favorable à Tallemant. La conclusion n'a
pas une très grande importance pour l'histoire littéraire, où Tallemant nous
apporte plus d'anecdotes curieuses que de renseignements essentiels, mais elle
est capitale pour l'histoire des mœurs." (D. Mornet, Revue d'Histoire
littéraire de la France, 1935)
173.
TAPIÉ
(Victor-L.). L'Europe
de Marie-Thérèse. Du Baroque aux Lumières. Fayard, 1973, in-8°, ii-400 pp,
une carte, index, cart. éditeur, jaquette
illustrée, bon état (Coll. L'Histoire sans frontières), envoi a.s. à André
Castelot
30 €
Ce grand livre n'est pas une biographie de facture classique. En suivant
Marie-Thérèse de son avènement, difficile et contesté, à sa lente agonie,
Victor-L. Tapié saisit et décrit avec vigueur et clarté les forces profondes
d'une Europe centrale en pleine mutation. Du Baroque aux Lumières : il existe
une civilisation thérésienne dont les monuments de Vienne, de Budapest et de
Prague attestent aujourd'hui encore l'originalité et la grandeur. Cette
civilisation aurait-elle pu s'épanouir si l'impératrice n'avait incarné à la
fois une tradition et une rénovation ? La tradition, héritée avec son droit
dynastique, ce sont les liens souples mais durables que les Habsbourg ont
tissés entre les États aussi divers que la Hongrie royale, les archiduchés
d'Autriche ou la couronne de Bohême. La rénovation, ce sont les vastes réformes
économiques et administratives silencieusement accomplies dans les périodes de
paix. Quand Marie-Thérèse disparaît, elle lègue à son fils, l'impatient Joseph
II, un ensemble plus cohérent et des États plus solides. Vingt ans avant la
mort du Saint-Empire romain germanique, un nouvel empire, dynastique et
pluriracial, a ancré ses attaches. C'est par sa fidélité au passé que
Marie-Thérèse a préparé l'avenir. — "Que le titre ne trompe pas ! Il
s'agit bien d'une histoire des États de la maison d'Autriche de 1740 à 1780.
Mais la dimension continentale n'est jamais absente, ne serait-ce que par
l'importance prise par les problèmes de politique extérieure. Les rapports de
Marie-Thérèse et de Frédéric II, la recherche et le développement de l'alliance
française, les relations avec l'Italie et l'Espagne des Bourbons, la question
polonaise, autant d'occasions d'élargir le cadre spatial, comme y invite le
sous-titre..." (Claude Michaud, Annales ESC, 1977)
174.
VAILLOT
(René). Le
Cardinal de Bernis. La vie extraordinaire d'un honnête homme. Albin Michel,
1985, in-8°, 354 pp, notes,
biblio, broché, couv. illustrée, tranche piquée, bon état
25 €
Cadet d'une famille de très ancienne noblesse mais de petite fortune,
Bernis est destiné à une carrière d'Eglise. Cependant, comme le lui écrira
Voltaire, il a "tiré le gros lot à la loterie du monde." S'il attend
longtemps la richesse, la chance ne le quitte guère. Sa vie, extraordinaire par
ses réussites, n'est point dépourvue d'hésitations ni de contradictions.
Pouvait-on prévoir qu'un jour, ce brillant élève des Jésuites au collège
Louis-le-Grand, serait amené à prendre une part active à la destruction de la
Compagnie ? Poète léger, il doit à son charme et à sa culture d'être "la
coqueluche des salons," où il rencontre l'amitié et l'amour. S'il tarde à
demander la prêtrise, il n'en devient pas moins archevêque, un archevêque
humaniste exerçant sa toute-puissance pour le bien-être et l’instruction de son
peuple. Promu ministre des Affaires étrangères par la protection de Mme de
Pompadour, mais trop lucide et intègre, il dénonce les incuries du pouvoir, et
il est exilé. La chance a corrigé le revers : il vient d'être nommé cardinal.
Véritable "roi de Rome" et toujours fidèle à la mémoire de Voltaire,
c'est de loin qu'il observe la Révolution française. Il applique, dans son
ambassade, les principes de tolérance et de justice qui sont ceux de 1789, et
ceux de non-violence et d'amour qu'il tient des Evangiles. Il protège tous les
émigrés, sans distinction politique. Etrange et séduisant personnage placé par
le destin à la charnière d'une société brillante mais condamnée, et d'un ordre
nouveau qui naît dans la discorde et la violence, réformiste il demeure,
incarnant des valeurs de progrès qui devraient être le fondement de toute
civilisation.
175.
VAISSIÈRE
(Pierre de). Messieurs
de Joyeuse (1560-1615). Portraits et documents inédits. Albin Michel,
1926, in-8°, 351 pp, 20
gravures, portraits et fac-similés hors texte, broché, bon état (Coll. Ames et
visages d'autrefois)
50 €
Anne de Joyeuse (1560-1587) est le plus représentatif des membres de la
maison de Joyeuse : baron d'Arques, baron-héréditaire de Languedoc, vicomte
puis duc de Joyeuse, amiral de France, il est l'un des mignons du roi Henri
III. Il sera tué le 20 octobre 1587 à la bataille de Coutras (Gironde). —
"L'ouvrage que M. Pierre de Vaissière a consacré à la famille de Joyeuse a
pour premier mérite de nous donner, intégralement ou en résumé, un très grand
nombre de lettres de ses héros ou de leurs correspondants. Ce dossier a
tendance à devenir, entre ses mains, un dossier de réhabilitation. Assurément,
la lumière n'est pas faite – et M. de Vaissière (p. 39-44) avoue loyalement
qu'il ne la fait pas davantage – sur les accusations d'un certain ordre portées
contre les mignons et leur royal protecteur. Il reste que les favoris
s'occupaient surtout d'autres choses que de leurs plaisirs, et que les Joyeuse
: Anne, le mort de Coutras ; François, le cardinal ; Henri, seigneur du
Bouchage (plus tard frère Ange), ont joué un rôle politique et militaire
considérable. On trouvera, chez leur érudit biographe, un intéressant récit des
guerres civiles en 1585-1586, surtout en Auvergne et en Poitou, et une étude
approfondie de la bataille de Coutras. On ne goûtera pas moins les savoureux
documents sur la paix de Folembray, où l'on voit un capucin, rentré dans le
siècle, monnayer avec âpreté et habileté, pour lui, les siens et ses
serviteurs,sa soumission au roi..." (Henri Hauser, Revue Historique, 1927)
176.
ZELLER
(Berthold). Étude
critique sur le règne de Louis XIII. Richelieu et les ministres de Louis XIII
de 1621 à 1624. La cour, le gouvernement, la diplomatie. D'après les archives
d'Italie. (Thèse). Hachette, 1880, in-8°, xv-335 pp, reliure
demi-chagrin vert, dos à 5 nerfs soulignés à froid, caissons dorés très ornés,
pièce de titre basane havane, encadrements à froid sur les plats (rel. de
l'époque), bon état. Bel exemplaire (Second prix Gobert de l'Académie Française
1880)
120 €
"L'objet du présent travail est de faire connaître dans le détail
l'intervalle de trois années qui sépare la mort du duc de Luynes de l'avènement
définitif du cardinal de Richelieu au pouvoir. Entre ces deux noms, dont la
renommée est si différente, mais qui, à des titres inégaux, ont plus
particulièrement fixé l'attention de la postérité, l'histoire semble avoir
laissé un vide ; il n'est pas sans intérêt d'essayer de la combler..."
(Introduction)
177.
AULARD
(Alphonse). Histoire
politique de la Révolution française. Origines et développement de la
démocratie et de la République (1789-1804). Armand Colin,
1909, fort in-8°, xii-805 pp, 4e
édition, index, broché, dos fendu, état correct
40 €
I. Les origines de la démocratie et de la République (1789-1792) ; II. La
république démocratique (1792-1795) ; III. La république bourgeoise (1795-1799)
; IV. La république plébiscitaire (1799-1804). — Alphonse Aulard (1849-1922)
fut le premier à occuper la chaire d'Histoire de la Révolution française à la
Sorbonne. Il se propose de montrer comment les principes de la Déclaration des
droits de l’homme – et plus particulièrement le principe de l’égalité des
droits et celui de la souveraineté nationale – ont été mis en oeuvre, de 1789 à
1804, dans les institutions, ou interprétés dans les discours, dans la presse
et dans les diverses manifestations de l’opinion publique.
178.
AVENEL
(Georges). Lundis
révolutionnaires 1871-1874. Nouveaux éclaircissements sur la Révolution
française. A propos des travaux historiques les plus récents et des faits
politiques contemporains. P., Ernest
Leroux, 1875, gr. in-8°, iv-412 pp,
index, reliure demi-maroquin carmin, dos à 5
nerfs filetés soulignés à froid, titres dorés, double filet doré sur les plats,
couv. conservées (rel. de l'époque), bon état, envoi a.s. de l'éditeur Ernest
Leroux. Peu courant
80 €
"Ceci est le recueil de tous les articles que j'ai publiés sur la
Révolution dans le journal “La République Française”, depuis 1871, date de
l'appartion de cette feuille, jusqu'à la fin de 1874. Au lendemain de
l'invasion allemande et de la guerre civile, à la vue de la France entamée et
de Paris décapitalisé, et pendant le sabbat qu'allaient mener les factions
dynastiques cantonnées à Versailles, l'affolement des esprits était à craindre.
Pour les maintenir dans la foi nationale, je crus qu'il importait surtout de
leur rappeler la grande époque où s'était constituée la France nouvelle et de
leur faire la glorification raisonnée du régime républicain qui avait sauvé
cette France à son berceau..." (Liminaire).
179.
BENOIST-MÉCHIN
(Jacques). Bonaparte
en Egypte, ou le rêve inassouvi (1797-1801). Perrin, 1989, in-8°, 424 pp,
21 gravures, une carte, index, reliure skivertex
éditeur, bon état (Le rêve le plus long de l'Histoire, V)
25 €
Pourquoi Benoist-Méchin a-t-il consacré à l'expédition d'Egypte le
cinquième livre de sa série "Le rêve le plus long de l'Histoire" ?
Parce que Bonaparte, fasciné par l'Orient comme Alexandre, a voulu hausser au
niveau de la légende, ce qui pour Talleyrand était une opération coloniale et
pour le Directoire une manœuvre de diversion. "il faut aller en Orient,
dit-il à Bourrienne, toutes les gloires viennent de là". Son rêve – il
l'exprimera par la suite à plusieurs reprises – était de créer, à partir de
l'Egypte, un florissant Empire d'Orient qui "par sa main droite
s'appuierait aux Indes et par sa gauche à l'Europe". "Sans vous
autres Anglais, murmura-t-il en montant sur le Bellerophon, j'aurais été
Empereur d'Orient". Mais son rêve se brisa devant les remparts de
Saint-Jean-d'Acre. Toujours Saint-Jean-d'Acre lui apparaîtra comme le tournant
de sa vie. C'est de là qu'elle aurait pu s'élancer dans une direction
différente. C'est là qu'il comprit que s'il cessait un jour d'être Bonaparte,
ce ne serait pas pour devenir un nouvel Alexandre le Grand, mais Napoléon.
Ecoutons-le rêver le 1er décembre 1805, vieille d'Austerlitz, devant un groupe
de généraux : "Si je m'étais emparé d'Acre, je prenais le turban, je
faisais mon bataillon sacré ! C'est par des Arabes, des Grecs, des Arméniens
que j'eusse achevé la guerre contre les Turcs. Au lieu d'une bataille en
Moravie, je gagnais une bataille d'Issus, je me faisais proclamer empereur
d'Orient et je revenais à Paris par Constantinople !".
180.
BERTAUD
(Jean-Paul). Initiation
à la Révolution française. Perrin, 1989, pt in-8°,
371 pp, 8 cartes, un plan et un tableau, biblio, index, reliure cartonnée
illustrée de l'éditeur, bon état
25 €
Parmi les centaines de livres suscités par le Bicentenaire, rares sont les
ouvrages généraux traitant de la Révolution française d'un bout à l'autre en
décrivant et en expliquant l'enchaînement des faits. “L'initiation à la
Révolution française” de Jean-Paul Bertaud comble cette lacune. Jean-Paul
Bertaud montre remarquablement ce qu'étaient les Français en 1789. Paysans,
ouvriers, petits-bourgeois, artisans, notables, philosophes, sans-culottes,
tous aiment le roi, mais tous font plus ou moins la révolution. Contre elle, se
dressent le noble au nom de la patrie ancienne, le prêtre réfractaire pour
l'Eglise traditionnelle, le roturier au nom de sa foi ou par crainte du
"peuple". Deux mondes immuablement affrontés ? Non pas. Le paysan de
l'Ouest, "le coeur sacré de Jésus" à la poitrine, fut d'abord un
assiégeant des châteaux. Suleau qui mourut pour le roi approcha d'abord des
clubs où retentissait la voix de Danton. Camille Desmoulins, "premier
républicain", resta longtemps fasciné par le monde ancien. Davout le noble
fut général de la République... Cette initiation a l'immense avantage de
respecter la trame chronologique, tout en s'attachant à faire sentir au lecteur
l'atmosphère de ces jours, à approcher ces hommes, mélange de sensibilité et de
vengeance, de générosité et de violence, qui mirent fin à l'Ancien Régime.
Archives ouvertes, des centaines de chercheurs à travers le monde enquêtent,
confrontent. Donner au lecteur le résultat de ces recherches est l'autre but de
cette initiation. Elle désire, à la lumière des travaux les plus récents,
commémorer la Révolution, c'est-à-dire restituer le bruissement des voix
mêlées, en expliquant les paroles et montrer que tout se comprend, mais que
rien n'est simple.
181.
BLUCHE
(Frédéric). Septembre
1792. Logiques d'un massacre. Laffont, 1986, gr. in-8°,
268 pp, préface de Jean Tulard, documents en annexe, broché, couv. illustrée, bon
état
25 €
Septembre 1792 : vingt-trois jours après l’émeute du 10 août qui a
renservé le trône constitutionnel de Louis XVI, des attroupements plus ou moins
incontrôlés entreprennent de purger les prisons de Paris. Des simulacres de
tribunaux populaires se forment. Les "condamnés" sont exécutés sur-le-champ,
non sans quelques raffinements de cruauté, par des "patriotes" armés
de sabres, de piques et de massues. En vingt-quatre heures, plus de 900
prisonniers sont immolés sur l’autel de la Révolution triomphante, et près de
400 autres au cours des quatre journées suivantes. 70 % des victimes étaient
des détenus de droit commun. Les autorités politiques et municipales ont laissé
faire. Longtemps enveloppés de brouillard par l’historiographie, les massacres
de Septembre apparaissent aujourd’hui comme ce qu’ils ont été : un acte de
violence totale, à la fois irrationnelle et stratégique. Loin d’être
accidentelle, cette violence s’inscrit dans la logique profonde du phénomène
révolutionnaire enclenché en 1789 : une logique de l’élimination. On ne saurait
opérer un tri entre la "gloire" et l’ignominie. Comme le proclamait
Clemenceau : "La Révolution française est un bloc, un bloc dont on ne peut
rien distraire parce que la vérité historique ne le permet pas."
182.
BONNAL
(Ed.). Les
Armées de la République. Opérations et batailles, 1792-1800, d'après le Dépôt
de la guerre et les Archives nationales. P., Ch. Delagrave, 1889, gr. in-8°,
295 pp, 27 gravures et portraits dont 13 hors texte, pièces justificatives, cart.
percaline rouge décoré de l'éditeur (lég. sali), dos lisse avec titres et
caissons fleuronnés noirs, tranches dorées, bon état
45 €
Par Edmond Bonnal de Ganges (1839-1915), conservateur des archives du
Dépôt de la guerre. Un récit de l'histoire des campagnes militaires de
1792-1799 écrit avec une objectivité remarquable.
183.
BREDIN
(Jean-Denis). Une singulière famille. Jacques Necker, Suzanne Necker et Germaine de
Staël. Fayard, 1999, gr. in-8°,
454 pp, 12 pl. de gravures et portraits en noir et en couleurs hors texte, biblio,
index, broché, couv. illustrée, bon état
18 €
"Tous trois à genoux, en constante adoration les uns des
autres." Ainsi Napoléon Ier a-t-il décrit Jacques et Suzanne Necker et
leur fille Germaine, les yeux évidemment fixés sur cette insupportable Madame
de Staël qu'il poursuivit de sa haine. Celle-ci a revendiqué hautement cette
"adoration familiale" : "Je laisserai donc dire à qui se plaira
dans cette observation bien gaie à côté de la mort que nous sommes une famille
qui nous louons les uns les autres. Oui, nous nous sommes aimés, nous avons eu
besoin de le dire, et, dédaignant de jamais repousser les attaques de nos
ennemis, de faire usage de notre talent contre eux, nous leur- avons opposé un
ferme sentiment d'élévation et de fierté." "Singulière famille que la
nôtre", assurait de soit côté Jacques Necker, et sa fille ajoutait :
"Singulière peut-être, mais qu'il lui soit permis de rester telle ; la
foule ne se presse pas dans la voie qu'elle a choisie." C'est cette fière
famille que ce livre évoque. Jacques Necker, trois fois ministre de Louis XVI -
et deux fois congédié - idolâtré par les Français en Juillet 1789 parce qu'il
leur semblait le symbole de la liberté, est entré dans l'histoire, exalté par
les uns, vilipendé par les autres. Sa femme Suzanne, qui tint avant la
Révolution un salon très influent et fonda l'hôpital qui porte toujours son
nom, fut une épouse dévouée corps et âme à l'homme qu'elle adorait, et la mère
trop rigide d'une fille trop douée. Quant à Germaine, elle a conquis la gloire
par son œuvre littéraire, par ses amours, par son courage, par cet exaltation
du cœur et de l'esprit dont elle demeure un extraordinaire exemple. Tous trois,
ils ont vécu la plume à la main. Tous trois ont eu le culte de la vertu, même
s'ils ne l'ont pas toujours vue de la même façon. Tous trois ont aimé Dieu,
l'amour, l'amitié, la liberté - qui ne devait, pour eux, jamais se séparer de
la modération - et encore la mélancolie et le désespoir et aussi toutes les
images de la mort. Tous trois se prêtèrent mutuellement du génie. Tous trois,
ils ont rêvé d'incarner la noblesse de l'âme et la grandeur de l'esprit.
184.
CAZENAVE
de LA ROCHE (Cdt Anne-Marie Edouard). Louis XVII ou l'otage de la Révolution. D'après des
documents inédits. P., Honoré
Champion, 1929, pt in-8°, 326 pp,
avec en appendice un tableau généalogique de la
Maison de France, une étude sur « la survivance de Louis XVII et la critique »
et une bibliographie, reliure demi-basane acajou, dos à 5 nerfs pointillés et
soulignés à froid, auteur et titre dorés, couv. et dos conservés, bon état
60 €
"Le livre du Commandant Cazenave de la. Roche est un plaidoyer en
faveur de la thèse « survivantiste » qui identifie le dauphin Louis XVII à
l'horloger Naundorff. M. C. a lu beaucoup d'archives, il a examiné de nombreux
documents, accumulé les preuves et les témoignages ; bref, après une étude
consciencieuse et minutieuse de la question Louis XVII, il est arrivé à la
conviction inébranlable que non seulement le dauphin n'est pas mort au Temple
mais encore que l'on n'a pas le droit de
refuser plus longtemps aux descendants de Naundorff l'honneur d'être les
seuls représentants légitimes de la branche ainée des Bourbons (p. 279). M. C.
est persuadé, mais il ne nous convainc pas toujours. (...) Évidemment, écrire
une chose neuve sur un sujet déjà tant exploité était travail ardu ; l'inédit
promis par M.C. se borne en fin de compte à une identification intéressante du
mystérieux Montmorin de l'« Abrégé des infortunes » avec un capitaine de
vaisseau Leseigneur-Montmorin. (...) Reconnaissons cependant que le livre se lit
agréablement et que quelques chapitres sont bien venus : ceux consacrés au
Comte de Provence (chap. II) et à la singulière figure du mulâtre Laurent
(chap. IV)." (A. Hennebert, Revue belge de philologie et d'histoire, 1930)
— "Auteur naundorffiste (branche cadette). Soulignons l'identification de
Montmorin, l'un des acteurs de l'odyssée de Naundorff, à un certain Casimir
Leseigneur (né à Eu, le 16 mai 1763). L'appendice II, en fin d'ouvrage, revêt
un certain intérêt, car il rassemble une “Bibliographie sommaire des sources et
ouvrages consultés” (avec références des archives nationales, de celles de la
police...)" (Parois, 215)
185.
CHAMBRUN
(René de). Les
Prisons des La Fayette. Dix ans de courage et d'amour. Perrin, 1977, in-8°, 343 pp,
16 pl. de gravures hors texte, qqs documents en
fac-similé dans le texte, reliure skivertex carmin de l'éditeur, bon état
25 €
Des années de recherches dans les archives de Lagrange, demeure des La
Fayette, ont permis à l'auteur, descendant de Virginie, petite-fille du
général, de mettre au jour des documents inédits grâce auxquels il a pu
reconstituer heure par heure les dix ans passés par Gilbert de La Fayette dans
les forteresses de l'Europe monarchique, et par sa femme Adrienne, née Noailles
dans les geôles de la Révolution française. Parmi les pages les plus
passionnantes du livre : la tentative d'évasion de la forteresse d'Olmütz, en
Moravie. La cheville ouvrière en a été un médecin hanovrien, Erich-Justus
Bollmann, homme de confiance d'un petit groupe de Français de Londres – entre
autres Mme de Staël, Talleyrand, la princesse d'Hénin – qui s'employaient sans
relâche à tenter d'obtenir la libération du prisonnier. — "... Lafayette
fait arrêter en août 1792 les commissaires envoyés par le nouveau gouvernement,
ce qui provoque sa mise en accusation à l’Assemblée. Le 17 août, le Conseil
exécutif somme Lafayette de remettre le commandement de son armée à Dumouriez.
Deux jours plus tard, est votée par l’Assemblée la destitution de Lafayette,
considéré comme traître à la nation. Il a le choix entre la guillotine ou
l’exil. Le jour même, il part pour l’étranger, mais il est arrêté à la
frontière par des Autrichiens. Il passe alors plusieurs années en détention
dans les cachots autrichiens, ce qui l’a peut-être sauvé de la Terreur et donc
de la mort. Une tentative d’évasion, organisée en 1794 par l’Américain Francis
Huger, échoue. Il ne sort de la forteresse d’Olmütz qu’en 1797, suite aux
pressions exercées par la diplomatie américaine, en particulier George
Washington qui écrit lui-même à l’empereur d’Autriche pour faire libérer
Lafayette. Bonaparte agit aussi en faveur de sa libération, mais tant qu’il ne
s’est pas assuré de son pouvoir par le coup d’État du 18 brumaire, il refuse
encore que Lafayette retourne à Paris, car il est conscient de l’influence que
ce dernier pourrait retrouver. De fait, quand Lafayette entre clandestinement
en France, il est acclamé à Paris, ce qui provoque la colère de Bonaparte. Ce
n’est donc qu’en 1800, après deux ans d’exil supplémentaires aux Pays-Bas,
qu’il revient en France." (Philippe Schneider, La popularité de Lafayette,
2014)
186.
COSTA
de BEAUREGARD (Henry-Joseph, marquis de). Un homme d'autrefois. Souvenirs recueillis par son
arrière-petit-fils, le marquis Costa de Beauregard. Plon, 1910, in-12, vii-480 pp,
reliure demi-chagrin havane, dos à 5 nerfs
soulignés à froid, titres dorés (rel. de l'époque), dos lég. frotté, bon état
(ouvrage couronné par l'Académie française)
80 €
Biographie du marquis Henri-Joseph Costa de Beauregard (1752-1824),
général savoyard au service du roi Victor-Amédée III. Il fit contre les
Français les campagnes de 1792 à 1798. Membre du conseil de régence, il tenta
d'aider les Austro-Russes à expulser les Français du Piémont. — "Il s'agit
surtout d'évènements ayant trait à l'occupation de la Savoie par les Français.
Le marquis se bat contre eux puis se réfugie tantôt à Lausanne, tantôt au
Piémont." (Fierro, 359) — "Ces souvenirs s'arrênt pratiquement à
l'avènement de Bonaparte en l'an VIII." (Tulard, 359)
187.
DORSINVILLE
(Roger). Toussaint
Louverture ou la vocation de la Liberté. Julliard,
1965, in-8°, 269 pp, une
carte, notes, index, broché, couv. à rabats, bon état (Coll. Les Temps
Modernes)
25 €
"R. D. ne se contente pas de retracer ici, de façon souvent
émouvante, l'aventure personnelle de Toussaint Louverture. Tout en décrivant la
révolte des colons français de Saint-Domingue contre l'autorité de la métropole
jusqu'à la rupture définitive avec elle, en passant par les soulèvements
successifs des « petits blancs » et enfin des esclaves eux-mêmes, il s'attache
à démontrer «l'étonnante dialectique» qui se développe, de 1789 à 1804, entre
la Révolution française et celle de Saint-Domingue qui en est la fille."
(Revue française de science politique, 1965)
188.
ELISABETH
de FRANCE (1764-1794). Correspondance de Madame Elisabeth de France, soeur de
Louis XVI, publiée par F. Feuillet de Conches sur les originaux autographes et
précédée d'une lettre de Mgr l'Archevêque de Paris. P., Henri Plon,
1868, in-8°, xxiv-468 pp, 2
fac-similés d’autographes hors texte, index, reliure plein maroquin carmin, dos
à 4 nerfs soulignés par de filets dorés dorés et pointillés, titre et fleurons
dorés, encadrement doré sur les plats, armes du Collège de la Providence
d'Amiens avec la devise "Providentiae Gymnasium Ambianense" au 1er
plat (rel. de l'époque), reliure abîmée (dos frotté avec mque en tête et scotch
bleu en queue, mors fendus, plats frottés et tachés, coins émoussés), qqs
rousseurs, état correct. Edition originale
30 €
Première édition de cette correspondance rédigée par la soeur de Louis XVI
pendant la Révolution. Arrêtée à Varennes avec la famille royale, puis
emprisonnée avec Marie-Antoinette, elle fut guillotinée en mai 1794. Une
correspondance principalement adressée à Mlle de Causans et à mesdames de
Bombelles et de Raigecourt de 1778 au 12 octobre 1793. La marquise de
Raigecourt et Marie de Causans, comtesse de Mauléon étaient les deuxième et
troisième filles de la marquise de Causans, chargée par Louis XVI de prendre la
haute surveillance de la maison de Madame Elisabeth en 1778 ; Mme de Bombelles
était la fille de la baronne de Mackau, qui avait été sous-gouvernante des
enfants de France.
189.
FURET
(François) et Denis RICHET. La Révolution. Tome I : Des Etats Généraux au 9
Thermidor. Hachette, 1965-1966,
in-4°,
372 pp, trés nombreuses gravures et estampes en noir et en couleurs, index,
reliure pleine toile rouge de l'éditeur, jaquette illustrée, bon état. Edition
originale
30 €
Tome I seul (sur 2). — L'idée du livre est celle d'un "dérapage"
de la Révolution. Cet ouvrage a marqué un tournant majeur dans l'histoire de la
Révolution française. Très attaqué à sa parution par les tenants de la
tradition jacobine, il est aujourd'hui devenu un classique de l'historiographie
révolutionnaire. La question qu'il cherche à décrire et à comprendre est celle
de la pluralité des formes politiques successivement manifestées par la
Révolution depuis 1789 jusqu'au coup d'Etat du général Bonaparte en 1799 :
monarchie constitutionnelle, dictature terroriste, République parlementaire,
enfin césarisme démocratique. Il y a, à l'intérieur de ce qu'on appelle la
Révolution française, plusieurs révolutions – celle des élites, celle des
paysans, celle du petit peuple urbain –, et, succédant à l'Ancien Régime,
plusieurs types de pouvoirs nés de la nouvelle société. Ce livre inaugure ainsi
une interprétation de la Révolution française qui est plus culturelle et
politique que sociale et économique.
190.
FURET
(François) et Mona OZOUF (dir.). Dictionnaire critique de la Révolution française. Flammarion,
1988, fort pt in-4°, 1122 pp, 32
planches hors texte d'illustrations en noir et en couleurs, index, reliure
toile éditeur, jaquette illustrée, bon état
80 €
Avec la collaboration de Bronislaw Baczko, Keith M. Baker, Louis Bergeron,
David D. Bien, Massimo Bofa, Gail Bossenga, Michel Bruguière, Yann Fauchois,
Luc Ferry, Allan Forrest, Marcel Gauchet, Gérard Gengembre, Joseph Goy, Patrice
Gueniffey, Ran Halevi, Patrice Higonnet, Bernard Mannin, Pierre Nora, Philippe
Raynaud, Jacques Revel, Denis Richet, Pierre Rosanvallon.
191.
GAULOT
(Paul). Récits
d'autrefois. Le vol du garde-meuble. Don Juan et Mlle de Brie. Le séjour du
comte de Forbin au Siam. Un essai de royauté en Corse : Théodore de
Neuhof. Robespierre et la peine de mort. L'Armoire de fer. La Princesse de
Lamballe et le docteur Saiffert. La Princesse de Grimaldi-Monaco. Ollendorff,
s.d. (1919), in-8°, 332 pp, reliure
demi-chagrin bleu-nuit à coins, dos à 5 nerfs, titres et doubles filets dorés,
tête dorée, couv. conservées (rel. de l'époque), dos lég. frotté, bon état
50 €
"Voici de longues années que M. Paul Gaulot étudie avec conscience,
pour les raconter avec couleur et esprit, les chapitres les plus divers et
souvent les plus ignorés de notre chronique. Il réunit aujourd'hui en volume
une trentaine de ces études, allant du Grand Siècle à la Révolution. Avec une
conscience qui apparaît à toutes les lignes, M. Gaulot lit tout, s'enfonce dans
les dossiers ou assimile les témoignages, veut ne laisser rien échapper de ce
qui peut nourrir son récit, choisit alors avec tact ce qui le rend
caractéristique ; puis, pénétré de son sujet, il nous narre l'aventure avec
autant de couleur, de vie et d'aisance que s'il avait assisté à l'événement...
" (Louis Madelin, La Revue hebdomadaire, 1920).
192.
GUILLAUME
(James). Etudes
révolutionnaires. P.-V. Stock, 1908-1909,
2 vol. in-12, vi-400 et
vi-538 pp, un portrait du chevalier
Paulet (ou Pawlet), une double planche hors texte, reliures percaline bleues,
dos lisses avec titres et tomaisons dorés,
filets à foid, encadrements à froid sur les plats (rel. de l'époque),
bon état (Coll. Bibliothèque historique). Exemplaire très frais et sans
rousseurs. Edition originale (Maitron, Mouvement anarchiste, II, 384)
150 €
Première série : L'Ecole normale de l'An III ; Le vandalisme de Chaumette
; La Convention et les erreurs judiciaires ; L'Ecole de Mars et le livre de M.
Arthur Chuquet ; Lakanal et l'Académie des Sciences ; Michelet, Quinet, et la
Révolution française ; Fragornard et la Terreur ; L'Hymne à l'Etre-Suprême à la
fête du 29 prairial an II ; Marie-Joseph Chénier et Robespierre ; Les sextiles
de l'ère républicaine ; La destruction des tombeaux des rois ; Lavoisier anti-clérical
et révolutionnaire ; Etc. – Deuxième série : Le chevalier Pawlet et l'Ecole des
orphelins militaires (1773-1795) ; Une lettre de Romme sur la question
religieuse (1793) ; La liberté des cultes et le Comité d'instruction publique
en l'an II ; Le personnel du Comité de salut public ; Le personnel du Comité de
sureté générale ; Grégoire et le vandalisme ; Pestalozzi citoyen français. —
James Guillaume (1844-1916) fut un militant libertaire et un historien reconnu
; membre actif de la Première Internationale, puis historien de cette
organisation et militant du syndicalisme révolutionnaire à Paris. Il joua un
rôle majeur dans la Fédération jurassienne de l'Association internationale des
travailleurs (AIT), la branche anarchiste de l'Internationale et pour sa
participation à la fondation de l'Internationale antiautoritaire à Saint-Imier.
Il est l'auteur de L'Internationale : Documents et souvenirs, qui documente la
position anarchiste au sein de l'Association internationale des travailleurs.
Il a également édité avec Max Nettlau les six volumes des œuvres de Michel
Bakounine (Bakounine, Oeuvres, Paris, Stock, 1908). Il écrit dans de nombreux
journaux et revues anarchistes comme La Vie Ouvrière et La Révolution
Prolétarienne. En 1910 il traduit également de l'italien, L'abrégé du Capital
de Karl Marx, de Carlo Cafiero. Guillaume a joué un rôle clé dans la conversion
de Pierre Kropotkine à l'anarchisme. Il a par ailleurs été rédacteur en chef du
Dictionnaire pédagogique dirigé par Ferdinand Buisson, Les « Papiers de James
Guillaume » échurent à Lucien Descaves. Ils furent acquis en 1936 par
l’Institut International d’Histoire Sociale à Amsterdam. Néanmoins la majeure
partie des archives de James Guillaume furent retrouvés en Suisse dans les
années 60.
193.
HUMBOLDT
(Wilhelm von). Journal parisien (1797-1799). Solin/Actes
Sud, 2001, gr. in-8°, 355 pp,
traduit de l'allemand, préface d'Alberto
Manguel, notes, index raisonné des noms de personnes, broché, couv. illustrée,
bon état
20 €
Imprégné des Lumières, Wilhelm von Humboldt séjourne à Paris entre 1797 et
1799. Durant cette période riche et mouvementée, il tient un journal, qu'il
conçoit comme une véritable enquête anthropologique. Dans ce dessein, Humboldt
rencontre toutes les personnalités marquantes de la capitale : Bonaparte,
Sieyès, Mme de Staël, Benjamin Constant, pour ne citer qu'eux. Il fréquente
assidûment assemblées, instituts, théâtres et salons ; prend de nombreuses
notes de lectures ; dépeint enfin, non sans humour et avec un sens aigu du
pittoresque, la société d'alors. Encore inédit en France, le journal parisien
est un document exceptionnel sur la vie politique et culturelle sous le
Directoire. Il contribuera à faire découvrir au public français, à travers un
chapitre de sa propre histoire, la richesse de la pensée de Humboldt et sa
profonde originalité.
194.
JOURDAN
(Annie). La
Révolution, une exception française ? Flammarion, 2004, in-8°, 461 pp, 31
gravures dans le texte, chronologie, biblio, index, broché, couv. illustrée,
bon état
19 €
Voici des générations que les manuels d'histoire nous l'enseignent : avec
1789, la France a balayé des siècles de despotisme et éclairé les nations du
monde entier. La Révolution française, moment fondateur de l'histoire de notre
pays, scellerait la naissance de l'Europe moderne. Et s'il était temps
d'élargir le point de vue franco-français ? D'abord en reprenant le récit de
cette décennie sans pareille, qui a vu la Révolution se déployer au-delà des
frontières nationales, au son de La Marseillaise, mais aussi à grand renfort de
troupes et de canons entre 1789 et 1799, c'est toute l'Europe qui est emportée
par une tourmente indissociablement lumineuse et guerrière. Puis il faut
rappeler que, en matière de révolution, la France n'a ni l'exclusive ni la primeur
: dans les années 1770 déjà, la révolution américaine suscitait l'émoi des
contemporains ; sans parler de celle des Provinces-Unies, qu'admirait tant
Mirabeau, une page d'histoire européenne dont nous ne savons rien. Car la
Révolution française en a gommé le souvenir : unique, universelle, messianique,
c'est ainsi qu'elle est passée à la postérité. Comme si l'esprit
révolutionnaire était né en France...
195.
LAFOND
(Paul). Garat,
1762-1823. Calmann-Lévy, s.d. (1899),
in-8°,
xi-363 pp, 3 fac-similés hors texte, broché, dos lég. fendu, bon état. Manque le
portrait de Garat en frontispice
30 €
Biographie de ce Basque, chanteur admiré de Marie-Antoinette, chef des
Incroyables et des Muscadins, qui traversa sans encombre tous les régimes... —
"C'est, autour de ce chanteur demeuré célèbre pour son dandysme, son
zézaiement, son afféterie et malgré tout sa voix si belle, une évocation
intéressante des milieux qu'il a traversés, des mondes où il a vécu, depuis la
cour de Versailles, où il fut le chanteur favori de Marie-Antoinette, jusqu'à
l'Empire, qui le voit vieilli, mais portant beau encore. Ce Basque, fils d'un
avocat de Bordeaux, chanteur et amateur de danse, était allé à Paris étudier le
droit ; mais alors aussi, sous couleur d'expliquer les Pandectes poudreuses, on
pratiquait d'autres occupations. Garat se lie, en effet, avec les principaux
musiciens, se fait entendre dans des concerts avec un tel succès qu'il est
mandé à Trianon où il chante des duos avec Marie-Antoinette, des chansons
basques, comme Jélyote disait à Louis XV les airs du Béarn. D'où fureur du
père, suppression des subsides : quel opprobre pour une famille de robe ! La
reine obtient une pension pour Garat qui interprète Glück, fait connaître
Mozart. Au milieu de ces fêtes champêtres que peignent Watteau et Pater
survient la Révolution. Garat donne un instant dans les idées nouvelles pour
les répudier bien vite et fréquente chez Mesdames de Beauharnais, chez Talma,
va à Rouen où il se lie avec Boïeldieu, est arrêté, puis libéré et promène sa voix
à Hambourg, en Hollande, en Belgique, où il ne compte plus les triomphes.
L'avènement du Directoire le ramène en France : il retrouve bien vite sa
réputation. On le voit assidu chez la belle Mme Tallien, une bayonnaise ; il
chante dans tous les salons, accompagné par Méhul, Chérubini, à des cachets que
ne connaissent pas les artistes d'aujourd'hui. Il devient l'idole de la foule,
l'arbitre des élégances : on imite le zézaiement, le grasseyement, la myopie,
les originales toilettes de cet Incroyable, prédécesseur des Brummel et des
d'Orsay. Cette vogue se poursuit sous le Consulat et l'Empire. Il ne compte pas
les succès féminins. Garat a exercé une influence considérable au Conservatoire
: Fouchard, Levasseur, Roland, Nourrit furent ses élèves, ainsi que Mesdames
Duret, Boulenger, Rigard, Duchamp, Hym. Il tomba tout à coup, suivit avec
tristesse sa décadence et souhaita la mort qui vint le délivrer le ler mars
1823 : il avait seulement 60 ans. Le récit est piquant, instructif, évoquant
des mondes fort divers et bien curieux; l'auteur n'a négligé aucune source pour
que cette biographie fût très complète et il convient de le louer de tous
points." (Louis Batcave, Revue des études historiques, 1901)
196.
LALLIÉ
(Alfred). La
Justice révolutionnaire à Nantes et dans la Loire-Inférieure. Cholet, Editions du Choletais, 1991, gr. in-8°,
xxvi-432 pp, reliure plein chagrin carmin de l'éditeur, dos lisse,
titres dorés, bon état. Edition originale de cette réimpression de l'édition de
Nantes, 1896, limitée à 100 exemplaires numérotés (10 reliés cuir pleine peau
et 90 reliés simili-cuir), celui-ci un des 10 ex. numérotés reliés cuir pleine
peau (n° 5)
100 €
"En recueillant et en classant les éléments de ce volume, j'ai
constaté avec tristesse que, pendant les premiers mois de 1794, la ville de
Nantes avait été une sorte de cloaque de sang et de boue, où toutes les
passions viles, la cupidité, la cruauté, la lâcheté, s'étalaient sans vergogne.
Quelques années avaient suffi pour détruire le rêve des hommes de 89, l'espoir
d'un régime où la liberté, la paix et la confiance auraient assuré le bonheur
public..." (Introduction)
197.
LALLIÉ
(Alfred). Les
Prisons de Nantes pendant la Révolution. Cholet, Editions du Choletais, 1988, gr. in-8°,
238 pp, deuxième édition, revue et augmentée, 2 gravures hors texte, reliure
simili-cuir havane de l'éditeur, titres dorés au 1er plat et au dos, bon état.
Edition originale de cette réimpression de l'édition de 1912 limitée à 200
exemplaires numérotés (20 reliés cuir pleine peau et 180 reliés simili-cuir),
celui-ci un des 180 ex. numérotés reliés simili-cuir (n° 50)
80 €
"Nous n'avons pas à présenter à nos lecteurs l'auteur, dont les
études sur la Révolution à Nantes et dans le pays nantais jouissent d'une
considération méritée. Cette étude n'a rien perdu de sa valeur; car, composée
tout entière sur des documents empruntés aux archives du greffe et aux archives
municipales, elle a toute la précision des pièces qu'elle analyse et l'intérêt
tragique des événements qu'elle évoque. Elle a servi de modèle à beaucoup de
travaux du même genre. M. Lallié a divisé son récit en trois périodes : la
première, de 1790 à l'insurrection vendéenne la seconde, de l'insurrection
vendéenne à la formation du comité révolutionnaire; la troisième, de la
formation du comité révolutionnaire au 5 pluviôse an III (24 janvier 1795),
date d'un arrêté qui supprima plusieurs prisons, et que dans chacune, il nous
fait assister aux souffrances de toutes sortes endurées par les milliers de
prisonniers que torturait la cruauté de Carrier et de ses séides. Les
statistiques qu'il nous donne du nombre des prisonniers sont vraiment
effrayantes, et elles ne sauraient s'expliquer par la seule nécessité de
résister la révolte de la Vendée." (Jean Guiraud, Revue des Questions
historiques) — M. Alfred Lallié est connu par de nombreuses et solides
contributions à l'histoire locale et provinciale de l'ouest durant la période
révolutionnaire... (Revue Historique)
198.
LARIVIÈRE
(Ch. de). Catherine
II et la Révolution française, d'après de nouveaux documents. P., Le Soudier,
1895, pt in-8°, xxxiii-396 pp, préface
de Alfred Rambaud, biblio, index, broché, bon état, envoi a.s.
50 €
La France de l'Encyclopédie et le libéralisme de Catherine II ; «
L'Egrillarde » en France et la réaction en Russie ; Des relations de Catherine
II avec Necker, Mirabeau et Sénac de Meilhan. — "Dès le commencement de la
Révolution Française, Catherine II soutient la cause des princes émigrés, mais
ce n’est que dans l’été 1792 qu’elle décide de rompre toutes les relations avec
le gouvernement révolutionnaire. La communauté française qui réside en Russie,
et qui compte près de 2 500 individus, se voit dès lors surveillée et suspectée
par le pouvoir russe. Quelques Français sont arrêtés pour avoir trop haut
exprimé des opinions révolutionnaires... — La bibliographie française sur les
rapports entre la Russie et la Révolution française est assez ancienne. L'ouvrage
de Charles Lariviere, Catherine II et la Révolution française, Paris, Le
Sourdier, 1895, fait encore autorité." (Julie Ollivier, Les mesures prises
dans l'empire de Russie envers les Français soupçonnés de sympathies
révolutionnaires (1792-1799), Annales historiques de la Révolution française,
2007)
199.
LEDRÉ
(Charles). L'abbé
de Salamon, correspondant et agent du Saint-Siège pendant la Révolution. Vrin, 1965, gr. in-8°, 290 pp,
sources et biblio, index, broché, bon état
(Bibliothèque de la Société d'histoire ecclésiastique de la France)
35 €
"M. C. Ledré auquel on doit déjà plusieurs études sur l'histoire de
l'Eglise romaine pendant la Révolution, entre autres sa thèse sur le cardinal
Cambacérès, retrace dans cet ouvrage la figure vivante, et combien
caractéristique, d'un agent de la diplomatie pontificale pendant la période
révolutionnaire, au sens le plus large du terme. L'abbé de Salamon aurait pu
être simplement un de ces abbés bien en cour qui se rencontraient en grand
nombre au XVIIIe siècle ; mais son caractère et les circonstances allaient lui
faire jouer des rôles singulièrement plus importants. (...) Cette biographie
alerte apporte au passage beaucoup d'informations sur les aspects les plus
divers de la politique pontificale pendant la période révolutionnaire et, avec
moins de détails, sous l'Empire et la Restauration." (Jean Vidalenc,
Annales historiques de la Révolution française, 1967)
200.
LENOTRE
(Théodore Gosselin, dit G.). Monsieur de Charette, le roi de Vendée. Hachette,
1948, in-8°, 296 pp, broché,
un portrait en médaillon au 1er plat, couv. salie, bon état
20 €
"C'est une épopée dont M. Lenôtre s'est fait l'historien dans son
nouveau livre : Monsieur de Charette, le roi de Vendée. Il y suit, et l'on suit
avec lui, d'un intérêt passionné, son héros, de Machecoul à « la cour de Légé
», à travers la terre vendéenne, par les marais, les bois et les landes. Epopée
qui ne ressemble à aucune autre et qui est faite de 100 combats : Torfou,
Montaigu, Saint-Fulgent, la prise de Noirmoutier, l'attaque de Nantes,
Sainte-Honorine, etc., guerre d'embuscades, chasse à l'homme, où, après avoir
été le chasseur, Charrette fut le gibier. M. Lenôtre raconte impartialement les
faits il ne veut être et n'est l'apologiste de personne ; il prend ses témoins
aussi bien dans les rangs des républicains que dans les rangs des royalistes ; il
rend justice à qui le mérite. II constate simplement ce qu'il voit, ce qu'il
entend ; le mouvement de la Vendée a été un mouvement spontané, un mouvement
populaire..." (Charles Baussan, La Croix)
201.
MALO
(Henri). Le
Beau Montrond. Emile-Paul, 1926, in-12, xv-329 pp, un
portrait en frontispice, index, reliure toile rouge, dos lisse avec pièce de
titre chagrin noir, couv. conservées, dos lég. passé, papier jauni comme
toujours, bon état, envoi a.s. au romancier et auteur de livres d'histoire
Georges Lecomte (1867-1958)
40 €
Claude Philibert Hippolyte dit Casimir de Montrond (1769-1843) est un
diplomate, officier de cavalerie et aide de camp. Pendant la Révolution, se
tournant vers la politique, Casimir de Montrond devient vite la coqueluche des
salons parisiens. Homme d'esprit, joueur invétéré et grand amateur de femmes,
il devint presque naturellement, vers la fin du XVIIIe siècle, l'inséparable
ami de Talleyrand et fut pendant toute sa vie son confident et son agent
politique. Talleyrand avouera même plus tard qu'il était fasciné par cet homme
dont il fit le maître d'œuvre de son « cabinet occulte » : c'est lui qui
traitait avec les voleurs, escrocs, aventuriers et espions que Talleyrand
fréquentait mais avec qui il ne pouvait néanmoins pas se compromettre. En 1792,
Casimir de Montrond accompagne à Londres Aimée de Coigny qui est inquiétée
après la journée révolutionnaire du 10 août 1792, et dont le mari, le duc de
Fleury, est un de ses amis. En janvier 1793, redoutant le séquestre de ses
biens, Aimée, toujours accompagnée de Casimir de Montrond, qui est devenu son
amant, revient en France au moment du procès de Louis XVI. À la veille de la
loi des suspects, elle entraîne de Montrond à Mareuil-en-Brie, où ils vivent
quelques mois avant d’être arrêtés alors qu'il s'enfuyaient vers les Pays-Bas.
Incarcérés à la prison Saint-Lazare, ils apprennent que leurs noms ont été
placés sur une liste de proscription, avec le risque d’avoir à répondre d’une
accusation de conspiration dans les prisons, ce qui est la mort assurée. Grâce
à un indicateur de prison, et moyennant la somme de cent louis, ils obtiennent
que leurs noms soient enlevés de cette liste. Ils sont libérés après la chute
de Robespierre en juillet 1794, se marieront en 1795, mais se sépareront à
l'issue de leur lune de miel à Londres, pour divorcer en 1802... — "C'est
à la vie privée et aux aventures personnelles, plus qu'au rôle politique du
Beau Montrond, que M. Malo s'est attaché dans le petit livre qu'il consacre à
ce complice de Talleyrand, et qu'on trouvera fort intéressant, mais d'une
indulgence un peu excessive. Les archives françaises, publiques et privées, lui
ont fourni du piquant et de l'inédit." (Raymond Guyot, Revue Historique,
1926)
202.
MONTAGNON
(Colonel André). La Guerre de Vendée. Une guerre subversive. La Colombe,
1959, in-8°, 141 pp, cartes,
chronologie, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
"L'auteur ne s'est pas donné pour tâche de retracer, une fois de
plus, l'histoire de l'insurrection vendéenne. Mais militaire, et dominé par les
préoccupations du moment, il a vu dans la chouannerie un exemple de « guerre
subversive » et c'est dans ces perspectives qu'il a situé son étude. C'est à ce
titre aussi que cet ouvrage assez mince, mais intelligent et nuancé, est
susceptible aujourd'hui de retenir l'attention. Dans la mesure où il dégage,
sans prétention mais avec netteté, certaines « constantes » de la guerre
subversive, il offre d'utiles références historiques et peut contribuer à
éclairer la genèse et le déroulement de certains conflits contemporains."
(Revue française de science politique, 1960)
203.
ORSE
(Jean Baptiste). Massacres des prisonniers de l'Abbaye en 1792, racontés par des témoins
oculaires. Mémoires recueillIs et augmentés d'une préface par M. l'abbé Orse. P., Charles Douniol, 1853, in-12, 214 pp, reliure
plein chagrin noir, dos lisse avec titres et filets dorés, palette dorée en
queue, encadrement doré et décor estampé à froid sur les plats (rel. de
l'époque), une garde recollée, qqs rousseurs, bon état. Peu courant
50 €
Introduction. – Mémoires d un capitaine. – Les journées des 2 et 3
septembre à l Abbaye, par un témoin oculaire. – Les crimes des égorgeurs, ou ma
résurrection. – Lettre et Mémoire de Caron-Beaumarchais. Lettre à sa fille. –
Relation d'une dame. – Relation de l'abbé Sicard, instituteur des sourds et
muets, à un de ses amis, sur les dangers qu'il a courus les 2 et 3 septembre
1792. – Déclaration du citoyen Jourdan, ancien président du district des
Petits-Augustins et de la section des Quatre-Nations. – Extrait de l'état des
sommes payées par le trésorier de la commune de Paris, pour dépenses
occasionnées par les massacres de septembre (1792).
204.
[PEUCHET,
Jacques]. Mémoires
sur Mirabeau et son époque. Sa vie littéraire et privée, sa conduite politique
à l'Assemblée nationale, et ses relations avec les principaux personnages de
son temps. P., Bossange
frères, 1824, 4 vol. in-8°, (6)-428,
(6)-414, (6)-552 et (6)-418 pp, reliures
demi-chagrin carmin, dos lisses avec titres, tomaisons, quadruples filets dorés
(rel. fin XIXe s.), bon état. Bel exemplaire
300 €
Ouvrage publié dans la collection des Mémoires des contemporains, que l'on
attribue généralement à Peuchet, ce dont doute fortement Quérard. La Biographie
Universelle apporte cependant un intéressant argumentaire, indiquant notamment
que "Peuchet écrivit son texte alors qu'il était archiviste de la Police
sous la Restauration ; l'admiration qu'il y montre pour Mirabeau lui valut
d'être mis à la retraite d'office." Peuchet fut représentant de la Commune
de Paris et l'un des membres de l'administration municipale au département de
la Police qu'il géra de septembre 1789 à août 1790. Il dirigea en l'An III le
Bureau des Lois et des matières contentieuses sur les émigrés, ce qui lui
permit d'avoir accès à des documents inexplorés à l'époque, et de composer un ouvrage
d'un intérêt unique, ne faisant pas double emploi avec les autres mémoires
publiés. Ce texte demeure donc tout à fait intéressant lorsqu'on sait que
toutes les archives de la Police ont disparu lors de la Commune de 1871, les
anecdotes citées gardant un caractère exclusif. Selon Tourneux, Jacques Peuchet
fut, à cause de cette publication, destitué en 1825 de ses fonctions
d'archiviste de la Préfecture de Police, qui ne lui furent rendues que trois
ans plus tard ; "mais le chagrin que lui avait causé cette disgrâce hâta
sa fin et il mourut en 1830." (Tourneux IV, 24213). — "Ennemi de
toutes les faiblesses de la cour, mais ami de tous les vices de l'humanité,
Mirabeau devait remplacer d'incontestables abus par d'incalculables désordres."
(Vicomte de Falloux)
205.
REINHARD
(Marcel). Avec
Bonaparte en Italie. D'après les lettres inédites de son aide de camp Joseph
Sulkowski. Hachette, 1946, in-8°, 316 pp, une
carte, broché, couv. illustrée d'un portrait en vignette, bon état
25 €
"Issu d'une illustre famille polonaise, Sulkowski (1770-1798) n'avait
que 26 ans lorsque, peu après sa naturalisation française, il fut affecté à
l'armée d'Italie comme capitaine. Employé à l'état-major et bientôt choisi
comme aide de camp, il se trouve dans d'exceptionnelles conditions
d'information qui donnent à son témoignage un grand intérêt. M. Reinhard a
retrouvé la copie d'un certain nombre de lettres – exactement 9, échelonnées du
8 juillet 1796 au 7 août 1797 – que, de Castiglione ou de Vérone, de Milan ou
de Bologne, et de Mombello où Bonaparte tint un moment sa cour, Sulkowski avait
adressées « à un ami polonais de Paris » (peut-être le major Sochodolec). Elles
sont ici reproduites, encadrées dans un exposé suivi où M. Reinhard a mis
autant d'élégance que de solidité et qui comporte deux grandes parties : 1) la
description de l'armée d'Italie en juin 1796 (p. 13-81) : le chef et les
hommes, la machine de guerre (infanterie, cavalerie, artillerie, génie, service
de santé, etc.), « la plume et l'épée » (l'Etat Major et les bureaux, le
service des renseignements et les historiques, etc.) ; – 2) la campagne « vue
et vécue » par Sulkowski (p. 82-302), depuis le siège de Mantoue jusqu'à
l'armistice de Leoben, avec un épilogue sur la mort en Egypte, victime de
l'insurrection du Caire (22 octobre 1798), de ce jeune officier admirablement
doué. Chaque chapitre se termine par une série de notes (références
bibliographiques, rapprochements de textes, etc.) dont la précision critique ne
laisse rien à désirer. Et dans ces lettres jusqu'alors inédites qui complètent
notre connaissance d'une campagne si souvent et si âprement discutée, M.
Reinhard. met particulièrement en relief les remarques stratégiques ou
tactiques et aussi les données psychologiques où il apparaît que l'armée
d'Italie fut vraiment « l'embryon et le modèle des armées napoléoniennes, qui
en sortirent comme un organisme sort de son germe. » ..." (Louis Villat,
Revue d'histoire de l'Église de France, 1947)
206.
ROBINET
(Dr.), Adolphe ROBERT et J. LE CHAPLAIN. Dictionnaire historique et biographique de la
Révolution et de l'Empire; 1789-1815. Tome II : G-Z. P., Librairie historique de la Révolution et de
l'Empire, s.d. (1899), fort gr. in-8°, 868 pp,
texte sur 2 colonnes, environ 2 000 biographies
commentées, table récapitulative des biographies par département, reliure
demi-toile rouge, dos lisse avec titres et fleuron, bon état
50 €
Tome II seul (sur 2). — Important ouvrage rédigé rédigé pour l'histoire
générale par le Dr Robinet, pour la partie descriptive et biographique par Ad.
Robert, pour les matières constitutionnelles et législatives par J. Le
Chaplain. — "Cet ouvrage, très utile et très intéressant, est, à lui seul,
une bibliothèque ; Tout ce qui a trait à cette période, qui est la base de notre
société contemporaine, y est contenu : hommes et choses. Les articles sont à la
fois clairs, précis et attrayants : c’est l’histoire de cette période si
féconde mise à la portée de tout le monde. Si vous avez besoin d’être renseigné
sur un homme, un fait, un événement de la Révolution et de l’Empire, vous
l’êtes immédiatement, tandis qu’avec un livre d’histoire il vous faudrait une
heure, et souvent vous ne trouvez pas ce que vous cherchez. Et d’un autre côté,
que d’inexactitudes, d’erreurs, de jugements passionnés, vont disparaître en
présence de documents rigoureusement contrôlés et certains. Les trois auteurs,
qui sont : le savant Dr Robinet, sous-conservateur du musée Carnavalet, si
connu par ses nombreux travaux sur la Révolution ; M. Adolphe Robert, auteur du
“Dictionnaire des Parlementaires français”, et M. J. Le Chaplain, avocat
distingué et instruit, ont fait, avec la collaboration de savants et d’érudits,
une oeuvre utile et qui restera." (L'Echo du Merveilleux, 1899)
207.
ROLLAND
(Romain). Danton.
3 Actes de Romain Rolland. P., Editions
des Cahiers de la Quinzaine, 1901, in-12, 176 pp,
reliure toile rouge, dos lisse avec titres
dorés, dos uniformément passé, bon état (sixième cahier de la deuxième série
des Cahiers de la Quinzaine). Edition originale
25 €
Drame historique et philosophique écrit en 1899 : une représentation de la
Terreur. La pièce « Danton » a été donnée, pour la première fois, au Nouveau
Théâtre, le 29 décembre 1900. C'est l'un des premiers chapitres du Théâtre de
la Révolution imaginé par Romain Rolland. Il sera réédité par Hachette en 1909.
208.
SAINT-JUST
(Louis Antoine de). Oeuvres de Saint-Just, représentant du peuple à la Convention Nationale. P., Prévot,
1834, in-8°, xvi-424 pp, un
portrait gravé en frontispice, reliure demi-basane carmin, dos lisse à riples
filets dorés, titres dorés, roulette en tête, palette en queue (rel. de
l'époque), qqs rousseurs, bon état. Edition originale
300 €
Première édition des œuvres de Saint Just, peu commune, surtout bien
reliée à l’époque. Elle ne contient que les œuvres politiques : discours,
opinions, rapports, etc. ainsi qu’un Essai de Constitution et des Fragments
d’institutions républicaines. — "Saint-Just a rendu les services plus
éminents, en créant une commision qui s est élevée à la hauteur des
circonstances, en envoyant à l'échafaud tous les aristocrates, municipaux,
judiciaires et militaires : ces opérations patriotiques ont réveillé la force
révolutionnaire." (Robespierre)
209.
THIERS
(Adolphe). Histoire
de la Révolution française. P., Lecointe,
Mesnier, 1828-1829, 10 vol. in-8°, seconde
édition, une grande carte dépliante du théâtre de la campagne de 1796 au tome
8, notes et pièces justificatives, table alphabétique de matières à la fin du
tome 10, reliures demi-basane verte à petits coins, dos lisses à filets,
palettes et roulettes dorées, titres dorés (rel. de l'époque), dos lég.
frottés, état correct
120 €
"Comme son ami Mignet, Thiers est partisan d'une histoire
philosophique, d'une histoire qui explique. Il revendique les acquis de la
Révolution. Son fatalisme le conduit à porter la raison d'Etat au rang de
vertu. Il exalte l'ordre et trouve une légitimation à la grandeur, fût-elle
guerrière. Subordonnant l'histoire à la politique, il destine ses ouvrages aux
dirigeants et les conçoit comme une propédeutique du pouvoir. L'historien sert
le politique. Cependant, le Thiers historien est encore plus un peintre qu'un
philosophe. Très narratif et descriptif, il est un remarquable vulgarisateur
qui veut tout savoir de l'époque qu'il évoque pour mieux la faire comprendre.
Il est ainsi l'un des pionniers de l'histoire scientifique... Jean Tulard
déplore que Thiers, en dépit de ses erreurs et de ses lacunes, n'ait pas été
réédité, contrairement à Taine ou à Michelet..." (Eric Anceau, Revue
historique, 1999)
210.
VOVELLE
(Michel)(dir.). Les images de la Révolution française. Etudes réunies et présentées par
Michel Vovelle. Actes du Colloque des 25-26-27 oct.1985 tenu en Sorbonne. P., Publications de la Sorbonne, 1988, gr. in-8°,
399 pp, 32 pl. de gravures hors texte, broché, couv. illustrée, trace d'humidité
ancienne au bas du 2e plat, bon état
30 €
39 études érudites regroupées en cinq parties : 1. Conditions de la
production artistique : les idées, les institutions, les hommes ; 2. L'art
comme témoignage : journée et héros, commémorations éphémères ou durables; 3.
Les territoires de la production : de l'héritage à l'invention ; 4. Triomphes
et langages de l'allégorie ; 5. L'image de la Révolution française, du XIXe
siècle à nos jours.
211.
BARBEY
(Frédéric). La
Mort de Pichegru. Biville, Paris, le Temple (1804). Perrin, 1909, pt in-8°, ii-276 pp,
5 plans inédits du Temple et 7 gravures hors
texte, reliure demi-percaline carmin, dos lisse avec fleuron et double filet
doré, pièce de titre basane noire, couv. conservées (rel. de l'époque), bon
état
50 €
"M. Barbey s'est proposé « de narrer l'entreprise suprême de l'ancien
général de la République, rentrant en France, à la veille de l'établissement de
l'Empire, pour y renverser Bonaparte ». L'exposé semble solidement établi ; les
dépouillements ont été fort étendus, et les références sont données avec
précision. Le livre se lit facilement. On goûtera en particulier les
renseignements sur la prison du Temple, à la veille de sa disparition, le récit
de la mort de Pichegru (M. B. considère la version du suicide comme la seule
acceptable), le chapitre final sur Mlle Deroy, aventurière qui, en 1815, se fit
passer pour la fille du général." (Revue d'histoire moderne et
contemporaine , 1909) — "M. Frédéric Barbey, historien sagace et de bonne
méthode narrative, nous donne un intéressant volume sur les derniers jours de
Pichegru. On suit avec intérêt les filatures et les embûches dans lesquels se
débat l'ancien conquérant de la Hollande, pour arriver au drame final dans la
prison du temple..." (La Revue critique des idées et des livres, 1909)
212.
BARTEL
(Paul). La
Jeunesse inédite de Napoléon, d'après de nombreux documents. Amiot-Dumont,
1954, in-8°, 280 pp, notes,
sources, broché, couv. illustrée, bon état
30 €
Cette étude comprend en appendice les Cahiers inédits d'Alexandre des
Mazis : "Importante relation sur les débuts de Bonaparte à l'Ecole
Militaire par un de ses compagnons de jeunesse." (Tulard, 432)
213.
BERTAUT
(Jules). Le
ménage Murat. Le Livre
Contemporain, 1958, in-8°, 248 pp,
reliure toile carmin de l'éditeur, gardes
illustrées. bon état
25 €
"Jules Bertaut nous raconte comment lorsque l'Empire menace de
s'écrouler, le ménage Murat n'hésite pas à trahir Napoléon. Après le retour de
l'île d'Elbe, Murat tente lui aussi l'aventure. Arrêté, il est fusillé par
ordre du roi Bourbon. Exilée en Autriche, Caroline y vivra de longues années et
retrouvera la France sous Louis-Philippe." — "C'est un agréable récit
des sempiternelles querelles de ces « époux terribles ». Il pourra, grâce au
talent de l'auteur, égayer même les plus blasés des amateurs." (J.
Godechot, Revue Historique, 1959) — "C'est avec sa verve et son art de
conter habituels que M. Jules Bertaut retrace, dans "Le Ménage
Murat", une des plus curieuses aventures conjugales de l'histoire. Comment
la toute jeune Annunciata Bonaparte, née à Ajaccio en 1782, rencontre à
Mombello Joachim Murat, né près de Cahors quinze années avant elle ? Comment
tous deux s'enflamment d'un amour passionné et réciproque ? Comment nos
amoureux, séparés par la campagne d'Egypte, se retrouvent à Paris aux derniers mois
du XVIIIe siècle, toujours aussi épris l'un de l'autre ? Tel est le poétique
prologue d'une idylle qui va durer cinq ans et donner le jour à un nombre égal
d'enfants. Mais déjà l'ambition des époux les entraîne dans un réseau
d'intrigues politiques dont l'auteur nous montre les obscurs cheminements et
les éclatantes réussites. Grand duc de Berg, puis roi de Naples – à défaut du
trône d'Espagne que tous deux convoitaient – Murat veut régner à Naples et ne
se soucie pas de partager avec sa femme les rênes du gouvernement. Dès lors,
les amoureux de naguère se dressent l'un contre l'autre. Des scènes violentes
les opposent, dont Caroline finit toujours par être victorieuse. Certes, elle
est mieux douée pour gouverner que son mari, cavalier épique mais homme d'Etat
incertain. Mais pour conserver le pouvoir, elle est capable des plus tristes
reniements ; elle le prouvera quand Napoléon déclinant, elle se détachera de
lui et poussera son mari à marcher contre les armées impériales. Ce drame entre
époux est conté par M. Jules Bertaut avec le brio et le mouvement qui
caractérisent son talent. Et on retrouvera avec émotion sous sa plume le récit
de l'ultime et folle tentative de Murat pour reconquérir son trône, sa capture
et sa mort héroïque, après qu'il eût écrit, à celle qui avait été à la fois la
source de sa prodigieuse élévation et la cause de sa perte, une dernière lettre
d'amour." (Revue des Deux Mondes, 1958)
214.
BERTAUT
(Jules). Napoléon
ignoré. SFELT, 1951, in-8°, 300 pp, une
planche en frontispice, broché, bon état (Coll. Présence de l'histoire), envoi
a.s.
25 €
"Brillant historien, très goûté du grand public, auteur de nombreux
livres qui ont connu un vif succès, Jules Bertaut vient de disparaître. A ses
débuts, il avait collaboré avec Léon Séché qui, l'un des premiers, au début de
ce siècle, s'attacha à reconstituer, à l'aide d'abondants documents inédits
qu'il sut mettre au jour, l'existence des grands romantiques. Peu à peu Jules
Bertaut se tourna vers l'histoire et s'y consacra en grande partie, sans
toutefois cesser de s'intéresser à la littérature et à son histoire. La période
historique qu'il avait adoptée était assez vaste ; elle s'étendait de la
Révolution au Second Empire et même à la Troisième République, en passant par
l'Empire, la Restauration, la monarchie de Juillet, la seconde République.
Quelle variété dans les genres qu'il a traités, dans les sujets qu'il a choisis
! Tantôt son étude se portait sur telle période historique et c'est Le Retour
de la Monarchie (1815-1848) ; tantôt sur une figure dont il se faisait
l'annaliste et le portraitiste : Napoléon Ier aux Tuileries, Napoléon ignoré,
Marie-Louise, la Vie aventureuse de Louis XVIII,
Le Roi bourgeois (Louis-Philippe), Napoléon III , homme secret, Madame Tallien,
Madame Récamier, la duchesse d Abrantès, etc... Tantôt encore il dépeignait les
mœurs et en retraçait l'évolution : Les Parisiens sous la Révolution, la Vie à
Paris sous le premier Empire, le Faubourg Saint- Germain sous l Empire et la
Restauration, l'Opinion et les mœurs sous la Troisième République, etc...
Malgré l'âge il gardait toute la vivacité, tout l'entrain de son talent de
conteur. En ces dernières années il a publié un Roi Jérôme d'une verve
étonnante, un Ménage Murat . Ajoutons que c'était un charmant confrère."
(Revue des Deux Mondes, 1959) — Table : L'homme ; Femmes ; Le manieur d'hommes
; Mort et transfiguration.
215.
BERTRAND
(Général, Grand Maréchal du Palais). Cahiers de Sainte-Hélène. Journal 1816-1817. Manuscrit
déchiffré et annoté par Paul Fleuriot de Langle. P., Editions Sulliver, 1951, in-8°, 367 pp, broché,
couv. illustrée, bon état,. Edition originale, un des 300 ex. numérotés sur
papier Alfa des Papeteries de Navarre (seul grand papier)
80 €
Premier volume (sur 3) des mémoires du général Bertrand. Bertrand s'était
servi pour rédiger son journal d'un code sténo-cryptographique, dont le
déchiffrement a demandé douze années de travail. (Le troisième volume a été
publié en 1949 et le premier en 1951 aux éditions Sulliver ; le second ne sera
publié qu'en 1959 aux éditions Albin Michel). — "Document capital sur les
dernières années de l'empereur." (Tulard, 143) — "Le Journal tenu à
Sainte-Hélène par le grand maréchal Bertrand s'ouvre en 1816, presqu'avec
l'arrivée à Longwood du Gouverneur Hudson Lowe, dont les tracasseries et les
persécutions rendirent odieux à Napoléon captif le séjour de l'île. Ce
document, rédigé secrètement à l'insu de tous les compagnons de la Captivité, à
l'insu de Napoléon lui-même, donne licence au mémorialiste d'enregistrer en
vrac toutes les conversations de son Maître. Un témoin impartial, exempt de
toutes courtisanerie qui rapporte les faits sans prendre parti, qui parle de
lui-même à la troisième personne, afin de se rendre plus objectif – tel
apparaît Bertrand mémorialiste de Sainte-Hélène. En transcrivant les pages du
Journal, que la prudence de son auteur avait cherché à rendre quasi
impénetrable au moyen d'une cryptographie dont il ne nous a pas livré la clé,
nous avons eu conscience d'enrichir l'abondante littérature hélénienne d'un
document sans similaire dans l'Histoire de la Captivité..."
216.
BERTRAND
(Général, Grand Maréchal du Palais). Cahiers de Sainte-Hélène. Janvier 1821 - Mai 1821.
Manuscrit déchiffré et annoté par Paul Fleuriot de Langle. P., Editions Sulliver, 1949, in-8°, 264 pp, préface
de Marcel Dunan, un portrait en frontispice et 3 fac-similés sur 2 planches
hors texte, broché, couv. illustrée rempliée, bon état. Edition originale, un
des 550 ex. numérotés sur papier Alfa-Mousse des Papeteries de Navarre (seul
grand papier)
80 €
Troisième volume (sur 3) des mémoires du général Bertrand. Bertrand
s'était servi pour rédiger son journal d'un code sténo-cryptographique, dont le
déchiffrement a demandé douze années de travail. (Le troisième volume a été
publié en 1949 et le premier en 1951 aux éditions Sulliver ; le second ne sera
publié qu'en 1959 aux éditions Albin Michel). — "Document capital sur les
dernières années de l'empereur." (Tulard, 143) — Dans la chronologie des
Cahiers de Sainte-Hélène, ouverts par Bertrand en avril 1816 et fermés au
lendemain de la mort de l'Empereur se creuse une lacune : elle concerne l'année
1820. De cette année, ne subsistent que de vagues linéaments, soit que Bertrand
mémorialiste se soit découragé de tenir une plume dans une période vide
d'événements majeurs, soit que son manuscrit ait été égaré ou perdu. Nous
inclinerions volontiers vers la première hypothèse : une espèce de torpeur et
d'atonie avait fini par s'emparer de tous les compagnons du Captif : elle
n'épargnait pas l'Empereur lui-même. A partir du moment où la santé de Napoléon
décline et ou sa fin se précipite, Bertrand, greffier d'histoire, retrouve
l'ardeur de ses débuts. La délivrance est prochaine, et pour celui qui va
prendre congé de la vie, et pour ses compagnons que sa mort rendra eux-mêmes à
la liberté. L'on ne sache pas de récit plus émouvant que celui où Bertrand a
consigné, avec une minutie hallucinante et un réalisme quasi-shakespearien, les
derniers moments et l'agonie de l'Empereur...
217.
BIBL
(Victor). Metternich,
1773-1859. Payot, 1935, in-8°, 330 pp, 9
gravures et portraits hors texte, reliure demi-maroquin vert Empire, dos à 4
nerfs soulignés à froid, titre et auteur dorés, filet à froid sur les plats,
couv. illustrée conservée, bon état (Coll. Bibliothèque historique)
50 €
"La première biographie de l'ennemi de Napoléon d'après les Archives
secrètes de la Maison d'Autriche." — "Le présent ouvrage, qui nous
est offert dans une traduction très correcte, suit le ministre de l'empereur
François à travers toute sa longue carrière. Nous le voyons toujours paresseux,
vaniteux, aimant la ruse et le mensonge, préoccupé de ses intérêts
particuliers, incapable de s'élever à de grandes vues ou à des résolutions
hardies. On accusera peut-être d'exagération cette critique impitoyable, mais
il sera impossible de la négliger, car elle est fondée sur des recherches
sérieuses, approfondies, qui nous ont fait pénétrer certains mystères jusque-là
inexpliqués de la politique de Vienne." (Georges Weill, La Révolution
française : revue historique, 1936)
218.
CABANÈS
(Docteur). Dans
l'intimité de l'Empereur. Albin Michel, s.d. (1924),
in-8°,
501 pp, un frontispice et 123 gravures dans le texte et hors texte, reliure
demi-bradel papier créme, pièce de titre basane rouge (rel. de l'époque), dos
lég. frotté, état correct
30 €
I. Napoléon dans son intérieur ; II. La psychophysiologie de Napoléon ;
III. Napoléon homme de science ; IV. Le service de santé de l'Empereur. —
"Après nous avoir, dans un précédent volume, parlé de Napoléon. au point
de vue physiologique, le docteur Cabanès nous fait pénétrer « dans l'intimité
de l'Empereur ». Le nouveau volume qu'il va faire paraître, sous ce titre, à la
librairie Albin Michel, nous apporte sur le grand homme nombre de révélations
des plus curieuses, entre autres sur sa constitution nerveuse, ses sautes
d'humeur, ses tics et ses manies. Napoléon est, avant tout un impulsif, et son
impulsivité lui a joué bien des tours, malgré qu'il ait essayé de la mater par
un effort de volonté. Ses colères sont restées légendaires..." (Le Figaro)
219.
CASTRIES
(Duc de). Madame
Récamier, égérie de Chateaubriand. Tallandier, 1982, in-8°, 349 pp, 8 pl. de
gravures hors texte, chronologie, sources, biblio, broché, couv. illustrée, bon
état
25 €
Du directoire à la révolution de 1848, elle aura eu à ses pieds tout ce
que le début du XIXe siècle compta d'écrivains, de philosophes, de savants. Le
prince Auguste de Prusse, Ballanche, Lucien Bonaparte, J.-J. Ampère,
Chateaubriand et tant d'autres, tous furent subjugués par son intelligence, son
rayonnement, son charme, sa beauté... — "Nul sujet n'a été plus souvent
traité et cependant c'est toujours avec un nouvel intérêt qu'on s'y replonge.
Deux personnages de premier plan le dominent aussi curieux, originaux l'un que
l'autre ; et c'est aussi toute une société, peut-être la plus captivante, qui
se meut tout autour d'eux. M. le duc de Castries renouvelle, pour ainsi dire ce
sujet : le portrait qu'il trace de l'héroïne n'a d'égal que le cadre dont il
l'entoure. Quel personnage plus curieux que cette Juliette Récamier ; on ne se
lasse pas de l'étudier ; il s'enveloppe dans un étrange mystère. Nul ne s'en
approche sans en être troublé. A quinze ans, elle frappe par sa beauté et son
charme qu'elle conserve jusqu'à sa vieillesse et pourtant ! Ce Récamier qu'elle
épouse toute jeune a déjà quarante ans, ne daigne pas partager sa vie, et
cependant ne semble pas jaloux des soupirants qui l'entourent. Ils se sont
mariés en 1793, en pleine Terreur ; à l'Hôtel de Ville, le jour où Marat est
acquitté par le tribunal révolutionnaire ; pas le moindre mariage religieux
sans qu'on puisse dire que le banquier et « la merveilleuse » soient hostiles à
la religion, elle leur est indifférente. Le livre passionnant du duc de
Castries se divise en deux parties ; dans la première évolue cette société qui
s'agite dès le lendemain de Thermidor, presque constamment en conflit avec
Napoléon ; la chute de l'Empire coïncide avec la mort de Mme de Staël. A partir
de ce moment c'est Chateaubriand qui prend la première place auprès de Mme
Récamier. Les rapports de ce duo sont plus connus ; ils n'ont pas été sans
orages ; ils tiennent une assez grande place dans les Mémoires d'outre-tombe
(qu'il ne faut pas prendre, n'est-ce pas, au pied de la lettre). Ces amoureux
transis, eux aussi, ont même des brouilles sinon des ruptures. M. de Castries
nous décrit avec son habituel talent, les rapports, qui, de 1815, se
poursuivent jusqu'à la Révolution de 1848. Chateaubriand passe au premier plan
; on nous le montre dans ce cadre peu confortable qu'est l'Abbaye-aux-Bois, ou
au 112 de la rue du Bac, lisant et relisant ces fameux mémoires dans lesquels
Juliette prend une place plusieurs fois modifiée. On n'oublie pas non plus Mme
de Chateaubriand qui, dans la rue d'Enfer a fondé la généreuse maison de
retraite Marie-Thérèse, mais s'exaspère non sans raison contre Juliette.
Chateaubriand a obtenu le portefeuille des Affaires étrangères et a pu réaliser
ce qu'il appelle modestement sa « gigantesque entreprise », la guerre
d'Espagne. Plus tard, il partira pour Rome comme ambassadeur et croira avoir «
fait un pape ». Juliette est passée au second plan jusqu'au moment où René,
enfin calmé, s'enferme dans un appartement (112, rue du Bac) où il va mourir en
juillet 1848 après avoir applaudi à la chute de Louis-Philippe : « c'est bien
fait ». Sa vieille amie l'a entouré jusqu'à son dernier jour, mais, presque
aveugle, ne peut accompagner sa dépouille à Saint-Malo où il va reposer sur le
fameux rocher balayé par les vents. Elle ne lui survivra pas longtemps, mais,
c'est surtout avec lui qu'elle survivra dans la postérité." (Pierre Rain,
Revue des Deux Mondes)
220.
CHATEAUBRIAND
(François-René de). Napoléon par Chateaubriand. Introduction par Christian Melchior-Bonnet. Albin Michel,
1969, in-8°, 439 pp, broché,
couv. illustrée, bon état
25 €
« Pendant près d'un demi-siècle, Napoléon a obsédé Chateaubriand, nous dit
M. Christian Melchior-Bonnet dans son Introduction. De ce corps à corps
passionné où l'admiration se mélange à la colère, sont nées les proses
merveilleuses, les grandes flammes brûlantes des “Mémoires d'Outre Tombe” » (p.
7). On nous offre donc dans cet ouvrage des extraits de Chateaubriand qui
retracent les étapes principales de la vie de l'empereur. « Proses
merveilleuses », oui, et qui n'en serait enchanté ? Mais bien que Chateaubriand
ait fait de nombreuses lectures pour bien connaître son sujet, il était, dans
l'affaire, trop passionné pour atteindre à l'objectivité de l'historien.
Certaines pages restent cependant inoubliables." (E. Tesson, Etudes, 1969)
— "Dans une introduction d'une quarantaine de pages, C. Melchior-Bonnet
décrit avec sûreté les rapports de Chateaubriand avec l'Empereur et
l'envoûtement exercé par le second sur le premier ; il nous dit aussi, de façon
convaincante, pourquoi les pages des Mémoires d'outre-tombe, relatives à
Napoléon, ont une valeur historique. Ceci fait, M. Melchior-Bonnet répartit en
vingt chapitres, qu'il titre et sous titre en suivant la chronologie, ce qu'il
a extrait des Mémoires d'outre-tombe." (F. Boyer, Bulletin de la Société d'histoire
moderne, 1969)
221.
ESTRE
(Henry d'). Bourmont.
La Chouannerie. Les Cent Jours. La conquête d'Alger (1773-1846). Plon, 1934, pt in-8°, iii-282 pp,
un portrait en frontispice, sources, broché,
papier lég. jauni, bon état
25 €
"Brillant et jeune officier aux gardes françaises en 1789, Bourmont
émigre dès 1791, mais il rentre en France en 1793 et ne tarde pas à rejoindre
les bandes vendéennes et chouannes. Il évite d'ailleurs de se compromettre, se
réservant sans cesse pour des temps meilleurs qu'il espère proches. Après le 18
brumaire, voyant s'évanouir ses espérances, il se rapproche de Bonaparte, mais
impliqué dans l'attentat de la machine infernale il est arrêté, emprisonné à
Besançon. Il peut s'évader, se réfugie à Libonne, rejoint en 1808 le corps
expéditionnaire de Junot, et revenu à Paris, il est admis dans l'armée
impériale dont il franchit rapidement les grades. En 1814, il est général de
division. Au retour de Louis XVIII, il s'empresse de se rallier au drapeau
blanc. Un an plus tard, Bourmont sert dans le corps de Ney. Comme son chef, il
a promis de ramener l'usurpateur mort ou vif. Comme son chef il trahit Louis
XVIII pour Napoléon Ier ; mais à la différence de Ney, il abandonne sa division
le matin de la bataille de Ligny, le 14 juin 1815, pour rejoindre à Gand le roi
de France. Comblé d'honneurs sous la seconde restauration, Bourmont, témoin au
procès de Ney, charge vilainement son ancien général. En 1823, commandant une
division française en Espagne, le ministre ultra Villèle doit le rappeler, car
le zèle dont Bourmont fait preuve pour la cause royale en Espagne menace de
compromettre la politique extérieure de la France. C'est à un tel homme que
Polignac fit appel en 1829. Cependant Bourmont n'eut pas le courage de prendre
ses responsabilités quand il sentit la révolution imminente. II abandonna son
poste de ministre, tout en gardant le titre, pour aller commander le corps
expéditionnaire français en Algérie La conquête d'Alger est le seul titre de
gloire de ce traître qui termina de 1830 à 1846 son existence en la partageant
encore entre les complots légitimistes et l'exil. Bourmont dont le nom pendant
longtemps signifia trahison a été traîné dans la boue par la plupart des
historiens, mais il a eu aussi deux apologistes, son fils Charles, et, de nos
jours, M. Gautherot. M. Henry d'Estre a entrepris d'examiner impartialement le
cas Bourmont. Son livre se lit comme un roman, mais on sent sous les chapitres
une bonne documentation. Sa compétence militaire l'aide d'ailleurs à résoudre
certains problèmes restés obscurs pour des civils. Dans la vie si mouvementée
de ce gentilhomme de grands chemins qu'a été Bourmont, il retient
particulièrement deux points : la trahison de Ligny et le procès Ney. A Ligny,
Bourmont a déserté, mais il n'a pu livrer à l'ennemi aucun document susceptible
de compromettre les chances de succès de la Grande Armée. Au procès Ney, la
déposition de Bourmont est certes blâmable, mais eut-elle été favorable à Ney,
elle n'eut pas évité la condamnation à mort du brave des braves. Au reste, à
l'avis de M. Henry d'Estre, la conquête d'Alger rachète les erreurs, les crimes
même du maréchal." (Jacques Godechot, Annales historiques de la Révolution
française, 1935)
222.
GANIÈRE
(Dr Paul). Napoléon
à Sainte-Hélène. Le dernier voyage de l'Empereur de Malmaison à Longwood. Le Livre Contemporain, 1957, in-8°, 386 pp, un
dessin de Bombled en frontispice, 4 cartes et plans, biblio, reliure toile
brique éditeur, gardes illustrées, bon état
25 €
De la reddition de Napoléon aux Anglais en juillet 1815 jusqu'en avril
1816, Paul Ganière raconte avec verve et élévation la plus célèbre captivité de
l'histoire. — "Ce volume suit, jour par jour ou même heure par heure, la
vie de Napoléon, depuis l'échec de Waterloo jusqu'aux premiers mois de la captivité
à Sainte-Hélène. Les hésitations, les démarches de l'Empereur, avant sa
retraite sur le Bellérophon, sa déception après sa confiance initiale, son
transfert à Sainte-Hélène, son installation à Longwood, ses relations tendues
avec l'amiral anglais Cockburn, les mesquines querelles entre ses compagnons
français, tout est relaté en détail. L'auteur a compulsé toutes les archives.
Au cours d'un long séjour à Sainte-Hélène, il a relevé tous les vestiges
d'autrefois." (Henri du Passage, Revue Etudes, 1957)
223.
HOUSSAYE
(Henry). Iéna
et la campagne de 1806. Perrin, 1912, in-12, lxiii-274 pp, introduction
par Louis Madelin, un portrait d'Henry Houssaye en frontispice, 2 cartes
dépliantes hors texte de la bataille d'Iéna et d'Auerstædt et des marches des
armées prussiennes et françaises, reliure demi-basane vermillon, dos à 4 nerfs
pointillés, auteur et titre dorés, coiffes frottées, bon état
60 €
La campagne napoléonienne de 1806 est exemplaire. En trente-neuf jours, la
Prusse est mise hors de combat en Allemagne. La marche stratégique de la Grande
Armée, la journée glorieuse d'Iéna et d'Auerstaedt, l'entrée triomphale de
Napoléon à Berlin, les débris de l'armée prussienne acculés à la Baltique,
Henry Houssaye raconte tous ces épisodes en maître de l'histoire militaire. Qui
mieux que le grand historien de 1814 et 1815 a su peindre l'homme de guerre
Napoléon et ses héroïques soldats ? Edité pour la première fois en 1912, Iéna
et la campagne de 1806 est un classique des études napoléoniennes.
224.
JOUVENEL
(Bertrand de). Napoléon et l'économie dirigée. Le blocus continental. P. et Bruxelles, Editions de la Toison d'or, 1942, in-8°, xiii-417 pp, avertissement
bibliographique en début d'ouvrage, broché, papier lég. jauni, bon état
25 €
"M. Bertrand de Jouvenel nous a dotés d'un livre d'ensemble sur le
blocus continental en remontant à ses origines. Il sera fort utile et met
d'ailleurs en oeuvre des documents inédits." (G. Lefebvre, Revue
Historique, 1946) — "Le dernier ouvrage de M. de Jouvenel est consacré à l'étude
de la rivalité économique franco-anglaise de Colbert jusqu'à la campagne de
Russie. Le but poursuivi n'était pas d'interdire à l'Angleterre l'importation,
mais de supprimer l'exportation des produits de ses colonies et des articles
manufacturés. Ainsi son commerce eût été ruiné... Colbert, puis la Convention
et l'Empire ont à cette fin prohibé l'entrée des produits anglais. Ces
prohibitions ont été étendues à l'Europe par les décrets de Berlin et de Milan
et appliquées même aux marchandises anglaises sous pavillon neutre. Elles ont
privé l'Europe des exportations anglaises et américaines en produils
manufacturés et en denrées coloniales : sucre, indigo, café, coton... Cette
disette, aussi bien que la contrebande, ont provoqué l'achat direct à l'ennemi
anglais des produits nécessaires, achat réservé aux importateurs français,
tandis que le blocus continental était toujours appliqué à l'Europe. Au
principe de ruiner l'Angleterre, Napoléon « substituait un autre principe qui
était de vivre en face de l'Angleterre aux dépens du continent européen » (p.
417), prétention qui devait susciter la coalition générale de 1813. L'étude de
M. de Jouvenel est à la fois très claire et très documentée..." (Georges
de Lussac, Etudes, 1943)
225.
LACHOUQUE
(Commandant Henry). Napoléon en 1814. P., Editions
Haussmann, 1959, gr. in-8°, 462 pp,
préface du Maréchal Juin, nombreuses gravures,
une carte dépliante hors texte, biblio, index, reliure soie verte éditeur (en
partie passée), bon état
60 €
« Ce fut en vain que l'on essaya de détacher de sa personne et de sa
gloire l'Armée et la Nation » cite le commandant Henry Lachouque en conclusion
de l'étude, vivante et précise, qu'il consacre à « Napoléon en 1814 ». C'est,
en effet, une analyse psychologique autant que tactique que nous donne l'auteur
en faisant revivre les soixante-cind jours où le destin de Napoléon se sépare
de celui de la France... (Préface)
226.
[LINGAY
Joseph]. Histoire
du cabinet des Tuileries, depuis le 20 mars 1815, et de la conspiration qui a
ramené Buonaparte en France. P., Chanson,
Delaunay, et les Marchands de Nouveautés, 1815, in-8°, viii-94 pp, broché
sous couverture d'attente, qqs rousseurs, bon état. Edition originale (Davois
II, 179)
50 €
Edition originale de cette histoire, violemment anti-bonapartiste des
Cent-Jours, depuis leur préparation jusqu’à la défaite de Napoléon. —
"L’ouvrage que nous donnons aujourd'hui au public peut être considéré
comme la collection méthodique de tout ce qui a été imprimé à Gand, à Bruxelles
et à Vienne, sur la conspiration tramée à Paris, et comme le résultat des
différents rapports qui ont été fait à Sa Majesté en avril dernier" (p.
v). — Lingay était le rédacteur du “Nain vert” ; journaliste, secrétaire intime
d'un préfet de province à la fin de l'Empire, l’auteur "a été l'homme de
tous les gouvernements de la Monarchie Constitutionnelle de 1815 à 1848".
227.
MAISTRE
(Joseph de). Mémoires
politiques et correspondance diplomatique de Joseph de Maistre. Avec
explications et commentaires historiques par Albert Blanc. P., Librairie Nouvelle, 1858, in-8°, 402 pp, reliure
demi-chagrin noir, dos lisse à filets dorés (rel. de l'époque), très bon état.
Bel exemplaire finement relié, très frais et sans rousseurs. Edition originale
150 €
"Biographie « politique » de Joseph de Maistre jusqu'en 1810
accompagnée de sa correspondance pendant cette même période." (Tulard,
939)
228.
MAITLAND (F. L.) et George HOME. Napoléon à bord du « Bellérophon ».
Souvenirs du capitaine de vaisseau F.-L. Maitland et de l'aspirant de marine
George Home. Plon, 1933, in-12, x-240 pp, traduction
de Henry Borjane, 8 pl. de gravures hors texte, notes, broché, bon état (Coll.
Les Témoins de l'épopée)
35 €
"Les souvenirs du capitaine Maitland parus en anglais en 1815 ont été
traduits en français dès 1826, mais cette édition est à peu près introuvable.
La relation de George Home n'a jamais été traduite : On sera donc reconnaissant
aux éditeurs des “Témoins de l'épopée” d'avoir publié deux récits, inconnus en
France, du célèbre séjour fait par Napoléon à bord du Bellérophon, depuis son
embarquement à l'île d'Aix le 15 juillet 1815 jusqu'à son transport sur le
Northumberland le 7 août 1815. Ces deux récits éclairent l'attitude de
l'empereur pendant sa captivité. Jamais il ne pensa être envoyé à
Sainte-Hélène. Quant au capitaine Maitland, il semble avoir été sincère
lorsqu'il disait à Napoléon son espoir que le gouvernement anglais pourrait
offrir un asile à l'illustre vaincu. Dès le début de sa captivité, Napoléon se
montra tel qu'il avait toujours été, s'intéressant surtout à l'armée, à la
marine, aux sciences, méprisant profondément, ignorant même tout ce qui pouvait
arriver de bien ou de mal à ses amis et ses domestiques. Il a apporté sur le
bateau anglais les préjugés qu'il professait à terre. Lorsque le commandant lui
présente le commissaire du bord, il lui dit : « Cela doit se produire chez vous
comme chez nous, le commissaire est quelque peu fripon. » Quant aux compagnons
de Bonaparte, ils sont divisés entre eux. Beaucoup ne pensent qu'à quitter
l'empereur lorsqu'ils apprennent que les Anglais ont l'intention de l'envoyer à
Sainte-Hélène. La maréchale Bertrand ne cesse ses jérémiades, et comme elle
parle couramment l'anglais, elle en accable le commandant. Ces deux récits sont
complétés par celui des derniers jours de l'empereur à Rochefort, extrait de
l'Almanach du marin de 1841." (Jacques Godechot, Annales historiques de la
Révolution française, 1934) — "Maitland s'y justifie d'avoir attiré
Bonaparte dans un piège." (Tulard, 940).
229.
MANCERON
(Claude). Austerlitz.
2 décembre 1805. Laffont, 1960, gr. in-8°,
313 pp, 7 cartes, biblio, broché, couv. illustrée à rabats, bon état (Coll. Ce
jour-là)
25 €
A l'aube du 2 décembre 1805, un petit homme brun – génial stratège aux
cheveux plats – engage une partie décisive. L'Europe entière, coalisée, s'est
insurgée contre lui. A deux contre trois, il va devoir mener un combat à
l'issue improbable "... en plein ennemi, au fond des mâchoires d'une
Europe changée en gigantesque piège à Français". Aujourd'hui, ce Corse
fiévreux règne sur un empire de baïonnettes. En face le Tzar de toutes les
Russies, Alexandre Ier, "l'Archange", et François II de Habsbourg,
prince insipide d'une Autriche encore puissante.
230.
MELCHIOR-BONNET
(Bernardine). Napoléon et le Pape. Le Livre
Contemporain, 1958, in-8°, 365 pp,
biblio, reliure toile carmin de l'éditeur,
gardes illustrées, rhodoïd, bon état (Grand prix Gobert de l'Académie française
1958)
25 €
"Ce don de tenir en haleine le lecteur par une exacte peinture des
personnages et une évocation pittoresque des scènes vécues, a été accordé à Mme
Bernardine Melchior-Bonnet. On lui devait déjà sur le Duc ďEnghien un
excellent volume. Elle vient, avec Napoléon et le Pape, de réussir un tour de
force qui est aussi un tour d'adresse. Celui de transformer- une solide et
ample documentation en une suite de chapitres vivants, précis, colorés,
émouvants qui font rebondir l'intérêt et entraînent le lecteur. Petite-fille de
Taine, elle ne saurait éprouver pour Napoléon qu'une admiration relative. Mais,
dans le conflit qui opposa le premier Consul, puis l'empereur, à Pie VII, il
est évident que le pape eût le beau rôle. Napoléon disait qu'entre la force et
l'esprit, c'était toujours l'esprit qui l'emportait. Pie VII devait lui en
fournir la preuve. Leurs rapports avaient été d'abord excellents. Bonaparte,
désirait redonner une religion à la France déchristianisée depuis dix ans ; Pie
VII souhaitait voir la France reprendre sa place traditionnelle dans la
Chrétienté ; l'accord semblait devoir être facile et durable. Or, très vite
apparaît le désir du Premier Consul de voir le clergé étroitement soumis à son
pouvoir de chef d'Etat. Les négociations du Concordat s'en ressentent.
Bonaparte témoigne au pontife des égards, mais il exerce sur ses envoyés une
pression qui va jusqu'à la menace. Comme la moitié des Français de son temps.
Bonaparte était gallican. L'autre moitié était alors hostile à toute religion.
Sachant les immenses difficultés que Bonaparte rencontre auprès des anciens
jacobins, Pie VII se montre conciliant et le premier Consul, lui ayant quelque
peu forcé la main, conclut un accord conforme à ses vœux. Devenu empereur, il
obtient que le pape vienne à Paris pour le Sacre. Plus tard, il souhaitera
qu'il transporte en France le trône de Saint-Pierre ; mais c'est pour mieux le
tenir en sa dépendance. Pie VII, qui supporte avec la plus évangélique humilité
les manques d'égards qui n'offensent que sa personne, reste en revanche
inflexible quand le dogme est menacé. Excommunié après la prise de Rome,
Napoléon fait arrêter le Saint-Père qui, durant plus de quatre ans, à Savone,
puis à Fontainebleau, est gardé en captivité, séparé de ses cardinaux, jusqu'au
jour où nos troupes ayant dû évacuer Rome, Napoléon lui rend sa liberté. Ce
drame d'un vieillard frêle, épuisé et pourtant irréductible est retracé par Mme
Melchior-Bonnet avec un art consommé et une émotion communicative..."
(André Gavoty, Revue des Deux Mondes, 1958)
231.
MÉNEVAL
(Claude François de). Dix ans avec Napoléon. Mémoires du secrétaire
particulier de l'empereur. Edition établie et préfacée par Alain Fillion. Le Cherche-Midi, 2014, in-8°, 286 pp, broché,
couv. illustrée, bon état
30 €
Claude François de Méneval (1778-1850) a été le secrétaire et le
collaborateur de Napoléon Ier pendant plus de dix ans, de 1802 à 1813. Durant
cette période, il a tout noté, tout consigné de la vie de la Cour aux
Tuileries. Avec lui, nous suivons le quotidien de l'Empereur. Il nous raconte
ce qui s'y trame, ce qui s'y dit, les inquiétudes, les passions et les pensées
de l'homme le plus puissant d'Europe. Ce discret Saint-Simon du premier Empire
nous livre quantité d'anecdotes sur une époque cruciale de la France, entre
l'Histoire et les historiettes. Ses Mémoires, jamais réédités depuis le XIXe
siècle, constituent un document exceptionnel sur l'Empereur et sur ses proches.
— "Méneval ayant été directement
attaché à Napoléon de 1802 à 1813, comment s'étonner de l'extraordinaire
foisonnement de renseignements contenus dans ses Mémoires ?" (Tulard,
1003).
232.
MISTLER
(Jean)(dir.). Napoléon et l'Empire (1769, 1815, 1821). Hachette,
1968, 2 vol. in-4°, 327 et 327 pp, plus
de 500 illustrations en couleurs, nombreux documents inédits, portraits, scènes
diverses, caricatures, monuments, panoramas et plans de batailles, etc.,
chronologie, biblio, reliures pleine toile imprimées en couleurs de l'éditeur,
gardes illiustrées, rhodoïd, bon état
90 €
Chapitres par Jacques Godechot, Marcel Reinhard, M. Vaussard, P.
Bessand-Massenet, Jean Thiry, Jean Tulard, Jean Mistler, François Crouzet,
Marcel Dunan, J. Lucas-Dubreton, G. de Bertier de Sauvigny, Marcel Baldet,
Louis Garros, André Maurois, Jacques Chastenet, René Huyghe, André Fugier,
André Gavoty, Robert Lacour-Gayet, etc. — "La diversité des collaborations
rassemblées ici en fait un paysage ouvert où chacun cherchera I'itinéraire qui
lui convient... il propose de I'aventure impériale une lecture qui est
chaleureuse sans être idolâtre, vivante sans sacrifier à I'anecdote."
(Claude Mettra, L'Express) — "Une production de prestige remarquable par
sa conception générale, la qualité des textes, ce qui ne saurait surprendre vu
la qualité des auteurs et celle des illustrations, belles à enflammer les
imaginations." (Michel Denis, France-Catholique) — "Un « Napoléon et
l'Empire » qui met nos connaissances à jour et parfois les renouvelle par
I'exploitation de documents jusque-là inexplorés." (Ginette-Guitard
Auviste, Le Monde) — "Il était naturel que le bicentenaire de la naissance
de Napoléon Bonaparte suscitât la publication d'un ouvrage faisant le point des
connaissances acquises par les spécialistes sous une forme accessible à un
large public cultivé. Il convenait aussi que cette somme fût utile aux
historiens de métier. L'ampleur de l'oeuvre exigeait qu'elle fût collective. Il
a fallu trois ans à Jean Mistler, aidé par Jean Tulard et André Thépot pour
mener à bien cette entreprise. Les auteurs sont nombreux. Avec MM. Jean
Mistler, André Maurois, Jacques Chastenet et René Huyghe de l'Académie
Française, avec MM. Marcel Dunan, Claude J. Gignoux et Mgr Jean Leflon de
l'Académie des Sciences morales et politiques, ont collaboré MM. Marcel Baldet,
Guillaume de Bertier de Sauvigny, Pierre Bessand-Massenet, le général Henry
Blanc, Gaston Bouthoul, Jean Bouvier, Ferdinand Boyer, François Crouzet,
Charles Durand, André Fugier, le colonel Louis Garros, André Gavoty, André
Georges, Bertrand Gille, Jacques Godechot, Eugène Jarry, Robert Lacour-Gayet,
Jean Lucas-Dubreton, Gilbert Martineau, Marcel Reinhard, André Thépot, Jean
Thiry, Jean Tulard et Maurice Vaussard. A ces noms, il est juste de joindre
celui de Georgette Thiboud qui a réuni une documentation illustrée exceptionnelle
par sa diversité (oeuvres d'art, meubles, costumes, décorations, caricatures,
cartes, documents, etc.), sa nouveauté et, bien souvent, sa beauté artistique.
Ajoutons que la présentation matérielle de cet ouvrage est remarquable. Il ne
peut être question de détailler ici le contenu de ces deux gros livres ; mais
il ne paraît pas inutile de fixer la répartition des thèmes qui y sont traités.
Le premier tome contient, après une introduction d'André Maurois, un livre
premier : La Conquête du Pouvoir, qui présente les hommes et les faits jusqu'en
1804, et un livre second : La France Impériale où sont tour à tour étudiés
Napoléon, les organes du pouvoir, les finances, l'économie, la société, les
lettres, les arts et sciences, la religion et les anciennes colonies ; ce tome
se termine par une étude serrée des constitutions due à Charles Durand. Le
second volume commence par des pages de Gaston Bouthoul : Le Seigneur de la
Guerre, que suit le livre premier Victoires et Conquêtes (les guerres, les
traités, le Blocus Continental avant 1812). Sous le titre La Chute de l'Aigle,
le livre second relate les résistances des peuples étrangers, les crises en
France, les guerres perdues de 1812 à 1815, les mois à l'Ile d'Elbe et les
années à Ste-Hélène. Jean Lucas-Debreton décrit ensuite la formation de la
légende napoléonienne et Jean Mistler présente une conclusion. Ce second tome
offre enfin deux instruments de travail : d'abord une Chronologie, par le
Colonel Louis Garros, avec trois sous-titres : Faits et gestes de Napoléon ;
Événements politiques et militaires ; Vie intellectuelle et artistique ;
ensuite une Orientation bibliographique par Jean Tulard. En somme, voici une
façon d'encyclopédie napoléonienne que, pendant des années, les historiens de
la Révolution et de l'Empire auront avantage et plaisir à garder à portée de la
main." (F. Boyer, Bulletin de la Société d'histoire moderne, 1969)
233.
NAPOLÉON
(Charles). Napoléon
mon aïeul, cet inconnu. XO Editions, 2009, gr. in-8°,
413 pp, avec la collaboration de Michel-Antoine Burnier, 16 planches de gravures
en couleurs, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
"Le plus jeune frère de Napoléon, Jérôme, est le grand-père de mon
grand-père. En racontant l'Empereur, le général républicain ou son enfance
corse, à la différence de tous les historiens, j'écris sur ma propre famille.
J'ai puisé et vérifié mes informations aux meilleures sources, mais je suis
aussi un neveu parlant de son grand-oncle. La vérité de sa personne m'intéresse
autant que les faits; ses humeurs, ses curiosités, ses habitudes, ses
fulgurances, plus que le récit des combats. Immergé dès l'enfance dans une
histoire considérable, je voudrais faire partager cette culture unique,
l'esprit des Bonaparte, et montrer Napoléon de plus près." — On découvre
l'enfance en Corse, le jeune Napoléon qui récite du Corneille avec son frère
aîné, qui se fait mettre en congé maladie de l'armée pour rester dans son île
chérie, écrit des lettres enflammées à Joséphine qui le trompe, invente une
guerre nouvelle, manque rater le coup d'Etat du Dix-huit Brumaire, prend le
pouvoir, réforme la France de fond en comble, se couronne, écrit sur lui-même
dans les journaux, triche aux cartes, chante faux, dort tout habillé sur le
champ de bataille, se dispute avec ses frères et soeurs, déjeune avec son fils
sur les genoux, se croit de la famille des souverains d'Europe, ne comprend pas
ce qui se passe durant l'incendie de Moscou, refuse de se mettre à l'abri aux
Etats-Unis, commande, en exil à Sainte-Hélène, un bijou pour son fils le roi de
Rome...
234.
NAPOLÉON
(Prince Jérôme). Napoléon et ses détracteurs. Calmann-Lévy, 1887, in-12, vii-313 pp, reliure
demi-chagrin havane, dos à 5 nerfs filetés et soulignés à froid, titres dorés,
double filet doré sur les plats (rel. de l'époque), mors, coiffes et nerfs lég.
frottés, bon état
50 €
"... On pouvait s'étonner que jusqu'ici l'étude de M. Taine sur
Napoléon n'eût pas rencontré quelque contradicteur autorisé et que le parti
bonapartiste n'eût trouvé à lui opposer qu'un article peu concluant de M.
Albert Duruy dans le Figaro. Mais voici que Napoléon a trouvé dans sa propre
famille un défenseur d'un incontestable talent et d'une compétence non moins
incontestable : le prince Jérôme Napoléon. Sa position de chef actuel de la
famille Bonaparte lui conférait le droit et lui imposait le devoir de défendre
celui à qui cette famille doit tout ce qu'elle est; ses fonctions d'éditeur de
la correspondance de Napoléon Ier lui ont donné de l'histoire impériale une
connaissance approfondie. Son livre sur 'Napoléon et ses détracteurs' est à la
fois la protestation indignée d'un neveu et d'un héritier présomptif blessé
dans ses sentiments et ses espérances, la réclamation d'un éditeur dont on a
critiqué le travail, la riposte d'un historien à un contradicteur. Le prince
Jérôme commence par attaquer M. Taine et sa méthode, puis il fait la critique
des sources auxquelles a puisé M. Taine : Metternich, Bourienne, Mme de
Rémusat, l'abbé de Pradt, Miot de Mélito. Il répond ensuite aux attaques dont
l'édition de la correspondance a été l'objet. Il termine en esquissant un
portrait de Napoléon et un tableau de son oeuvre. Il y a dans toutes les
parties de cette virulente réponse de la force, de la verve, de l'éloquence
même et une part de vérité, mais aussi une exagération qui compromet tout ce
qu'elle contient de vrai et de juste. Les attaques contre les détracteurs de
Napoléon et l'apologie de l'empereur perdent toute force par leur excès
même..." (G. Monod, Revue Historique, 1887)
235.
[NEY,
Maréchal] – Dupin, Berryer, etc. Procès du maréchal Ney, ou
recueil complet des interrogatoires, déclarations, dépositions, procès-verbaux,
plaidoyers et autres pièces rapportées textuellement. P., chez L.G. Michaud imprimeur du roi, 1815, 4 vol. in-8°,
88, 59, 78 et 50-(3) pp, portrait du maréchal Ney en frontispice du 2e volume,
mention de 2e édition au 1er volume, brochés, couvertures papier gris-bleu avec
vignettes "Procès du maréchal Ney N° I à N° IV", traces d'humidité
anciennes, état correct. Rare
120 €
Complet — Le premier numéro contient les deux premières séances du Conseil
de guerre des 9 et 10 novembre, avec le texte des dépositions et des
déclarations. Le deucième numéro contient la séance du 11 novembre à la Chambre
des Pairs, la question préjudicielle, l'acte d'accusation et la séance du 23
novembre. Le troisième numéro contient la séance du 4 décembre, les effets de
la convention militaire du 3 juillet 1815 et du traité du 20 novembre 1815. Le
quatrième et dernier numéro contient le Mémoire présenté par ses avocats, la
séance du 5 décembre à la Chambre des Pairs, l'arrêt de la Chambre des Pairs du
6 décembre 1815 qui condamne le maréchal Ney à la peine capitale, l'exécution
de l'arrêt. — Publication plus détaillée par endroits que celle de Dumoulin
(Histoire complète du procès du maréchal Ney) et d'Heylli (Le maréchal Ney
d'après les documents authentiques).
236.
PANGE
(Victor de). Le
plus beau de toutes les fêtes. La correspondance inédite de Madame de Staël et
d'Elisabeth Hervey, duchesse de Devonshire, 1804-1817. Klincksieck,
1980, gr. in-8°, 266 pp, 16 pl.
de gravures hors texte, 3 tableaux généalogiques, sources, biblio, index,
broché, couv. illustrée à rabats, bon état
30 €
« Le plus beau de toutes les fêtes c'est de passer une heure en tête à
tête avec vous » écrit Mme de Staël à la duchesse de Devonshire au cours de son
exil à Londres en juillet 1813. Tout portait Germaine à aimer l'Angleterre, son
éducation protestante, les idées libérales héritées de ses parents et sa propre
inclination. « L'Angleterre n'est à ses yeux que la France future » dira d'elle
sa cousine Necker de Saussure. Elisabeth Hervey sera une incarnation de ce
rêve. Vive, intelligente, d'une beauté qui lui vaut une cour d'admirateurs,
elle a réussi pendant un quart de siècle à être la maîtresse du duc de
Devonshire tout en restant la meilleure amie et confidente de la duchesse, la
ravissante Georgiana Spencer. Elle parle le français à merveille et s'est liée
avec la plupart des amis de Madame de Staël... — "M. de Pange, descendant
de Mme de Staël, s'attache fort heureusement à promouvoir une meilleure
connaissance de son illustre aïeule. Cette dernière publication a pour base une
centaine de lettres échangées entre la fille de Necker et un grande dame
anglaise, elle-même assez extraordinaire : Elisabeth Hervey, duchesse de
Devonshire. Pour ceux qui l'ignoreraient, rappelons que cette personne, fille
d'un évêque de Derry, jeune veuve d'un sir John Foster, devint la maîtresse du
cinquième duc de Devonshire, tout en restant la meilleure amie de la duchesse
légitime, la ravissante Georgiana Spencer, un des plus jolis modèles de
Gainsborough. Après vingt-cinq ans d'un étrange ménage à trois et la mort de
Georgiana, Elisabeth épousa son amant, devenant ainsi à son tour duchesse de
Devonshire. La mort de son mari (1811) lui laissa une immense fortune et toute
liberté ; elle en profita pour aller s'établir à Rome où elle occupa, jusqu'en
1824, une situation éminente dans la société et entretenant des relations de
profonde amitié avec le cardinal Consalvi. Mme de Staël a courtisé assidûment
la « dear dutchess » qui lui servit de caution pour pénétrer dans cette
aristocratie britannique qu'elle admirait avec une ardeur quelque peu ridicule.
Les lettres reproduites ici n'ajouteront pas grand-chose à la réputation
littéraire de l'auteur de Corinne. Un ouvrage de caractère assez original et
somme toute attachant, où les documents reproduits servent à une évocation
suivie, fort concrète et vivante, des vies de deux femmes extraordinaires,
autour desquelles évoluent toute une constellation de personnages de
l'époque." (G. de Bertier, Bulletin de la Société d'histoire moderne,
1981)
237.
RIDELLE
(Louis L.). Gloire,
biscaïen, mitraille et sabretache. Liège,
Editions Solédi, 1968, pt in-8°, 238 pp,
index, broché, bon état
30 €
Cet ouvrage traite de la carrière militaire des 113 Belges qui, servant la
1ère République et – ou – le 1er Empire, atteignirent le grade de général, soit
principalement, sous le régime français, soit sous le régime hollandais, après
la réunion de la Belgique aux Pays-Bas en 1814, soit sous le régime belge après
les journées de septembre 1830. Liste des noms avec biographie et table des
batailles et combats livrés par les armées françaises de 1792 à 1815.
238.
ROCHECHOUART
(Général Comte de). Souvenirs sur la Révolution, l'Empire et la Restauration. Mémoires inédits
publiés par son fils. Plon, 1889, in-8°, xi-541 pp, 2
portraits gravés hors texte, reliure demi-chagrin noir, dos à 5 nerfs soulignés
à froid, titres dorés, tête dorée (rel. de l'époque), un mors fendu, plats
collés sur les gardes, dos lég. frotté, état correct. Edition originale
50 €
Louis Victor Léon, comte de Rochechouart (1788-1850), émigré et passé au
service de Russie, aide de camp du duc
de Richelieu et de l'empereur Alexandre Ier, entra à Paris en 1814 sous
l'uniforme russe avant de commander la place jusqu'en 1823. — "Très
intéressants mémoires d'un émigré passé au service du Tsar et qui participa du
côté russe à la campagne de 1812, à la campagne d'Allemagne et à l'invasion de
la France." (Tulard, 664) — "Le général de Rochechouart est né le 14
septembre 1788. C'est dire que la partie de ses mémoires relative à la
Révolution est fort brève, et d'ailleurs sujette à caution. Après des aventures
nombreuses et pittoresques qui se lisent avec beaucoup d'intérêt, le jeune
comte de Rochechouart alla rejoindre sa mère émigrée à Odessa, en 1804. Il
devait y rester huit ans durant, au service de la Russie, dans l'entourage du
célèbre duc de Richelieu. Cette partie des mémoires du général est extrêmement
instructive. Elle nous fait connaître à la fois la vie des émigrés français en
Russie et surtout l'œuvre immense accomplie par le duc de Richelieu à Odessa.
En octobre 1812, le comte de Rochechouart rejoint l'armée russe dans laquelle
il sert comme aide de camp du Tsar, ce qui lui permet d'avancer rapidement. A
la fin de la campagne il est général de brigade. A cette époque il n'a que 26
ans. Grâce à la protection d'Alexandre Ier, les alliés le nomment en leur nom
commandant de la place de Paris en 1814. C'est alors qu'il entre au service de
Louis XVIII en conservant son grade. Il suit le roi à Gand en 1815, et après
Waterloo, Rochechouart est nommé de nouveau, mais cette fois au nom du
gouvernement français, commandant de la place de Paris. Ce volume fournira bien
des détails utiles aux historiens." (Jacques Godechot)
239.
SÉDOUY
(Jacques-Alain de). Le congrès de Vienne. L'Europe contre la France, 1812-1815. Perrin, 2003, in-8°, 308 pp,
4 cartes, biblio, index, broché, couv.
illustrée, un feuillet blanc déchiré sans manque, bon état
25 €
En septembre 1814, dans un vaste concours de rois et de princes, de
ministres et d'ambassadeurs, de femmes du monde et du demi-monde, se réunit la
plus grande conférence diplomatique jamais vue en Europe. Pendant neuf mois,
jusqu'à la signature de l'Acte final, le 9 juin 1815, les puissances qui
dominent l'Europe vont en redessiner la carte, nouer et défaire des
combinaisons, pendant que se succèdent bals, banquets, chasses et concerts qui
laissent à tort penser que "le Congrès s'amuse". Le sort de notre
pays ayant été réglé quelques mois auparavant, ce premier "sommet" de
l'Histoire jette les bases d'un ordre nouveau, qui durera un siècle et se
prolonge aujourd'hui dans la construction de l'Europe. Jacques-Alain de Sédouy
étudie la psychologie et les intentions des négociateurs, Castlereagh,
Metternich, Hardenberg, Alexandre Ier, Talleyrand, et met en lumière les succès
des uns et les échecs des autres. Il en ressort que, contrairement aux idées
reçues, Talleyrand ne fut pas le grand magicien qui, après l'effondrement de
l'Empire napoléonien, redonna sa place à la France. Comme la bataille de
Waterloo le confirme quelques jours plus tard, c'est le siècle de la
prépondérance britannique qui commence.
240.
SÉGUR
(Comte Philippe de). Du Rhin à Fontainebleau. Mémoires [de 1813 à 1815] du Général Comte de
Ségur (Aide de camp de Napoléon), de l'Académie française. Nelson, s.d. (v. 1913), in-12, 508 pp,
reliure percaline crème décorée de l'éditeur,
sans la jaquette, bon état
20 €
A la tête d'un corps de volontaires, le comte Philippe de Ségur doit
surveiller le front du Rhin durant l'hiver 1813-1814. Dans ce troisième tome de
ses Mémoires, il relate la retraite d'une armée française totalement
désorganisée, dont la dislocation entraîne celle de l'Empire. Le retour de
Napoléon parmi ses troupes redonne du souffle à la campagne, réchauffe le coeur
de ses soldats, comme de la population. Ségur mène ici deux récits de front :
l'histoire de sa propre vie, et celle du destin de Napoléon.
241.
SIEBURG
(Friedrich). Napoléon
: les Cent Jours. Club des
Éditeurs, 1957, fort in-8°, (24)-450-(4)-112-(4)-lxv
pp, traduit de l'allemand, illustré de 5
gravures et d'un frontispice, de 16 pl. de gravures de Raffet hors texte, d'une
carte des 3 jours de la bataille de Waterloo ; précédé d'une chronologie de la
vie de Napoléon (12 pp) et suivi de 110 pp de Correspondance et de 59 pp de
textes annexes (index des charges et institutions, index biographique), reliure
toile verte décorée de l'éditeur avec un portrait en médaillon de Napoléon au 1er
plat, gardes illustrées, bon état (Coll. Hommes et faits de l'histoire)
25 €
« Il est l'homme le plus intelligent que l'histoire des temps modernes ait
connu... Son histoire attire comme une oeuvre d'art. » L'auteur de "Dieu
est-il Français ?" a été fasciné à son tour par le fabuleux destin de
celui qu'il appelle « le dernier dieu de la guerre ». Mais, apportant sa pierre
à l'énorme édifice élevé depuis cent cinquante ans à la gloire de l'Empereur,
il n'a pas voulu ajouter une nouvelle biographie à mille autres, une nouvelle
strophe au poème de sa légende. Pour retracer son étonnante aventure, il
choisit de nous le montrer au cours de cet instant de sa vie où le destin
semble lui accorder une dernière chance : pendant les Cent-Jours ; sous la
lumière cruelle de cet ultime printemps, le grand homme révèle tous les secrets
de son génie ; il peut se retourner sur son passé et, déjà, le voir s'ordonner
en une fresque d'Histoire... « Du nouveau sur Napoléon », voilà qui semblait
impossible. Et pourtant voici sans aucun doute le livre le plus original et «
le plus intelligent » que l'Empereur ait jamais inspiré.
242.
TAILLANDIER
(Saint-René). Le Général Philippe de Ségur, sa vie et son temps. Suivi de Souvenirs de
la guerre d'Amérique par le comte Louis-Philippe de Ségur. P., Didier et Cie, 1875, 2 vol. in-12,
viii-366 et 36 pp, reliure demi-basane noire, dos lisse avec titres,
filets et filets pointillés dorés (rel. de l'époque), qqs pâles rousseurs
éparses, bon état
50 €
Biographie du comte Philippe Paul de Ségur (1780-1873), général de la
Révolution et de l’Empire, aide de camp de Napoléon ; avec relié à la suite les
“Souvenirs de la guerre d'Amérique” du comte Louis-Philippe de Ségur, son père
(s.d., 36 pp).
243.
THIRY
(Jean). La
Campagne de France de 1814. Berger-Levrault, 1946, in-8°, 423 pp, 2e
édition, une carte dépliante hors texte, biblio, index, broché, bon état
30 €
L’oeuvre du baron Jean Thiry, écrite et publiée sur près de quarante ans,
des années trente aux années soixante, et peu courante aujourd’hui, est un
véritable tour de force : raconter la vie de Napoléon dans toute sa grandeur et
tous ses détails, dans sa vie privée et politique comme sur les champs de
bataille de toute l’Europe, ses relations avec ses plus fidèles lieutenants,
Lannes, Davout, Berthier, Ney, et tant d’autres, comme avec ceux qui l’ont, à
la fin, trahi. Cette vie grandiose est une tragédie shakespearienne : une
ascension fulgurante, une domination écrasante, une gloire étincelante puis une
chute tout aussi spectaculaire. Jean Thiry a lu tout ce qui a été écrit,
documents, biographies, mémoires, mais également les correspondances, celle de
Napoléon, de ses proches et de ses alliés, celle de ses ennemis, y compris
celles demeurées inédites, ainsi que tous les fonds d’archives du service
historique de l’armée. C’est l'oeuvre d’un historien passionné et objectif,
s’en tenant aux faits et rien qu’aux faits, un analyste extrêmement fin des
raisons qui ont jeté l’Europe dans le feu et le sang durant plus de vingt ans,
et un talentueux écrivain, doué d’un style précis, vif et rapide.
244.
THIRY
(Jean). Le
Coup d'Etat du 18 brumaire. Berger-Levrault, 1947, in-8°, 275 pp, biblio,
index, broché, bon état
30 €
L’oeuvre du baron Jean Thiry, écrite et publiée sur près de quarante ans,
des années trente aux années soixante, et peu courante aujourd’hui, est un
véritable tour de force : raconter la vie de Napoléon dans toute sa grandeur et
tous ses détails, dans sa vie privée et politique comme sur les champs de
bataille de toute l’Europe, ses relations avec ses plus fidèles lieutenants,
Lannes, Davout, Berthier, Ney, et tant d’autres, comme avec ceux qui l’ont, à
la fin, trahi. Cette vie grandiose est une tragédie shakespearienne : une
ascension fulgurante, une domination écrasante, une gloire étincelante puis une
chute tout aussi spectaculaire. Jean Thiry a lu tout ce qui a été écrit,
documents, biographies, mémoires, mais également les correspondances, celle de
Napoléon, de ses proches et de ses alliés, celle de ses ennemis, y compris
celles demeurées inédites, ainsi que tous les fonds d’archives du service
historique de l’armée. C’est l'oeuvre d’un historien passionné et objectif,
s’en tenant aux faits et rien qu’aux faits, un analyste extrêmement fin des
raisons qui ont jeté l’Europe dans le feu et le sang durant plus de vingt ans,
et un talentueux écrivain, doué d’un style précis, vif et rapide.
245.
TRANIÉ
(Jean). L'Epopée
napoléonienne. Les grandes batailles. Tallandier, 2001, in-4°, 176 pp, très
nombreux portraits, gravures, illustrations et cartes, la plupart en couleurs,
texte sur 2 colonnes, annexes, index, reliure cartonnée illustrée de l'éditeur,
bon état (Coll. Bibliothèque napoléonienne)
40 €
Pendant près de vingt ans, Napoléon écrit avec sa Grande Armée certaines
des plus glorieuses pages de l'histoire militaire française. D'Austerlitz à
Wagram, de Rivoli à la Moskova, d'Arcole aux Pyramides, l'Empereur entre dans
la légende d'une épopée qui transforme l'art de faire la guerre et de gouverner
les peuples. C'est le récit d'une trentaine de ces batailles – les plus
célèbres ou celles, moins connues, qui font magistralement ressortir sa «
manière » – que nous raconte, au jour le jour et parfois heure par heure, Jean
Tranié. À l'aide de cartes précises et d'une iconographie souvent inédite,
chacune de ces batailles est explorée de l'intérieur, décrite par la voix de
ceux qui s'y trouvent engagés, expliquée du point de vue du stratège, racontée dans
le détail, parfois à l'aide d'anecdotes savoureuses. Mais l'épopée
napoléonienne c'est aussi l'image du grognard, la Grande Armée cosmopolite, les
batailles « modèles », les uniformes étincelants, les actes héroïques et les
visions d'horreur. À côté des batailles, l'auteur décrit l'armée napoléonienne,
son organisation, ses services d'intendance ou de santé, les problèmes qu'elle
rencontre sur les rives du Nil ou aux portes de Moscou. Enfin, un dictionnaire
des maréchaux d'Empire nous montre à quel point l'épopée fut d'abord une
affaire de personnalités exceptionnelles emportées dans les fureurs de la très
grande Histoire.
246.
TULARD
(Jean). Dictionnaire
amoureux de Napoléon. Plon, 2012, in-8°, 594 pp, dessins
d'Alain Bouldouyre, broché, couv. illustrée à rabats, bon état, envoi a.s.
20 €
Napoléon est à la fois le personnage historique le plus admiré et le plus
haï de notre histoire. Il est le fondateur de nos institutions modernes et son
nom est synonyme de gloire militaire, mais on lui reproche aussi les morts de
la Grande armée et le rétablissement de l'esclavage dans nos colonies.
Difficile dans ces conditions d'écrire à son sujet un dictionnaire amoureux
sans être accusé de partialité. Pourtant, l'amour ne rend pas obligatoirement
aveugle. On peut parler de Napoléon sans dissimuler ses erreurs ou ses
faiblesses ; elles ne l'en rendent parfois que plus attachant. Et puis, il faut
détruire une certaine légende noire : il n'y eut pas un million de morts dans
les guerres napoléoniennes et elles n'ont pas appauvri financièrement la France.
Il faut expliquer les conditions dans lesquelles fut exécuté le duc d'Enghien
et pourquoi l'Empereur fut battu à Waterloo. Expliquer pour comprendre et donc
mieux juger. Tel est l'objet de ce livre qui se veut objectif, rigoureux et
pourtant personnel sur l'un des héros les plus célèbres de notre histoire.
247.
TULARD
(Jean). Napoléon
ou le mythe du sauveur. Fayard, 1987, in-8°, 512-(1) pp, nouvelle
édition, revue et augmentée, annexes, index, reliure souple illustrée de
l'éditeur, bon état
25 €
Biographie traditionnelle mais aussi ouvrage de référence, le Napoléon de
Jean Tulard, paru en 1977, aura été le premier à faire mentir Stendhal quand il
prophétisait : "D'ici cinquante ans, il faudra refaire l'histoire de
Napoléon tous les ans." Il est, en effet, devenu un véritable classique
dont nul ne saurait se passer. Augmentée de nouvelles annexes, d'une
chronologie et d'une filmographie, cette nouvelle édition est, en outre,
enrichie des recherches les plus récentes menées par les historiens sur tout ce
qui touche la France du début du XIXe siècle et la geste napoléonienne.
248.
VALENTIN
(René). Le
maréchal Masséna (1758-1817). Charles-Lavauzelle, 1960, in-8°, 338 pp, un
portrait, une gravure de la bataille de Rivoli et 2 fac-similés dont un dépliant
hors texte, biblio, broché, bon état
40 €
Etude très détaillée et très documentée sur André Masséna. Il débute sa
carrière dans l'armée de l'Ancien Régime. Adjudant au début de la Révolution
française, il s'engage dans la Garde nationale et combat en Italie. Fort de son
passé militaire, il est général de brigade, puis général de division en 1793.
Il participe à la première campagne d'Italie sous les ordres du jeune général
Napoléon Bonaparte et s'illustre à Rivoli. Commandant en chef de l'armée
d'Helvétie, il affronte les Austro-Russes qu'il parvient à repousser au-delà du
Rhin et évite par-là même l'invasion de la France. Une nouvelle fois aux côtés
de Bonaparte en Italie, et malgré son opposition au Consulat à vie, il est
élevé à la dignité de maréchal d'Empire lors de l'instauration du nouveau
régime en 1804 et devient duc de Rivoli en 1808. Employé en Italie et en
Autriche où il est récompensé par le titre de prince d'Essling, il passe au
commandement en chef de l'armée du Portugal. Son échec face aux Anglais de
Wellington lui vaut la disgrâce de Napoléon qui ne lui confie plus aucun poste
militaire d'envergure durant l'Empire. Rallié aux Bourbons à la Restauration et
fait commandeur de Saint-Louis par Louis XVIII, il meurt le 4 avril 1817 à
l'âge de 58 ans.
249.
VILLEPIN
(Dominique de). Les Cent-Jours ou l'esprit de sacrifice. Perrin, 2002, fort
in-8°, 634 pp, 16 pl. de gravures en
couleurs hors texte, 7 cartes, biblio, index, broché, couv. illustrée à rabats,
bon état (Grand Prix de la Fondation Napoléon et prix des Ambassadeurs)
20 €
A travers le Napoléon de la fin, ce livre raconte une des périodes les
plus riches de notre histoire. Tout commence en 1814 avec les adieux de
Fontainebleau. Trahi, abandonné, Napoléon découvre sur le chemin de l'exil la
haine et l'humiliation. L'île d'Elbe devient le refuge où cet homme blessé
panse ses plaies et médite sur sa chute avant de tenter le pari fou du retour.
Le 1er mars 1815 commence l'extraordinaire aventure du vol de l'Aigle. De
clocher en clocher, acclamé par le peuple et l'armée, l'Empereur reconquiert
son trône sans tirer un coup de fusil. Mais déjà le piège se referme : l'Europe
le condamne et les notables s'éloignent. Entre une dictature aux relents
révolutionnaires et un pacte libéral, il hésite avant de donner une
constitution qui ne satisfait personne puisqu'elle lui aliène le peuple sans
lui rallier les élites. Seul, dépouillé de son mystère impérial, Napoléon joue
le tout pour le tout en s'en remettant au verdict du champ de bataille. Ouverte
en fanfare, la titanesque campagne de Belgique trouve son dénouement cruel à
Waterloo...
250.
ALBIGNY
(Paul d'). Le
Coupe-Gorge de Peyrebeille (Ardèche). Si tristement célèbre dans les annales du
crime par 26 ans de vols et d'assassinats. Largentière (Ardèche), Imp. Humbert & fils, 1951, in-12, 212 pp, une
gravure de l'auberge en frontispice, 4 photos hors texte, broché, bon état
25 €
Entre 1808 et 1830, on prête aux époux Martin, tenanciers de l’auberge de
Peyrebeille, une centaine de meurtres et disparitions... et un enrichissement
malhonnête et sordide sur le dos de leurs clients. Dans la région, tout le
monde les soupçonne mais tout le monde craint les aubergistes et leur robuste
domestique… alors personne ne les dénonce. Jusqu’au 26 octobre 1831... Cet
ouvrage est un des meilleurs livres sur le sujet. Voilà bientôt deux cents ans
que les trois têtes des aubergistes sont tombées et l'on parle pourtant
toujours autant de cette terrifiante affaire. Qui n'a pas vérifié par deux fois
si la porte de la chambre de son hôtel était bien fermée ? Peyrebeille nous
rappelle nos peurs ancestrales. C'est un peu le mythe du loup, notre chaperon
rouge ! Mais qui s'en plaindra à l'heure où les thrillers font frissonner des
millions de lecteurs. Petits et grands avons toujours envie et besoin de nous
faire peur, bien tranquilles sous notre couette. Mais les avocats n'ont-ils pas
plaidés l'innocence ? Me Croze l'avocat de Martin ne déclare-t-il pas :
"Ah ! Messieurs les jurés ! Tout cela n'est pas sérieux..." Il
terminera sa plaidoirie fort étendue, très complète, en adjurant les jurés de
rendre la liberté à son client, dont la longue détention, l'âge, le passé
respecté, honnête jusque-là, et enfin l'absence de preuves matérielles et de
témoignages irrécusables des crimes qui lui sont reprochés, sont autant de
motifs favorables à sa relaxe...
251.
AUTIN
(Jean). L'Impératrice
Eugénie ou l'empire d'une femme. Fayard, 1990, gr. in-8°,
420 pp, généalogie, chronologie, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
D'une existence longue et contrastée – elle naquit dans l'Espagne
post-napoléonienne et disparut au lendemain de la Grande Guerre –, on ne
retient souvent que les années au cours desquelles Eugénie, comtesse de Teba
(dite de Montijo), fut impératrice des Français (1853-1870). Or son destin,
tantôt éblouissant, tantôt douloureux, exemplaire à plus d'un titre de ce que
fut le XIXe siècle, instable et déchiré, appelle aujourd'hui encore de grandes
interrogations. Qui était-elle, cette héritière d'une famille de l'aristocratie
espagnole honorable mais désargentée ? Une jeune fille indépendante et fière,
une ambitieuse et même une intrigante jouant, avec un zeste de cynisme, de sa
beauté et de son élégance ; une femme généreuse et malheureuse. Devenue
souveraine parce qu'elle avait rendu Napoléon III fou de désir, elle sut, en
dépit d'un caractère capricieux et d'une culture médiocre, donner au trône et à
la Cour un lustre et un rayonnement exceptionnels. Proche de toutes les têtes
couronnées attirées dans un Paris rénové, elle rassembla aussi autour d'elle
bon nombre des meilleurs esprits du temps. Hélas, le sens politique lui faisait
défaut : ses tentatives pour contrecarrer certaines décisions libérales de son
époux, ses interventions en faveur de l'expédition au Mexique et sa régence
pendant la guerre de 1870 furent catastrophiques. Après Sedan, le second
versant de sa vie fut un interminable et douloureux chemin de croix. Veuve dès
1873, l'impératrice déchue perdit quelques années plus tard son fils unique en
qui elle avait mis toutes ses espérances. Alors, elle consuma ses jours dans
une grande solitude affective, courant les mers et les continents pour apaiser
sa douleur, aspirant au dépouillement tout en gardant le souci de son rang.
Néanmoins, elle ne cessa de s'intéresser à toutes les découvertes et inventions
et ouvrit généreusement sa demeure en Angleterre aux blessés de la Grande
Guerre, apportant ainsi sa contribution à la “revanche”. Elle mourut à Madrid
qu'elle avait voulu revoir. Elle avait plus de quatre-vingt-quatorze ans...
252.
BAINVILLE
(Jacques). Louis
II de Bavière. Perrin, 1900, in-12, ix-310 pp, notes,
reliure pleine percaline noire à la bradel, dos lisse avec fleuron et double
filet dorés, pièce de titre basane carmin (rel. de l'époque), 2e plat lég.
taché, bon état. Edition originale rare
50 €
Ce remarquable essai de biographie psychologique fut le tout premier livre
de Bainville. — Louis II de Bavière (1845-1886), figure plus complexe que
l'image laissée par sa légende, a frappé les imaginations. Le mérite de cette
biographie écrite par le jeune Jacques Bainville est de restituer le personnage
dans son ampleur et de comprendre les arcanes de son caractère. Louis II
portait une immense admiration à Richard Wagner, qu'il aidera à mener à bien
nombre de projets à commencer par l'opéra de Bayreuth. Emporté par la musique
wagnérienne, alors révolutionnaire, Louis II s'est fait l'un des plus ardents
mécènes du compositeur. De lui, la postérité a également retenu la construction
de ses châteaux féériques dans les Alpes : Neuschwanstein, Linderhof et
Herrenchiemsee. La démesure de ses projets le fera bientôt passer pour fou.
Cependant, Louis II avait bien conscience des enjeux politiques de son temps et
participa aux côtés de Bismarck à l'édification de l'Empire allemand autour de
la Prusse. Avec son style précis et élégant, Bainville retrace cette vie
énigmatique en la dégageant de l'imagerie laissée par un romantisme excessif.
253.
BAUMONT
(Maurice), Raymond Isay et Henry Germain-Martin. L'Europe de 1900 à 1914. P., Sirey,
1967, in-8° carré, 476 pp, 10
cartes, biblio, index, reliure pleine
toile rouge de l'éditeur, bon état (Coll. L'Histoire du XXe siècle)
30 €
"Suscitant la possibilité d'une explosion générale, des crises graves
se succèdent sinistrement depuis 1905. L'Europe dès lors ne cesse de côtoyer
l'abîme, de crises marocaines en crises balkaniques : 1905, Tanger ; 1908-1909,
la Bosnie-Herzégovine ; 1911, Agadir ; 1912-1913, les Balkans. C'était, selon
Anatole de Monzie, "le jeu de raquette de la guerre". La première
conflagration mondiale sortira de toutes ces complications, tragiquement
aggravées par le nationalisme et les impérialismes." — "L'histoire
diplomatique de l'Europe constitue la charpente de cet ouvrage collectif où
sont également évoqués les problèmes politiques, intellectuels, économiques et
sociaux." (Revue française de science politique, 1968) — "Le présent
ouvrage, dans sa première partie « Politique et diplomatie » rédigée par M.
Maurice Baumont, est une remarquable introduction à l'histoire de la première
guerre mondiale (p. 1-284). A partir du chapitre initial sur les Puissances
européennes en 1900, la succession des différentes crises dans les relations
extérieures des Etats nous est présentée en un récit captivant. Les notations
psychologiques sur les personnalités politiques apportent à cette histoire un
surcroît d'intérêt. Les deux autres parties portent, l'une, sur le mouvement
artistique et intellectuel (R. Isay) ; l'autre, sur l'évolution économique,
financière et sociale (H. Germain-Martin). Il n'y a pas de notes, mais chaque
section comporte une bibliographie méthodique abondante." (J. Lecler,
Etudes, 1967)
254.
BAUNARD
(Mgr). Le
Général de Sonis (1825-1887). D'après ses papiers et sa correspondance. P., Poussielgue, 1898, in-8°, xv-576 pp, un
portrait photo en frontispice, reliure demi-maroquin havane, dos lisse avec
titres et encadrement floral dorés, tête dorée (rel. de l'époque), dos lég;
passé, bon état. Bel exemplaire
80 €
"... Nous sommes doublement heureux de rendre hommage à l'ouvrage si
remarquable de Mgr Baunard, car on y trouve un récit circonstancié, fait sur
les sources les plus authentiques, des opérations militaires qui s'accomplirent
depuis la prise de possession, par le général, du commandement du 17e corps,
jusqu'à la bataille de Loigny." (G. de B., Revue des Questions
historiques) — "Pour savoir ce que fut, dans la plaine de Loigny, cette
nuit tragique du 2 décembre 1870, il faut lire l’admirable volume de Mgr
Baunard sur le général de Sonis. Se jetant, sous les balles, en pleine mêlée,
l’abbé Theuré, par son intrépidité et son sang-froid, a sauvé la vie à plus de
cinq cents blessés français et allemands qui allaient être massacrés dans
l’effroyable désordre de ce combat de nuit. Le lendemain, il y avait plus de
mille blessés dans son presbytère et dans son église. C’est là que M. le
chirurgien-major Dujardin-Beaumetz établit son ambulance ; c’est là qu’assisté
de M. de Belval, son aide-major, et de M. l’abbé Theuré, il coupa la jambe au
général de Sonis. Avant l’opération, le général lui avait dit : « Tâchez de
m’en laisser assez pour que je puisse encore servir la France. »..."
(Ludovic Halévy, 1894) — Table : La Guadeloupe, la France, le collège
(1825-1844) ; Saint-Cyr, Castres, Paris, Limoges (1844-1854) ; L'Algérie, la
Kabylie (1854-1859) ; la campagne d'Italie (mai-août 1859) ; le Maroc (octobre
1859) ; Tenez, Laghouat, Saïda (1860) ; combat de Metlili, une expédition dans
le désert (1865-1866) ; Laghouat, la vie chrétienne ; combat d'Aïn-Mahdi (1869)
; Aumale (1869-1870) ; l'armée de la Loire, Brou et Loigny (1870. Récit
circonstancié des opérations militaires autour de Châteaudun et dans la journée
de Loigny, quand le général de Sonis commandait le 17e corps) ; l'ambulance et
le congé (1871) ; Rennes (1871-1874) ; Saint-Servan (1874-1880) ; Châteauroux,
Limoges (1880-1883) ; Paris, l'éternité (1883-1887).
255.
BERTIER
de SAUVIGNY (Guillaume de). La France et les Français vus par les voyageurs
américains, 1814-1848. Flammarion, 1982-1985,
2 vol. gr. in-8°, 427 et 341 pp,
16 pl. de gravures hors texte, biblio, index,
brochés, couv. illustrées, bon état
50 €
"Le premier volume, paru en 1982, était un régal ; le second est un
délice dans la mesure où il présente une vue globale de la société française à
travers les yeux des voyageurs américains. Ce qu'ils en ont retenu ? Fenimore
Cooper le résume dans une formule frappante : « ... S'il y a plus de liberté
politique aux Etats-Unis que dans la plupart des pays d'Europe, il y a, en revanche,
moins de liberté sociale. » Bien sûr, la vision de la France varie avec les
voyageurs, mais, en général, la société leur paraît plus libre et plus ouverte
qu'on ne le dit. A preuve, leurs réflexions sur la femme française, qui
rappellent, à ne pas s'y méprendre, celles des Français sur la femme
américaine. Il est vrai que ces voyageurs ont surtout résidé à Paris, moins
dans les villes provinciales, et jamais dans la France profonde des
campagnes..." (Claude Fohlen, Revue française d'histoire d'outre-mer,
1987)
256.
BIBESCO
(Prince Georges). Prisonnier. Coblence 1870-1871. P.,
Plon-Nourrit ; Bâle & Genève, Georg,
1899, gr. in-8°, 216 pp, une
carte repliée en 3 couleurs (positions de l'armée française et des armées
allemandes pendant la journée du 1er septembre 1870) et 3 gravures hors texte,
index des noms cités, imprimé sur papier fort, reliure demi-chagrin carmin, dos
à 5 nerfs soulignés à froid, titres dorés (rel. de l'époque), bon état. Un des
exemplaire "Hommage de l'auteur", finement relié
120 €
"Poignant récit des difficultés rencontrées par les hommes de troupes
français faits prisonniers à Sedan et enfermés dans des camps misérables à
Coblence.(Il faut toutefois noter que les officiers qui avaient prêtés serment
de ne pas s'évader étaient logés chez l'habitant allemand à Coblence). Bien que
ce long témoignage présente un grand intérêt, il ne saurait être question de
reprendre en détails combien le comportement du Prince Georges Bibesco
(1834-1902) fût exemplaire et emprunt d'une grande noblesse d'esprit pendant sa
captivité. Cependant, soulignons tout de même que grâce à son caractère et à
son ascendant naturel, il noua naturellement des liens d'amitié avec le général
Baron de Wedell, commandant la place de Coblence et par conséquent son geôlier."
(Baron Gilbert Ameil, Les Princes Bibesco, témoins de l’histoire militaire du
Second Empire) — In-fine, documents sur la mort du général Bréa en 1848 et sur
le rôle du colonel prince de Bauffremont au combat de Floing le 1er septembre
1870. — "Dans un livre paru en 1872, le prince Georges Bibesco a raconté
les péripéties de la triste bataille de Sedan. Il retrace aujourd’hui, dans un
nouveau volume de souvenirs, ses impressions de prisonnier. C’est à Coblence
qu'il fut autorisé à résider. Il y vécut plusieurs mois en compagnie d'Albert
Duruy et du capilaine Darras, et sa captivité, comme celle de tous les Français
internés dans les deux camps voisins de la ville, fut singulièrement adoucie
par la courtoisie et la générosité de caractère du général baron de Wedell,
commandant de place. Le prince Bibesco, qui avait su se créer parlout
d’ardentes sympathies, parvint à faire sortir le préfet Valentin de la
forteresse d'Ehrenbreitstein, où il était détenu, er rendit un signalé service
aux prisonniers de guerre en se chargeant de la distribution de leur arriéré de
solde, quand le gouvernement français fit parvenir au gouvernement allemand,
par l’intermédiaire de l'Angleterre, les sommes nécessaires au paiement des
appointements de captivité des soldats prisonniers. L'ouvrage se termine par
une partie documentaire et contient notamment le texte des lettres adressées à
M. Thiers et à l’empereur Guillaume par la comtesse de Caraman-Chimay, les
pièces relatives aux charges de Sedan (lettres du colonel de Bauffremont, du général
Ducrot, etc.), un extrait du rapport du général de Galliffet en date du 2
septembre 1870 : des lettres d'Albert Duruy à son père, et des lettres écrites
à l'auteur par M. Marcotte, colonel des douanes, et par le préfet Valentin. Les
Souvenirs du prince Bibesco, imprimés sur papier de luxe, sont accompagnés
d’une carte des environs de Sedan et de trois gravures dans le texte."
(Roger Lambelin, Revue des Questions historiques, 1901) — "Le prince
Georges Bibesco nous raconte, dans ce livre, les épisodes les plus curieux de
la longue captivité qu’il eut à subir à Coblence, avec ses camarades de l’armée
de Sedan. Il le fait de la façon la plus simple et la plus agréable, parlant
toujours plus volontiers des autres que de lui-même, et nous fournissant par exemple
l'occasion de connaître deux admirables figures de patriotes, le préfet
Valentin et l’historien Albert Duruy. Son livre est, en outre, tout plein de
menues anecdotes, de souvenirs rétrospectifs, de considérations sur les causes
et les conséquences de la funeste catastrophe de 1870. Et les Documents, qui en
forment la seconde partie, contiennent plusieurs pièces d’un très vif intérêt
relatives à cette fameuse charge de Sedan, dont l'histoire, jusqu’ici, est
toujours restée mêlée d’une part de légende. En somme, un ouvrage instructif,
touchant, et d’un ton de bonne compagnie qui fait toujours plaisir à
entendre." (L'Illustration, 9 sept 1899)
257.
BOIGNE
(Eléonore Adèle d'Osmond, comtesse de). Récits d'une tante. Mémoires de la comtesse de Boigne
née d'Osmond, publiés intégralement d'après le manuscrit original par Charles
Nicoullaud. Plon, 1908, 4 vol. in-8°,
xxxv-505, 434, 448 et 547 pp, 3 portraits en frontispice, un fac-similé reco-verso,
pièces justificatives, index, reliures demi-basane noire, dos à 4 nerfs
soulignés à froid, titres, tomaisons et fleurons dorés (rel. de l'époque), dos
lég. abîmés, mque la partie sup. du dos du tome 1, sinon bon état
180 €
Complet. Tome 1 : 1781-1814 ; Tome 2
: 1815-1819 ; Tome 3 : 1820-1830 ; Tome 4 : 1831-1866. Fragments. « Seul le tome I intéresse
l’Empire. Il est particulièrement riche en anecdotes sur l’opposition royaliste
(portraits de Mme Récamier, de Mme de Chevreuse, d'Alexis de Noailles, de
Chateaubriand). Quelques détails peu connus sur le mécontentement suscité par
les gardes d'honneur et la conscription. Mais on ne perdra pas de vue qu'il
s'agit de l'œuvre d'un adversaire de l'Empire. » (Tulard, 173). Texte
également capital pour l'Emigration (Fierro, 169), et, d'une façon générale,
pour la Restauration : « Commencés en 1835 et tenus ensuite au jour le
jour, ces mémoires intéressent la Restauration pour les vol. 2 et 3. Trait
d’union entre la société impériale et les milieux liés à l’émigration, la
comtesse de Boigne a joué un rôle non négligeable en 1814. Elle a ensuite suivi
son père, ambassadeur, à Turin et à Londres, avant de se fixer définitivement
en France. Après la Révolution de Juillet, elle a mis toute son influence au
service du nouveau régime. Du fait de sa liaison intime avec Pasquier, elle a
pu connaître bien des choses. » (Bertier, 131).
258.
BONNIÈRES
(Robert de)(Janus du “Figaro”). Mémoires d'aujourd'hui. P., Paul Ollendorff, 1883, in-12, ix-370 pp, index
des noms cités, reliure demi-chagrin vert, dos lisse avec titres et fleuron
dorés, larges filets à froid et filets dorés (rel. de l'époque), papier un peu
jauni, rousseurs, sinon bon état
35 €
Robert de Bonnières de Wierre (1850-1905), est un poète, romancier,
journaliste et critique littéraire. Dans les années 1880, il se lance dans la
presse et rédige des critiques littéraires dans Le Gaulois, Le Figaro, Gil Blas
et la Revue des Deux Mondes sous les pseudonymes de James, Robert Etienne ou
encore Robert Robert. Ses articles seront réunis en trois volumes, Mémoires
d’aujourd’hui, édités entre 1883 et 1888, qui reste son ouvrage le plus célèbre
et qui demeure une mine d’informations sur l’histoire de l’époque. — Table : M.
Pasteur candidat à l'Académie française. Le duc d'Audiffret-Pasquier. La reine
Marguerite. M.Challemel-Lacour. Le général de Gallifet. M. Gambetta. M. Grévy.
Le comte d'Arnim. M. Littré. M. de Pressensé. M. Berthelot. Louis II de
Bavière. M. de Freycinet. M. Gambetta et madame Juliette Adam. M. de Bismarck
et les jupons. M. Louis Blanc...
259.
BOURGEOIS
(Emile) et E. CLERMONT. Rome et Napoléon III. (1849-1870). Etude sur les
origines et la chute du second Empire. Armand
Colin, 1907, gr. in-8°, xvii-370 pp,
préface de Gabriel Monod, broché, couv. lég.
défraîchie, bon état
35 €
"... M. Emile Bourgeois a montré dans son livre, Rome et Napoléon
III, les deux tendances contradictoires qui s'exerçaient à la cour impériale :
l'une, sous l'influence de l'impératrice, en faveur du Vatican et pour le
maintien d'une garnison française à Rome ; l'autre, sous l'influence du prince
Napoléon, en faveur de l'unité italienne. La première de ces politiques
l'emporta, ce qui eut pour résultat de nous priver de toute alliance au cours
de la guerre franco-allemande..." (Revue d'histoire du XIXe siècle-1848,
1935)
260.
BOUVIER
(Jean), François FURET, Marcel GILLET. Le mouvement du profit en France au XIXe siècle.
Matériaux et Etudes. P., Mouton, 1965, gr. in-8°,
465 pp, graphiques et tableaux, sources, broché, bon état, envoi a.s. de M. Gillet
40 €
"Cet ouvrage a une apparence austère. A le feuilleter, on aperçoit
surtout chiffres et courbes ; sa lecture fait vite apparaître le titre comme un
trompe-l'oeil ; la matière du livre est infiniment plus riche qu'on peut le
supposer de prime abord, et on y trouve l'écho de toutes les préoccupations
d'auteurs que l'on sait attachés à l'histoire sociale autant qu'à l'histoire
économique, soucieux avant tout d'échapper à une spécialisation desséchante et
d'aider à la compréhension de l'homme par l'utilisation d'un instrument
d'analyse dont ils possèdent le maniement à la perfection. (...) Nous trouvons,
certes, dans l'ouvrage une étude du mouvement du profit en France au XIXe
siècle, mais le livre est bien autre chose, et d'abord une analyse extrêmement
fine, non pas seulement du mouvement du profit, mais du profit même. (...)
L'abondance des documents mis à la disposition du lecteur lui permet de
reprendre les conclusions des auteurs, et souvent même de pousser plus avant
l'analyse... Enfin, cet ouvrage offre une remarquable mise au point sur les
méthodes et les buts de l'histoire économique, et plus généralement de
l'histoire qui use de statistiques." (P. Guillaume, Le Mouvement social,
1967)
261.
BRETEUIL
(Marquis Henri de). La Haute Société. Journal secret, 1886-1889. Atelier Marcel Jullian, 1979, in-8°, 387 pp, généalogie
des Orléans in-fine, broché, couv. illustrée, bon état. Edition originale
40 €
Sept gros cahiers reliés en maroquin noir et munis de fermoirs de sûreté.
2500 pages d'une écriture fine et serrée, proche de la calligraphie : c'est le
trésor que, voici quelques années, le marquis de Breteuil remettait à son fils,
Henri-François, et que ce dernier nous remet à son tour. Il s'agit du journal
de son grand-père que nous publions sous le titre : "La Haute
Société". La période d'abord : 1886 à 1889, c'est-à-dire l'épanouissement
de la IIIe République. Le contenu ensuite : le monde des Salons, des journaux,
de la politique, de la littérature. On côtoie le prince de Galles, Léon
Gambetta, le général Boulanger et, à travers ses inspirateurs - la comtesse
Greffulhe ou le marquis de Breteuil lui-même - l'univers de Marcel Proust. Les
événements de la fin d'un siècle : un éclairage inédit sur la période d'août
1886 à octobre 1889 où les partisans d'un régime monarchique ont joué et perdu
leur dernière chance. "Il y a aussi, écrit le marquis de Breteuil, dans
les propos de mon grand-père, un aspect "carnet du jour" dans lequel
il ne cède ni en esprit ni en causticité à nos chroniqueurs contemporains".
On est frappé, au long de ces pages, riches en comptes rendus de voyages, en
confidences, en portraits et en conversations, par le don d'écriture des gens
du monde et par l'extraordinaire liberté d'esprit qui caractérisait la France
d'alors. "Nos grands-pères, dit encore le marquis de Breteuil,
aristocrates, bourgeois ou paysans, croyaient à un avenir sans barreaux où tout
était encore à découvrir."
262.
BRIANCOURT
(Mathieu). Précis
de l'organisation du travail, extrait de "L'Organisation du Travail et
l'Association". P., Librairie
Sociétaire, 1846, in-16, vi-63 pp,
broché, bon état. Edition originale : la page de
titre indique "Paris, Librairie Sociétaire, 1846", la couverture
imprimée de papier bleu "Paris, Librairie Phalanstérienne, 1848" avec
mention de 2e édition. Très rare
90 €
Dans cet ouvrage conçu sous forme de dialogues, Mathieu Briancourt
(1796-1882), ouvrier teinturier et propagandiste fouriériste, fait un exposé
pédagogique des conceptions fouriéristes de l’organisation du travail.
263.
CASTRIES
(Duc de). Le
Grand refus du comte de Chambord. La légitimité et les tentatives de
restauration de 1830 à 1886. Hachette, 1970, in-8°, 371 pp, sources,
biblio, chronologie, tableau généalogique, reliure toile éditeur avec une photo
du comte de Chambord contrecollée au 1er plat, rhodoïd, bon état (Le Testament
de la Monarchie, V), envoi a.s.
30 €
"Quand naquit aux Tuileries, au pavillon de Marsan, le fils posthume
du duc de Berry, le 29 septembre 1820, il semblait qu'une brillante carrière
allait s'ouvrir devant lui. C'était « l'enfant du miracle », né sept mois après
la mort de son père, le seul héritier de la monarchie légitime restaurée six
ans plus tôt. On sait cependant que, quand il mourut en 1886, à Frohsdorf, en
Autriche, ses partisans, peu nombreux, enterraient avec lui leurs espoirs :
n'était-il pas lui-même le responsable de son échec ? Nombreux sont les
historiens qui se sont penchés sur cette triste destinée. Il semble bien que le
plus récent d'entre eux, M. le duc de Castries, est celui qui vient d'en
retracer, d'en expliquer le plus clairement les péripéties, les causes de son
échec. (...) Après la guerre de 1870 et la chute du Second Empire, l'on crut à
plusieurs reprises tenir l'occasion
décisive. M. le duc de Castries, par des documents inédits dont plusieurs
proviennent de sa famille qui était apparentée à la maréchale de Mac Mahon,
nous apporte de nouvelles lumières sur les fameuses négociations autour du
drapeau blanc. Il insiste aussi sur le rôle néfaste de la comtesse de Chambord
qui a certainement contribué aux successifs refus de son mari. Il marque aussi
combien fut méritoire l'effacement des princes d'Orléans, à commencer par le
comte de Paris. L'aveuglement du petit-fils de Charles X fut vraiment
incompréhensible : on connaît le mot de Mgr d'Hulst, royaliste fervent : «
Prions Dieu qu'il daigne ouvrir les yeux du comte de Chambord ou qu'il daigne
les lui fermer. »..." (Revue des Deux Mondes, 1970)
264.
DAICOVICIU
(C.) et Miron CONSTANTINESCU (dir.). La Désagrégation de la monarchie austro-hongroise,
1900-1918. Bucarest,
Editions de l'Académie de la République socialiste de Roumanie, 1965, gr. in-8°,
291 pp, notes, broché, bon état (Bibliotheca Histórica Romaniae, 1)
40 €
Communications présentées à la Conférence des historiens du 4 au 9 mai
1964 de Budapest.
265.
DUBY
(Georges) et Michelle PERROT (dir.). Histoire des femmes en Occident. 4. Le XIXe siècle.
Sous la direction de Geneviève Fraisse et Michelle Perrot. Plon, 1991, gr. in-8°, 640 pp,
72 illustrations, notes, biblio, index, reliure
toile éditeur, jaquette illustrée, bon état
30 €
Entre enfermement politique ou social, modèle éducatif et réalité du
travail féminin comme de ses comportements, un siècle de fer pour les femmes.
L'image du XIXe siècle sombre et triste, austère et contraignant pour les
femmes est une représentation spontanée. On aurait tort de croire cependant que
cette époque est seulement le temps d'une longue domination, d'une absolue
soumission des femmes à une codification collective précise, socialement
élaborée. Car ce siècle signe la naissance du féminisme, mot emblématique qui
désigne tout aussi bien des changements structurels importants (travail
salarié, autonomie de l'individu civil, droit à l'instruction) que l'apparition
collective des femmes sur la scène politique. Ainsi faudrait-il dire pultôt que
ce siècle est précisément le moment historique où la vie des femmes change,
plus exactement le moment historique où la perspective de leur vie change ;
temps de la modernité où est rendue possible une position de sujet, individu à
part entière et actrice politique, future citoyenne. (G.F., M.P.) — Le titre
"Histoire des femmes en Occident" est commode et beau. Mais il faut
récuser l'idée que les femmes seraient en elles-mêmes un objet d'histoire.
C'est leur place, leur condition, leurs rôles et leurs pouvoirs, leurs formes
d'action, leur silence et leur parole que nous entendons scruter, la diversité
de leurs représentations – Déesse, Madone, Sorcière... – que nous voulons
saisir dans leur permanence et leurs changements. Histoire résolument
relationnelle qui interroge la société tout entière et qui est, tout autant,
histoire des hommes. (G. Duby, M. Perrot)
266.
DUPONT
(Léonce). Souvenirs
de Versailles pendant la Commune. P., Dentu, 1881, in-12, xxx-292 pp, 2e
édition, reliure demi-basane verte, dos lisse avec titres et quadruples filets
dorés (rel. de l'époque), bon état
70 €
Journaliste au Constitutionnel, Léonce Dupont (1828-1884) livre le «
témoignage d'un conservateur avoué mais qui tranche par son honnêteté avec les
ouvrages de ses confrères. Et point de vue original, le 4 septembre a été selon
lui "plus pernicieux" que la Commune ». (Le Quillec, 1572). Il
déplore le retour des Communards amnistiés après la loi de 1880.
267.
FROSSARD
(Emilien). Lettres
écrites d'Orient, par l'un des pasteurs chargés de commencer l'oeuvre des
aumôniers protestants auprès de l'armée française. Toulouse, Impr. de A. Chauvin, 1856, in-12, 264 pp, 2e
édition, reliure demi-vélin, dos lisse muet (rel. de l'époque), bon état. Rare
120 €
Intéressante correspondance sur la guerre de Crimée et la découverte de
l'Orient et principalement d'Istanbul (Constantinople) au milieu du XIXe
siècle. De son séjour en Turquie et en Crimée, le pasteur Émilien Frossard
(1802-1881) rapporta cet ouvrage publié en correspondance d’impressions et
descriptions (écrites à Constantinople et Sébastopol) pendant la guerre de
Crimée. Pasteur protestant, il fut chargé par son église de l’organisation du
service des aumôniers protestants auprès des soldats de l’armée d’Orient. Les
blessés ne pouvant être évacués vers la France restaient dans les hôpitaux de
bases arrières, Frossard resta quelques semaines à Constantinople pour
organiser le service d’aumônerie protestante dans les divers hôpitaux français
qu’il visita. Puis il partit sur le théâtre des opérations en Crimée. —
"Me voilà donc chevauchant dans les affreuses rues de Constantinople, rues
qui me rappellent certains sentiers de nos Pyrénées, avec cette différence,
toutefois, qu'ici le sol est couvert d'une boue noire, grasse, fétide, composée
de pots cassés, de haillons, de ruines d'incendie, de charognes de chiens en
état de décomposition, abominable magma qui révélerait des mondes nouveaux aux
observateurs des infiniment petits armés de leur puissants microscopes."
(p. 88) — La guerre de Crimée opposa, de 1853 à 1856, la Russie à une coalition
formée de l'Empire ottoman, de la France, du Royaume-Uni et du royaume de
Sardaigne ; désireux de réduire la puissance militaire russe dans la région
pour l'empêcher de menacer à nouveau l'Empire ottoman, l'empereur français
Napoléon III et le premier ministre britannique Lord Palmerston décidèrent
d'attaquer la base navale de Sébastopol où se trouvait la flotte russe de la
mer Noire. Ils débarquent en 1854, les forces alliées repoussèrent d’emblée les
Russes et commencèrent leur siège. S’ensuit un combat de tranchées. Les
conditions de vie des soldats sont particulièrement difficiles et le choléra
fit des milliers de victimes. Les Russes tentèrent à plusieurs reprises de
briser l'encerclement de Sébastopol mais leurs tentatives à Balaklava
échouèrent. L'arrivée de renforts et l'épuisement des défenseurs permirent aux
Français de s'emparer du bastion de Malakoff en 1855 et Sébastopol fut évacué
par les Russes après ce terrible siège. Les conditions de vie des soldats
durant le siège de Sébastopol furent particulièrement difficiles en raison du
climat. De très nombreux soldats moururent du choléra et du typhus, les
conditions d’hygiène étant catastrophiques. La guerre de Crimée peut-être
considérée comme une des premières « guerre moderne » de par l'utilisation de
technologies nouvelles comme les bateaux à vapeur, le chemin de fer, les fusils
de nouveau type, le télégraphe et la photographie. — Émilien Frossard
(1802-1881) exerça son ministère de pasteur à Nîmes, puis fut directeur du
séminaire de Montauban, et enfin pasteur à Bagnères-de-Bigorre ; il tomba sous
le charme des Pyrénées qu’il ne quittera plus. Comme la plupart des grands
pyrénéistes de son temps, Émilien Frossard a des connaissances en géologie,
botanique, météorologie, etc. ; curieux des accidents naturels des reliefs
montagneux, il réalisa de nombreuses vues des Pyrénées, au crayon ou a
l’aquarelle, reproduisant les sites tel un peintre voyageur (il publie 25 vues
prises dans les Pyrénées françaises (1829, lithographies par Jourdan) et Le
Tableau pittoresque des Pyrénées françaises (1839, texte accompagné de 22
vignettes). Il fonda en 1865 la société Ramond avec Henry Russell, Charles
Packe, Farnham Maxwell-Lyte. Il est également à l’origine de la création de
l’observatoire du pic du Midi de Bigorre.
268.
FURET
(François). La
Gauche et la Révolution française au milieu du XIXe siècle. Edgar Quinet et la
question du Jacobinisme, 1865-1870. Textes présentés par Marina Valensise. Hachette,
1986, in-8°, 317 pp, broché,
couv. illustrée, bon état
30 €
Consacré pour l'essentiel au débat soulevé par la publication, en 1865 par
Edgar Quinet de “La Révolution française”, ce livre met en évidence qu'il
existe, en France, une tradition de lecture critique de la Révolution qui ne se
réduit pas à l'opposition entre contre-révolutionnaires et héritiers des
jacobins. En effet, Quinet non seulement condamne les excès de la Terreur, mais
tente d'en donner une explication historico-politique conformément à sa grande
intuition sur la révolution religieuse au XIXe siècle. Selon lui, la radicalité
de la Révolution politique est le signe du « retard » français en matière de
révolution religieuse : la Révolution a transposé dans l'ordre politique le
dogmatisme et la résistance à l'esprit de liberté qui règnent dans le
catholicisme. Un des ouvrages majeurs de François Furet, qui donne à la fois la
clé de sa propre interprétation de la Révolution et réhabilite la tradition de
la gauche libérale au XIXe siècle. L'essai de François Furet est suivi du
dossier de la controverse, rassemblé par Marina Valensise.
269.
GARSOU
(Jules). Alexandre
Gendebien. Sa vie. Ses mémoires. Bruxelles,
René Van Sulper, 1930, gr. in-8°, viii-523 pp,
un portrait de Gendebien en frontispice, index,
broché, bon état
50 €
"M. Jules Garsou, qui s'est surtout fait connaître jusqu'ici par
d'intéressantes études sur Victor Hugo, consacre un gros volume au patriote
belge Alexandre Gendebien. A vrai dire, ce volume comprend plusieurs parties de
nature différente. C'est d'abord (174 p.) une biographie de Gendebien. C'est
ensuite une réédition de la plus grande partie de ses mémoires, parus, par
fragments, en 1867 et 1868 dans un journal belge, “La Liberté”, d'abord sous le
titre de “Révélations historiques sur la Révolution de 1830”, puis sous celui
d' “Aperçus de la part qu'a prise Alexandre Gendebien à la Révolution de 1830”.
Ce sont enfin cinq appendices, dont les quatre premiers traitent de questions
particulières et dont le dernier réunit quelques lettres inédites. Le tout est
un véritable monument, élevé à la mémoire de celui qui, parmi les principaux
acteurs de 1830, est peut-être resté, ainsi que l'écrit M. Garsou, le plus cher
au peuple belge. (...) En ce qui concerne la valeur des Mémoires, comme
témoignage, il ne faut pas oublier qu'ils ont été écrits, trente-six ans après
les événements qu'ils racontent, par un vieillard aveugle, qui n'avait guère
d'autre guide que ses souvenirs. Il n'est pas douteux qu'ils soient sincères ;
mais ils doivent être lus avec critique et confrontés sans cesse avec les
documents contemporains. Ils nous instruisent surtout sur la personnalité de
leur auteur. Au total, le livre de M. Garsou est certainement une contribution
importante à l'histoire de la formation de la Belgique indépendante, et c'est
très opportunément qu'il a paru l'année même du Centenaire." (G. Pagès,
Revue Historique, 1931) — "En ces années de centenaire 1930-1931, divers
écrivains se sont essayés à remettre en lumière plusieurs personnalités qui ont
joué un rôle éminent dans les événements révolutionnaires belges d'il y a un
siècle. L'œuvre de M. Garsou ne renferme pas uniquement un récit de l'existence
vécue par Alexandre Gendebien. Elle reproduit aussi, dans leur plus grand
partie, les mémoires du célèbre révolutionnaire, mémoires nés d'une querelle de
presse et publiés en 1867 dans le journal “La Liberté” dont les collections
sont peu à la portée des chercheurs. L'introduction que M. Garsou a écrite pour
ces mémoires et qui renferme la biographie la plus complète qu'on nous ait
donnée jusqu'à ce jour d'Alexandre Gendebien se recommande par un souci très
visible de ne rien dire qui ne soit justifié par des documents autorisés. On
voit que l'élaboration de l'ouvrage a été minutieuse, l'auteur n'a pas hésité à
se rendre partout où il avait chance de rencontrer des renseignements de nature
à éclairer les principaux épisodes qui marquèrent la carrière de son héros et à
détruire les légendes créées autour de ses actes par des écrivains mal
informés. Il s'est, en outre, efforcé d'être objectif dans ses jugements et,
malgré une sympathie très visible pour Gendebien, ne se refuse point à
reconnaître les fortes qualités de quelques uns de ceux pour qui cet homme
politique se montra un rival acharné et très souvent injuste, tel notamment
Lebeau qui, bien plus que Gendebien, mérite le titre de fondateur de la
monarchie belge. Il a accompli sa tâche avec une véritable conscience
d'historien. M. Garsou n'hésite pas à reconnaître les erreurs de la politique
de Gendebien : Gendebien fut un destructeur et non un constructeur, Sa part
dans la création de la Belgique indépendante consista surtout à renverser le
régime néerlandais. On doit lui rendre cet hommage que sans sa persévérance,
son action énergique sur son entourage et les populations, la révolte contre
l'autorité du roi Guillaume eut peut-être eu une issue moins heureuse que celle
à laquelle contribua sa volonté sans défaillance. (...) Sur les mémoires mêmes,
perdus dans un journal et peu lus par la génération actuelle, ils méritaient
d'être republiés, car ils contiennent sur notre révolution maints
renseignements que l'on ne trouverait pas ailleurs. (...) Quelle que soit la
prudence avec laquelle il faut se servir des souvenirs de Gendebien, je ne puis
qu'approuver M. Garsou de les avoir mis à la portée du public. Ils constituent
un document extrêmement utile pour l'histoire de la révolution belge. Un des
personnages importants de l'époque de 1830 y parle. En terminant cet article,
je renouvellerai les éloges que j'ai donnés en commençant au travail de M.
Garsou. Celui-ci, dans sa réalisation, a fait preuve d'une grande richesse
d'érudition et d'une connaissance éclairée de notre histoire contemporaine.
J'ajouterai que l'auteur a complété le volume et l'a rendu aisé à consulter par
la publication d'une excellente table." (A. De Ridder, Revue belge de
philologie et d'histoire, 1931)
270.
GUILLEN
(Pierre). L'Expansion,
1881-1898. P., Imprimerie
Nationale, 1985, gr. in-8°, 521 pp,
24 pl. de gravures hors texte, 7 cartes, notes,
index, tiré sur papier de Rives, reliure éditeur, bon état (Coll. Politique
étrangère de la France)
30 €
"Dans la très belle collection « Politique étrangère de la France
1871-1969 » dirigée par Jean-Baptiste Duroselle, voici le volume couvrant les
années 1881-1898 c'est-à-dire de la fin du « recueillement » consécutif à la
défaite de 1871 aux prodromes de Fachoda. C'est l'époque du gouvernement de
ceux que l'on a appelés de manière un peu péjorative les « opportunistes ». Dans
les années 1880, ils sont attaqués sur leur droite par les monarchistes et sur
leur gauche par les radicaux. L'opinion est pour la paix et le Parlement
s'oppose à toute aventure, même s'il accepte de poursuivre des entreprises
comme celles du Tonkin ou de Madagascar pour ne pas donner l'impression d'un
abaissement du drapeau français. Dans un tel environnement, on ne peut que
s'étonner que, malgré de telles résistances et l'instabilité ministérielle, ces
opportunistes si décriés aient réussi une expansion coloniale somme toute
imposante, malgré l'échec retentissant de l'Egypte où une domination
britannique exclusive se substitue au condominium franco-britannique en 1882
par suite du refus de la Chambre de s'engager. Les mêmes qui ont ruiné la
position de la France livreront ensuite un vain combat d'arrière-garde contre
l'Angleterre, avec pour seul résultat d'attiser la rivalité franco-britannique
et d'accroître l'isolement de la France. Car la France reste isolée durant les
années 1880. Le rapprochement entre la France et l'Allemagne, longtemps
recherché par Bismarck, est impossible en raison de l'hostilité de l'opinion
française. La Tunisie, le conflit douanier et des incompréhensions mutuelles
handicapent continuellement les relations avec l'Italie. Du côté de
l'Angleterre, les choses ne vont guère mieux : là aussi vieilles méfiances et
rivalités coloniales bloquent le rapprochement. La Russie s'inquiète de cette
France républicaine et instable, tandis qu'à Paris, on se montre sceptique sur
l'intérêt d'une telle alliance. Dans les années 1890, la politique extérieure,
bénéficiant d'un consensus qui avait fait défaut durant la décennie précédente,
devient plus offensive, avec des succès marqués en Afrique. L'alliance avec la
Russie est enfin conclue. Il en résulte une mauvaise appréciation du rapport de
forces. Hanotau et le Quai d'Orsay ne voient pas que la France ne peut pas être
à la fois contre l'Allemagne sur le continent et contre l'Angleterre outre-mer.
L'épreuve de force qu'ils ont voulue dans la région du Haut Nil tournera à la
confusion de la France et aboutira à une capitulation humiliante. Pierre
Guillen a su présenter cette histoire avec une érudition et un jugement sûrs et
la toujours parfaite présentation de l'Imprimerie nationale ajoute encore à
l'agrément de la lecture." (Hervé Coutau-Bégarie, Politique étrangère,
1986)
271.
KARDEC
(Allan). Qu'est-ce
que le Spiritisme ? Introduction à la connaissance du Monde invisible par les
manifestations des Esprits contenant le résumé des principes de la doctrine
spirite, et la réponse aux principales objections. P., Librairie des Sciences psychologiques, s.d. (1889),
in-12,
182 pp, 19e édition, broché, couv. défraîchie, mouillure angulaire au coin des
premiers feuillets, état correct
25 €
Paru pour la première fois en 1859, ce livre contient un résumé des
principes de la doctrine spirite et les réponses aux principales objections. En
1857, Allan Kardec avait codifié une nouvelle doctrine issue de messages que
des médiums affirmaient avoir reçus. Cette philosophie, baptisée « spiritisme
», fut exposée dans “Le Livre des Esprits” qui connut un succès mondial. La
popularité du spiritisme au XIXe siècle s’accompagna de nombreuses critiques.
Dans le but de répondre à ses détracteurs, Kardec publia « Qu’est-ce que le
spiritisme ». De son vrai nom Hippolyte Léon Denizard Rivail, Allan Kardec
(1804-1869) est le fondateur de la philosophie spirite ou spiritisme. Il est
généralement surnommé le « codificateur du spiritisme ». Son œuvre influence toujours
aujourd'hui la culture et la vie publique brésilienne.
272.
LEGER
(François). Monsieur
Taine. P., Critérion, 1993, gr. in-8°,
502 pp, 8 pl. de gravures et photos hors texte, biblio, index, broché, couv.
illustrée, bon état (Prix de la critique de l'Académie française 1994) On joint
une lettre de Bernardine Melchior-Bonnet, petite-fille de Taine, à une
descendante d'Albert Sorel ou Taine est évoqué, et un feuillet de
l'Encyclopedia Universalis sur Taine
30 €
Auteur en 1980 d'un livre consacré à « La jeunesse d'Hippolyte Taine »,
François Léger est le spécialiste incontesté de cet écrivain auquel il a voué
trente ans de sa vie. Afin de mieux le connaître, il ne s'est pas contenté de
dépouiller une abondante documentation inédite. Il a refait ses voyages, visité
les lieux où il vécut et relu l'ensemble de son oeuvre, de son retentissant
essai sur « Les philosophes français du XIXe siècle », jusqu'aux derniers
volumes des « Origines de la France contemporaine », sans oublier une foule d
articles et de manuscrits. La biographie qu'il lui consacre dresse le portrait
d'un homme exceptionnel, aux idées hardies, qui a profondément marqué la vie
intellectuelle de son temps.
273.
MERCIER
(Jacques et Dominique). Napoléon III quitte la scène. 4 septembre 1870. Albin Michel,
1967, in-8°, 191 pp, annexes,
index biographique des principaux noms cités, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
"Le 4 septembre 1870, Pans apprend que l'armée est vaincue,
l'empereur prisonnier. Le régime, plébiscité quelques mois auparavant sombre en
quelques heures, presque sans résistance. Quelques mouvements de foule au
Palais-Bourbon, la détermination des républicains, Jules Favre, Gambetta, qui
voient dans la défaite l'occasion attendue depuis dix-huit ans, la peur d'une
révolution socialiste, il n'en faut pas plus. Le soir du 5 septembre, Paris se
réjouit et trinque à la santé de la République. Les auteurs tracent de la chute
du second Empire un tableau alerte et convaincant. On est étonné, à la lecture
de ce livre, de voir à quel point les Prussiens semblent loin, à quel point les
partisans de l'Empire sont inefficaces. Tout cela semble se passer comme dans
un rêve." (Revue des Deux Mondes, 1967)
274.
MOELLER
(Georges). Eclaircissements
sur les derniers mouvements révolutionnaires de l’Allemagne et de l’Italie, les
campagnes de 1848 et 1849 dans la péninsule, la vérité sur les désastres de
Novare. Genève, Ch.
Gruaz, 1851, in-8°, 510 pp,
notes, documents, reliure demi-basane fauve, dos
lisse avec titres et filets dorés au dos (rel. de l'époque), bon état
80 €
Edition originale. La première guerre d'indépendance italienne vue par un
Français et lue dans le contexte des soulèvements européens de 1848. L'auteur
examine les pays d'Europe et les États italiens : Rome, Gênes, la Toscane, etc.
La bataille de Novare (23 mars 1849) signe la fin de la première guerre
d'indépendance italienne. Elle est livrée par 70,000 soldats autrichiens
commandés par le feld-maréchal Joseph Radetzky et 100,000 soldats du royaume de
Sardaigne (même si tous ne participent pas à la bataille) commandés par le roi
Charles-Albert de Sardaigne, par le général polonais Wojciech Chrzanowski et
par le chef d'état-major Alessandro La Marmora. La victoire des Autrichiens
permit à l’empereur François-Joseph Ier de rétablir la domination autrichienne
sur la Lombardie. Peu commun.
275.
O'RELL
(Max). John
Bull et son île. Moeurs anglaises contemporaines. Calmann-Lévy,
1884, in-12, vi-323 pp, reliurex
demi-basane havane, dos à 5 nerfs soulignés à froid, auteur et titre dorés
(rel. de l'époque), rousseurs, bon état
30 €
"Un livre charmant que je viens de parcourir. “John Bull et son île”,
par Max O’Rell, est le résultat de dix ans d’observations en Angleterre.
L’auteur, qui sait tout voir et bien voir, nous initie aux détails journaliers
des mœurs anglaises contemporaines. Ceux qui ont été seulement à Londres
pendant quelques jours pourront juger de la vérité des impressions et des
récits de l’auteur. Il n’est pas de page qui ne contienne quelque photographie
intéressante. Max O’Rell nous promène partout : dans les rues, en chemin de
fer, en omnibus, dans les familles, chez les esthètes, dans les villas, dans
les boutiques, les hôpitaux, à la cour, partout enfin où il y a quelque chose à
glaner, à observer... Le livre est plein de fines remarques sans prétention, et
servira à donner une idée assez juste de ce peuple qui persiste à ne pas
vouloir de tunnel avec la France et à nous maintenir à la distance d’un mal de
cœur." (Philippe Gille, La bataille littéraire. Troisième série
(1883-1886), 1890) — "Ce livre si piquant et si amusant de Max O'Rell :
“John Bull et son île”, dont on n'a pas oublié le retentissement des deux cotés
du détroit. Jamais le caractère britannique, jamais les mœurs et la vie intime
d'outre-Manche n'ont été saisis sur le vif avec plus de pénétration et
d'esprit." (Le Temps, 9 sept 1884) — Léon Paul Blouet, connu sous le nom
de plume Max O'Rell (1848-1903) est un écrivain et conférencier. Il eut
beaucoup de succès aux États-Unis et en Grande-Bretagne à la fin du
dix-neuvième siècle. Célèbre pour ses descriptions humoristiques des mœurs et
coutumes des grandes nations occidentales, il a rendu populaire le personnage
de John Bull dans son premier grand succès “John Bull et son île” (1883). Il se
considérait comme un médiateur entre l’Angleterre, les États-Unis et la France.
276.
PIERRARD
(Pierre). 1848...
Les pauvres, l'Evangile et la Révolution. Desclée,
1977, in-8°, 253 pp, biblio,
broché, bon état
25 €
"Le livre refermé – et la lecture en est tout au long fort attachante
– , on s'interroge sur son titre : car aux yeux de l'auteur, l'Église ne fut
alors que bien peu de temps aux côtés de la Révolution, par bien peu des siens
au service des pauvres, et finalement fort peu dans la ligne de l'Évangile.
C'est cependant un conflit qu'il met en scène, avec la vigueur et la précision
dont sa plume est coutumière : celui qui, après la brève idylle du printemps
1848, opposa durablement un « parti de l'ordre » appuyé sur les catholiques,
aux partisans de la Révolution sociale. Deux grandes parties structurent clairement
l'ouvrage. La première, en cinq chapitres, suit la rapide succession des
événements, depuis les journées de février jusqu'au coup d'État du 2 décembre.
On en retiendra surtout plusieurs passages où sont utilement rassemblées des
données qu'il n'est pas toujours facile de recueillir : portraits, par exemple,
des 16 ecclésiastiques élus à la Constituante (p. 35-38), liste d'incidents
anticléricaux en mars-avril 48 (p. 50-54), etc. La genèse de la loi Falloux est
longuement étudiée (p. 115-135). La seconde partie est certainement la plus
ambitieuse : après le récit vient, en deux chapitres, une tentative
d'explication du « fossé » qui sépare – reprenons-en les titres – « deux
conceptions de l'Église et de l'Évangile », « deux visions de l'homme et du
Royaume de Dieu ». Le dialogue s'est avéré impossible parce que deux langages
différents traduisaient l'incompatibilité radicale de deux eschatologies. Les
catholiques, habités par un souci exclusif du salut individuel dans l'au-delà,
ont confondu la cause de l'Église et celle de l' « ordre », et cela « par un
défaut de réflexion théologique » (p. 179). De ce fait, les hommes de 48,
malgré une « conception romantique, utopique, mais religieuse et évangélique »
du monde et de l'histoire (p. 196), ont néanmoins versé dans
l'anticléricalisme." (Claude Savard, Revue d'histoire de l'Église de
France, 1978)
277.
PIERRARD
(Pierre). Juifs
et catholiques français. De Drumont à Jules Isaac (1886-1945). Fayard, 1970, in-8°, 336 pp,
biblio, broché, couv. illustrée, pt trace d'humidité
ancienne au 1er plat et au bas du dos, bon état, envoi a.s. et carte de visite
de P. Pierrard
30 €
"Les relations entre juifs et catholiques depuis la parution de la
France juive d'Edouard Drumont jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
(...) L'antisémitisme tient la part belle dans cet ouvrage, l'auteur analysant
tour à tour les publications, revues et organisations diverses nées dans la
mouvance antisémite. Mais il fait aussi une place aux réflexions d'un abbé
Frémont ou d'un Léon Chaîne au moment de l'affaire Dreyfus ou à celles plus
nombreuses, développées essentiellement dans les milieux démocrates-chrétiens
dans les années 1930. L'accumulation de faits fournis par l'auteur est
impressionnante, d'autant mieux qu'il connaît parfaitement l'ensemble de la
littérature produite à ce sujet..." (Jacques-Olivier Boudon, Archives des
sciences sociales des religions)
278.
PIERRARD
(Pierre). L'Eglise
et la Révolution, 1789-1889. P., Nouvelle
Cité, 1988, in-8°, 273 pp,
biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
Ce livre couvre cent ans d'histoire. Cent ans au cours desquels l'Eglise,
après avoir subi – et parfois promu – le choc de la Révolution, a dû
continuellement se situer par rapport à elle : de l'Eglise constitutionnelle à
la "Contre-révolution irréconciliable", de l'Eglise des
évêques-réunis au concordat, autant d'attitudes dont nous sommes pour une part
les héritiers. 1789, 1830, 1848, 1870, Pierre Pierrard suit pas à pas, sans
polémique, cette histoire où la passion et les préjugés ont servi trop souvent
d'arguments. Cet ouvrage extrêmement documenté ouvre au lecteur des
perspectives inattendues.
279.
RAYMOND-GUASCO
(Jean). Le
Collège d’athlètes (de Reims). Ecole française de l’Education physique et des
Sports. P., G. Oudin
et Cie, s.d. (1913), pt in-8°, 65 pp, 8 photos dont 7 à pleine page, reliure demi-chagrin
fauve, dos à 5 nerfs soulignés à froid, pièces d'auteur et de titre chagrin
carmin (rel. de l'époque), bon état. Rare
70 €
En avril 1913, préfiguration de l’Institut national des Sports, le Collège
d’Athlètes de Reims, créé sur le site initialement prévu pour le vélodrome du
Parc Pommery, ouvre ses portes. Les installations sont réparties sur 4 hectares
et comprennent : une piste de 300 m entourée de pentes douces plantées de gazon
et munies de gradins, à l’intérieur de cette piste, une pelouse avec des
pistes, des sautoirs, des barres de suspension, des cordes lisses et des carrés
pour la lutte, un gymnase couvert, une piscine de plein air, des salles de
consultations médicales, de conférence, de massage, des douches et des
vestiaires, une bibliothèque et un laboratoire pour les travaux
cinématographiques. Ex-directeur des exercices physiques à l’École des
Fusiliers marins de Lorient et inspirateur d’une nouvelle méthode de
gymnastique « naturelle », laquelle prône que « les muscles de l’athlète se
doivent d’être au contact avec l’air ! », le lieutenant de vaisseau Georges
Hébert est nommé directeur technique. Il est secondé dans sa tache par Ernest
Guy directeur administratif, Jean Raymond Guasco secrétaire général, douze
moniteurs et deux médecins.
280.
RIGONDET
(Juliette). Un
village pour aliénés tranquilles. Fayard, 2019, in-8°, 311 pp, 18
photos, 3 fac-similés, une carte, notes, sources, broché, couv. illustrée, bon
état
20 €
A la fin du XIXe siècle, face à la faillite de l'asile où l'on retient,
plus qu'on soigne, les "aliénés" dans des établissements surpeuplés,
des psychiatres réfléchissent à une solution alternative. Pourquoi ne pas faire
sortir de ces hôpitaux les "incurables tranquilles" en les
installant, contre rétribution, dans des familles, à la campagne ? Le conseil
général de la Seine décide, en 1891, de tenter l'expérience. Un an plus tard,
la petite ville de Dun-sur-Auron, dans le Cher, est choisie pour accueillir,
"à titre d'essai" , la première "colonie familiale pour
aliénés" en France. L'essai est si concluant que le nombre de familles
prêtes à héberger des patients augmente de façon exponentielle. En 1913, la
colonie de Dun compte plus de 1.000 malades mentaux pour environ 4.000 habitants.
Appelé aujourd'hui "Accueil familial thérapeutique" , ce mode de
soins existe toujours à Dun, même si les patients y sont moins nombreux
qu'autrefois. En s'appuyant sur les archives hospitalières et sur des
témoignages de patients, de familles d'accueil, de villageois, Juliette
Rigondet raconte l'histoire de ce lieu à part dans la psychiatrie française et
reconstitue l'existence de ces hommes et de ces femmes qui ont fait partie,
jusqu'à leur mort, de la vie quotidienne des Dunois. Elle nourrit ainsi la
réflexion sur ce que notre société fait des "fous" et de l'Autre.
281.
RIOUX
(Jean-Pierre). Nationalisme et conservatisme. La Ligue de la Patrie Française, 1899-1904. P., Beauchesne,
1977, in-8°, 117 pp, 6
tableaux et cartes, broché, bon état
25 €
"L'histoire de l'affaire Dreyfus nous paraît aussi fascinante par la
complexité de ses épisodes que par la simplicité de son enjeu. Documenté avec
précision dans la presse du temps et dans les riches archives de la Préfecture
de police (notamment), J.-P. Rioux enrichit encore nos connaissances sur ces
foisonnantes années et nous offre ici une étude à propos de éphémère Ligue de
la patrie française (celle de Jules Lemaître, de François Coppée et de Gabriel
Syveton). Celle-ci a précisément été fondée pour faire contrepoids à la Ligue
des droits de l'homme. Comme sa rivale, elle a d'abord groupé des
intellectuels, et, comme elle également, elle s'est voulue fidèle à la
République et à ses principes. Il s'est trouvé seulement d'abord que, dans le
champ politique, comme on dirait aujourd'hui, la place était prise : les
républicains venus à la droite par le culte de l'armée et par le nationalisme
étaient depuis plusieurs années déjà rassemblés dans la Ligue des patriotes. Il
s'est trouvé surtout que, sur un programme antidreyfusard, ramené du culte
exclusif de la patrie à celui de la "tradition nationale" et par là
bientôt à celui du passé, la Ligue devait être envahie et débordée par les
passéistes les plus conséquents, conservateurs, antisémites, cléricaux, etc. On
comprend que la Ligue ait très vite perdu son originalité, puis son existence
même. Mais J.-P. Rioux ne croit pas que ce si bref passage dans notre histoire
ait été négligeable..." (M. Agulhon, Annales ESC, 1978)
282.
RIVET
(Félix). La
navigation à vapeur sur la Saône et le Rhône, 1783-1863. (Thèse). PUF, 1962, gr. in-8°, 619 pp,
52 gravures et portraits sur 28 planches hors
texte, 2 cartes, biblio, broché, bon état
80 €
"Les vallées du Rhône et de la Saône constituent une voie naturelle
admirable. Pendant une trentaine d'années, cette voie sera exploitée surtout
par la navigation ä vapeur. M. Rivet en a retracé l'histoire dans une
monographie massive. II décrit tout d'abord les différents moyens de transport
en usage avant la mise au point du bateau ä vapeur: la diligence, le roulage,
la navigation halée. Il rappelle ensuite les premiers essais de navigation ä
vapeur. En 1783 déjà, Jouffroy d'Abbans effectua une démonstration de «
pyroscaphe » sur la Saône ä Lyon. Précurseur méconnu, il fut relayé par des
Américains. Vers 1830, la navigation à vapeur sur la Saône et le Rhône passe
des expériences parfois périlleuses au stade de l'exploitation industrielle.
Plusieurs compagnies se forment sous la Monarchie de Juillet. De 1839 à 1845,
d'importantes améliorations techniques s'accompagnent d'une concurrence
acharnée. Malgré les difficultés géographiques, les entraves financières,
économiques et politiques, la batellerie se développe et connaît même une
période de grande prospérité de 1846 à 1848, alors que dans le même temps les
chemins de fer ne parviennent pas à surmonter les obstacles. L'auteur accorde
ensuite son attention aux débuts des chemins de fer qui deviendront bientôt le
grand rival de la navigation. II suit de très près la naissance difficile de la
ligne Paris-Lyon-Marseille. Peu à peu, le nouveau moyen de transport va
nécessairement prendre le dessus. Le second Empire assurera son triomphe. Les
compagnies de chemins de fer fusionnent en 1857, mais les compagnies de
navigation ne parviennent pas à s'unir complètement. Contre le puissant P.L.M.,
elles ne peuvent pas lutter. Elles cherchent alors à survivre en échappant à
leur destin local. La batellerie lyonnaise envisage pendant la guerre de Crimée
de transférer tout son matériel sur le Danube, puis tente de réinvestir ses
capitaux dans la navigation transatlantique. Sans succés, dans un cas comme
dans l'autre. En 1862, quand les dernières compagnies fusionnent enfin, il est
trop tard. M. Rivet a reconstitué l'essor et la décadence de la navigation à
vapeur sur la Saône et le Rhône avec une patiente minutie. Il est attentif aux
questions techniques et géographiques comme aux aspects économiques, financiers
et politiques. Ce chapitre intéressant de l'histoire des transports s'appuie
sur une documentation très abondante. De nombreuses illustrations et citations
animent un texte qui va parfois très loin dans le détail." (Gustave
Moeckli, Revue suisse d'histoire, 1963)
283.
SAINT-RENÉ
TAILLANDIER (René Gaspard Ernest Taillandier, dit). Dix ans de l'histoire
d'Allemagne. Origine du nouvel empire, d'après la correspondance de
Frédéric-Guillaume IV et du baron de Bunsen, 1847-1857. P., Didier et Cie, 1875, in-8°, xx-438 pp, annexes,
reliure demi-basane carmin, dos lisse avec titres et doubles filets dorés (rel.
de l'époque), dos et plats frottés, coiffes émoussées, coupes frottées, C. de
bibl. et étiquettes de bibl; au dos, intérieur propre, état correct
30 €
"Dans le livre qu'il publie aujourd'hui, M. Saint-René Taillandier
s'occupe de l'Allemagne à un point de vue rétrospectif, en prenant pour base de
son étude la correspondance du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV avec le
baron de Bunsen, son ambassadeur à Londres. Ces lettres sont des plus
intéressantes pour nous par les révélations qu'elles nous apportent et par le
jour qu'elles jettent sur bien des parties obscures des derniers événements. Le
baron de Bunsen a marqué sa place au premier rang comme historien et comme théologien.
Disciple et collaborateur de Niebuhr, il a écrit une philosophie de l'histoire
que les Allemands n'ont pas craint de comparer à la fois aux Pensées de Pascal
et au Cosmos d'Alexandre de Humboldt. Son grand ouvrage sur la Bible est un
monument de science et de foi qui semble défier les assauts de la critique
exégétique moderne. Lié d'amitié avec Frédéric-Guillaume IV, il avait été, en
face de Stahl et des conseillers absolutistes du souverain, un conseiller
ardemment libéral. Ambassadeur de Prusse à Londres, il avait toujours soutenu
les causes auxquelles s'intéressaient les puissances occidentales de l'Europe.
Mais ce que l'on ignorait, c'est que cet esprit si mesuré avait servi avec une
passion impétueuse le dessein de livrer l'Allemagne aux Hohenzollern, c'est que
cet esprit si libéral avait gardé contre la France les haines et les rancunes
de 1813. Quant au roi Frédéric-Guillaume, sa correspondance avec son
ambassadeur modifie singulièrement l'idée qu'on se faisait généralement de ce
monarque. C'était bien toujours l'artiste, le savant, le piétiste fanatique,
mais il n'avait garde de se perdre dans ses rêves. Cet esprit irrésolu et
chimérique appréciait très nettement les choses réelles. La révolution de 1848,
qui l'a si fort tourmenté, ne l'a point surpris. Sur ce point et sur d'autres,
ses lettres nous fournissent des preuves d'une clairvoyance singulière. Quant à
l'unité germanique, il l'appréciait à sa manière aussi vivement que personne,
n'ayant de scrupules qu'au sujet des voies et moyens. Cette correspondance
embrasse les sujets les plus divers ; nous remarquons entre autres choses : la
question du Sanderbund et des cantons radicaux de la Suisse en 1847, affaire
qui passionna si vivement le roi de Prusse comme prince de Neuchâtel ; le
parlement de Francfort et la constitution d'un empire allemand offert à la
Prusse par la démocratie germanique ; les humiliations de la Prusse en 1850 et
l'avénement de l'empereur Napoléon III qui provoqua à la cour du roi une
immense explosion de colère. C'est à cette occasion que Frédéric-Guillaume rêva
d'une quadruple alliance contre la France. Il offrit un contingent de 100,000
hommes, au moment même où le gouvernement anglais reconnaissait le nouvel
empire. Citons encore la guerre de Crimée, l'abstention de la Prusse et la
démission de Bunsen qui eût voulu soutenir comme ambassadeur à Londres une
politique tout opposée à celle du roi. On sait qu'atteint d'un affaiblissement
mental, le roi de Prusse fut obligé de laisser l'administration à son frère, le
prince Frédéric-Guillaume, qui règne actuellement. Il mourut le 2 janvier 1861,
peu de temps après son ami de Bunsen. Ce dernier avait passé les dernières
années de sa vie, en partie, à Cannes et à Paris. Ce séjour en France avait
contribué à rectifier ses idées et à calmer ses passions. Il ne maudissait plus
notre pays, parce qu'il le connaissait mieux. Il avait eu l'occasion de voir
quelques-uns des hommes qui forment l'élite de la société française, il savait
enfin rendre hommage aux grandes qualités de notre esprit après les avoir niées
ou dépréciées. « On sent, écrivait-il, quelque chose se dégager et dans la
langue et dans l'esprit, quand on s'entretient avec des hommes tels que Mignet,
Villemain, Cousin, Laboulaye, Saisset, Parieu, Michel Chevalier, etc. » (E. de
L.) — "A peine reçu docteur ès lettres, en 1843, M. Saint-René Taillandier
fut appelé comme professeur titulaire de littérature française à la Faculté des
lettres de Montpellier Cette même année, il fit ses débuts à la Revue des Deux
Mondes, dont il devint bientôt un des collaborateurs les plus féconds et les
plus solides. Que de travaux remarquables n'a-t-il point publiés dans ce
recueil littéraire ! Si l'on rassemblait tous les articles dont il l'a enrichi,
on en formerait de nombreux volumes. Il nous suffira de rappeler les livres
suivants : Allemagne et Russie, Bohême et Hongrie, Dix ans de l'Histoire
d'Allemagne, Histoire et Philosophie religieuse, Écrivains et Poètes modernes,
la Serbie, Drames et romans de la vie littéraire, Maurice de Saxe, la Comtesse
d Albany, Mémoires du comte de Ségur, le Roi Léopold et la Reine Victoria, et
nous en omettons. M. Saint René Taillandier occupait à l'Institut le douzième
fauteuil et pour ceux qui l'ignorent ce fauteuil est celui de Voltaire..."
(Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique, 1879)
284.
SARREPONT
(Major H. de). Histoire de la défense de Paris en 1870-1871. Avec la carte des environs
de Paris, du Dépôt de la guerre, tirée à sept teintes, indiquant les travaux de
la défense et ceux de l'ennemi. P., Librairie
militaire de J. Dumaine, 1872, in-8°, xx-500 pp,
4 grandes cartes dépliantes hors texte,
appendices, reliure demi-chagrin carmin, dos à
nerfs filetés et soulignés à froid, titres et caissons fleuronnés dorés
(rel. de l'époque), qqs rares rousseurs, bon état. Edition originale. Bel
exemplaire
200 €
Excellent ouvrage consacré surtout aux fortifications de Paris et à leur
défense. — "L'auteur ne s'est proposé d'autre fin que de classer
méthodiquement les notes qu'il a prises pendant le temps du siège et de les
présenter avec ordre et clarté. Témoin de beaucoup d'événements, il expose,
aussi simplement que possible, ce qu'il a vu, ce qu'il sait, ce qu'il tient de
bonne source. Il s'est particulièrement attaché à ne mettre en lumière que la
vérité, ce qu'il croit être la vérité." (préface) — Sarrepont est le
pseudonyme de Eugène Hennebert (1826-1896), polytechnicien et officier du
génie, connu pour ses nombreux ouvrages d'art militaire. Sorti de l’École
polytechnique en 1845, il choisit le génie. Il est nommé à Versailles, le 18
mars 1869, puis promu chef de bataillon le 9 juillet 1870. Il prend part au
siège de Paris (1870-1871) durant lequel il est attaché aux travaux de défense
du 8e secteur (forts de Vanves et Montrouge).
285.
SÉGUR
(Comte Anatole de). Les Martyrs de Castelfidardo. P., Ambroise
Bray, 1868, in-12, 322 pp,
6e édition revue et augmentée, reliure
demi-chagrin carmin, dos à 4 nerfs pointillés, titres et caissons dorés,
encadrement à froid sur les plats, fer doré d'un collège jésuite au 1er plat
(rel. de l'époque), bon état
25 €
"Ce livre n'est point une histoire de la révolution de l'Italie, ni
de la question romaine. Ce n'est même pas l'histoire de l'armée pontificale.
C'est le récit des actes des martyrs français de Castelfidardo, c'est-à-dire
l'histoire de ces jeunes héros, de ces sublimes volontaires qui ont quitté la
France pour voler à la défense du Saint-Siége, et qui sont tombés sur le champ
de bataille ou qui sont morts des suites de leurs blessures..."
(Avant-propos)
286.
SPULLER
(Eugène). Lamennais.
Etude d'histoire politique et religieuse. Hachette et Cie, 1892, in-12, 361 pp, reliure
demi-percale carmin, dos lisse avec titres dorés et filets à froid (rel. de
l'époque), bon état
30 €
"Cette étude biographique est admirablement impartiale. On sent
qu’elle a été écrite avec une sympathie profonde, qui a tout fait comprendre,
mais sans troubler ni diminuer en rien la liberté et la sûreté du jugement.
C'est un beau livre, d'une lecture singulièrement attrayante. M. Spuller l'a
résumé lui-même en une page de la conclusion, où l’on voit quel intérêt très
actuel s'attache à la vie et à l'œuvre de Lamennais. « Lamennais a été
fondateur ou précurseur, comme l'on voudra, de trois partis ou de trois
doctrines qui remplissent toute l'histoire religieuse du XIXe siècle. Il a
d'abord été le maïtre et le docteur du catholicisme ultramontain : ensuite, le
maitre et le docteur des catholiques libéraux ; enfin, quand on y regarde de
près, il est aujourd'hui en passe, tout exclu de l'Église qu’il ait été, de
devenir le maître et le docteur du socialisme chrétien. »..." (F. Pillon,
Revue philosophique de la France et de l'étranger, 1892)
287.
TARN
(Julien-Frédéric). Le Marquis de Custine, ou les malheurs de l'exactitude. Fayard, s.d. (v. 2005), fort
in-8°, 815 pp, 4 cartes des voyages de
Custine, notes, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
30 €
Pendant plus d'un siècle et demi, le seul nom d'Astolphe de Custine
(1790-1847) aura déchaîné fiel, sottise et vilenie. L'aristocrate ? Nanti.
L'homme ? Répugnant. Le romancier ? Inexistant. Le voyageur ? Pressé. Le
penseur ? Penser, ce réactionnaire, spiritualiste de surcroît ! A retenir tout
au plus l'amphitryon – car la "fine fleur" de ses contemporains s'est
gobergée chez lui... – et, à la rigueur, sa Russie en 1839, non pour sa valeur
intrinsèque, évidemment, mais pour sa commodité contre – peu importe qui – :
probité fonctionnelle oblige. Avions-nous là une image fidèle du marquis ? Ou
bien l'involontaire autoportrait de son temps (et du nôtre) ? Quatorze ans
d'enquête scrupuleuse et passionnée, de recherches minutieuses permettent
aujourd'hui de dessiner, preuves à l'appui, la véritable figure d'un être
douloureux et secret, trop noble pour son époque, d'un écrivain libre,
inclassable, gênant, gravement actuel, que Barbey, Baudelaire, Nietzsche...
avaient déjà la faiblesse d'admirer, et quantité d'autres le bon goût de piller
! L'amnésie volontaire des nations n'est pas forcément innocente ;
l'indépendance vis-à-vis de la médiocratie se paie à vie et à mort : le
"fameux" marquis de Custine nous offre aussi cela – une intraitable
leçon de dignité, d'exactitude.
288.
TERSEN
(Emile). Quarante-Huit. Club Français du Livre, 1970, in-8°, 284 pp, 12
illustrations, 3 plans sur un dépliant volant, biblio, reliure cuir acajou de
l'éditeur, plats ornés, bon état
25 €
L'ouvrage de M. E. Tersen, présenté avec un souci de la qualité
typographique et de l'illustration qui manquent trop souvent dans les ouvrages
d'histoire, constitue en fait une histoire de toute la Seconde République,
puisqu'il commence avec la crise économique et politique de la Monarchie de
Juillet pour se terminer au coup d'État du Deux-Décembre. L'auteur apporte une
attention particulière aux aspects sociaux des conflits qui se manifestèrent
alors et aux tentatives soit parlementaires, soit insurrectionnelles, pour
essayer de résoudre une crise particulièrement dure. L'illustration, choisie
avec un souci remarquable, constitue, avec des lithographies, des dessins et
des sculptures, une véritable galerie de l'art du temps. Un plan de Paris, avec
deux cartons localisant plus précisément la zone de la fusillade du boulevard
des Capucines, et celle du Palais-Royal et des Tuileries, ajoute des précisions
peu connues à l'histoire parisienne de 1848. (Jean Vidalenc, Revue historique)
289.
VALLOTTON
(Henry). Elisabeth
d'Autriche. L'Impératrice assassinée. Fayard, 1957, in-8°, 252 pp, biblio,
broché, bon état (Coll. Les Temps et les destins)
20 €
Elisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, duchesse en Bavière (1837-1898),
fut impératrice d'Autriche et reine de Hongrie. Elle est aujourd'hui
universellement connue sous son surnom de Sissi. — "Tragique et indomptée,
l'impératrice Elisabeth est une proie toute trouvée pour les biographes. A 17
ans, l'espiègle Sissi avait fait avec l'empereur François-Joseph le plus
inattendu des mariages d'amour. Mais bien vite elle étouffe dans l'atmosphère
guindée et hostile de la Cour. Lé destin s'abat sur elle : son fils se suicide,
sa soeur est brûlée vive. L'impératrice vagabonde promène à travers toute
l'Europe son besoin d'évasion jusqu'au jour où elle tombe victime d'un anarchiste.
Le récit de M. Vallotton se lit avec intérêt : un peu diffus parfois, un peu
lourd dans les excursus qu'il consacre à l'histoire générale (il fallait
pourtant bien rappeler le rôle joué par Elisabeth dans les négociations avec
les Hongrois), il reste empreint de finesse psychologique et d'une noblesse
émouvante." (Etienne Celier, Etudes, 1957)
290.
VAN
NECK (Léon). 1830
illustré. Avant, pendant et après la Révolution. Bruxelles, Verteneuil & Desmet, 1902, gr. in-8°,
175 pp, 169 gravures et portraits, un plan sur double page, reliure demi-toile
aubergine, dos lisse avec titres dorés, bon état
40 €
"Van Neck, dans son ouvrage “1830 Illustré avant, pendant et après la
Révolution”, a réuni un ensemble remarquable de planches et gravures relatives
aux combats de septembre 1830 à Bruxelles". (Robert Demoulin, Les Journées
de septembre 1830 à Bruxelles et en Province, 1934)
291.
VÉRON
(Louis-Désiré). Mémoires d'un bourgeois de Paris. Chronique de la vie mondaine et
littéraire de 1815 à 1852. Textes choisis et présentés avec un avant-propos et
un index par Pierre Josserand. P., Guy Le
Prat, 1945, 2 vol. in-12, 243 et 251 pp,
8 pl. de gravures hors texte, index, brochés,
bon état (Coll. Jadis et Naguère)
30 €
Mémoires très plaisants, de première importance pour la petite et la
grande histoire de la première moitié du 19e siècle, documentation vivante sur
la fin de l'Empire, la Restauration, et le début du Second Empire. —
"Docteur en médecine, Louis-Désiré Véron (1798-1867) souhaitait devenir le
mémorialiste de Paris au XIXe siècle, dans la lignée de L'Estoile et de
Barbier. Rédacteur à "La Quotidienne" en 1828, fondateur de la
"Revue de Paris" en 1829, il consacre près de la moitié de ses
mémoires à la fin de l'Empire et à la Restauration. On y trouve de nombreux
portraits d'hommes politiques ou de lettres, d'artistes, de médecin, de très
nombreuses anecdotes. Ces mémoires représentent bien la mentalité de la
bourgeoisie du temps." (Bertier, 986 ; Tulard, 1476 ; Vicaire VII, 1019)
292.
VIALLANEIX
(Paul). La
Voie royale. Essai sur l'idée de Peuple dans l'oeuvre de Michelet. (Thèse). Flammarion,
1971, gr. in-8°, 546 pp, nouvelle
édition, chronologie, biblio, index, broché, bon état
40 €
"Paul Viallaneix, en rééditant sous une forme nouvelle, son étude
capitale sur Michelet et le Peuple – c'est-à-dire l'histoire – , et en publiant
le premier volume des œuvres complètes de Michelet, a droit à la gratitude des
historiens." (Annales ESC, Le Choix des Annales, 1971) — "Paul
Viallaneix est internationalement connu comme LE spécialiste de Michelet pour
le travail fondamental, de redécouverte, qu'il a accompli au sujet de
l'historien. Est-il besoin de rappeler que grâce à lui, entre 1959 et 1962, les
Ecrits de jeunesse et le Journal ont été restitués dans leur authenticité à des
lecteurs qui ne disposaient auparavant de ce témoignage essentiel qu'à travers
la version édulcorée d'Athénaïs Michelet ? Il faudrait évoquer “La Voie
royale”, la plus riche et la plus éclairante synthèse à ce jour de la pensée et
de l'oeuvre de Michelet, unifiée par l'étude de l'idée de peuple et de son rôle
moteur dans le parcours intellectuel et les engagements de l'historien..."
(Paule Petitier, Romantisme, 1994)
293.
WOESTYN (Eugène). Guerre d'Orient. Les victoires et conquêtes des armées
alliées. P., Au bureau
des victoires et conquêtes, 1856-1857, 2
vol. pt in-4°, 360 et 383 pp, 30
planches hors texte (un frontispice et 14 et 15 gravures), les 2 tomes reliés
en un volume demi-veau vert empire, dos lisse avec titre et filets guillochés
dorés, roulette en tête, palette en queue (rel. de l'époque), bon état.
Exemplaire très frais et sans rousseurs. Manque la carte qui n'a pas été reliée
avec le livre comme souvent (Bengesco, Notice bibliographique sur la question
d'Orient, 822)
80 €
Récit officiel rédigé après la campagne par Eugène Woestyn (1813-1861). La
guerre de Crimée opposa de 1853 à 1856 l'Empire russe à une coalition formée de
l'Empire ottoman, de l'Empire français, du Royaume-Uni et du royaume de
Sardaigne. Provoqué par l'expansionnisme russe et la crainte d'un effondrement
de l'Empire ottoman, le conflit se déroula essentiellement en Crimée autour de
la base navale de Sébastopol. Il s'acheva par la défaite de la Russie,
entérinée par le traité de Paris de 1856.
294.
AHERNE (Brian). A Proper Job. The Autobiography of an Actor's Actor. Boston, Houghton Mifflin Company, 1969, in-8°, xi-355 pp, 32
pl. de photos hors texte, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, bon état.
Texte en anglais
40 €
Brian Aherne (1902-1986) est un acteur britannique, qui trouva le succès à
Hollywood. Après des succès sur la scène et sur l'écran en Angleterre, Aherne
partit pour les Etats-Unis en 1931 pour jouer à Broadway. Son premier film à
Hollywood fut "Le Cantique des cantiques" en 1933 avec Marlene
Dietrich. Tout au long des années 1930, il tient le rôle d'un personnage de
gentleman anglais désireux de défendre son honneur (ou celui de quelqu'un
d'autre), avec les poings si nécessaire. Il a joué beaucoup de seconds rôles,
mais aussi le rôle-titre de "Le Grand Garrick" en 1937 ainsi que dans
plusieurs productions de Hal Roach en 1938 et 1939. Il a été nommé à l'Oscar
pour son interprétation du malheureux empereur Maximilien dans
"Juarez" (1939). À la fin des années 1950 il abandonne le cinéma et
la télévision pour reprendre au théâtre le rôle d'Henry Higgins dans "My
Fair Lady". Aherne publia son autobiographie "A Proper Job" en
1969, ainsi que "A Dreadful Man" en 1979, une biographie de son ami
George Sanders. Entre 1939 et 1945 il fut marié à l'actrice Joan Fontaine.
Après leur divorce, il épouse Eleanor de Liagre Labrot (1910-2000). Brian
Aherne est mort d'une attaque cardiaque à Venice en Floride à l'âge de 83 ans.
295.
ALEXANDROV
(Victor). Les
Jours de la trahison. L'histoire secrète de Munich. Denoël, 1975, in-8°, 206 pp,
broché, couv. illustrée, bon état, envoi a.s; à
Paul-Marie de La Gorce
25 €
Lamentable défaillance de deux grandes nations alliées, la crise
munichoise continue de susciter une intense curiosité. Les tristes rendez-vous
de 1938, en Bavière ou sur les bords du Rhin, ont déjà été minutieusement
relatés par certains mémorialistes ou par d'excellents spécialistes en archives
diplomatiques. Mais il se passa, en l'Europe troublée de l'immédiat
avant-guerre, bien des choses, aujourd'hui encore ignorées. Ce sont elles qui
conduisirent inexorablement notre continent dans ce naufrage des démocraties,
drame qui fit 50.000.000 de victimes...
296.
AMBROSI
(Chistian et Arlette) et Bernadette GALLOUX.
La France de 1870 à nos jours. Armand Colin,
1999, gr. in-8°, 504 pp, 7e
édition mise à jour, biblio, index, broché, couv. illustrée, soulignures et
annotations crayon, surlignures au stabilo jaune sur 130 pages, sinon bon état
(Coll. U)
20 €
Excellent manuel — L'évolution de la France de 1870 à nos jours s'inscrit
dans de multiples contradictions. Contradiction liée à une vie politique
féconde marquée par les rivalités profondes et les défaillances morales d'une
classe politique, cependant dominée par de grandes figures attachées à la
stabilisation et à l'enracinement des institutions républicaines dans le pays.
Contradiction aussi d'une puissance appuyée sur un vaste empire colonial et sur
un rayonnement culturel remarquable qui lui permettent, durant le premier
vingtième siècle, d'exercer une influence de premier ordre, alors même que sa
faiblesse démographique et que le recul de ses positions économiques
constituent des signes tangibles de déclin. Contradiction enfin entre
l'effondrement militaire le plus sévère de son histoire et la puissante
mutation de l'après Deuxième Guerre mondiale faite, jusqu'au milieu des années
soixante-dix, de sursaut démographique, de croissance et de modernité. Depuis
1974, les perspectives se sont brutalement modifiées : ni l'alternance
politique ni les remèdes économiques successivement employés ne semblent
pourvoir enrayer une crise désormais inscrite dans la longue durée et dont les
effets sapent les fondements mêmes de la société française.
297.
ANDRIEU
(René). Les
Communistes et la Révolution. Julliard, 1968, in-8°, 315 pp, annexes,
cart. éditeur, jaquette, bon état
20 €
Les communistes ont-ils trahi la révolution ou bien se préparent-ils à
déclencher la guérilla dans le Massif Central ? Sont-ils des réformistes qui
s'ignorent ou des révolutionnaires qui cachent leur jeu ? Veulent-ils détruire
les libertés démocratiques, comme les en accusent leurs adversaires ou au
contraire les étendre comme ils l'affirment eux-mêmes ? Telles sont
quelques-unes des questions aux-quelles René Andrieu répond dans cette synthèse
courageuse qui situe l'action du parti communiste dans son contexte historique
et dans ses rapports avec « toutes les gauches ». Un livre indispensable pour
quiconque veut être informé sur ce que sont et ce que veulent les communistes
français.
298.
ARIÈS
(Philippe). Un
historien du dimanche. Avec la collaboration de Michel Winock. Seuil, 1980, in-8°, 219 pp,
broché, couv. illustrée recouverte d'un film
plastique transparent, C. de bibl. annulé, bon état
20 €
Souvenirs en toute liberté du grand historien de tradition politique
monarchiste, dont les amis se nomment Pierre Boutang ou Raoul Girardet, marqué
dans sa jeunesse par l'Action Française... Michel Winock lui consacre, en 1980,
ce volume d'entretiens qui inaugure en quelque sorte la vogue de l'ego-histoire
(même s'il s'agit moins, dans ce cas, d'une véritable démarche autobiographique
que des simples réponses, souvent amusées, de Philippe Ariès aux questions que
lui pose son interlocuteur). — Philippe Ariès a été en délicatesse avec les
pères jésuites, un jury d'agrégation, le général de Gaulle, les curés de
gauche, l'histoire événementielle, un monstre froid nommé l'Etat,
l'administration, l'Université, le bacille de Koch, le national-progressisme de
la droite au pouvoir, les enfants de Marx et de Coca-Cola. En revanche, il
cousine ou conspire avec les Pieds-Noirs, les Algériens de Maisons-Laffitte,
les gauchistes, les maurrassiens hétérodoxes, la liturgie latine, l'histoire
selon les Annales, l'ancienne France, les Québécois, la sociabilité
méditerranéenne, le vin blanc de Californie, Michel Foucault, Ivan Illich, la
Maison de France... Historien d'avant-garde, longtemps solitaire, brusquement
célèbre, il a pressé notre passé de quelques questions aussi nouvelles que
fondamentales : quelles étaient les attitudes de nos ancêtres devant la
naissance, l'enfance, la famille, la sexualité, la mort ? Avec lui, la vieille
histoire historisante, la chronique des grands, les événements politiques, les
guerres entre les peuples ont pris figure d'anecdotes : le tuf de notre passé
est ailleurs, en deçà de nos consciences et au-delà de nos manuels.
Personnalité peu commune, qui avoue ses contradictions avec une franche joie de
vivre et un goût prononcé pour l'amitié, Philippe Ariès se rit des étiquettes
sous lesquelles on voudrait consigner les individus et contenir les passions.
S'il aime une chose entre toutes, c'est la liberté de l'esprit – comme on
pourra l'apprécier tout au long de cet auto-portrait. (4e de couverture)
299.
AZEAU
(Henri). Le
piège de Suez. 5 novembre 1956. Laffont, 1964, in-8°, 408 pp, 16 pl.
de photos hors texte, 5 cartes, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
(Coll. Ce jour-là)
25 €
5 novembre 1956 : à l'aube, les parachutistes français et britanniques
sont largués sur Port-Saïd et Port-Fouad, avant-garde du corps expéditionnaire
qui, le lendemain, se lancera à la reconquête du canal de Suez nationalisé par
le colonel Nasser le 26 juillet précédent. La partie semble gagnée : quelques
jours plus tôt, l'armée israélienne a culbuté les divisions égyptiennes du
Sinaï, s'arrêtant à quelques milles du canal, tandis que l'aviation
franco-britannique neutralisait l'armée de l'Air du Bikbachi. La prise du Caire
et l'élimination du régime Nasser semblent n'être plus qu'une question
d'heures. Et pourtant, vingt-quatre heures plus tard, tout est changé.
L'entreprise franco-anglaise a soulevé le monde entier. Accablé, le Premier
ministre, Sir Anthony Eden, donne l'ordre de cesser le feu. Français et
Israéliens suivent le mouvement. C'est l'échec et bientôt la retraite et la
désillusion. — "Le livre d'Henri Azeau éclaire également bien des aspects
ignorés de la crise et en particulier les relations entre la France et Israël,
la France et la Grande-Bretagne et même la Grande-Bretagne et Israël, relations
jusqu'alors niées par les responsables britanniques. Il s'emploie en outre à
dégonfler certains mythes qui font désormais partie de la légende de Suez. Il
rapporte par exemple comment, loin de vivre son « dernier quart d'heure » au
moment du débarquement, Nasser s'apprêtait à résister, qu'il ne s'agissait pas
d'une simple promenade comme bien des militaires le laissèrent entendre mais
d'une opération d'envergure – la composante politique étant aussi importante
que la composante militaire ; il raconte comment les quelques responsables
égyptiens qui s'apprêtaient à capituler cherchaient en réalité à gagner du
temps et comment, loin d'avoir une solution de rechange en cas de chute du
président Nasser, Français et Britanniques comptaient sur le miracle. Enfin, il
met l'accent sur les tiraillements qui paralysèrent l'état-major combiné
franco-britannique et qui donnèrent à toute l'opération non pas l'allure bien «
huilée » que les frères Bromberger lui prêtèrent – dans L'expédition de Suez –
mais un aspect incohérent et décousu. Cependant, ce livre, à bien des égards
courageux et lucide, cesse de l'être lorsqu'il s'agit d'analyser le contexte
international. Henri Azeau fait preuve alors d'un anti-américanisme simpliste
et facile et, comme la plupart de ses compatriotes, voit en John Foster Dulles
le deus ex machina et le « vilain » de toute l'affaire." (Nicole Deney,
Revue française de science politique, 1965)
300.
BADINTER
(Robert). L'Exécution. Grasset,
1973, in-12, 221 pp, broché,
dos passé, état correct. Edition originale (il n'est pas mentionné de grand
papier)
15 €
"J'avais écrit ce livre, où se mêlent récit d'un drame judiciaire et
réflexions sur la justice et le métier d'avocat, après l'exécution de Claude
Buffet et Roger Bontems, en novembre 1972, à Paris, dans la cour de la prison
de la Santé. Tous deux avaient été condamnés à mort par la Cour d'assises de
Troyes pour avoir pris en otage et égorgé, à la Centrale de Clairvaux, une
infirmière et un gardien. Leur grâce avait été refusée par le Président
Pompidou. Depuis lors, la guillotine a été reléguée dans les caves d'un musée,
et la peine de mort a disparu de nos lois..." (R. B.)
301.
BAINVILLE
(Jacques). La
France. P., Les Iles
d’Or, Editions Self, 1947, 2 vol.
in-8° carré, 252 et 330 pp, brochés,
non rogné, bon état. Edition originale, un des 350 ex. numérotés sur vélin de
chiffon des Papeteries Johannot (n° 34)
80 €
Edition originale posthume en volume. — "La publication du Tome I de
la France de Jacques Bainville fut interdite en décembre 1940 par la censure
allemande qui l'avait jugée « inactuelle ». Depuis août 1944, des circonstances
diverses ont, de nouveau, empêché la publication de ce livre qui est l'analyse
lucide et pénétrante de la olitique extérieure, intérieure et économique de la
IIIe République, des principes de la démocratie en France et de leurs
conséquences. Contrairement à ce qu'estimait la “Propaganda Staffel”, ce livre,
si riche d'enseignements utiles, apparaît de la plus vivante actualité et il
nous semble que, sur bien des points, il répond à la question si souvent posée
: « que penserait aujourd'hui Jacques Bainville ? »." (Note de l'éditeur)
302.
BÉNÈS
(Edouard). Où
vont les Slaves ? P., Editions
de Notre Temps, 1948, gr. in-8°, 317 pp,
préface et traduction par Gustave Aucouturier de
“Uvahy o Slovanstvi” (Essais sur le Slavisme), notes, index, broché, pt mques
au 1er plat, bon état
30 €
"En 1944, Bénès affirme : « Toutes les nations slaves sortiront de la
Deuxième Guerre mondiale libres de nouveau, indépendantes et maîtresses chez
elle » (Où vont les Slaves ?, 1948, p. 219). C’est exactement l’inverse qui se
produisit, l’URSS imposant la reproduction de son propre régime aux nations
débarrassées du nazisme. Cela lui a valu un jugement sévère de Raymond Aron : «
Bénès a conduit son pays à la servitude parce qu’il n’a pas compris la nature
des ambitions communistes et que, dès le temps de la guerre, il a voulu acheter
l’amitié de Staline par des concessions » (Le Figaro, 9 novembre 1954). Le
célèbre éditorialiste ajoute ailleurs : « Les intentions importent moins en
politique que les conséquences de nos actes »." (Jean-Louis Panné, L'Ours,
2015)
303.
BÉRARD
(Armand). Un
ambassadeur se souvient. I : Au temps du danger allemand. Plon, 1976, in-8°, 554 pp,
cart. éditeur, jaquette illustrée, bon état
30 €
Premier volume des mémoires d’Armand Bérard (sur 5) — “Au temps du danger
allemand” re veut pas être un livre d'histoire. C'est le récit d'une vie à
travers une période particulièrement dramatique de notre siècle. Par son
métier, par les postes qu'il occupait, l'auteur s'est trouvé pouvoir observer
cette évolution souvent bouleversante dont dépendait le sort de notre pays. Ses
notes personnelles lui ont permis de la retracer tel qu'il l'avait vécue. Il la
décrit sans apprêts. Il ne cherche pas à en tirer un exposé complet ni un
enchaînement logique. Il ne retranche rien de la réalité journalière. Voici
comment un secrétaire d'ambassade a vu les événements se dérouler. Et quels
événements ! L'arrivée au pouvoir d'Hitler, le déchaînement nazi, le réarmement
de l'Allemagne, la guerre d'Espagne, les Etats-Unis encore pris dans la
neutralité, Mussolini entraîné dans la guerre par son alIié, la débâcle de
1940, la conquête hitlérienne de l'Europe, puis l'effondrement de ces succès
éphémères et la libération de la France. — S'appuyant sur des notes prises
quotidiennement, le témoignage d'Armand Bérard est un miroir fidèle des
événements souvent dramatiques qu'il a rencontrés au long de sa carrière
diplomatique.
304.
BETTENCOURT
(André). Eugène
Schueller 1881-1957. IPS, Editeur
Conseil, 1982, gr. in-8° carré, 119 pp,
6 photographies et un fac-similé, imprimé sur
beau papier, broché, couv. illustrée d'un portrait d'Eugène Schueller (dessin
original de Trémois), rhodoïd, bon état
25 €
Livre hommage réalisé par André Bettencourt pour commémorer le centième
anniversaire de la naissance de son beau-père Eugène Schueller, le chimiste qui
révolutionna le domaine de la beauté féminine en créant l'Oréal et préconisa
des réformes économiques à l'échelon national. — Avant-propos par André
Bettencourt, textes d'Eugène Schueller, Eugène Schueller par Merry Bromberger,
le lieutenant Schueller, liste des écrits d'Eugène Schueller. — Eugène
Schueller (1881-1957), chimiste de formation, met au point les premières
teintures capillaires de synthèse en 1907. Il est le fondateur du groupe
l'Oréal, aujourd'hui numéro un mondial des cosmétiques et de la beauté, dont
héritera sa fille Liliane, mariée le 8 juin 1950 à l'associé de son père André
Bettencourt. Ami intime d'Eugène Deloncle, Eugène Schueller met ses moyens
personnels à sa disposition lors de la formation du groupe d'extrême droite
Comité secret d'action révolutionnaire (CSAR), plus connu sous le nom de La
Cagoule. En 1941, en accord avec les autorités allemandes, il crée le Mouvement
social révolutionnaire avec le même Deloncle, dont il est le mécène. Il
participe ensuite à la direction du RNP de Marcel Déat. Après la guerre et
grâce aux témoignages de Pierre de Bénouville, d'André Bettencourt, de François
Mitterrand, de Max Brusset (député de Charente), de Jacques Sadoul (alors maire
communiste de Sainte-Maxime) et des membres de la résistance, des réfractaires
au STO et de juifs qui auraient été aidés par Eugène Schueller pendant
l'Occupation, ce dernier est relaxé de toute accusation de collaboration et
obtient la Croix de guerre et la Légion d'honneur. A la fin de l'année 1945, il
engage François Mitterrand comme président-directeur général des éditions du
Rond-Point (et directeur du magazine Votre Beauté) et André Bettencourt rejoint
la direction du groupe L'Oréal.
305.
BILLOTTE
(Pierre). Trente
ans d'humour avec de Gaulle. Propos recueillis par Jean-Pierre Dorian. Mengès, 1978, in-8°, 189 pp,
broché, bon état
25 €
Aucun Français n'a mieux connu le Général de Gaulle que Pierre Billotte.
Pendant 30 ans, il a été son condisciple, puis son confident, son ami, son chef
d'État-major, son ministre d'État, son conseiller ; ensuite, à Londres, pendant
toute la période de la « France Libre » et à Alger, après le débarquement des
Alliés, son fidèle compagnon de tous les instants. C'est dire que nul, aussi
intimement que lui, n'a pu cerner le personnage de de Gaulle dans sa totalité
et, en particulier, dans un de ses aspects les plus insolites et les moins familiers.
Le récit de Pierre Billotte constitue donc une sorte de sondage, qui nous
révèle ce que presque tout le monde ignore : de Gaulle, sans cesser d'être au
niveau de lui-même, s'échappant, tout à coup, de sa gravité, pour se livrer,
avec une liberté inaccoutumée, à son goût de la plaisanterie, du « trait », de
la flèche, de l'ironie, de la réplique cinglante, et parfois d'un comportement
farfelu, malicieux et gamin. Irrésistible humour qui passe par toutes les
couleurs : noir, rose, grinçant, un peu fou, mélancolique, tendre, féroce,
discret comme un clin d'oil, ou pétaradant comme un feu d'artifice, mais
toujours humain.
306.
BRANCION
(Yves). Munich,
crise européenne. La Table
Ronde, 1969, gr. in-8°, 201 pp,
2 cartes, broché, couv. illustrée, bon état (Coll.
L'histoire contemporaine revue et corrigée)
25 €
« Si vous sacrifiez mon pays pour sauver la paix du monde, je serai le
premier à vous approuver. Sinon, Monsieur, Dieu ait pitié de vos âmes...»
(L'ambassadeur de Prague à Londres, Jan Masaryk – fils du fondateur de la
République tchécoslovaque – à Chamberlain, la veille de la Conférence de
Munich) — « Mes bons amis, je crois que, cette fois, c'est la paix pour notre
génération ! » (Chamberlain, au peuple anglais massé sous les fenêtres du 10
Downing Street, le lendemain des accords de Munich) — « Ce n'est pas brillant,
mais j'ai fait ce que j'ai pu... Les imbéciles, s'ils savaient ce qu'ils
acclament ! » (Édouard Daladier, chef du gouvernement français, fêté par cinq
cent mille Parisiens à son retour de la Conférence de Munich) — Les 29 et 30
septembre, Daladier, Chamberlain, Hitler et Mussolini se rencontrent à Munich.
Ils y signent un accord qui préserve la paix en Europe. Moins d'un an après, ce
sera cependant la guerre. Munich est devenu dans l'imagination politique un mot
presque magique des vertus duquel on discute encore. Pourtant la froide analyse
des événemenst qui ont précédé fait comprendre que, contrairement à la légende,
les responsabilités – notamment tchèques et britanniques – ont été
équitablement distribuées. — "Munich est devenu un mot-clé, le signe même
de la capitulation, dans le vocabulaire politique, mais on oublie trop la
signification propre de cette rencontre, en septembre 1938, entre Daladier,
Chamberlain, Hitler et Mussolini. Le livre d'Y. Brancion place la question sur
son terrain propre : la Tchécoslovaquie créée en 1919 était artificielle. Les
Tchèques, qui représentaient la moitié de la population, avait une
prépondérance imméritée. La reconstitution d'une Allemagne puissante amena
fatalement la crise. Hitler finit par manger la Tchécoslovaquie en deux repas,
et la guerre ne fut pas évitée pour autant. Mais la cause tchèque était pour
les démocraties peu défendable, d'autant que les peuples répugnaient à une
nouvelle guerre : Chamberlain et Daladier passèrent pour des sauveurs (voir la
presse de l'époque). Après 1945, les Allemands furent chassés des Sudètes. La
Tchécoslovaquie en pâtit dans son économie. Ce malheureux pays a donc fait la
preuve de l'échec du principe des nationalités puis de l'erreur des transferts
de populations. Voilà deux leçons, mais ce n'est pas celles-là que symbolisent
le nom de Munich. M. Yves Brancion a su démêler avec clarté et sans préjugés
cet imbroglio historique." (Revue des Deux Mondes, 1969)
307.
BURCKHARDT
(Carl J.). Ma
mission à Dantzig. Fayard, 1961, in-8°, 398 pp, traduit
de l'allemand, 2 cartes, broché, jaquette, bon état (Coll. Les Grandes études
contemporaines)
25 €
L'historien suisse Carl-Joseph Burckhardt fut nommé Haut-Commissaire de la
Société des Nations pour la Ville libre de Dantzig en février 1937. Il devait
en être le dernier. — "A l'aide de ses papiers personnels et des rapports
qu'il avait envoyés de Dantzig à la Société des Nations, C.J. B. retrace les
principaux épisodes de sa mission dans la ville libre comme représentant de la
S.D.N. Il présente un tableau remarquablement vivant de la situation
dantzicoise entre mars 1937 et le 1er septembre 1939. Ses dons d'observateur et
d'analyste, ses qualités personnelles, et l'utilisation qu'il fait de nombreux
procès-verbaux d'interviews font de ce livre un document d'un intérêt
exceptionnel pour l'étude des préliminaires de la deuxième guerre
mondiale." (Revue française de science politique, 1962)
308.
BUTTINGER
(Joseph). Le
Précédent autrichien. Contribution à l'étude de la crise du mouvement
socialiste (1932-1941). Gallimard, 1956, in-8°, 564 pp, traduit
de l'allemand par Pierre Klossowski, chronologie de 1932 à 1941, index, broché,
couv. illustrée, bon état. Peu courant
30 €
"Un ancien dirigeant socialiste autrichien raconte ici de façon très
minutieuse et presque au jour le jour, l'histoire des socialistes
révolutionnaires en Autriche, depuis leur organisation après l'installation du
régime autoritaire de Dollfuss en 1934, jusqu'à leur dissolution après
l'Anschluss. (...) Le livre fournit en effet, à partir de l'exemple de
l'Autriche, matière à nombreuses réflexions sur la crise presque inévitable qui
menace un parti socialiste voulant rester démocratique. Le cas décrit peut
n'avoir, comme l'auteur le reconnaît de bonne grâce, qu'une portée limitée ;
les problèmes posés n'en sont pas moins de toute première importance, en même
temps que de grande actualité. Le ton volontairement personnel adopté par
l'auteur rend d'autant plus éloquent son témoignage. En appendice, tableau
chronologique et index des noms de personnes." (Revue française de science
politique)
309.
CLUNY
(Roland). Sur
les pas de Notre-Dame. Photographies originales de l'auteur. P., Editions Témoignage chrétien, 1958, in-8°, 242 pp, 28 pl.
de photos hors texte, une carte, broché, non coupé, couv. illustrée à rabats,
bon état. Edition originale, envoi a.s.
25 €
Cousin de François Mitterrand, Yves Dautun (1903-1973) est un publiciste
et militant d'extrême droite. Rédacteur au "Petit parisien",
cagoulard, membre du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, il écrit
sous l'Occupation dans divers journaux collaborationnistes : "La
Gerbe", "L'Emancipation nationale" ou "Le Cri du
peuple". A la Libération, il est condamné à 20 ans de travaux forcés.
Bénéficiant de mesures d'amnistie, il collabore au "Figaro littéraire"
de 1958 à 1968. Il a utilisé le pseudonyme de Roland Cluny pour une dizaine de
livres explorant l'univers catholique (dont 2 couronnés par l'Académie
française). Dans cet ouvrage, sans délaisser l'histoire et la chose vue, tout
en demeurant très attentif à dégager les traits les plus précieux de la
spiritualité mariale, l'auteur donne à l'ensemble de son récit la forme d'un
roman psychologique.
310.
DE
GAULLE (Philippe). De Gaulle, mon père. Entretiens avec Michel Tauriac. Plon, 2003-2004, 2
vol. gr. in-8°, 578 et 556 pp, 32
pl. de photos hors texte, chronologie, index, brochés, couv. illustrées, bon
état
35 €
S'il est un homme d'Etat qui a inspiré les biographes, c'est bien Charles
de Gaulle. Mais qui peut mieux le connaître que son propre fils, ce témoin
privilégié qui a vécu au plus près toutes les étapes de son épopée ? Qui peut
mieux le décrire en famille, toutes portes de la maison refermées, entouré de
ses enfants et petits-enfants, et veillé amoureusement par son épouse,
l'écouter quand il parle et ne veut pas être entendu, traduire la moindre
inflexion de sa voix et ses silences ? Qui peut atteindre son cœur jusque dans
les moments les plus secrets, partager ses confidences sur tout, aussi bien sur
sa vie privée que sur l'Histoire, sur ses bras de fer avec Churchill et
Roosevelt, sur ses démêlés avec Pétain ou Giraud ? Sur la poésie et sur la
forêt, comme sur l'échec de Dakar, ses relations avec les résistants et son
face à face avec Staline ? Si Philippe de Gaulle a accepté pour la première
fois de se livrer aussi profondément aux questions incisives de Michel Tauriac,
ce n'est pas seulement pour répondre aux interrogations que l'on continue de se
poser sur l'auteur de ses jours, c'est également pour détruire les
affabulations et les interprétations abusives, remettre les pendules à l'heure,
éclaircir les mystères qui planent encore sur différentes affaires - tels
l'assassinat de Darlan et le coup de force du Général contre les Alliés pour
libérer Paris, conserver Strasbourg et traverser le Rhin. Plus qu'un recueil
d'entretiens, ce livre est un témoignage sans précédent qui se lit comme un
roman. Au moment où s'ouvre le second tome, le Général vient d'entrer à
l'Elysée, et bientôt, à Alger, va éclater la tragédie. Dix années vont se
succéder, magnifiques ou terribles, à travers lesquelles nous suivrons Charles
de Gaulle pas à pas et au plus près. Rien ne nous échappera jamais. Nous vivons
avec lui en famille, l'entendons deviser avec ses proches, assistons au
cheminement de ses idées, prenons part à ses réflexions intimes. Nous sommes à
ses côtés quand les généraux se révoltent, quand on tire sur sa voiture au
Petit-Clamart, quand il nomme Pompidou Premier ministre puis se fâche avec lui,
quand éclate la chienlit, quand il atterrit à Baden-Baden, quand il perd le
référendum et se retire dans son village. Et, loin des affabulations et des
légendes trompeuses, s'éclaire la vérité dans toute sa rigueur. Mais cette
biographie définitive veut également corriger les coups de ciseau qui ont
ébréché la statue de l'homme de Gaulle par négligence ou malveillance. Dans la
bouche du fils apparaît alors à nu, près d'une mère assez inattendue, un père
insoupçonné avec les multiples secrets de son caractère. Apparaît aussi,
jusqu'à ses derniers jours dont les mystères sont levés, l'amour exceptionnel
d'une femme qui se serait fait tuer pour son mari.
311.
DECAUX
(Alain). Dossiers
secrets de l'histoire. Mata-Hari, Weygand, Rudolf Hess, “Cicéron”, Pétain,
Mussolini, Hitler, Bormann, Staline. Perrin, 1966, in-8°, 371 pp, 20 pl.
de photos hors texte, cart. éditeur, rhodoïd, bon état
20 €
"Ce récit, agréablement conduit, sur quelques « mystères » de
l'histoire n'apprendra rien aux spécialistes mais enchantera « l'honnête homme
»." (Revue française de science politique) — "François Mauriac a dit autrefois de lui
qu'il était "un fameux conteur de vraies histoires". Car les ouvrages
historiques d'Alain Decaux possèdent à la fois la couleur, l'exactitude
historique et la construction, l'animation du récit romanesque. Quand on a lu
"Offenbach, roi du Second Empire", "la Castiglione", ou
"les Dossiers secrets de l'histoire", on sait bien que le talent
d'Alain Decaux racontant, à la télévision, un événement ou un personnage
historique, est le même que celui d'Alain Decaux, l'historien-écrivain."
(Jacques Siclier, Le Monde, 10 avril 1972)
312.
DER
ALEXANIAN (Jacques). Les héritiers du pays oublié : 1922-1987. Laffont,
1992, gr. in-8°, 476 pp, 16 pl.
de photos hors texte, broché, couv. illustrée, bon état (Arménie, Arménies 2,
1922-1987)
25 €
Les Arméniens... Ils sont arrivés en France en 1924, venant de Syrie,
survivants du grand massacre de 1915 qui, en Turquie, a anéanti les trois
quarts de leur peuple. Ils sont jeunes : exilés, apatrides, ils savent leur
condition précaire. Patients, travailleurs, aucune tâche ne les rebute. A
Marseille, à Valence, et jusqu’à Belfort et dans la banlieue parisienne, ils
constituent des communautés fidèles aux coutumes, à l’esprit et à l’âme de la
patrie perdue. Très vite, ces hommes et ces femmes épris de paix, ces vieux
chrétiens – les premiers chrétiens de l’histoire de la chrétienté – s’intègrent
dans la société française. Bientôt, les voici français ; cependant, dans leur
cœur, toujours arméniens. Une histoire exemplaire, que Jacques Der Alexanian
fait revivre à travers le destin des siens et de quelques autres, en France et
partout dans le monde – au Canada, aux Etats-Unis, en Argentine et ailleurs –
où les tempêtes de l’Histoire ont dispersé son peuple. Un récit d’une admirable
sobriété, simple et émouvant,qui demeurera comme le plus juste témoignage porté
sur l’une des grandes aventures humaines de ce siècle.
313.
DEROGY
(Jacques). Histoire
de l'Exodus. La Loi du Retour. Fayard, 1987, in-8°, 426 pp, une
carte, broché, couv. illustrée, bon état
25 €
Ayant bénéficié d’une exposition médiatique internationale sans précédent,
l’affaire de l’Exodus a été abondamment commentée, analysée, exaltée comme une
page glorieuse de l’histoire sioniste et finalement détournée au rang de mythe.
Son déroulement, bien connu jusque dans ses aspects les plus officieux, a
nourri une très riche historiographie. Le journaliste Jacques Derogy eut accès
à de nombreux documents..." (Frédérique Schillo, La décision française
dans l'affaire de l'Exodus, 2010) — "Ce récit n'a de commun avec
"L'Exodus" de Léon Uris que le nom symbolique d'un bateau. L'histoire
de l'Exodus, qui a marqué l'apogée de la lutte des Juifs de Palestine contre le
veto britannique au mouvement d'immigration des rescapés des camps nazis, est
restée jusqu'à présent secrète: c'est celle du réseau mis en place après la
guerre par la Haganah. L'Europe est à cette époque en ruine; il faut organiser
le départ "malgré tout" des "Personnes Déplacées". Le
combat est difficile. En juillet 1947, un navire d'immigrants
"illégaux", chargé de 4.500 passagers, est arraisonné au large de la
Palestine. Au terme d'un corps à corps meurtrier, ses occupants sont ramenés
par les Anglais dans les eaux territoriales françaises à bord de trois
bateaux-prisons, au lieu d'être internés à Chypre comme les précédents. Ayant
refusé de descendre à terre à Port-de-Bouc, et les autorités françaises ne les
y ayant point contraints en dépit des pressions diplomatiques et politiques,
ses occupants retournent à leur point de départ : débarqués de force à
Hambourg, ils réintègrent les camps de la zone britannique d'Allemagne.
L'auteur, qui a vécu comme jeune journaliste l'épreuve de Port-de-Bouc, a
retrouvé, vingt ans après, les acteurs de cette tragédie, des plus humbles aux
plus importants : le commandant de l'opération, le capitaine du navire, le
chef-radio, l'infirmière, les émigrants, les familles des victimes, les
complices des évasions, etc. Il a interrogé les témoins, les dirigeants du
réseau, les hommes politiques contemporains, les simples exécutants. En Israël,
à l'occasion de la Guerre des Six jours, il a eu accès, pour la première fois,
aux archives secrètes de l'organisation responsable de l'immigration
clandestine, et, en France, à celles de la DST (contre-espionnage) et des
Renseignements Généraux. Il a pu se procurer le journal de bord de l'
"Exodus", l'intégralité de ses messages chiffrés (et leur traduction
décodée), les carnets intimes de son équipage et de ses passagers, les notes
confidentielles échangées entre les gouvernements concernés et les ministères
en cause, les rapports des services préfectoraux et maritimes, etc. La masse
des récits et des documents qu'il a ainsi recueillis, recoupés et ajustés,
comme autant de pièces d'un puzzle, lui ont permis de reconstituer en détail la
trame et le déroulement réels du roman vrai de l' "Exodus". Si la
relation de Jacques Derogy prend ici la forme et les accents d'un roman
d'imagination, ce sont les faits, rapportés dans leur émouvante authenticité,
qui lui confèrent cette tragique dimension. La vérité aussi peut s'écrire comme
un roman.
314.
DETŒUF
(Auguste). Propos
de O. L. Barenton, confiseur, ancien élève de l'Ecole Polytechnique. P. , SEDITAS,
1977, gr. in-8° carré, 230 pp, un
portrait inédit de l'auteur par Roger Wild en frontispice, préface de Pierre
Brisson, texte imprimé en noir et rouge, broché, couv. à rabats, bon état
30 €
Cet ouvrage plein d'esprit, dans la meilleure tradition française, nous
livre les réflexions, sous forme d'aphorismes, d'un industriel obligé de se
convertir dans la confiserie au lendemain de la Grande Guerre. Paradoxes sur
l'argent et le pouvoir, propos humoristiques sur l'économie politique,
l'industrie, la nature humaine, le fonctionnement des entreprises... Un
classique. — "Avoir fait fortune, c'est posséder un peu plus d'argent que
les gens qu'on fréquentait la veille. Juste assez pour pouvoir les laisser
tomber." "Les économistes ont raison : le capital est du travail
accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire, ce sont les uns qui
travaillent et les autres qui accumulent." Voici deux exemples des bons
mots parsemant cet ouvrage qui allie ironie, culture et perspicacité. Il s'agit
d'un recueil de petits essais, maximes et aphorismes, écrit à la fin des années
30 par un capitaine d'industrie, Auguste Detœoeuf (1883-1947), polytechnicien
atypique aux allures de savant Cosinus. Son exigence dans l'ordre moral, son
indépendance d'esprit et son humour acerbe transparaissent dans ce recueil,
tiré à un petit nombre d'exemplaires en 1938 et véritablement découvert après
la guerre. La peinture du monde des affaires est cruelle mais reste toujours
teintée d'un humanisme malicieux. On y trouvera des boutades, des maximes ou
des propos sur des sujets aussi variés que l'économie politique, les
industriels, les conseils d'administration, les ingénieurs, la publicité, la
négociation, le mensonge, la vanité...
315.
DUFAY
(François) et Pierre-Bertrand DUFORT. Les Normaliens. De Charles Péguy à Bernard-Henri Lévy,
un siècle d'histoire. JC Lattès, 1993, in-8°, 356 pp, préface
de Régis Debray, 8 pl. de photos hors texte, biblio, index, broché, couv.
illustrée, bon état
25 €
"On va célébrer le bicentenaire de l'Ecole normale : voici un livre
rapide, alerte, lisible, qui initie à l'histoire de l'Ecole : on appréciera les
pages sur le terrorisme intellectuel à l'Ecole dans les années 1946-1953, où
dominaient le Parti communiste (ce que les auteurs appellent le goulag
spirituel) : la cellule avait pour chef Emmanuel Le Roy Ladurie, on y trouve
Paul Veyne, Althusser, Genette, Foucault, Michel Crouzet (p. 185-187)... Et ils
rappellent un épisode bien oublié, la mise à sac de l'Ecole en 1971 (p. 242).
Livre fort amusant." (La Revue administrative, 1993) — Un portrait de
groupe des clercs français, de leur légende, de leurs engagements et de leurs
errances. Une "fresque unanimiste et fourmillante de vies – Les Ulmiens de
bonne volonté, en quelque sorte. Excellemment, elle sort de l'ombre des
personnages pas assez connus, parmi d'autres qui le sont trop" (Régis
Debray).
316.
DUROSELLE
(Jean-Baptiste). Histoire diplomatique de 1919 à nos jours. 5e édition prolongée jusqu'à
1970. Dalloz, 1971, fort in-8°,
807 pp, biblio, index, broché, bon état
25 €
"L'un des grands ouvrages d'histoire des relations internationales.
La période embrassée est considérable et dépourvue d'unité, ne serait-ce que du
fait de la cassure de la Seconde Guerre mondiale et de l'émergence d'un système
international comprenant plus de 150 Etats. L'oeuvre de J.B. Duroselle unit
clarté et précision : le récit, remarquable puzzle, part des événements, les
analyse et reconstitue avec minutie les enchaînements chronologiques. Enfin, le
livre est doté de tableaux, d'index et d'une bibliographie, qui en font un
instrument de travail exceptionnel." (Philippe Moreau Defarges, Politique
étrangère)
317.
ELLEINSTEIN
(Jean). Staline. Fayard, 1984, in-8°, 574 pp,
6 cartes et plans, index, broché, couv.
illustrée à rabats, bon état
25 €
Comment un militant révolutionnaire clandestin, emprisonné et déporté,
devient-il un des tyrans les plus sanguinaires de l'histoire ? Quelle est la
part du système et celle de l’homme dans ces événements ? Quelle fut vraiment
la vie de celui qui fut adulé comme le Vojd (le Guide) de l’Union Soviétique ?
Avec passion et rigueur, sans complaisance, Jean Elleinstein tente de répondre
à ces questions. La révolution de 1917, la guerre civile, la NEP, la
collectivisation des terres, l’industrialisation, la terreur de masse contre
les communistes, tous les peuples de l’URSS et toutes les catégories sociales,
le pacte germano-soviétique, la seconde guerre mondiale, Stalingrad, Téhéran,
Yalta et Potsdam, la fondation d’un Empire, la guerre froide, la reconstruction,
à nouveau la terreur : tels sont les épisodes d’une vie qui est au cœur de
l’histoire contemporaine. Jean Elleinstein n’hésite pas, à ce propos, à
comparer la vie et l’œuvre des deux grands dictateurs du XXe siècle : Hitler et
Staline qui, s’il n’a pas créé Auschwitz, a créé des centaines de Buchenwald et
de Dachau, et a fait tuer des millions de Soviétiques. Ce livre irritera
peut-être certains lecteurs qui restent reconnaissants à l’Union Soviétique
d’avoir aidé à libérer l’Europe. C’est la ruse de l’Histoire que l’un et
l’autre points de vue soient vrais. Comme disait Marx : « les faits sont têtus
». Staline restera à la fois comme le vainqueur de Stalingrad et le fondateur
du Goulag. (4e de couverture)
318.
FOHLEN
(Claude). Mai
1968. Révolution ou psychodrame ? PUF, 1972, in-12, 96 pp, chronologie,
orientation bibliographique, broché, qqs rares marques au crayon en marges, bon
état (Coll. Dossiers Clio)
12 €
319.
FRACHON
(Benoit). Au
Rythme des jours. Rétrospective de vingt années de luttes de la CGT. Textes
choisis, 1944-1967. Editions
Sociales, 1973-1968, 2 vol. gr. in-8°, 687 et 638 pp,
préface par Henri Krasucki, 24 pl. de photos et
un fac-similé dépliant hors texte, 1er tome broché, couv. lég. salie, 2e tome
en reliure skivertex vert de l'éditeur, bon état
45 €
"Ce gros volume présente au lecteur les principaux articles et
rapports de Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT, pour la période
1944-1954. Un second volume publiera les documents relatifs aux années
suivantes. La plupart des articles repris dans ce premier tome ont été publiés
dans l'Humanité ou dans la Vie Ouvrière ; quant aux rapports, ils ont été
prononcés devant les diverses instances de la CGT, en particulier devant les
Congrès confédéraux. Il est inutile de signaler le grand intérêt de cette masse
d'écrits et de discours, qui suivent presque au jour le jour la politique
sociale et même la politique tout court, de la France, dans l'optique
communiste." (J. Villain, Etudes, 1967) — "Deuxième recueil des
textes et discours écrits et prononcés par le secrétaire général de la CGT (cf.
le compte rendu du tome 1, publié dans cette revue en octobre 1969, p. 1068).
On retrouve ici les fonctions, les mots d'ordre et les initiatives de la CGT
pendant douze ans, de 1955 à 1967. Un thème surtout domine : l'unité des forces
de gauche contre les empiétements du pouvoir et du patronat." (Revue
française de science politique, 1970)
320.
GIOCANTI
(Stéphane). Charles
Maurras. Le chaos et l'ordre. Flammarion, 2006, gr. in-8°,
575 pp, 8 pl. de photos hors texte, qqs dessins au trait et fac-similés, notes,
biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Grandes biographies)
25 €
En 1932, Jean Paulhan écrit qu'un jeune homme désireux de s'engager
politiquement n'a de véritable choix qu'entre Karl Marx et Charles Maurras :
alternative inconcevable aujourd'hui, tant Maurras incarne à nos yeux une
France du passé, haineuse et coupable. Comment, pourtant, occulter la vie et
l'œuvre de cet homme, sans lesquelles le XXe siècle demeure largement
incompréhensible ? Comment expliquer qu'il ait influencé des personnalités
aussi différentes que celles de Charles de Gaulle, T. S. Eliot, Jacques Lacan,
Philippe Ariès, Georges Dumézil... ? Tenter de comprendre la fascination qu'il
exerça, est-ce nécessairement verser dans l'irrationalité antisémite qui
entachait sa pensée ? Car Maurras fut l'un des personnages les plus contrastés
de cette France dorée et trouble de la Belle Epoque et de l'entre-deux-guerres.
Il y a le Provençal monté tout jeune à Paris, disciple de Frédéric Mistral et
de Dante, dont les idées fédéralistes sont saluées à gauche comme à droite ; il
y a le héraut du royalisme, fondateur de l'Action française au tournant du
siècle, défenseur du catholicisme, mais agnostique lui-même ; il y a le
journaliste polémiste antisémite et antidreyfusard, hostile au nazisme dès 1923
; il y a le critique littéraire, qui salua en Proust, auteur inconnu des
Plaisirs et des Jours, un écrivain exceptionnel; il y a le poète et prosateur,
que Gide, Colette, Valéry et tant d'autres mettaient au pinacle de la
littérature française... Il y a aussi, bien moins connu, un Maurras bon vivant,
épris des femmes et nourri de culture antique. S'appuyant sur des
correspondances, des documents et des témoignages inédits, cette biographie
propose un portrait fouillé, qui raconte aussi l'une des époques les plus
complexes de l'histoire de France.
321.
HAROUN
(Ali). La 7e
Wilaya. La guerre du FLN en France 1954-1962. Seuil, 1986, in-8°, 525 pp,
8 pl. de photos hors texte, documents en annexe,
index, broché, couv. illustrée, bon état
30 €
Pendant la guerre d'Algérie, le FLN a ouvert en métropole un second front.
Contrôlant peu à peu les 300.000 Algériens de l'immigration, la 7e wilaya –
celle de France – a mis en place une organisation politico-militaire d'une
redoutable efficacité. En réalité, une véritable administration parallèle et
clandestine. Ali Haroun, un des dirigeants du FLN en France, livre son
témoignage serein, précis et concret. Il décrit les structures et les trafics
d'armes, les attentats et les faux papiers, les filières ; il raconte encore la
collecte des cotisations qui vont grossir le trésor de guerre du FLN, les
projets d'évasion des responsables algériens détenus et l'aide de leurs amis
français, mais aussi la répression et la prison. Ce récit, fondé sur une
collection unique d'archives inédites, est surtout une contribution
indispensable à l'histoire de la guerre d'Algérie.
322.
ISORNI
(Jacques). Mémoires.
1. 1911-1945. 2. 1946-1958. Laffont, 1984-1986,
2 vol. gr. in-8°, 539 et 452 pp,
16 pl. de photos hors texte, annexes, index,
brochés, qqs pages gondolées au tome 2, bon état
50 €
Les 2 premiers volumes (sur 3) des mémoires du célèbre avocat
anti-gaulliste : Philippe Pétain, Robert Brasillach, Louis Renault, Bernardy de
Sigoyer, etc.
323.
KIEJMAN (Claude-Catherine). Eleanor Roosevelt, First Lady et rebelle. Tallandier, 2012, in-8°, 255 pp, 8 pl. de
photos hors texte, biblio, broché, couv. illustrée, pt trace d'humidité
ancienne au bas des premiers feuillets, bon état
15 €
Jamais une First Lady n'a été aussi populaire qu'Eleanor Roosevelt. Née en
1884 dans une famille de l'aristocratie américaine protestante, elle épouse à
vingt-deux ans, un cousin éloigné, Franklin Delano Roosevelt, futur président
des Etats-Unis, l'homme du New Deal et de Yalta. A ses côtés, elle fait
campagne pour défendre ses réformes, en le poussant parfois à aller plus loin.
Pour la première fois, elle donne une dimension politique au rôle d'hôtesse de
la Maison Blanche en défendant sans relâche les plus démunis, les femmes, les
pauvres et les Noirs. Mère de six enfants, partenaire fidèle de son mari, elle
mène en parallèle une vie indépendante, parfois choquante, souvent surprenante.
Grâce à des témoignages inédits, Claude-Catherine Kiejman nous brosse le
portrait d'une femme altière, engagée, passionnée, critiquée, mais toujours
étroitement associée à la destinée de son pays. Au fil de cette biographie, on
suit pas à pas le destin singulier d'une femme de tête dont la vie se confond
avec l'histoire des Etats-Unis.
324.
KOTEK
(Joël) et Pierre RIGOULOT. Le Siècle des camps. Détention, concentration,
extermination. Cent ans de mal radical. JC Lattès,
2000, fort gr. in-8°, 805 pp, cartes,
notes, biblio, broché, bon état
30 €
Images terribles, insoutenables, toutes les mêmes et toutes différentes...
Le XXe siècle aura été celui des camps. La spirale des guerres, le cortège des
génocides, l'abîme des totalitarismes auront fait des barbelés le symbole du
Mal, retenant comme otages ou victimes les civils de tous temps et de tous
lieux. Entreprise sans précédent, enquête exhaustive, ce livre établit
l'histoire des camps, leur typologie, leur nature, leur fonction. De l'Afrique
du Sud en 1900 à la Tchétchénie en l'an 2000, du génocide arménien aux
purifications ethniques d'ex-Yougoslavie, de la Première à la Seconde Guerre
mondiale, du Goulag à Auschwitz, de Mussolini à Vichy, de l'emprise soviétique
sur l'Europe de l'Est aux terreurs rouges de l'Asie, en passant par l'Algérie,
Cuba, la Grèce ou l'Indonésie, voici la somme attendue sur une tragédie
universelle qui constitue le plus implacable miroir de l'histoire contemporaine.
325.
.KOUCHNER
(Bernard). L'Île
de lumière. Ramsay, 1980, gr. in-8°,
407 pp, 12 pl. de photos hors texte, broché, couv. illustrée, bon état
20 €
L’opération « un bateau pour le Vietnam », opération de sauvetage des boat
people en Mer de Chine sur le bateau “L'Île de lumière”. — Souvenez-vous : cinq
cent mille Vietnamiens fuyant en Mer de Chine sur des barques rouillées.
Souvenez-vous : le 17 avril 1979, à la télévision, ce navire blanc ancré devant
l'île de Poulo Bidong. Voici l'histoire du bateau pour le Viêt Nam “L'Île de
lumière”, et l'aventure des hommes qui l'ont faite, oubliant leur passé
politique, contre les partis, contre la raison d'État et les organisations
charitables.
326.
LEFORT
(Bernard). Souvenirs
et secrets des années gaulliennes, 1958-1969. Albin Michel,
1999, gr. in-8°, 364 pp, index,
broché, couv. illustrée, bon état
25 €
1958-1969 : onze années d'une période cruciale pour la France qui
consacrent le retour du général de Gaulle ainsi que son départ définitif du
pouvoir. Bernard Lefort, célèbre figure du journalisme de la Ve République, a
compté parmi les informateurs les plus écoutés et les plus à l'écoute des
hommes politiques. De cette époque charnière, il a tenu des carnets quasiment
quotidiens. Chronique des événements dont certains furent aussi décisifs que la
fin de la guerre d'Algérie, la première élection, depuis 1848, du président de
la République au suffrage universel, ou encore Mai 1968, ces Souvenirs évoquent
aussi la tentative manquée du Général pour lancer la régionalisation, ses
efforts pour organiser la participation, transformer le Sénat, ainsi que la querelle
à propos de l'OTAN et la politique française vis-à-vis d'Israël. Riche en
informations sur les affrontements où se distinguaient les trois futurs
présidents de la République – Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing et
François Mitterrand – ce document livre sur les faits et les acteurs des traits
inédits, mais porte avant tout un regard original sur la "République
gaullienne" autant que sur la personnalité du général de Gaulle.
327.
LEGENDRE
(Bernard). Le
stalinisme français. Qui a dit quoi ? (1944-1956). Seuil, 1980, in-8°, 320 pp,
biblio sommaire, index, broché, bon état
25 €
Être communiste à cette époque, c'est aussi accepter de se réfugier dans
le confort des vérités révélées, des fidélités fondamentales, et renoncer à
rendre compte du monde réel. Et la langue de bois n'est que le reflet de la
militarisation de la pensée. Les textes rassemblés ici, produits par des
membres du Parti, ou des compagnons de route, et au hasard desquels on trouvera
des signatures – aujourd'hui d'un autre bord – feront souvent sourire ; le
recul historique permet de mieux apprécier le manichéisme dont ils sont
imprégnés, l'obscurantisme auquel ils renvoient. Et il est vrai que le culte
des dirigeants, l'apologie d'une morale si contraignante, un tel avilissement
de l'expression littéraire, ne feraient sans doute plus recette. Mais qui
jurerait, pour autant, que le pouvoir du verbe s'exerce avec beaucoup plus de
nuance aujourd'hui ? — "Staline ? «
Nul homme ne sait plus fortement témoigner de la valeur qu’il attache à
la personne humaine » (Ch. Tillon, 1948). «
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour » (P. Eluard, 1950).
Thorez ? Sa voix est « un contrepoison
aux poisons du mensonge » (A. Césaire, 1950) : plus subtil que... Descartes,
qui s’est perdu dans l’abstraction, ne maîtrise-t-il pas parfaitement « la logique dialectique » ? On pourrait
continuer – et Bernard Legendre, qui rassemble ici des textes écrits par des
communistes pendant la période stalinienne, continue pendant trois cents pages
: sur l’Union soviétique, « patrie du
socialisme, » sur la naissance de l’« homme nouveau », sur les « démocraties »
populaires, la science bourgeoise et la science prolétarienne ; des
intellectuels de renom (Aragon, R. Garaudy, D. Desanti, J. Bruhat) ont écrit
des pages qui font plus frémir que sourire. Tant peut être grand l’aveuglement
de bons esprits, dès lors que, renonçant à toute liberté de jugement, ils
adhèrent inconditionnellement aux mots d’ordre des politiques." (Maurice
T. Maschino, Le Monde diplomatique, 1980)
328.
MANNERHEIM
(Maréchal). Les
Mémoires du maréchal Mannerheim, 1882-1946. Hachette,
1952, in-8°, 429 pp, préface
du général Weygand, traduit et adapté du suédois par Jean-Louis Perret, broché,
couv. très lég. abîmée, bon état
80 €
Peu fréquents souvenirs du courageux défenseur de la Finlande, préfacés
par Weygand. — "Le baron Gustav Mannerheim, que la reconnaissance de ses
concitoyens avait fait « Maréchal de Finlande » a écrit, avant de mourir, à 84
ans (en 1951), ses Mémoires qui, étant donné son activité de 1918 à 1946,
racontent, en même temps que sa vie, une grande partie de l'histoire de son
pays. Leur importance, pour les historiens, n'a pas besoin d'être soulignée
puisque Mannerheim fut l'âme des trois guerres d'indépendance, l'une au cours
de la première guerre mondiale, les deux autres (1939-40 et 1941-45) au cours
de la seconde. Sa personnalité domine l'histoire de sa patrie puisqu'il fut à
la fois général en chef, diplomate et homme d'Etat. Précédés d'une préface du général
Weygand, ces Mémoires viennent de paraître en français. Le traducteur, M. J.-L.
Perret, a volontairement omis les chapitres qui se rapportent aux voyages du
Maréchal en Asie Centrale, Inde, Birmanie, ainsi que ceux qui exposent l'action
sociale de Mannerheim entre les deux guerres, mais il a gardé tous ceux qui
sont consacrés aux guerres russo-finlandaises. Les premiers chapitres content,
avec sobriété, la jeunesse du Maréchal, son entrée à l'école de cavalerie de
Saint-Pétersbourg, sa carrière dans l'armée russe, sa participation à la guerre
russo-japonaise et à la première guerre mondiale. Mannerheim, qui ne semble pas
avoir beaucoup souffert jusqu'en 1917 de l'annexion de la Finlande à la Russie,
ni même des tentatives de russification de son pays par les deux derniers tsars
(mais il parle très peu de ses sentiments personnels) se donne avec passion,
après la Révolution, à la cause de l'Indépendance finlandaise. II craint que le
Bolchevisme ne ravage sa patrie. Plus tard, entre les deux guerres, il constate
la puissance des armements russes et déplore que ni la Finlande, ni l'Europe ne
paraissent s'en inquiéter : c'est « le temps des erreurs ». La situation
internationale, que l'ambition de Hitler rend dangereusement instable, lui fait
redouter le pire pour son petit pays. II ne se trompait pas : dès le début de
l'hiver 1939, grâce à l'entente germano-soviétique, la Finlande fut attaquée
par l'URSS..." (Marie Granet, Revue d'histoire de la Deuxième Guerre
mondiale, 1955)
329.
MAURIAC
(Jean). Mort
du général de Gaulle. Grasset, 1972, pt in-8°,
183 pp, broché, bon état
25 €
Du référendum de 1969 au 9 novembre 1970, les derniers mois du Général. —
"J'ai été blessé en Mai 68. Et maintenant, ils m'ont achevé. Et
maintenant, je suis mort." C'est par ces mots que le général de Gaulle
accueillit le Non des Français au référendum d'avril 69. Entre cette mort
politique et la fin à Colombey, dix-neuf mois vont s'écouler durant lesquels le
général va voyager, compléter ses Mémoires, s'entretenir avec des proches, se mesurer
à la solitude, à la souffrance. Compte à rebours dramatique minutieusement
restitué par Jean Mauriac. Son sens du détail, l'enchaînement des tableaux
composent un destin et disent un discret chagrin. Voici de Gaulle grandiose
dans l'adversité, solitaire et quotidien, hanté par la mort. De Gaulle, la
France au coeur, aux derniers feux de sa vie.
330.
Ministère
des affaires étrangères du Monténégro. Documents sur les atrocités serbes au Monténégro. Rome, impr. de l'Etat monténégrin, 1920, in-8°, 64 pp, broché,
couv. lég. salie, qqs marques au crayon rouge en marges, bon état. On joint une
brochure de 4 pp (21 x 29) où L. S. Plamenatz, Président du conseil et ministre
des Affaires étrangères du Monténégro, présente l'ouvrage. Rare
40 €
"... Lorsque le Gouvernement de Serbie a proclamé l'annexion forcée
du Monténégro en novembre 1918, le peuple monténégrin a réagi, d'abord par
l'insurrection, et ensuite par la guerre de guérillas qui dure encore
aujourd'hui. Afin de réprimer la révolte populaire, et de contraindre les
habitants à subir sans protestations la violence dont ils sont victimes et à
prêter le serment de fidélité au Roi de Serbie, le Gouvernement de Belgrade a
usé de tous les moyens. Il a instauré au Monténégro un régime de terreur qui
surpasse en horreur tous les crimes commis dans cette guerre et dans toutes les
précédentes. A titre de représailles, l'armée serbe d'occupation au Monténégro
a incendié plusieurs milliers de maisons et pillé autant de propriétés. Au
cours de deux années, plus de 4.000 Monténégrins ont été arrêtés et emprisonnés
parce qu'ils refusaient d'approuver le crime commis contre leur patrie. A
l'issue des dernières élections, pour la Constituante Yougoslave (28-11-1920)
les uns ont été relâchés sans jugement et après avoir été détenus deux ans bien
qu'innocents ; d'autres (pour la plupart des officiers) gémissent encore en
prison. Plusieurs milliers de Monténégrins ont été spoliés de leurs biens et
massacrés ; d'autres, torturés ou mis hors la loi, ont cherché asile dans les
forêts monténégrines. Des centaines de femmes et de filles ont été violées et
déshonorées. Une partie des documents relatifs à ces crimes a été dévoilée dans
une publication officielle du Gouvernement Monténégrin intitulée : "Documents
sur les atrocités serbes au Monténégro". Dans ce recueil se trouvent
également les rapports des missions humanitaires anglaises et canadiennes,
ainsi que celui de l'envoyé spécial de l'Ambassade Américaine à Rome, dont
l'impartialité est au-dessus de tout soupçon : tous confirment catégoriquement
et indiscutablement l'horrible terreur qui règne au Monténégro depuis deux ans..." (Le rôle de la
France dans l'annexion forcée du Monténégro. Documents officiels publiés par le
Ministère des affaires étrangères du Monténégro, 1921)
331. MOUNIER (Emmanuel). L'Affrontement chrétien. Neuchâtel, Editions de la Bac